CHAPITRE XXVI
— Bienvenue, commandant Antilles.
L’amiral Ackbar se leva pour accueillir son visiteur.
— Désolé de vous avoir prévenu si tard, ajouta-t-il, mais le temps presse.
— Je suis venu aussi vite que possible, lui assura Wedge. Ça doit être important.
— Ça l’est. Vous serez la première personne informée à l’extérieur du Conseil Provisoire.
Le Calamarien esquissa un sourire, espérant mettre son interlocuteur à l’aise.
— Le groupe Xucphra a accepté de nous expédier un chargement substantiel de bacta. Votre escadron sera envoyé à la rencontre du convoi pour le guider jusqu’ici.
— Je vois, fit le pilote. Mais ne sommes-nous pas trop peu nombreux pour assurer la protection d’une trentaine de vaisseaux ?
— Vingt, précisa Ackbar. La plupart sont de petits appareils comme le Pulsar. Nous devrons recourir à la ruse et au secret le plus absolu pour protéger le chargement. Ça n’est pas mon choix, mais les négociations sont devenues très délicates.
— Comment cela se fait-il ?
— Nous n’espérions pas que notre visite sur Ryloth demeure secrète, expliqua l’amiral, mais les nouvelles sont allées encore plus vite que prévu. Les Thyferriens en ont pris ombrage, pensant que nous voulions éviter de passer par eux. Grâce à d’habiles négociations, nous avons quand même pu obtenir ce chargement. Mais il ne suffira pas.
« Si le mélange avec le ryll s’avère efficace, nous pourrons peut-être en doubler l’efficacité. Ça ne mettra pas pour autant un terme au virus. Même si les dirigeants de Xucphra consentent à nous envoyer du bacta pour faire des bénéfices, ils restent assez méfiants à l’égard de la Nouvelle République.
« Ils veulent donner à ce convoi une apparence banale. Ils le conduiront jusqu’au point de rendez-vous. Vous serez officiellement en exercice et proposerez de les escorter par courtoisie.
— L’Escadron Rogue est une unité renommée, objecta Wedge. On nous observera sûrement. Pourquoi avoir recours à nous ?
— Vous comptez une Thyferrienne parmi vous. La présence d’Erisi au sein de l’escadron suggérera que nous sommes conscients des risques.
— Borsk Fey’la y serait-il pour quelque chose ?
— En effet. Mais il n’est pas le seul. Le risque de nous voir privés de bacta pousse les gens à faire tout ce qu’ils peuvent pour calmer les Thyferriens, puisqu’ils détiennent le monopole. Avant que l’Empire ne les aide à faire main basse sur le marché, nous aurions pu trouver d’autres sources. Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix.
« Nous pourrions fabriquer notre propre bacta, mais le coût d’une seule usine ruinerait la Nouvelle République. Que tout ça reste entre nous, commandant.
— C’est entendu.
— Vous voyez quel est notre dilemme… Nous sommes dépendants du cartel, et nous ne pouvons pas nous permettre de provoquer sa colère. De plus, le Poing d’Acier pourrait venir perturber la transaction.
— L’Empire serait aussi privé de bacta, fit remarquer le pilote.
— Exact. Hélas, il n’en a pas autant besoin que nous.
— Je comprends.
— Nous sommes coincés. Je sais que l’Escadron Rogue se targue de réussir l’impossible, mais je suis d’avis que ce problème dépasse vos capacités.
— Peut-être, monsieur, murmura évasivement Wedge.
— Dois-je comprendre que vous désapprouvez mon point de vue ? interrogea Ackbar.
— Je dois admettre que vous avez sans doute raison, mais l’Escadron Rogue a déjà accompli de nombreuses actions qu’on croyait impossibles.
— Vous réalisez que toute initiative pourrait se révéler désastreuse si les Thyferriens la désapprouvaient ?
— J’en suis parfaitement conscient, monsieur.
— Très bien, conclut le Calamarien.
Quoi que vous fassiez, je vous souhaite de réussir brillamment.
— Le général Cracken fera le point avec vos hommes, ajouta-t-il. Que la Force vous accompagne en toutes choses.
— Merci, monsieur.
— Soyez prudent, commandant. Des millions de vies sont en jeu.
« Si les choses tournaient mal, je doute que votre statut de héros puisse vous épargner un sort pire que celui de Tycho Celchu.