— Baignez-vous tant que vous voulez. Avec ma permission. Mais j'ai l'intention de rester ici. Je suis chez moi, ne l'oubliez pas.
Elle feignit à merveille l'indignation.
— Mais je n'ai pas de maillot ! Je vous l'ai dit. Je ne peux guère... tout de même...
Maintenant ses yeux verts pétillaient. Elle se pencha vers lui.
— Vous ne savez vraiment pas qui je suis, hein ?
Blade faillit avouer l'idée qu'il avait eue, qu'elle lui semblait vaguement familière, mais se ravisa en se disant que cela risquait de gâcher le jeu auquel elle se livrait visiblement. Il n'avait jamais été homme à refuser les cadeaux des dieux.
— Je n'en ai pas la moindre idée. Pourquoi ? Vous êtes quelqu'un d'important ?
— No-on. Enfin, pour certains peut-être, mais pas vraiment. Si vous voyez ce que je veux dire.
— Pas du tout.
Elle rit et se leva.
— Très bien. Nous allons jouer à un jeu, vous voulez ?
— Avec joie. Quelle sorte de jeu ?
— Nous ne nous dirons pas notre nom. Ni maintenant ni jamais. Et nous devons promettre de ne jamais chercher à nous revoir. Vous acceptez ? Nous resterons des inconnus. Nous ne nous reverrons jamais, jamais. Quoi que nous disions, quoi qu'il se passe entre nous, nous l'oublierons après cette journée. Ce sera comme si elle n'avait jamais existé. Vous promettez?
— Quoi qu'il se passe entre nous ? Qu'est-ce qui pourrait se passer ?
Elle haussa ses épaules délicates et ses seins frémirent sous la robe.
— Je ne sais pas. Vous non plus. Cela fait partie du jeu. Nous allons laisser aller les choses naturellement. Il ne se passera peut-être rien du tout.
Blade éclata de rire.
— Je préfère ne pas y penser! Mais d'accord, je promets. Quand commençons-nous à jouer?
Elle retomba à genoux près de lui.
— Tout de suite. Mais d'abord nous devons avoir des noms... Non, ne me dites pas le vôtre. Des noms d'emprunt. Hmmmm, voyons...
Elle l'examina des pieds à la tête, passa un doigt léger sur son torse velu.
— Je crois que ce jeu va me plaire, dit Blade.
Elle plaqua une main sur sa bouche. Sa paume était fraîche et tout incrustée de sable.
— Taisez-vous. Hum, oui. Hercule. C'est l'évidence même. Un peu banal, mais vous devrez être Hercule. D'accord?
Blade prit ses cigarettes et son briquet.