Des idées, il semblait manifestement en avoir à revendre. Et surtout, il avait le sens du choc et de l’audace, sans oublier une obsession perpétuelle du monde féminin. Cela faisait beaucoup d’atouts pour un seul homme. Il le prouva dans les délais les plus brefs.
Il se fit remarquer avec le scénario télévisuel d’une radieuse fillette blonde qui montrait son joli derrière nu et rinçait à l’eau de rose sa ravissante tête très proprement décapitée dans un lavabo. Il fit encore mieux avec son pape qui, en tenue de gala immaculée, pénétrait dans une salle de bains pour bénir le corps féerique d’une jeune femme enduite de la mousse d’un savon de luxe. Il perdit cependant un peu de son crédit quand il exhiba une sémillante nonagénaire qui affirmait que la crème Mivéa qu’elle utilisait depuis soixante-quinze ans avait préservé son teint de jeune fille. Et il déplut franchement en dénudant sans pudeur dans une baignoire un laideron difforme, véritable monstre de tous les jours, qui affirmait que l’emploi régulier de Malmolive n’avait jamais altéré sa laideur.
Mais il signa sa faillite définitive quand il bascula du réalisme dans la fiction en mettant en scène une grande brune gourmande qui suçotait une cuiller enduite de yaourt et murmurait, béate, que, faute d’un homme, avec Chambercy on s’en mettait également plein le gosier.