Elle devait avoir dix-sept ans, lui n’avait guère qu’un ou deux ans de plus.
Ils venaient de se rencontrer dans la rue et, comme il pleuvait, ils s’étaient réfugiés dans un petit bistrot. À peine assis, ils s’embrassaient déjà, se humaient, se caressaient avec une telle fébrilité, un désir si évident que le patron les avait priés de déguerpir.
Heureusement en face, il y avait un cinéma où ils trouvèrent refuge et ils se recroquevillèrent au dernier rang.
Sur le grand écran, sous le soleil d’un radieux matin de la Louisiane, la chaste héroïne prenait son petit déjeuner au seuil d’un jardin où tout respirait l’opulence et la distinction des temps révolus.
Les yeux fermés, le couple haletait au bouche à bouche et leurs mains titubaient, électrisées. Après quelques minutes, égarée, perdue en elle-même, la jeune fille s’arqua de tout son corps pour retomber toute ouverte sur les doigts de son compagnon qui s’enfoncèrent jusqu’au plus profond de son sexe. Elle se cabra, s’inonda, mais arriva à contenir ses cris en les étouffant de ses mains.
Pendant que, sur l’écran, la pure héroïne sudiste plongeait délicatement sa cuiller dans sa tasse de thé et poussait soudain, à ce moment-là, un sidérant hurlement de jouissance dont le sens échappa à tous les spectateurs hébétés.