Oui, j'ai eu cette même idée.

Il y avait une grande pièce unique en haut de la tour, entièrement vitrée, avec des tables et des chaises. Edyrn alla à la plus grande des tables pour y étaler ses cartes et ses documents. Blade fit le tour de la salle. De ce poste d'observation il pouvait voir toute l'île. Il fut surpris car il n'avait pas imaginé que Patmos était si petite. Sur sa droite, il aperçut le cône fumant du volcan et un sentier qu'il ne connaissait pas, menant jusqu'au bord du cratère et se terminant par une plate-forme de pierre. Il frémit, car il devinait subconsciemment à quoi devait servir cette plate-forme.

Il retourna auprès d'Edyrn.

Combien de vrais soldats avons-nous?

Edyrn soupira.

Rien que la Garde de la Perle, monseigneur, que je commande. Les soldats de bois de Kador et Smyr ne sont bons à rien, et d'ailleurs presque tous ont fui Patmos. Les Gris, même sans penthe, ne sont que du bétail et ne peuvent être utilisés que comme bêtes de somme. Et votre homme, Nob, a un petit ramassis de vauriens et de brigands, mais...

Ne t'occupe pas de ça! Combien d'hommes?

Edyrn consulta un document.

Mille et trois, monseigneur. En me comptant moi-même.

Blade se détourna pour que le jeune homme ne puisse voir son expression. C'était une bien piètre armée pour affronter Hectoris le barbare, ses lanciers et ses archers, sa cavalerie, ses catapultes et ses béliers. On ne pouvait même pas appeler cela une armée, et Blade savait que Patmos était perdue, et lui aussi, à moins qu'il ne puisse forcer Hectoris à un combat singulier, et le tuer. Cela avait toujours été son idée, et il y réfléchit de nouveau; il ne voyait pas très bien comment elle pourrait être mise à exécution. Hectoris était tout sauf un imbécile. Blade laissa ce problème de côté pour le moment. Le moment venu, il trouverait sûrement un moyen.

Il avait un grand avantage : il connaissait les plans des Samostains. A moins que Ptol ait menti, et Blade ne le pensait pas. Il avait une chance, une toute petite chance de parvenir à contraindre Hectoris à la confrontation, à lui jeter le gant, à pousser le chef des Samostains dans une position d'où il ne pourrait se retirer sans faillir à l'honneur. Mais tout cela devrait attendre. Il y avait des choses plus pressantes.

Edyrn vint le rejoindre. Blade, comprenant que le garçon avait deviné la vérité, savait qu'il avait encore les idées confuses et des trous de mémoire mais préférait n'en rien dire, garda le silence et l'écouta lui expliquer tout ce qui avait été fait.