Pas plus jolie qu’une autre, pas tellement douée comme comédienne ni particulièrement bien faite, elle avait cependant pour elle un atout de choc : son inébranlable culot qui lui avait permis de faire à Hollywood une très longue carrière d’actrice cantonnée dans les seconds rôles.
Tout cela parce que au départ, en 1940, elle s’était vantée d’avoir tourné dans Autant en emporte le vent, ce qui jetait au vent toutes les réactions de méfiance et lui valut de nombreuses propositions.
Jamais personne n’aurait pu deviner la vérité et peut-être ne l’aurait-on pas crue si la jeune femme avait dû l’avouer. Elle avait en effet décroché un rôle dans le film le plus célèbre de l’histoire du cinéma. C’était vrai : Dans la légendaire et grandiose séquence des blessés, morts et moribonds posés comme des traverses de rail à la gare d’Atlanta, la caméra arrimée à une grue de construction montait et découvrait en travelling arrière un stupéfiant paysage de mort, de mutilation et de charpie. Et à la cent dixième rangée de corps, il y avait en effet une infirmière qui se penchait avec sollicitude sur un agonisant, évidemment réduite à la taille d’une fourmi.