Il eut alors conscience de la musique — où avait-il déjà entendu cette musique céleste? — et la voix grave de la femme se confondit avec les accents mélodieux quand elle se pencha plus encore.

Blade? Richard Blade? Es-tu réveillé?

Il garda les yeux fermés et s'efforça de respirer régulièrement. C 'était un rêve, rien de plus, mais... Et si une chose folle, impossible, était arrivée et que...

Elle rit tout bas.

Je crois que tu fais semblant, Blade, mais peu importe. Nous n'avons guère de temps car tu dois te battre et il faut que j'aille bientôt rejoindre mon Destin, mais même si les minutes sont brèves tu peux m'assouvir.

Elle le toucha, et Blade comprit qu'il ne rêvait pas. Mais il ne parvenait pas à rassembler ses idées. Tout se brouillait dans sa tête.

La femme se taisait, maintenant. Elle était absorbée par ce qu'elle faisait. Blade garda les yeux fermés et s'efforça de réfléchir, s'il était possible de réfléchir en subissant de telles caresses!

Elle avait des mains douces, des doigts experts, une bouche brûlante. Elle fredonna une petite chanson, tout en le caressant, en le massant, en le pressant et l'embrassant. Enfin elle le trouva à sa satisfaction et, jetant sur lui une longue jambe fuselée, elle le chevaucha et se laissa retomber sur lui en poussant un léger soupir d'extase. Elle était étroite, serrée, moite, et sa caverne semblait n'avoir pas de fond.

Ce fut un étrange coït, et Blade, un homme qui connaissait bien des mondes et bien des dimensions, devina que jamais plus il ne verrait ni ne connaîtrait pareille femme. Si elle en était une. Sur le moment, il n'en était pas tellement certain. Il savait maintenant qu'il était dans la Dimension X, et tout était possible... Elle pouvait être fée, diablesse, succube, Lilith ou Thaïs, spectre ou sorcière...

Cela s'éternisait. Elle se courba, les seins lourds sur la figure de Blade, s'enfonçant davantage à chaque coup de reins, ses yeux d'ambre ouverts, fous, engloutissant la colonne de chair tandis que ses muscles serraient, aspiraient, étreignaient, pétrissaient pour exprimer tous les sucs de sa virilité au point que Blade dut faire un effort surhumain pour garder le silence.

Lorsqu'elle atteignit enfin son paroxysme de plaisir, la grotte entière parut exploser, trembler et se secouer, et Blade perçut de nouveau le sourd grondement et crut sentir une odeur de soufre.