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Hayes faisait de gros efforts pour garder sa voix basse et calme.
« Qu’est-ce qui vous a pris de tuer cet adjoint ? Vous êtes complètement cinglés ou quoi ? »
Il les avait attendus au bureau du shérif après avoir circonvenu les autorités locales à l’aide des papiers officiels d’Orleg et du mandat d’arrêt bidon faxé de Moscou par Khrouchtchev. Celui-là même qui avait déjà convaincu, à San Francisco, les hommes des douanes et du FBI. On lui avait posé peu de questions lorsqu’il avait expliqué que sa firme représentait le gouvernement russe auprès du ministère des Affaires étrangères.
Ils étaient seuls à l’extérieur d’une petite pièce où les adjoints entraient et sortaient en commentant à haute voix la mort de Roscoe, leur collègue. Hayes parvenait, d’extrême justesse, à conserver son sang-froid.
« Où sont les pistolets ?
— Sous nos vestes, riposta Orleg.
— Qu’est-ce que vous leur avez raconté ?
— Que l’adjoint est entré et qu’on a foncé à son secours lorsqu’on a entendu des coups de feu, mais qu’il était déjà mort. On les a poursuivis, et les chiens nous ont attaqués. La dernière chose qu’on a pu voir, c’est Lord et la fille enlever Thorn, dans une Jeep, en le menaçant de leurs armes.
— Ils ont gobé ça ? »
Droopy se fendit de son sourire de gargouille.
« Complètement. »
Mais pour combien de temps ? songea Hayes.
« Vous leur avez parlé des chiens ?
— On leur a dit qu’on les avait butés. On n’avait pas le choix.
— Lequel de vous deux a eu l’idée de génie de descendre l’adjoint ?
— Moi », admit Orleg.
L’imbécile en semblait très fier.
« Et qui a massacré les chiens ?
— Moi, dit Droopy. Ils ont attaqué Orleg. Ils étaient déchaînés. »
Hayes se rendit compte qu’il fallait remplacer le pistolet d’Orleg avant que quelqu’un ne décidât de confisquer les armes des deux Russes comme pièces à conviction. Impossible de l’escamoter tout bonnement, à cause des déclarations enregistrées. Et pas moyen de le laisser traîner, non plus, compte tenu du fait que les balles extraites du corps de l’adjoint constitueraient, dans ce cas, une preuve décisive. S’assurant, d’un regard circulaire, que personne ne les observait, il sortit de sous sa veste son propre Glock.
« Donnez-moi le vôtre. »
Ils troquèrent rapidement les deux armes.
« J’espère que personne ne remarquera le chargeur plein. Si ça se produit, vous direz que vous avez rechargé, sur le tas, et perdu l’autre quelque part en route. »
Le shérif les rejoignit quelques minutes plus tard, avec les dernières nouvelles.
« La voiture est recherchée dans toute la région. Une Jeep Cherokee, bien décrite par ces messieurs. »
Droopy et Orleg acceptèrent le compliment d’un petit signe de tête plein de modestie.
Le shérif se retourna vers Hayes.
« Pourquoi ne pas nous avoir signalé que ce Lord était dangereux ?
— On vous avait bien dit qu’il était recherché pour meurtre.
— Roscoe… l’adjoint criblé de balles… avait une femme et quatre enfants. Si j’avais cru cet avocat maudit capable d’abattre un homme de sang-froid, j’aurais mobilisé toute la troupe avec l’ordre de tirer à vue.
— Nous comprenons l’émotion générale.
— C’est la première fois qu’on perd un homme dans ce comté. »
Hayes prit l’initiative de parler d’autre chose.
« Est-ce que les autorités de l’État ont été alertées ?
— Et comment, nom de Dieu ! »
À condition de bien jouer le coup, pensa froidement Taylor Hayes, ces provinciaux finiraient par régler le problème à sa place.
« Shérif, je ne pense pas que l’inspecteur Orleg soulèvera la moindre objection, s’il ne revoit Lord que dans un sac à viande. »
Un autre adjoint vint leur signaler l’arrivée de Mme Thorn. Hayes et les deux Russes suivirent le shérif dans une pièce où les attendaient deux femmes visiblement bouleversées. La plus âgée, qui pleurait, était l’épouse de Michael Thorn, l’autre sa secrétaire.
À son retour d’Asheville où elle avait passé la journée chez sa sœur, Mme Thorn avait trouvé sa maison cernée par plus de voitures de police que le comté n’en possédait à sa connaissance. Le coroner procédait à l’évacuation d’un cadavre couvert de sang, et plusieurs des précieux barzoïs de son époux gisaient sur le carrelage de la cuisine. L’un d’eux avait même totalement disparu. Seuls avaient échappé au carnage les quatre dont les cages étaient toujours fermées.
Le massacre des chiens posait un problème aux enquêteurs. Pourquoi les avait-on lâchés ? La question revenait sans cesse dans les conversations du shérif avec ses adjoints :
« Évidemment pour stopper l’inspecteur Orleg, leur répondit Hayes. Lord est astucieux. Il s’est déjà tiré de situations plus difficiles. Après tout, voilà un bout de temps qu’ils le traquent à travers le monde, sans succès jusqu’à présent. »
La thèse exposée demeurait plausible. Au moins pour le moment. Le shérif promit à Mme Thorn que tout serait mis en œuvre pour retrouver son mari.
« Il faut que je téléphone à mes fils », dit-elle.
Hayes frémit intérieurement. Si cette femme devait incarner la tsarine de toutes les Russie, il ne voulait pas d’un problème supplémentaire impliquant le tsarévitch et son frère grand-duc. Il fallait éviter à tout prix que Lord ne pût communiquer à quiconque ce que Michael Thorn était encore seul à savoir. Fort de cette conclusion, il se présenta à la pauvre femme folle d’angoisse.
« Madame Thorn, je crois qu’il serait préférable que cette histoire se règle dans les quelques heures à venir, sans inquiéter vos fils.
— Qu’est-ce que vous faites ici ? rétorqua-t-elle sans douceur.
— J’assiste le gouvernement russe dans sa recherche d’un criminel.
— Comment un criminel a-t-il pu s’introduire chez moi et kidnapper mon mari ?
— Je n’en sais rien. Nous avons eu beaucoup de chance de retrouver sa piste.
— En réalité, intervint le shérif, vous ne nous avez encore jamais dit comment vous avez pu le suivre jusque chez nous. »
Le ton du shérif se teintait de suspicion, mais avant que Taylor Hayes pût lui répondre, une adjointe fit irruption dans la pièce.
« Patron, Larry vient de repérer cette foutue bagnole sur la nationale 46, à cinquante-cinq kilomètres au nord de Genesis ! »
En passant devant l’éventaire mobile chargé de pommes et d’autres produits de l’agriculture locale, Lord aperçut la voiture de patrouille rangée sur le bas-côté. Un flic en uniforme bavardait, près du véhicule, avec un type en salopette, perché, jambes pendantes, sur le bord du plateau d’un camion. Une scène archipaisible que Miles vit changer, instantanément, dans son rétroviseur. En bondissant à son volant et se lançant sur l’asphalte, le flic bavard dut battre une sorte de record.
« Les enfants, on a de la compagnie ! »
Akilina se retourna. Thorn imita son exemple. À leurs pieds, le chien s’agitait. Thorn lui dit un seul mot et l’animal, tranquillisé, s’aplatit dans le fond de la voiture.
Lord maintenait l’accélérateur au plancher, mais ils ne disposaient que d’un moteur de six cylindres, et la route vallonnée diminuait encore leur indice de performance. Ils roulaient déjà à un bon cent quarante, sur un chemin forestier encadré de talus herbeux. Droit devant eux, se rapprochait, très vite, la malle arrière d’une autre voiture. Lord amorça un dépassement alors qu’un troisième véhicule apparaissait en sens inverse, au sortir d’un virage.
Il se rabattit vivement, en souhaitant que la courbe abordée empêchât la voiture de patrouille d’imiter son mauvais exemple. Mais l’éclat bleu qui repassait rapidement d’une voie à l’autre, dans son rétroviseur, l’informa que la poursuite ne faisait que commencer.
L’animal est nettement plus puissant que nous. Il va nous rattraper sans mal. Et n’oublions pas l’alerte qu’il a dû donner, par radio.
« En fait, pourquoi fuit-on devant la police ? » s’enquit doucement Akilina.
Elle avait raison. Pourquoi cette réaction de criminels en cavale ? Des dizaines de kilomètres les séparaient de Droopy et d’Orleg restés en rade à Genesis. Le mieux était de stopper et de s’expliquer avec ce flic. Leur quête, leur enquête était close. Le secret n’était plus de mise. C’était auprès des autorités légales qu’ils pourraient trouver de l’aide.
Il ralentit, parqua la Jeep sur le bas-côté de la route. En quelques secondes, la voiture de patrouille stoppa net, derrière eux. Lord ouvrit la portière. Le policier était déjà là revolver au poing, utilisant comme un bouclier la portière ouverte.
« Tout le monde à terre ! Tout le monde ! »
D’autres voitures passaient, sans s’arrêter ni même ralentir.
« J’ai dit à terre !
— Écoutez, il faut qu’on vous parle.
— Dans trois secondes chrono, si vous n’avez pas le cul pointé vers le ciel, je tire ! »
Akilina était également descendue.
« À terre, madame !
— Elle ne vous comprend pas. On a besoin de votre aide, monsieur l’agent.
— Où est Thorn ? »
La portière arrière s’ouvrit. L’avocat descendit à son tour.
« Venez vers moi, monsieur Thorn, ordonna le policier, dans le vacarme de la circulation, sans cesser de braquer son arme.
— Qu’est-ce qui se passe ? s’étonna Thorn.
— Je ne sais pas, déclara Lord. Vous le connaissez ?
— Son visage ne m’est pas inconnu, mais…
— Moi, je vous connais, monsieur Thorn. Approchez-vous de moi. »
Lord fit un pas en avant. Le revolver se releva à sa rencontre. Thorn s’interposa.
« Écartez-vous, monsieur Thorn, je vous prie. Ce salaud a tué un adjoint. »
Lord avait-il bien entendu ? Tué un adjoint ?
Thorn ne bougea pas. Le revolver cherchait toujours sa cible.
« Couchez-vous ! Couchez-vous tous !
— Alexis. Dehors. »
Thorn n’avait pas élevé la voix, mais le barzoï était déjà hors de la voiture. Alors que le policier contournait l’avocat, prêt à tirer.
« Là, articula doucement Thorn, à l’adresse d’Alexis. Va ! Saute ! »
Les membres postérieurs du chien, ramassés sur eux-mêmes, se détendirent. Le corps musculeux fendit l’air et cueillit, de plein fouet, le flic qui bascula les quatre fers en l’air. Il pressa deux fois la détente, et les balles se perdirent. Puis un coup de pied de Miles Lord expédia le pistolet dans l’herbe du talus.
Le chien grondait en sourdine. Ses crocs menaçaient la gorge du policier. Thorn le calma d’un mot alors qu’à bonne distance, hululaient des sirènes.
« Je suggère, proposa Michael, qu’on aille voir ailleurs si on y est. Il y a quelque chose qui ne colle pas, là-dedans. Ce flic a dit que vous aviez tué le shérif adjoint !
— Entièrement d’accord. Filons. »
Tous, y compris le chien, se réembarquèrent en vitesse alors que l’infortuné policier se relevait, chancelant.
« Juste un peu secoué, dit Thorn, mais il n’a rien. Aucune morsure. Je n’avais pas donné cet ordre-là. »
Lord embraya sèchement, et ils redémarrèrent.
Hayes attendait dans le bureau du shérif, en compagnie de Droopy et d’Orleg. L’appel radio signalé par l’adjointe remontait à une vingtaine de minutes. Le patrouilleur qui avait repéré la Jeep Cherokee filant vers le nord, sur la 46, en direction du Tennessee, s’était aussitôt lancé à sa poursuite, et son dernier message précisait que le véhicule suspect pris en chasse ralentissait, au point, semblait-il, de vouloir s’arrêter. Des renforts avaient été demandés, bien que le correspondant se fût déclaré capable de régler le problème à lui tout seul.
L’homme de Pridgen et Woodworth n’avait même pas tenté d’accompagner le shérif et ses hommes jusqu’à l’endroit indiqué. Tout ce qu’il souhaitait à présent, c’était qu’un de ces culs-terreux se montrât suffisamment chatouilleux de la gâchette pour mettre fin au cauchemar. Il avait bien précisé que les Russes ne tenaient pas à ramener un coupable « chaud », mais simplement identifiable, même si quelqu’un avait eu le bon esprit de le refroidir, entre-temps, d’une balle bien placée.
Lord éliminé, et peut-être aussi l’acrobate, subsisterait, d’ailleurs, le problème Michael Thorn. La police ferait le maximum pour le sauver, et Dieu savait que Lord ne lui causerait pas le moindre mal. S’il descendait vraiment de Nicolas II, en ligne directe, comme le prétendait Miles, le test ADN bannirait les tout derniers doutes.
Et le cauchemar recommencerait.
Il se trouvait dans une des salles de coordination, face à un assortiment d’appareils de communication en service ou prêts à servir. D’un des haut-parleurs, jaillit, dans une salve de friture :
« Central Dillsboro Un. Arrivons sur le site. »
Hayes reconnut la voix du shérif et tendit l’oreille, attendant le rapport qui allait bientôt suivre. Orleg attendait, lui aussi, dans un coin de la salle. Droopy grillait une cigarette, à l’extérieur. Penché vers Orleg, Hayes chuchota, en russe :
« Il va falloir que j’appelle Moscou. Nos amis ne vont pas être très contents. »
L’inspecteur ne broncha pas.
« Nous avons nos ordres directs.
— Ce qui veut dire ?
— Que nos ordres sont de nous assurer que ni la femme, ni Lord, ni qui que ce soit jugé dangereux ne revoient le ciel de Russie.
— Moi compris, peut-être ? Ça vous plairait de me tuer ?
— Je me ferais une douce violence.
— Pourquoi ne l’avez-vous pas encore fait ? »
Silence.
« Parce qu’ils ont toujours besoin de moi, c’est ça ? »
Même silence.
Hayes articula la phrase suivante à quelques centimètres du visage d’Orleg :
« Vous ne me faites pas peur, mon vieux. Rappelez-vous. Je suis au courant de tout, moi aussi. Il y a deux fils porteurs du génome des Romanov. Inscrits sur la liste, évidemment. Mais ceux qui ont envoyé Lord et la fille en enverront d’autres. Dites bien à vos amis que si je meurs, rien n’empêchera la vérité d’éclater à la face du monde. Alors que le problème peut être encore résolu dans l’ordre et la discrétion. Désolé de vous frustrer d’un de vos plaisirs, Orleg.
— Ne surestimez pas votre importance, l’avocat !
— Ne surestimez pas ma tolérance. »
Hayes s’éloigna de l’inspecteur russe sans lui laisser le temps d’imaginer une réponse adéquate.
La friture du haut-parleur déboucha, enfin, sur un commencement de rapport.
« Central Dillsboro Un. Suspects enfuis avec captif. Adjoint agressé par chien d’attaque en la possession des suspects. Très secoué, mais indemne. Poursuite organisée. Suspects disposent d’une certaine avance. Direction probable, toujours droit au nord, par la 46. Diffuser alerte en avant de leur parcours estimé. »
Le coordinateur de service accusa réception du message et Taylor Hayes poussa un soupir de soulagement. Quelques minutes plus tôt, il avait souhaité la capture de Miles Lord. Il se rendait compte, à présent, que l’affaire n’en serait pas simplifiée, au contraire. C’était à lui de mettre la main sur un Lord qui, visiblement, ne faisait pas confiance aux autorités locales. Ces crétins de bouseux s’imaginaient que Miles poussait devant lui un otage, au bout du canon d’un revolver. Lui seul savait que Lord, Thorn et cette Akilina Petrovna étaient tous les trois en cavale. Et qu’il allait falloir les stopper au plus vite. Aux yeux de Lord, Orleg et Droopy ne pouvaient que collaborer avec la police. Il n’aurait donc pas recours de sitôt aux autorités locales. Il allait plutôt chercher une planque où respirer un bon coup en pesant le pour et le contre. Quel genre de planque ? Lord ne connaissait pas la région ou la connaissait mal. Michael Thorn, en revanche, y était chez lui, depuis toujours. Peut-être y avait-il quelque chose à glaner, sous cet angle ?
Quittant le centre de coordination, il regagna la pièce où Mme Thorn et la secrétaire attendaient la suite des événements. L’épouse discutait, dans un local voisin, avec une autre adjointe. Il s’adressa donc à la secrétaire :
« Pardonnez-moi, madame. »
Elle releva les yeux.
« Je vous ai entendue dire au shérif que le Noir et la Russe étaient venus voir M. Thorn à son cabinet ?
— C’est exact. Ils sont venus hier. Et de nouveau ce matin. Ils ont passé la journée avec M. Thorn.
— Savez-vous de quoi ils ont pu discuter ? »
Elle secoua la tête.
« Ils étaient dans son bureau, avec la porte close.
— C’est terrible. L’inspecteur Orleg est tellement contrarié. Un de ses hommes a été tué à Moscou. Et maintenant, ce pauvre garçon, ici même.
— Ce M. Lord s’est présenté en tant qu’avocat. Il n’avait pas l’air d’une terreur.
— Qui a jamais l’air d’une terreur ? Lord était à Moscou pour affaires. Nul ne sait pourquoi il a tué cet autre policier, sur la place Rouge. Quelque chose s’est passé, là-bas, et continue à se passer, ici, dont nous ne soupçonnons pas la nature. »
Il reprit haleine, renvoya ses cheveux en arrière, d’une main, et se pinça la racine du nez.
« La région est si belle. Surtout en cette saison. Une honte que quelque chose de ce genre vienne gâcher toute cette harmonie. »
Il s’empara d’une cafetière et remplit une tasse. Il en offrit une à la secrétaire qui refusa d’un geste.
« Je viens parfois d’Atlanta chasser dans le secteur. En louant un chalet dans les bois. J’ai toujours eu envie d’en acheter un, mais il m’a fallu y renoncer, faute de moyens. M. Thorn en possède-t-il un ? Tout le monde semble avoir le sien, dans cette jolie ville.
— Le chalet de M. Thorn est charmant, opina la secrétaire. Il appartient à sa famille depuis des générations.
— Près d’ici ? »
Attention de ne pas exprimer, trop ouvertement, un trop grand intérêt.
« Une petite heure au nord. Il a plus de un hectare de terrain, y compris un versant montagneux. Je le taquine, parfois, en lui demandant ce qu’il peut faire d’une montagne. Et vous savez ce qu’il me répond ?
— Non, bien sûr.
— Qu’il y regarde pousser les arbres. »
La brave fille en avait les yeux humides. Il était évident qu’elle adorait son patron.
« Elle a un nom, cette montagne ? »
Toujours sans appuyer, entre deux gorgées de café.
« Windsong Ridge. Joli nom, vous ne trouvez pas ?
— Très ! Pardonnez-moi ce bavardage. Je vous sens tellement affectée. »
Elle le remercia. Il rejoignit Orleg et Droopy qui fumaient à la chaîne, les yeux dans le vague.
« En chasse, messieurs.
— Où va-t-on ?
— Résoudre le problème… j’espère. »