Lettre au docteur Samuel Fastlicht
Coyoacán, 13 novembre 1947
Cher ami,
Je sais que vous allez me suggérer d’aller me « promener » chez mon arrière-grand-mère, car cela fait maintenant trois semaines que je ne suis pas passée vous voir, mais je vous supplie de comprendre que je n’ai fait preuve ni de désinvolture ni de fainéantise ; j’ai travaillé (quand, ma colonne me le permettait) et j’ai déjà bien avancé le portrait(139). Je veux le terminer entre cette semaine et la prochaine ; la semaine dernière, j’ai dû garder le lit quelques jours, car je ressens toujours une fatigue « sévère », autant dire que je suis lessivée. Voilà pourquoi je ne passerai pas aujourd’hui, comme je vous l’avais promis, mais à la fin de la semaine prochaine, soyez-en sûr, j’aurai fini le portrait et je vous l’apporterai. Mes molaires se portent à merveille grâce à vous.
Frida Kahlo
Pardonnez-moi, et acceptez mes salutations.
Frida
Ne soyez pas en colère contre moi, d’accord ?
Je vous envoie le petit pot de fleurs que je vous avais promis.