Lettre à Alicia Gómez Arias
Samedi 23 avril 1927
Alicia,
Je vous remercie d’avoir eu la gentillesse de me donner aussi vite des nouvelles d’Alejandro et, croyez-moi, je suis ravie d’apprendre qu’il est bien arrivé à Hambourg.
Pour ma part, j’en suis toujours au même point, mon état ne s’améliore pas du tout et voilà que le docteur a changé d’avis : au lieu de me poser l’appareil prévu lundi prochain à l’hôpital français, on va me plâtrer, ce qui aura l’avantage de me permettre au moins de marcher un peu, mais le docteur dit que c’est très inconfortable et que je vais devoir rester comme ça trois ou quatre mois ; je suis désespérée, mais je préfère encore le corset en plâtre à l’opération, qui me fait peur car toutes les opérations de la colonne vertébrale sont très dangereuses.
Vous pouvez donc imaginer ce que j’endure. Veuillez excuser mon écriture, Alicia, mais je ne peux presque pas m’asseoir pour écrire. Dites-moi, s’il vous plaît, comment va votre mère, car Alex m’a conseillé de m’adresser à vous pour avoir de ses nouvelles. Si j’arrive à marcher quand on m’aura mis ce corset, j’irai vous téléphoner quand j’en aurai l’occasion, pour ne pas vous embêter avec mes lettres ; comprenez bien que j’agis comme ça parce que je suis malade, comme d’habitude.
Soyez assurée de ma très sincère affection et de ma reconnaissance.
Frieda