La nostalgie constitue une intéressante illusion. Nostalgiques, les humains soupirent après des choses qui ne furent jamais. C’est la mémoire positive qui compose  : sur plusieurs générations, elle écrème progressivement la plus grande partie de ce qui fut réellement, pour finalement aboutir à de subtiles distillations d’obsessions éthérées.

Inefdits


Pour la première fois, Waela envisageait de refuser un ordre démission. Non pas qu’elle eût peur  : elle avait seule survécu dans les subas expérimentaux et cela ne l’empêchait pas d’accepter le fait que le programme devait se poursuivre à tout prix. Au-delà de tout instinct, elle savait que les lectrovarechs étaient l’élément le plus important dans l’existence de la Colonie. Un facteur de survie.


Je suis descendue là-bas et j’ai survécu. C’est à moi que devrait revenir le commandement de la nouvelle expédition.


Cette pensée dominait son esprit conscient tandis que Thomas et elle se rapprochaient du noyau d’activité matinale concentré autour du nouveau suba qu’il faisait achever en hâte.

Ce Thomas la préoccupait. L’espace d’un battement, il semblait tout à fait normal, et même sympathique; et le suivant… comment dire… son esprit dévissait.


Il y a trop peu de temps qu’il est sorti d’hyber pour avoir toute sa tête à lui, surtout ici.


Ils s’arrêtèrent à quelques mètres du chantier. Elle contempla l’activité qui régnait sous les gros projecteurs. Toute cette énergie… tous ces ouvriers… ils ressemblaient à des insectes autour d’un œuf géant. Elle essaya de donner un sens à cette structure. Il y avait un sens, oui. Mais… pourquoi ce cœur transparent en plazverre  ? Elle savait qu’on utilisait toujours le verre au plasma dans la construction des subas, mais ce cœur amovible entièrement en plazverre était d’une conception nouvelle. Ils allaient être un peu serrés là-dedans et elle n’était pas sûre d’aimer ça.


Mais pourquoi lui  ? Pourquoi lui ont-ils donné le commandement  ?


Elle se remémora leur première visite du camp et du hangar aux dirigeables. Il avait été trop occupé à lui donner des ordres pour apercevoir l’ombre mouvante et caractéristique d’un capucin vif qui se faufilait entre les sentinelles. D’un tir de hanche précis, elle l’avait grillé en plein bond avec son laztube pour se mettre aussitôt à trembler quand elle s’était souvenue qu’elle avait failli laisser l’arme dans sa cabine. L’enceinte du camp était considérée comme un lieu sûr et les sentinelles triées sur le volet.


Thomas s’était à peine rendu compte de ce qui se passait.


— Ces petites bêtes sont des démons, avait-il dit sans s’émouvoir. Au fait, il y aura aussi un poète dans l’expédition. C’est Nef qui l’envoie.


— Un poète? Mais nous aurions plutôt besoin…

— Nous aurons un poète parce que Nef nous envoie un poète.

— Nous avions demandé…

— Je sais ce que nous avons demandé!


Sa voix était celle d’un homme qui s’efforce de refouler ses propres appréhensions.


— Nous avons tout de même besoin d’un ingénieur pour…

— Je veux que vous séduisiez ce poète. Elle avait eu du mal à en croire ses oreilles.


— Votre visage est un véritable arc-en-ciel quand vous êtes fâchée, avait continué Thomas. Considérez cela comme faisant partie de votre mission. Je l’ai déjà vu en holovision. Il n’est pas trop mal pour un poète…


— Il n’appartient qu’à moi de disposer de mon corps! Ce n’est pas vous, ni Oakes, ni Nef, qui me dicterez avec qui je dois coucher!


Ils se tenaient immobiles au milieu du terrain à ce moment-là et elle fut surprise de le voir porter ses deux mains devant son visage en feignant d’avoir peur. Elle s’aperçut alors qu’elle avait pointé instinctivement son laztube entre les deux yeux de Thomas. Sans cesser de le regarder rageusement, elle abaissa son arme et la rengaina.

— Excusez-moi, avait-il dit tandis qu’ils se remettaient à marcher en direction du hangar. Mais je voudrais savoir ce que représente cette mission pour vous.

Il le sait déjà! Tout le monde le savait, et depuis son arrivée côté sol, Thomas n’avait cessé de tirer les vers du nez à tout le monde.


— Elle représente énormément.


Il s’était alors mis à parler avec volubilité. Il lui avait expliqué qu’il cherchait à savoir si Panille œuvrait pour son compte ou pour celui de quelqu’un d’autre. Etait-il réellement envoyé par Nef? Se pouvait-il qu’il fût un agent de Oakes, ou de ce Louis dont tout le monde ne parlait que d’une voix craintive  ? Qui était-il vraiment  ? Qui tirait les ficelles  ? Il y avait tant de doutes… des doutes en cascade…

Mais pourquoi diable fallait-il qu’elle séduise Panille pour savoir tout ça? La réponse que lui donnait Thomas était loin d’éclaircir les choses.

— Il faut que vous abattiez ses barrières. Que vous perciez chacun de ses masques.


Rien que ça!


— Pourquoi cette mission est-elle si importante pour vous  ? avait insisté Thomas.

— Elle est vitale. Pas seulement pour moi. Pour tout l’avenir de la Colonie.

— Je suis bien d’accord avec vous. C’est pourquoi vous devez séduire ce poète. Puisqu’il doit absolument faire partie de notre bizarre équipe, il y a certaines choses que je dois savoir sur lui.


— Et certains leviers que vous devez commander.

— Il n’y en a pas d’autres.


— Consultez son dossier si vous voulez vous assurer qu’il préfère les femmes. Pour ma part…

— Ce n’est pas cela, la question, et vous le savez très bien! Vous ne pouvez refuser mes ordres et continuer de faire partie de cette mission.

— Je n’ai même pas le droit de discuter l’opportunité de vos décisions  ?

— Je suis mandaté par Nef. Il n’y a pas de plus haute autorité. Et pour que notre mission réussisse, il faut que je sache certaines choses.


Elle ne pouvait nier la sincérité de son enthousiasme, mais…


— Waela, vous êtes convaincue comme moi du caractère vital de cette entreprise. Nous ne pouvons pas jouer avec le temps comme nous sommes en train de jouer ici avec les mots.


— Et vous prétendez que je n’ai pas mon mot à dire  ?


Elle était au bord de la crise de nerfs et si cela se voyait elle s’en fichait.


— Vous avez certainement votre…


— Après tout ce que j’ai enduré  ? Je les ai vus tous mourir, l’un après l’autre. Vous ne croyez pas que cela me donne le droit d’avoir un avis? Cela me donne droit, en tout cas, à quelques périodes de récupération côté nef. A vous de choisir.

Thomas, conscient de l’émoi dans lequel elle se trouvait de plus en plus plongée, ressentait sa présence avec une nouvelle intensité physique. Elle était si vive, si intuitive. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas éprouvé ces choses-là.


Des génefrations!


— Nous nous consulterons, nous échangerons nos informations, murmura-t-il doucement. Mais en ce qui concerne les décisions importantes, je serai seul juge et c’est définitif. Si cela avait été le cas depuis le début, ce programme n’aurait pas été bousillé comme ça.

Waela ouvrit la porte du hangar et ils pénétrèrent dans une aire de lumière et d’activité où dominaient le bruit et l’odeur des chalumeaux. Elle mit une main sur son bras pour l’arrêter. Comme elle semblait délicate et fragile!


— En quoi séduire le poète fera-t-il réussir notre expédition  ?

— Je vous l’ai expliqué. Il faut le percer jusqu’au cœur. Elle se retourna pour indiquer le chantier du suba.

— Et le fait d’employer du plazverre au lieu de plastacier…


— Aucun détail isolé ne nous fera réussir. Nous formons une équipe. Et… nous y allons par la voie des airs, ajouta-t-il en inclinant la tête.


— Par la…


Elle aperçut alors les câbles torsadés qui montaient dans la lumière et se perdaient dans l’ombre des parties hautes du hangar. Il y avait là un énorme dirigeable à moitié gonflé. Le suba allait prendre la place de la nacelle blindée habituelle.


— Mais pourquoi…

— Parce que le varech étouffe nos subas.


Elle pensa à l’expédition à laquelle elle avait survécu par miracle. Au varech grouillant aux abords de la côte, au bouillonnement de l’eau quand les bulles étaient remontées, à ses efforts frénétiques pour nager jusqu’aux rochers et à l’apparition inespérée du dirigeable d’observation qui l’avait arrachée in extremis aux prédateurs-démons.


Comme s’il avait lu dans ses pensées, Thomas déclara  :


— Vous l’avez constaté vous-même. A notre première réunion de travail, vous avez déclaré que les varechs étaient à votre avis des créatures sentientes.

— C’est vrai.

— Les subas ne se sont pas juste fait bloquer. Ils ont été capturés.

Elle réfléchit à ce qu’il venait de dire. Pour chaque expédition dont ils avaient pu reconstituer les derniers instants, ils savaient que le suba avait été détruit juste après sa collecte d’échantillons.


Les varechs pensaient-ils que nous les attaquions  ?

C’était tout à fait conforme à son propre raisonnement. Si les varechs sont dotés d’une forme d’intelligence… d’une manière ou d’une autre, ils doivent posséder une matrice sensorielle externe reconnaissant la douleur. Au lieu de mouvements aveugles, une réaction organisée.


— Ces varechs ne sont pas des végétaux insensibles, fit Thomas d’une voix neutre.

— J’ai toujours dit que nous devrions essayer d’entrer en communication avec eux.

— C’est bien ce que nous allons faire.

— Dans ce cas, quelle importance, que nous arrivions par les airs ou bien par la côte  ? Le tout est d’y être.

— Nous arriverons par le lagon.

Il s’approcha d’un groupe d’ouvriers et se pencha pour examiner une ligne de soudure entre deux coques de plaz. «Excellent; excellent travail», murmura-t-il. La soudure était presque invisible. Quand la structure circulaire serait assemblée, les occupants de l’habitacle disposeraient de près de trois cent soixante degrés de visibilité.

— Le lagon? demanda Waela tandis qu’il reculait un peu.

— Oui. N’est-ce pas ainsi que vous appelez ces puits verticaux où l’eau est entièrement libre  ?

— Bien sûr, mais…

— Je sais. Nous serons entièrement encerclés par les lectrovarechs. Sans défense, même, s’ils décident de nous attaquer. Mais nous ne les toucherons pas. Le suba sera équipé pour leur retourner leurs propres jeux de lumières. Nous enregistrerons leurs motifs et nous les rejouerons.

De nouveau, elle jugea que l’idée était raisonnable. Mais elle ne fit aucun commentaire. Thomas continuait à parler tout en regardant les soudeurs  :

— Nous pourrons nous approcher d’une zone de varech sans établir le moindre contact physique. A partir du rivage, vous le savez, c’est tout à fait impossible. Il n’y a pas assez de place pour se faufiler au milieu sans en détruire quelques-uns.

Elle hocha silencieusement la tête. Cela pouvait réussir, bien que Thomas lui parût un peu trop confiant.

— Les subas ne sont pas très maniables, poursuivit-il, mais c’est tout ce que nous avons. Il nous faudra trouver une zone libre suffisamment grande, nous y faire déposer et jeter l’ancre. Ensuite, nous plongerons pour voir ce varech de plus près.

C’était dangereux mais faisable. Ce qui lui plaisait surtout dans ce plan, c’était l’idée de jouer aux lectrovarechs leurs propres motifs lumineux. Elle savait, pour les avoir vus plusieurs fois elle-même, qu’il y avait de la cohérence dans ces motifs, des séquences répétitives. Etaient-ce des signaux de communication?


Peut-être que Thomas a réellement été envoyé par Nef.


Elle l’entendit grommeler quelque chose. Thomas était la seule personne de sa connaissance qui parlait toute seule plus ou moins continuellement. Dans une conversation avec lui, on ne savait jamais s’il attendait une réponse ou s’il avait seulement pensé à haute voix.

— Je vous demande pardon?

— Ce plaz. Il n’est pas aussi résistant que du plastacier. Nous avons dû prévoir quelques entretoises de plus à l’intérieur. Ce sera plus petit que vous ne vous y attendez.

Il se dirigea vers un autre groupe d’ouvriers pour adresser quelques mots à voix basse à leur chef d’équipe. Elle ne comprit que quelques bribes  : «… il faudra les mettre en treillis… et ici j’aurai besoin de… pour éviter une trop…»

Il la rejoignit au bout de quelques minutes  :

— Mes connaissances techniques ne sont pas aussi bonnes qu’elles devraient l’être, mais elles suffiront.


Ainsi, il a ses failles, mais il ne s’en cache pas.


Elle avait cependant surpris quelques conversations entre les ouvriers. Thomas leur inspirait une sorte de respect. Il faisait montre d’une compétence surprenante dans tous les types de travaux, du soudage de plaques au contrôle de finition. Il avait de multiples talents.


Trop pour être honnête  ?

Elle sentait que cet homme devait être difficile à influencer  : Un ennemi redoutable, cet ami qui ne renvoie pas une image de miroir mais un faux reflet quand il est nécessaire de réfléchir.


Cette constatation augmenta sa nervosité. Elle savait qu’elle pourrait facilement aimer cet homme, mais elle sentait de mauvaises vibrations émaner de l’équipe… qui n’était pas encore tout à fait une équipe.


Même à trois seulement, nous allons être un peu serrés à l’intérieur du suba.


Elle ferme les yeux.


Faut-il lui dire  ?


Elle ne l’avait jamais confié à personne, ni dans ses rapports officiels, ni en privé à ses amis. Les lectrovarechs exerçaient sur elle une emprise particulière. Ce phénomène se produisait dès que le suba commençait à glisser parmi les ramifications de tentacules turgescents. Elle ressentait une excitation sexuelle parfois presque impossible à maîtriser. Absurde, en fait. Elle réussissait à maintenir l’équilibre en pratiquant l’hyperventilation, mais cela demeurait gênant et réduisait quelquefois son efficacité. Au moment de la catastrophe, cependant, tous ces effets avaient été balayés par le choc.

Les autres membres de l’équipage avaient cru qu’elle s’hyper ventilait pour lutter contre la peur, pour chasser les angoisses qu’ils ressentaient tous. Et maintenant qu’ils étaient morts, elle n’avait plus personne à qui oser se confier.

Cette proximité… ces étranges connotations sexuelles qui flottaient autour du programme… les mystères de Thomas… tout cela contribuait à la frustrer encore davantage. Elle avait songé à prendre des anti-S pour combattre les tensions sexuelles, mais les anti-S réduisaient ses réflexes et provoquaient de la somnolence. Danger mortel!

Thomas, à côté d’elle, observait silencieusement les ouvriers au travail. Elle le voyait presque prendre mentalement des notes en vue de modifications ultérieures. Les rouages ne cessaient jamais de tourner dans sa tête.

— Mais pourquoi moi  ? murmura-t-elle.

— Pardon  ? fit-il en se tournant vers elle.

— Pourquoi faut-il que ce soit moi qui m’occupe de ce poète  ?

— Je vous ai expliqué ce que…

— Il y a des femmes qui sont grassement payées pour faire ce que…

— Je n’ai pas l’intention de payer pour ça. Cela fait partie de la mission. Question vitale. C’est vous qui l’avez dit. Vous obéirez.

Elle lui tourna le dos.

Thomas soupira. Cette Waela TaoLini était une personne extraordinaire. Il détestait d’avoir eu à lui demander cela, mais elle était la seule à qui il pût faire confiance. La seule qui accordât autant de prix à la réussite de la mission. Et Panille représentait beaucoup trop de mystères. Les paroles de Nef avaient été simples et sans équivoque  : «Il y aura un poète.» Non pas  : «Je veux qu’il y ait un poète», ou  : «J’ai désigné un poète», mais…


Il y aura un poète.


Au service de qui était Panille  ? Toujours ce doute… ce doute perpétuel…


J’ai besoin de savoir.


L’émoi oublié renaissant dans ses veines lui donnait la certitude que Waela exécuterait ses ordres et que cela lui laisserait le goût d’une triste amertume.

— Vieux con, murmura-t-il en s’adressant à lui-même.

— Pardon?

Elle s’était tournée vers lui et il voyait dans son visage la résolution résignée.

— Rien du tout.

Elle le dévisagea sans ciller puis murmura  : «Nous verrons bien si ce poète me plaît ou pas» avant de tourner les talons et de quitter le hangar avec cette précipitation propre aux gens de Pandore.


L'incident Jésus
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