CHAPITRE VII

Les Rogues ne constatèrent qu’une très légère différence entre la simulation et le retour à l’espace réel. Wedge percevait la station spatiale comme un vide parsemé d’étoiles. Yag’Dhul se trouvait sur la droite ; une formation de quatre chasseurs Tie patrouillait autour.

Mynock, l’unité R5 de l’aile X de Wedge, signala immédiatement leur approche. Le commandant jeta un coup d’œil à son moniteur et vit que les Tie se mettaient en formation de combat. Il tapota sur son unité comm.

— Une formation se dirige vers moi, annonça-t-il. Rogue Douze, faites entrer les Défenseurs.

— À vos ordres, répondit Aril Nunb.

— Trois et Quatre, vous prenez ceux de derrière, reprit Wedge. Deux, vous visez le second, je m’occupe de celui de tête.

— À vos ordres, leader Rogue.

Rhysati Ynr entraîna Erisi Dlarit dans une manœuvre qui les amena près des deux Tie de queue. Wedge vit que les chasseurs impériaux semblaient satisfaits de se laisser diriger. Il se positionna en mode lasers jumelés, gonfla ses boucliers à bloc et visa le premier vaisseau. Les deux appareils se rapprochèrent jusqu’à se trouver face à face.

— Rogue Deux, avez-vous votre cible en ligne de mire ? interrogea-t-il.

— Affirmatif, chef, répondit posément Asyr.

— Tenez-vous prête. À mon signal, vous larguerez une torpille à protons.

— À vos ordres.

— Trois, deux, un, feu !

Wedge vira à bâbord. Le Tie suivit son mouvement et se plaça face à lui. Il consulta son moniteur et y lut le signal d’un tir de torpille. Il pivota sur la droite, effectua un renversement et se dirigea sur l’appareil ennemi. Wedge tira mais manqua sa cible. Son deuxième tir atteignit le cockpit, et le Tie explosa.

Au troisième essai, Wedge toucha le deuxième chasseur, qui tomba en vrille avant d’exploser à son tour.

Une seconde plus tard, une torpille à protons jaillit et percuta un autre chasseur impérial. L’impact coupa l’appareil en deux, laissant s’échapper ses moteurs tandis que sa coque fracassée tourbillonnait dans le vide.

— Joli coup, Deux, lança Wedge.

— Merci pour votre aide, chef.

Wedge redressa et aperçut une nouvelle torpille à protons provenant de l’aile X d’Erisi, qui atteignit le dernier Tie.

Plus loin, des faisceaux laser verts fusèrent de la station. Ils ne menaçaient pas directement les Rebelles, mais les maintenaient assez loin pour permettre aux Tie de décoller.

Ces derniers surgirent hors de la station et fondirent sur les Rogues.

— Chef, une douzaine d’Intercepteurs et huit chasseurs approchent.

— Bien reçu, Douze, confirma Wedge.

J’espère juste que notre fuite aura l’air probable, songea-t-il.

Les Rogues et les ailes Y s’éloignèrent de la station, tandis que les Frelons et les Mirettes se lançaient à leur poursuite.

Les Intercepteurs se rapprochaient des ailes Y. L’aile X d’Aril décrivit une boucle ; les autres Rogues l’imitèrent pour s’approcher des Intercepteurs, pendant que les ailes Y continuaient à fuir. Alors, les ailes B filèrent tout droit dans l’intervalle laissé entre les Frelons et les Mirettes.

Wedge dévia légèrement son aile X vers la droite. Il visa un chasseur Tie et tira, libérant des kilojoules d’énergie écarlate qui firent exploser l’appareil, puis s’éloigna. Jetant un coup d’œil à tribord, il vit Asyr à ses côtés. Il lui adressa un salut.

— Content que vous soyez restée avec moi, lança-t-il.

— C’est mon boulot.

De sa position, à la périphérie de la bataille, Wedge put voir plusieurs choses qui l’impressionnèrent.

Les Rogues avaient durement touché les Mirettes. Mais au lieu de se disperser, les hommes de Zsinj se regroupèrent en bon ordre. Dépourvus de boucliers, les chasseurs Tie ne faisaient vraiment pas le poids contre les ailes X. Mais en restant ensemble, ils étaient tout de même plus dangereux qu’en volant isolément.

— Rogues Deux et Trois, abandonnez les Mirettes et rejoignez les ailes X, ordonna Wedge. Un, nous surveillerons les chasseurs. (Il pressa deux boutons sur sa console.) Mynock, vois si tu peux trouver la fréquence de communication des Mirettes.

En attendant l’information, il regarda les ailes B achever les Frelons et pénétrer dans la station. Son moniteur faisait état de soixante-douze intercepteurs abattus.

Les chasseurs rebelles convergèrent vers la station, ailes Y en tête. Le bâtiment impérial tira sur les assaillants. Mais ceux-ci étaient trois fois supérieurs au nombre de canons disponibles, et les défenseurs furent rapidement submergés.

Pour eux, la bataille était perdue depuis le début, mais la peur que leur inspirait Zsinj les poussait à continuer à se battre.

Mynock émit un petit bip, et Wedge vit apparaître une fréquence d’unité comm sur son écran. Il se cala dessus et empoigna son micro.

— Chasseurs, ici le commandant Antilles, des forces armées de la Nouvelle République, commença-t-il. Si vous rendez les armes, il ne vous sera fait aucun mal. Cela vaut aussi pour les habitants de la station.

— Reçu, Antilles. (La voix avait l’intonation métallique caractéristique du matériel de communication impérial.) Mon escadrille se désarme. Je vais transmettre votre message au chef de la station, Valsil Torr.

— Je vous en suis reconnaissant, chasseur.

Wedge vérifia sur son radar qu’il n’y avait pas de présence hostile aux alentours et attendit la réponse.

— Antilles, Torr a eu le message et capitule. La station est à vous. Soyez prudent tout de même, c’est un vieux Twi’lek rusé, conseilla le soldat impérial.

— J’ai bien reçu le conseil et j’apprécie votre aide, le remercia Wedge.

— Encore une chose, Antilles.

— Oui ?

— Si nous nous rendons, est-ce que vous nous tirerez de là ?

— Ne voulez-vous pas y être quand le Poing d’Acier arrivera ?

— J’aimerais mieux pas, admit la voix.

Contrairement à ceux de la Rébellion, les chasseurs impériaux n’étaient pas équipés d’hyperpropulseurs. Entre les batailles, ils voyageaient à bord de vaisseaux comme le Poing d’Acier. À moins que Wedge ne leur fournisse un transport pour les aider à s’enfuir, ils seraient piégés.

Zsinj passait pour avoir un caractère brutal. Laisser ces pilotes ici revenait à les assassiner, et Wedge n’avait aucune envie d’avoir leur mort sur la conscience.

— Chasseur, votre reddition implique d’abandonner votre vaisseau, prévint-il.

— C’est un problème, admit la voix. Nous sommes tous mercenaires. Si nous perdons nos appareils, nous mourrons de faim. Et nous n’avons aucune raison de vivre ou de manger si nous ne pouvons pas voler.

— Je comprends. (Wedge réfléchit un instant.) Si vous vous engagez à protéger l’un des transporteurs qui vont arriver, vous pourrez repartir d’ici libres.

— Des transporteurs ? répéta la voix, interloquée.

— Ils viennent pour le bacta, expliqua Wedge.

— C’est donc ça que nous gardions !

— Oui, et vous pouvez continuer à le faire jusqu’à Coruscant, où il est attendu. Si vous me donnez votre parole, vous n’aurez plus jamais à lutter contre la Nouvelle République. Vous obtiendrez un contrat avec elle.

— C’est d’accord, Antilles.

Juste à temps, quinze transporteurs volumineux sortirent de l’hyperespace et se dirigèrent vers la station. L’un d’eux, un yacht de type Baudo modifié, brillait dans l’espace telle une figurine de métal représentant la créature des mers corelliennes qui lui avait donné son nom.

— Chasseur, ce yacht est le Pulsar. Son capitaine vous contactera sur cette fréquence ; restez en stand-by.

— Bien reçu, répondit la voix.

— Pulsar, ici Leader Rogue.

— Reçu, Wedge. Ici Mirax. Nous sommes en quatrième position pour l’entrée dans la station ; que puis-je pour vous ?

— Un groupe de sept Mirettes est en orbite. Leurs pilotes viennent de déserter et ont besoin de partir d’ici. Pouvez-vous les faire sortir ?

— Bien sûr, ça ne sera pas la première fois que je fais ça pour vous.

Non, la première avait été pour Corran, songea Wedge avec émotion.

— Merci, Mirax. Mynock vous transmet leur fréquence de communication. Je vous laisse décider des arrangements.

— Ça m’occupera en attendant.

— Reçu.

— Quand nous serons rentrés, il faudra que nous ayons une petite conversation, ajouta Wedge.

— Le déchargement du cargo passera d’abord… Je voudrais aussi dormir un peu. Je vous rappellerai quand je serai de nouveau en état.

— Promettez-le.

— C’est promis.

— Et tenez parole, ou je dirai à votre père que vous êtes peinée par la mort du fils de son pire ennemi.

— C’est cruel, Wedge. Il n’y a aucune raison que je ne pleure pas la disparition de Corran.

— D’accord, mais rien ne vous oblige à le faire seule. C’est un fardeau que nous portons tous.

— Je comprends. (Un silence.) On se reverra sur Coruscant.

— J’y compte bien.

Wedge jeta un regard vers la station et observa son escadron qui patrouillait autour.

Et, miracle des miracles, on dirait que tout le monde va pouvoir rentrer à la maison.