Lettre à Alicia Gómez Arias
30 mars 1927
(…) Je vous supplie de ne pas m’en vouloir de ne pas vous inviter chez moi, mais tout d’abord, je ne sais pas ce qu’Alejandro en penserait, et ensuite, vous n’imaginez dans quel horrible état est cette maison, j’aurais tellement honte si vous veniez ; mais sachez que mon désir est tout autre… Cela fait dix-huit jours que je suis allongée dans un fauteuil et il en manque encore dix-neuf dans la même position (Alejandro a dû vous raconter que ma colonne vertébrale a été bien amochée lors de l’accident de bus) ; après ces dix-neuf jours, il faudra probablement me poser une attelle ou un corset en plâtre. Vous pouvez donc imaginer mon désespoir. Mais j’endure ces souffrances en espérant aller mieux ainsi, malgré l’ennui de ne rien pouvoir faire, à cause de cette maladie qui n’en finit pas.
(…) Je suis en train de me renseigner pour trouver l’adresse d’une sœur de mon père qui vit à Pforzheim, dans la commune de Baden, car ce serait plus simple d’entrer en contact avec Alejandro à travers elle. Mais je doute d’y arriver, cela fait bien longtemps que nous n’avons pas de nouvelles de la famille de mon père, à cause de la guerre. (…)