Lettre à Alejandro Gómez Arias
Coyoacán, le 10 août 1923
Alex,
J’ai reçu ta chère petite lettre hier à sept heures du soir, au moment où je m’attendais le moins à ce que quelqu’un se souvienne de moi, et encore moins ce cher monsieur Alejandro, mais par chance je me trompais. Tu n’imagines pas à quel point j’ai adoré que tu me fasses confiance comme à une véritable amie, que tu me parles comme jamais tu ne m’avais parlé, car tu as beau me dire, avec un brin d’ironie, que je suis tellement supérieure et tellement loin de toi, moi, de toutes ces lignes, je retiens l’essentiel, pas ce que d’autres préféreraient retenir… Tu me demandes de te conseiller et je le ferais de tout cœur si ma toute petite expérience de quinze ans(9) pouvait servir à quelque chose, mais si mes bonnes intentions te suffisent, sache que je t’offre non seulement mes humbles conseils mais aussi ma personne tout entière.
Bon, Alex, écris-moi des lettres, et des bien longues, plus c’est long mieux c’est, et en attendant reçois toute la tendresse de
Frieda
PS : Passe le bonjour à Chong Lee et à ta petite sœur.