C'était une de ces journées parfaites, si rares en Angleterre, le premier jour de juin. Le soleil était doré, la Manche couleur de saphir, l'air bruissait du bourdonnement des abeilles et du chant des oiseaux.
Richard Blade, vêtu d'un minimum de pagne, était couché sur son ventre plat et clignait des yeux vers le scintillement des vagues venant s'écraser paresseusement sur la petite plage. Au large, sous un velum de fumée brune, un caboteur faisait route vers la Tamise et Londres.
Blade se tourna sur le dos et ferma les yeux. Il s'assoupit, détendu, savourant le chaud soleil. Il n'eut pas conscience d'une ombre tombant sur sa figure. Un peu de sable coula sur son ventre musclé, lentement, comme d'un sablier.
La première impression de Blade, quand il ouvrit les yeux et vit la fille, fut d'un éclat de glace verte. Elle plissait les yeux et le considérait froidement entre ses longs cils, avec un mélange de curiosité et d'indifférence. Le sable continuait de couler de son poing bronzé. Blade ne dit rien.
— Au village, on m'a dit que cette crique est généralement déserte à cette heure. Je suis venue ici parce que j'avais envie d'être seule. Et maintenant je trouve une énorme créature comme vous qui prend toute la place.
Sa provision de sable s'épuisa, et elle s'épousseta les mains. Blade, que son entraînement avait rendu observateur, remarqua qu'elle avait des mains normalement très soignées mais il y avait maintenant de petits croissants sombres sous ses ongles. Elle portait une mini-robe d'une grande simplicité qu'il jugea fort coûteuse. Elle avait les pieds nus et ses longues jambes fuselées disparaissaient sous une petite culotte noire. Il sourit légèrement.
— Les indigènes sont pleins de bonnes intentions, dit-il, et normalement ils auraient eu raison. Je n'ai pas l'habitude de venir à cette heure. Mais aujourd'hui... eh bien c'est un peu particulier.
J avait téléphoné dans la matinée. Lord Leighton avait préparé le maître ordinateur. Le lendemain Blade devrait passer par la machine pour la septième fois. Pour explorer une nouvelle Dimension X.
La fille fit une moue qui gâcha un instant la joliesse de ses traits. Puis elle sourit et retrouva toute sa beauté. Les yeux verts glacés l'observaient avec une lueur d'amusement.
— Vous regardez sous ma robe.
— Je ne vois pas comment je pourrais faire autrement. Rien ne vous oblige à rester plantée là. J'ai dans l'idée que vous êtes ce qu'il est convenu d'appeler une dame. Les dames sont censées être plus ou moins pudiques, il me semble.
Elle pencha la tête de côté. Elle avait une beauté grecque, le visage étroit, la bouche charnue, le nez très droit. Ses bras étaient minces, assez musclés, et Blade était sûr qu'elle ne portait pas de soutien-gorge.