CHAPITRE XXXVI
Wedge s’approcha de l’écran holographique circulaire juché sur un piédestal, au centre de la salle de réunion.
— Je n’aurai pas le temps de me répéter, alors écoutez bien, annonça-t-il.
Il tapota une série de touches sur le clavier, et la carte holographique de la zone du Palais apparut devant les Rogues. L’image pivota selon un angle de quatre-vingt-dix degrés pour permettre aux pilotes de voir à travers le réseau des tours, des tunnels et des rues composant cette partie de la ville. À l’intérieur apparut un carré rouge.
— Nous avons été informés que le Front Palpatine de Libération se prépare à attaquer une réserve de bacta. Nous allons couvrir un commando qui doit intercepter les terroristes. Le problème est que les hommes du FPL sont susceptibles de se disperser quand nous arriverons. Nous nous attendons à ce qu’ils utilisent des motos-jets et des speeders. Nous devons les anéantir.
Wedge désigna le siège vide à côté de Pash Cracken.
— Nawara n’est pas avec nous parce cette attaque coïncide avec le moment où il doit faire face aux holo-jounalistes. S’il n’était pas là le jour où la défense de Tycho est censée plaider, ils pourraient soupçonner quelque chose. Ooryl, vous volerez avec Pash. Consignes habituelles pour tous les autres.
— Si nous devons poursuivre des cibles à travers la ville, ne risquons-nous pas d’en perdre certaines ? demanda Pash. Il y a des endroits où une aile X ne peut passer, mais où une moto-jet pourrait se glisser.
— Votre père assurera un repérage depuis le bureau de la sécurité sur le griffe-ciel de l’Empereur, mais il est possible que certaines cibles nous échappent.
Erisi leva la main.
— Il y aura une importante circulation de civils dans le secteur, remarqua-t-elle. Jusqu’à quel point devons-nous prendre des risques ?
— Quand nous arriverons, les autorités municipales ordonneront l’évacuation des lieux. Quiconque ignorera cet ordre commettra une grave erreur. Nous ne voulons pas abattre de civils, mais si vous avez une bonne occasion d’atteindre une cible, saisissez-la. Tirer dans la ville n’est pas une bonne chose. Laisser le FPL y entrer serait pire.
— Et si les terroristes se mêlent aux civils ?
— Ils ne détruiront pas un entrepôt de bacta pendant ce temps… Nous les repérerons et nous enverrons quelqu’un pour les neutraliser.
— Ooryl pense que c’est une opération hasardeuse.
— Il ne fait aucun doute qu’elle pourrait causer la mort d’innocents. Nous devons être prudents et consciencieux. J’ai confiance en vous. Vous serez suffisamment intelligents pour éviter de vous mettre dans une situation difficile.
« Vos droïds astromécanos ont la carte du secteur du palais. L’entrepôt de bacta est protégé, et vous recevrez un signal d’avertissement si vous pénétrez dans la zone d’exclusion. En ce cas, obéissez et sortez-en. La sécurité se chargera de votre cible. D’autres questions ?
Wedge balaya la salle du regard ; personne ne se manifesta.
— Bien. Rejoignez le hangar et partez. Faites de votre mieux. Nous ne combattons pas une Étoile Noire, mais cette mission n’en reste pas moins vitale. Que la Force soit avec vous. Rompez.
Les pilotes commencèrent à évacuer la pièce. Wedge vit Asyr donner un baiser à Gavin et lui dire quelque chose qu’il n’entendit pas. Puis la jeune femme se tourna vers lui et l’interpella.
— Commandant, si vous avez un moment… demanda-t-elle.
Wedge hocha la tête.
Asyr regarda partir Gavin et se rapprocha de lui.
— Vous rappelez-vous la conversation que nous avons eue, il y a environ six semaines ? Au sujet d’une décision que je devais prendre.
— Oui : je vous ai dit qu’un moment viendrait où vous devriez faire un choix entre l’escadron et votre allégeance aux Services Secrets bothans, confirma Wedge.
— Vous avez dit que vous me faisiez confiance, et que vous vouliez continuer ainsi.
— Exact. Et j’ai ajouté que si vous choisissiez de quitter l’escadron, je respecterais votre décision. Évidemment, si vous décidez de le faire maintenant, je ne pourrai pas vous approuver.
Asyr leva vers lui un regard froid.
— Je veux que vous continuiez à respecter mes décisions, annonça-t-elle. Et à me faire confiance.
Elle plongea la main dans sa combinaison de vol et en retira une datacarte.
— J’ai reçu l’ordre de préparer un rapport sur le massacre du convoi de bacta, poursuivit-elle. Je devais démontrer qu’il résultait d’une erreur humaine ayant causé notre retard. Cette datacarte est le seul exemplaire du rapport. S’il m’arrivait quoi que ce soit, j’espère que vous en disposerez de manière utile.
— Et si vous survivez, qu’en ferez-vous ? interrogea Wedge.
— Je suis membre de l’Escadron Rogue, commandant, ce qui signifie que je reçois des ordres de mes officiers, et seulement d’eux. J’en ferai ce que vous me direz d’en faire.
— Vous allez vous couper des vôtres…
— Je le sais, et j’ai conscience que ça ne sera pas facile. Mais l’Escadron Rogue est ma patrie, maintenant. Vous m’avez demandé de piloter et de me battre en prenant le risque de mourir. C’est ce que je ferais de toute manière pour les gens en qui j’ai confiance. Quant à ceux qui me demandent de trahir mes amis, ils ont prouvé qu’ils ne me voient pas comme une personne digne de confiance. Ils ne peuvent donc pas l’être eux-mêmes.
Wedge glissa la datacarte dans sa poche et tapota l’épaule d’Asyr.
— Content de vous avoir avec nous. J’aime voler avec quelqu’un en qui je peux avoir confiance.