Edyrn lui tendit une épée et un ceinturon. Blade la soupesa avec joie. C'était un long et large glaive, plus lourd que l'épée que Juna avait jetée à la mer. Il boucla le ceinturon en souriant largement. Il reprenait enfin espoir.

— Nous vous procurerons une armure complète plus tard, dit Edyrn. Maintenant il nous faut gagner la campagne au plus vite. Je n'ai que quelques hommes et une mission à remplir, et je n'ai pas envie de rencontrer d'autres détachements du palais. Au cas où vous ne l'auriez pas encore compris, monseigneur, il y a la guerre civile à Patmos, cette nuit.

Blade ne l'avait pas du tout compris. Une guerre civile? C'était encore une de ces milliers de choses qui échappaient à son entendement, mais il ne laissa rien voir de sa stupéfaction.

— La guerre civile, Edyrn? Qui se bat?

— Le roi et la reine se sont soulevés contre Izmia, la Perle de Patmos. Ils sont sûrs de leur victoire parce que la Perle n'a que sa garde d'honneur pour la protéger. Mais ils ont mal choisi leur heure. Comme je vous l'ai dit, Hectoris a choisi précisément la même pour débarquer ses premières unités..

Blade lui jeta un coup d'œil aigu.

— Tu es certain que c'est une coïncidence? Kador et Smyr ont-ils si mal choisi leur heure? N'est-il pas possible qu'ils aient l'intention de trahir Patmos de l'intérieur? Et que devient Juna dans tout cela? Tu ne me parles pas d'elle, Edyrn. Pourquoi? Lui serait-il arrivé malheur?

— Autant que je sache, Juna est à l'abri dans le palais, en état d'arrestation. Il y a dans cette affaire beaucoup de politique que je ne puis expliquer pour le moment, monseigneur.

Blade hocha la tête et posa une main sur la garde de son épée.

— Tu as raison. Oublions tout et ne pensons qu'à ce détachement de Samostains. Où sont-ils? Quel est leur nombre? Qui les commande? Quelles sont leurs intentions? Avons-nous suffisamment d'hommes pour les repousser?

Edyrn sourit énigmatiquement.

— A certaines de ces questions je puis répondre, à d'autres non. Mais d'abord, monseigneur, vous devez savoir que nous avons eu la chance de faire un prisonnier. Un prisonnier que vous voudrez sûrement interroger.

Blade fronça les sourcils. Sa joie d'avoir échappé à un traquenard s'émoussait, et de nouveau la faim le tenaillait.

— Pas de devinettes, Edyrn! Qui est ce prisonnier? Et pourquoi serait-il important que je le questionne moi-même?