Lettre à Carlos Pellicer
Novembre 1947
Je me demande comment j’ose t’écrire, mais hier nous avons dit que cela me ferait du bien.
Pardonne la pauvreté de mes mors, je sais que tu sentiras que je te parle avec ma vérité, qui t’a toujours appartenu, et c’est ce qui compte.
Peut-on inventer des verbes ? Je veux t’en dire un : Je te cièle, ainsi mes ailes s’étendent, énormes, pour t’aimer sans mesure.
Je sens que depuis notre lieu d’origine nous avons été ensemble, nous sommes pétris de la même matière, des mêmes ondes, nous portons en dedans le même sens. Ton être tout entier, ton génie et ton humilité sont prodigieux et sans comparaison, tu enrichis la vie ; dans ton monde extraordinaire, ce que je t’offre n’est qu’une vérité de plus, que tu reçois et qui te caressera toujours au plus profond de toi. Merci de la recevoir, merci de vivre, de m’avoir laissée toucher hier ta lumière la plus intime, de m’avoir dit avec ta voix et avec tes yeux ce que j’avais attendu toute ma vie.
Pour t’écrire, mon nom sera Mara, d’accord ?
Si tu as besoin un jour de me donner tes mots, qui seraient pour moi la raison la plus forte de continuer à te vivre, écris-moi sans nulle crainte à… « poste restante », Coyoacán. Tu veux bien ? Merveilleux Carlos.
Appelle-moi quand tu le pourras, s’il te plaît.
Mara