Lettre à Alejandro Gómez Arias
30 juin 1946. New York
Alex, darling,
On ne me laisse pas beaucoup écrire, mais je voulais juste te dire que j’ai passé le big mauvais moment de l’opération. Ça fait trois weeks qu’ils ont coupé dans l’os. C’est une pure merveille, ce médicament, et j’ai le body plein de vitalité, tellement qu’aujourd’hui mes poor feet ont eu droit à deux petites minutes de répit, mais moi-même je n’y believe pas. J’ai passé les deux first semaines à souffrir et à pleurer, car vois-tu, c’est le genre de douleurs que je souhaite à nobody, stridentes et malignes comme pas deux, mais cette semaine le tumulte a faibli et j’ai plus ou moins bien survécu à grand renfort de cachetons. J’ai deux grosses cicatrices dans the dos. Ils ont prélevé un bout de pelvis pour le greffer dans la colonnade, là où la cicatrice est la moins hideuse et vaguement plus droite. J’avais cinq vertèbres en bouillie, maintenant elles auront l’air d’un pistolet-mitrailleur. The seule inconvénience, c’est que l’os met du temps à repousser et à se réajuster, et je dois rester six semaines clouée au lit avant d’avoir ziautorisation de fuir cette horrible city pour rejoindre mon bien-aimé Coyoacán. Et toi, comment vas-tu ? Please écris-moi et envoie-moi one bouquin, please don’t forget me. Comment va ta maman ? Alex, ne m’abandonne pas toute seule à mon triste sort dans ce maudit hôpital et écris-moi. Cristi s’ennuie à mourir et on est en train de crever de chaud. Il fait une de ces chaleurs, on ne sait plus quoi faire. Quoi de neuf au Mexique ? Quelles sont les nouvelles du front ?
Parle-moi un peu de tout le monde et surtout de toi.
Ta F.
Je t’envoie un tas de tendresse et un paquet de baisers. J’ai reçu ta lettre, qu’est-ce qu’elle m’a requinquée ! Ne m’oublie pas.