16
« Je l’ai ! » ai-je beuglé en regagnant au pas de course le réduit où les amis et les parents de Murgen s’efforçaient par la torture de lui insuffler un regain d’intérêt pour le monde des vivants. « J’ai trouvé ! Je l’ai !
— J’espère que tu ne vas pas me la refiler », a bougonné Qu’un-Œil.
Je manifestais une excitation si bruyante et véhémente que Murgen lui-même, pourtant noyé dans la brume et fâché de cette situation, s’est interrompu pour me scruter.
« J’avais l’intuition, l’autre jour, que la réponse se trouvait dans les annales. Dans celles de Murgen. Mais ça m’avait échappé. Sans doute parce que je ne les ai pas lues depuis très longtemps et qu’à l’époque je n’aurais pas songé à l’y chercher.
— Et… voyez ! s’est gaussé Qu’un-Œil. C’était là. À l’encre d’or sur papier au murex, avec de petites flèches écarlates disant : “C’est là, greluchonne, sous tes yeux ! Le secret du…”
— La ferme, sac à vent ! s’est insurgé Gobelin. J’aimerais savoir ce qu’a découvert Roupille. » Sans doute m’aurait-il servi le même quolibet si Qu’un-Œil ne l’avait pas devancé.
« Tout part des Nyueng Bao. Enfin, peut-être pas tout ! ai-je rectifié en voyant Sahra me faire les gros yeux. Mais au moins ce qui concerne oncle Doj, mère Gota et ce qui les a incités à sortir des marais alors qu’ils n’avaient pas comme ton frère, Sahra, à s’acquitter d’une dette d’honneur. » Thai Dei, son frère, gisait avec Murgen sous la plaine scintillante ; il lui avait servi de garde du corps par gratitude, pour le remercier de l’aide que la Compagnie noire et lui-même avaient apportée aux Nyueng Bao durant le siège de Jaicur. « Tu dois au moins en connaître une partie, Sahra.
— C’est peut-être exact, Roupille. Mais tu devras d’abord nous expliquer de quoi tu parles.
— De ce que les Mille Voix ont volé au temple de Ghanghesha entre la fin du siège et le moment où l’oncle Doj et ta mère se sont invités chez toi à Taglios. Murgen n’arrête pas de toucher la vérité du doigt mais, à mon avis, il ne l’a jamais vraiment appréhendée. Quoi que les Mille Voix aient dérobé, l’oncle Doj l’appelait la “Clé”. En me fondant sur une autre preuve interne, j’ai l’impression qu’il ne peut s’agir que d’une autre clé de la Porte d’Ombre, comme la Lance de la Passion. » « Les Mille Voix » est le nom que les Nyueng Bao donnent à Volesprit. « Si nous détenions cette clé, nous pourrions sûrement libérer les Captifs. »
Si je ne m’abusais pas, j’avais ouvert un tout nouveau champ d’investigation : pourquoi les Nyueng Bao ?
Sahra s’est mise à secouer lentement la tête.
« Je me trompe ? Qu’est-ce que la Clé, en ce cas ?
— Je ne dis pas que tu te trompes, Roupille. Mais que je ne tiens pas à ce que tu aies raison. J’aimerais autant que certaines choses ne se vérifient pas.
— Lesquelles ? Pourquoi ?
— Certains mythes, Roupille. Hideux. Que je ne suis pas censée connaître tous. Et je sais que je ne les connais pas tous. J’ignore sans doute les plus atroces. Doj était leur gardien et leur conservateur. Comme toi pour la Compagnie noire. Mais Doj n’a jamais partagé ses secrets. Va chercher ta grand-mère, Tobo. Amène-la ici. Et Do Trang aussi s’il est là. »
Le garçon s’est éloigné en traînant les pieds, éberlué.
Un murmure spectral s’est échappé de l’appareil où patientait Murgen. « Roupille a peut-être raison. Je me souviens d’avoir soupçonné quelque chose du même genre et de m’être demandé si je ne pouvais pas dénicher une histoire fiable des Nyueng Bao afin d’en avoir le cœur net. Tu devrais aussi interroger Saule Cygne.
— Plus tard, ai-je répondu. À l’écart. Il n’a pas besoin d’être informé de ce qui se passe. Es-tu disposé à nous écouter maintenant, porte-étendard ? As-tu la moindre idée d’où nous nous trouvons et de ce à quoi nous nous employons ?
— Oui. »
Mais d’un ton résigné. Un peu comme le mien quand je sais que je dois me lever tôt, que ça me plaise ou non.
« Alors parlez-moi du temple de Ghanghesha. Tous les deux. Pourquoi y aurait-on conservé cette Clé ? »
Sahra ne tenait pas à en parler. Son attitude trahissait un féroce débat intérieur.
« Pourquoi est-ce si difficile ? lui ai-je demandé.
— Le passé de mon peuple est entaché d’une vieille souillure. Je n’en ai qu’une vague notion. Doj connaît l’entière vérité. Les autres sont seulement conscients que nos ancêtres ont commis un grand péché et que notre peuple, jusqu’à son expiation, est voué à connaître le plus noir dénuement dans les marais. Le temple était un lieu saint bien avant que certains Nyueng Bao n’adoptent les croyances gunnies. Il protégeait quelque chose. Sans doute la Clé dont tu parles. L’objet que cherche oncle Doj.
— D’où venaient les Nyueng Bao, Sahra ? » Cette question m’intriguait depuis mon enfance. Toutes les quelques années, des centaines de membres de cette étrange peuplade traversaient Jaicur en pèlerinage. Ils restaient entre eux et se montraient très secrets et disciplinés. Ils arrivaient du nord et, une année plus tard, repassaient par Jaicur en revenant sur leurs pas. Ce cycle s’était perpétué, même au plus fort de la domination des Maîtres d’Ombres. Nul ne savait où ils allaient. Nul ne s’en souciait au demeurant.
« De quelque part dans le Sud. Voilà très longtemps.
— D’au-delà des Dandha Presh ? » Je voyais mal comment on pouvait infliger à des enfants en bas âge et à des vieillards les rigueurs d’un voyage de cette amplitude. Ce pèlerinage devait être d’une importance cruciale.
« Oui.
— Mais ces pèlerinages ont pris fin ? » Le dernier dont j’avais entendu parler s’était soldé par la mort, à Jaicur, de centaines de Nyueng Bao.
« Le Maître d’Ombres et les guerres de Kiaulune ont interdit les quelques suivants », a grincé Banh Do Trang depuis son fauteuil roulant. Il était arrivé juste à temps pour surprendre ma question. « En principe, il doit s’en dérouler un tous les quatre ans. Chaque Nyueng Bao De Duang doit l’accomplir au moins une fois au cours de sa vie d’adulte. Pendant un certain temps, le manquement à cette tradition n’a pas posé de problèmes. Mais aujourd’hui la Protectrice interdit aux gens de remplir leurs devoirs. Ce sont là des questions dont nous ne discutons pas avec les étrangers. »
J’ai eu l’impression qu’il disait deux fois la même chose : une fois pour ma gouverne et une autre pour celle de Sahra. L’affaire risquait de devenir épineuse. Nous n’osions pas offenser Banh Do Trang dont l’amitié nous était précieuse. En la perdant, nous risquions également de perdre Sahra dont la valeur, aux yeux de la Compagnie, était inestimable.
Rien n’est jamais simple ni acquis. J’ai expliqué au vieillard ce que j’avais cru comprendre. Ky Gota est entrée en se dandinant au tout début de mon récit. J’ai écarquillé les yeux en voyant Qu’un-Œil lui offrir son siège. Ce monde est décidément plein de sujets d’émerveillement. Le petit sorcier est allé chercher une autre chaise qu’il a installée à côté de Gota. Et tous deux se sont pétrifiés en appui sur leur canne, comme un couple de gargouilles saillant du flanc d’un temple. L’ombre de la beauté passée de Gota transparaissait encore dans le large masque perpétuellement renfrogné qui lui servait de visage.
J’ai exposé le problème. « Mais un mystère demeure. Où est passée la Clé ? »
Nul ne m’a fourni spontanément ce renseignement.
« À mon sens, si les Mille Voix la détenaient encore, Volesprit s’empresserait de gagner Kiaulune tous les mois pour rassembler un nouveau troupeau d’ombres tueuses. Du moins si la Clé permet d’ouvrir la Porte d’Ombre sans danger. Et, si oncle Doj l’avait en sa possession, il ne vagabonderait pas par monts et par vaux à sa recherche. Il aurait déjà regagné les marais en nous laissant tous, sans le moindre remords, foncer vers l’al-Sheil à tombeau ouvert. Je me trompe ? Mère Gota ? Vous le connaissez bien. Vous devriez pouvoir nous éclairer. »
Pouvoir, sans aucun doute. Vouloir, sûrement pas. S’agissant du séjour de la Compagnie noire dans le Sud, une clameur au moins résonne à mes oreilles : le silence entêté de la grande majorité des gens. À tout propos. Comme si la seule découverte de notre date de naissance risquait de devenir entre nos mains une arme que nous retournerions contre eux. Que la Compagnie ne se composât plus aujourd’hui que de soldats indigènes n’y changeait rigoureusement rien. Notre existence ne séduit guère la couche la mieux instruite et informée de la population. Si jamais un prêtre décidait de s’enrôler dans nos rangs, nous l’expédierons illico dans le fleuve, persuadés qu’il ne s’agirait que d’un espion.
« C’est toi qui détiens cette fichue babiole ? a demandé Qu’un-Œil.
— Qui ça ?
— Toi, greluchonne. Toi, la scélérate. Je n’ai pas oublié que tu es restée un bon moment l’hôte de Volesprit, quand elle t’a enlevée sur la route du retour après que tu as livré ce message pour Murgen. Ni que ton sauvetage par ce brave oncle Doj était purement accidentel. Il cherchait le bibelot qui lui manquait. La Clé. Vrai ou non ?
— Entièrement vrai. Et je n’ai strictement rien emporté. À part quelques cicatrices et les haillons que j’avais sur le dos.
— Volesprit cherche-t-elle la Clé ? Voilà ce que nous devons absolument savoir.
— Nous n’avons aucune certitude à cet égard. Mais il lui arrive parfois de s’envoler pour le Sud et de patrouiller au-dessus de son vieux territoire comme si elle cherchait quelque chose. » Nous l’avions appris de la bouche de Murgen. Mais, jusque-là, son comportement n’avait aucune signification.
« Qui d’autre, en ce cas, aurait pu subtiliser ce trophée ? » Qu’un-Œil se gardait bien d’essayer de tirer les vers du nez de Gota. La seule manière d’en obtenir quelque chose était de l’ignorer. En temps voulu, elle finirait par exiger qu’on tienne compte de sa présence.
Je me souvenais d’une fillette pâle et dépenaillée qui, en dépit de ses cinq ans, m’avait paru sans âge ; patiente et silencieuse, elle donnait l’impression, par son assurance, de ne s’effrayer nullement de sa captivité. Elle ne m’avait pas adressé la parole une seule fois et ne semblait se rendre compte de mon existence que lorsqu’elle ne pouvait pas faire autrement, car je risquais, si elle me portait trop sur les nerfs, de lui confisquer le peu de nourriture que nous octroyait Volesprit. J’aurais dû l’étrangler là-bas. Mais j’ignorais encore qui elle était à l’époque.
J’avais même du mal à me rappeler qui j’étais moi-même. Volesprit m’avait droguée, s’était insinuée en moi, avait découvert une bonne partie de ce qui faisait de moi ce que j’étais, puis tenté de se faire passer pour Roupille afin d’infiltrer la Compagnie. Je me demande encore jusqu’à quel point elle me connaît. Toujours est-il que je ne tiens pas à ce qu’elle découvre que j’ai survécu aux guerres de Kiaulune. Elle dispose sans nul doute d’armes affectives capables de me broyer.
« Narayan venait chercher la Fille de la Nuit, ai-je réfléchi tout haut. Mais je ne l’ai qu’entraperçu fugacement. Un petit homme squelettique vêtu d’un pagne crasseux, ne ressemblant en rien au monstre qu’il était censément. Je ne l’ai compris qu’en me rendant compte qu’il n’allait pas me libérer. Dans la mesure où l’on n’y voyait goutte, j’ignore s’ils ont embarqué quelque chose. Murgen, tu les as vus faire, toi. Je l’ai consigné moi-même par écrit. Auraient-ils pu emporter un objet ressemblant à cette clé ?
— Je n’en sais rien. Croyez-moi si vous voulez, mais certaines choses vous échappent, là-bas. » Il avait l’air piqué au vif.
Je me suis aperçue que je n’avais toujours pas pris la peine d’écouter son rapport. Je l’ai prié de s’exécuter.
« Sans grand intérêt, m’a répondu Sahra, coupant la parole à Murgen avant qu’il n’eût le temps de tout nous raconter depuis le début.
— Peux-tu les retrouver maintenant ? » Je prévoyais de gros problèmes. Un lien inconscient s’était forgé entre Kina et lui. Si jamais la déesse ténébreuse se réveillait à nouveau, il lui faudrait prendre garde à ne pas attirer sa divine attention. « Voici nos priorités pour ce qui concerne la Fille de la Nuit : on la tue. À défaut, on tue son comparse. À défaut encore : on veille à l’empêcher de copier les Livres des Morts, besogne qu’elle ne manquera pas de reprendre, j’en suis persuadée, dès qu’elle aura rétabli un lien fiable avec Kina. Enfin : récupérer tout ce que Singh et elle auraient pu embarquer quand Narayan est venu la délivrer. »
Qu’un-Œil a cessé de somnoler le temps d’applaudir indolemment : « Déchire-les, greluchonne ! Pulvérise-les !
— Immonde vieux réprouvé. »
Il a henni.
« Si jamais tu cherches un autre angle d’approche, a fait Gobelin, demande à tes copains de la bibliothèque de te révéler les noms de ceux qui relient des livres vierges. Puis va les trouver et tâche d’apprendre qui en a commandé récemment. Ou graisse-leur la patte en les priant de te tenir informée de toute commande.
— Seigneur ! me suis-je exclamée. Enfin quelqu’un qui se sert de ses méninges. Ce monde regorge de merveilles. Où diable est passé Murgen ?
— Tu viens de lui demander de se mettre en quête de Narayan Singh et de la Fille de la Nuit, m’a répondu Sahra.
— Je ne voulais pas dire à la seconde. J’aurais voulu savoir s’il avait déniché des informations utiles sur Chandra Gokhale.
— Tu commences à être sous pression, pas vrai, greluchonne ? » Le ton de Qu’un-Œil était si suave que je l’aurais volontiers baffé. « Détends-toi. Ce n’est pas le moment de précipiter la musique. »
Deux hommes de faction, « Chaud-Lapin » Singh et un homme de l’Ombre que les gars de son peloton avaient surnommé Kendo le Surineur, se sont invités d’autorité à la réunion d’état-major. « On entend toutes sortes de hurlements dans la nuit, nous a rapporté Kendo. J’ai fait passer le mot à tous de se terrer dans une pièce bien éclairée.
— Les ombres sont en chasse, a laissé tomber Sahra.
— Nous ne risquons rien ici, ai-je ajouté. Mais par mesure de prudence, Gobelin, tu devrais aller faire quelques rondes avec Kendo et Chaud-Lapin. Évitons les mauvaises surprises. Volesprit déchaînera-t-elle totalement ses ombres, Sahra ?
— Pour marquer le coup ? C’est toi l’annaliste. Qu’en disent tes livres ?
— Qu’elle est capable de tout. Qu’elle n’entretient plus aucun rapport avec l’humanité d’autrui. Elle doit se sentir très seule.
— Hein ?
— Nous convenons donc que Chandra Gokhale sera notre prochain objectif. »
Sahra m’a jeté un regard étrange. C’était d’ores et déjà décidé. À moins qu’une occasion plus propice ne se présentât à brûle-pourpoint, nous éliminerions l’inspecteur général, dont l’absence déstabiliserait et ferait vaciller système fiscal et administration bureaucratique. En outre, c’était sans doute notre ennemi le plus vulnérable. Sa liquidation laisserait la Radisha plus isolée que jamais : coupée de la Protectrice d’une part et des prêtres de l’autre, et incapable, dans la mesure où elle était la Radisha, princesse inabordable et d’une certaine façon demi-déesse, de se tourner vers qui que ce fût.
Elle aussi devait se sentir très seule.
Finesse et subtilité.
« Qu’avons-nous fait aujourd’hui pour terroriser le monde ? » ai-je demandé.
Puis je me suis aperçue que je connaissais la réponse. Elle faisait partie intégrante du plan de capture de Cygne. Tous nos frères auraient évité de prendre le moindre risque. Cette nuit, les pastilles préalablement posées donneraient leurs représentations. D’autres encore se produiraient dans la nuit du lendemain. Des spectacles « lumière et fumée » proclamant « L’eau dort », « Mon frère impardonnable » ou « Tous leurs jours sont comptés ». Et d’autres encore, dorénavant, un peu partout chaque soir.
« Quelqu’un qui n’était pas des nôtres a introduit un autre moulin à prières et l’a fixé à un pilier du souvenir devant l’entrée nord, a lancé Sahra. On ne l’avait pas encore remarqué à mon départ.
— Même message ?
— J’imagine.
— Il sème la terreur. Et pourrait devenir fichtrement redoutable. Rajadharma.
— Il fait déjà sérieusement réfléchir la Radisha. L’immolation de ce moine par le feu a indéniablement retenu son attention. »
Toute l’histoire de ma vie. Je passe des mois à peaufiner chaque détail d’un plan sublime, et un maniaque et fétichiste du feu me vole la vedette.
« Donc ces cinglés de Bhodis ont trouvé un message efficace. Tu crois qu’on pourrait tirer la couverture à nous ? »
Qu’un-Œil a eu un gloussement sardonique.
« Quoi ? ai-je fait.
— Je m’étonne moi-même, parfois.
— Voilà deux siècles que tu t’étonnes toi-même, a fait remarquer Gobelin, qui s’apprêtait à sortir avec Chaud-Lapin et Kendo. Sûrement parce que personne d’autre ne s’intéresse aux insectes.
— Tu ferais bien de ne pas t’endormir trop tôt, face de crapaud…
— Messieurs ? » l’a coupé Sahra. Délicatement. Mais elle a réussi à capter l’attention des deux sorciers. « Pourrions-nous revenir à nos moutons ? J’ai besoin de dormir.
— Absolument ! a répondu Gobelin. Absolument ! Si ce vieux croûton a eu une idée, autant la lui extirper avant qu’elle ne crève de solitude.
— Tu peux poursuivre ta mission. »
Gobelin a tiré la langue, mais il est sorti.
« Étonne-nous tous, Qu’un-Œil », ai-je suggéré. Je ne tenais pas à le voir s’assoupir avant d’avoir partagé avec nous sa fulgurance.
« La prochaine fois qu’un de ces fadas du Bhodi s’embrase, confions notre message à sa fumée et à ses flammes. “L’eau dort.” Et un autre que je viens d’inventer. “La Mort elle-même ne détruit pas.” Avoue que ça sonne bien. Très religieux.
— En effet, ai-je reconnu. Et qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
— Ne commence pas à me chercher, greluchonne…
— Je les ai trouvés », a subitement chuchoté le fantôme des forfaits passés.
Murgen était de retour.
Je n’ai pas demandé qui. « Où ?
— Au Jardin des Voleurs.
— Le Chor Bagan ? Les Gris l’assiègent. »
Et songent très sérieusement à nettoyer le quartier, a confirmé Murgen.