Lettre au docteur Samuel Fastlicht
Hôpital anglais, 12 janvier 1950
Cher docteur Fastlicht,
Excusez-moi de vous importuner. Je suis encore à l’hôpital vu que « pour changer » on m’a une nouvelle fois opérée de la colonne. Je ne rentrerai que demain samedi chez moi, à Coyoacán. Et, toujours corsetée et dans la m… hélas ! Mais je garde espoir, je vais essayer de me remettre à peindre le plus vite possible.
Bon, cher docteur, voilà pourquoi je viens vous enquiquiner : le bridge d’en haut s’est cassé. Je ne peux pas vous l’envoyer ou bien je vais avoir l’air d’une tête de mort ! Qu’est-ce que je fais ? En revanche, je vous envoie celui d’en bas : ça fait un bail que je ne peux pas le porter, il me fait mal là où les crochets se coincent dans les dents. Là aussi, je vous le demande : qu’est-ce que je fais ? Je ne peux pas manger correctement, c’est la poisse.
Je ne peux pas aller vous voir et je ne vais quand même pas vous demander de vous déplacer, avec tout ce que vous avez à faire.
Bref, je m’en remets à votre bonne volonté et à votre gentillesse.
À partir de dimanche, je serai à Coyoacán, 59, rue Allende (vous êtes le bienvenu). Pouvez-vous me faire porter un message ou m’appeler au 10-52-21 ?
Recevez mille remerciements et les salutations chaleureuses de votre amie,
Frida