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Après avoir quitté Thalie, Bruno prend la
direction de Boulazac. Il tourne un peu aux abords de chez lui et
passe deux fois dans la rue Raymonde avant de se garer. Il entre,
embrasse Patricia et Amélie, reste une demi-heure ici aussi et
repart. Avec sa fille. Ils vont vivre quatre jours ensemble dans
des hôtels de la région, voir les villages et la campagne, les
forêts et les rivières du Périgord.
Amélie a seize mois, elle ne peut pas s’en
souvenir aujourd’hui (consciemment du moins – c’est enfoui quelque
part dans ses premières strates, son noyau de bébé), mais c’est le
plus long moment qu’elle passera sur terre avec son père :
quatre jours.
La petite ramenée chez sa mère, Bruno
prépare un gros coup, un très gros coup, avec plus de minutie qu’il
n’en a mis à organiser quoi que ce soit jusqu’alors.
En ce qui me concerne, je pars pour la
première fois en vacances sans mes parents, avec mes amis Jo, Bub
et Gwen, en Bretagne. Nous installons notre tente au camping de
Primel-Trégastel, près de Plougasnou.
Pendant ce temps, Thalie est seule chez
ses parents. Elle a la flemme de reprendre son travail au Winston,
elle s’y rend juste un soir pour voir Drago et lui dire que tout
s’est bien passé avec Christophe. Elle s’ennuie, elle pense à lui,
elle aimerait bien qu’il l’appelle. Mais elle suppose que ce n’est
pas le genre d’homme à se caser, qu’il a d’autres occupations
qu’une fille de passage et qu’en tout cas sa vie de cavale ne lui
permet sans doute pas de s’attacher. Pour se changer les idées,
elle part passer quelques jours sur la Côte avec des amis. Elle y
fait la connaissance d’un Hollandais, beau gosse agréable, marrant,
qui la distrait mais doit retourner peu après dans son pays. Quand
elle rentre à son tour chez elle, à Bédarrides, deux lettres des
Pays-Bas l’attendent déjà. Ils s’écrivent presque tous lesjours, le
Batave s’enflamme vite (mais Thalie ferait s’enflammer un Lapon),
il veut qu’elle vienne le rejoindre à Rotterdam pour y passer la
fin de l’été avec lui. Elle hésite.
Trois semaines après la parenthèse de
l’Orléans Palace, le 20 août, elle reçoit un colis de Bruno. À
l’intérieur, elle trouve quelques petits cadeaux, un briquet, des
Ray-Ban, et sur un morceau de papier : J’arrive bientôt. Bruno. Le lendemain, il est
devant la porte.
Dans le salon, elle lui raconte ses
vacances au bord de la mer (lui reste discret sur ce qu’il a fait
depuis le début du mois), elle n’a pas envie de lui mentir et lui
parle du Hollandais pressant – ce n’est pas de la franchise
kamikaze, ça ne nécessite pas de courage particulier, les jeunes
gens de l’époque couchent un peu à droite et à gauche et personne
n’en fait une colline. Et puis elle sait que Bruno est marié, qu’il
a une petite fille.
— Il t’écrit ?
— Oui, souvent.
— Et tu lui réponds ?
— Ben oui.
— Tu ne veux pas qu’on reste
ensemble ?
— Si, mais tu me laisses pas comme ça
trois semaines sans nouvelles.
— Promis. On ne se quitte plus.
— Il veut que j’aille à
Rotterdam.
— Sûrement. Tu écris à ce garçon, tu
lui dis que c’est terminé.
— D’accord. Je le ferai,
promis.
— Non, tout de suite.
— Quoi ?
— Tu lui écris maintenant.
(Une heure plus tard, il tiendra à poster
la lettre lui-même.)
Dans le dos de Bruno, dans l’embrasure la
porte, Thalie voit sa mère (encore une fois, son père n’est pas à
la maison, il travaille) qui écarquille les yeux et agite la main,
comme pour dire : « Houlà, il est accroché ! »
Elle semble ravie.
Le surlendemain, le 23 août, Bruno vient
chercher Thalie en moto. Il paraît plus grave que d’habitude, parle
peu. Il lui donne un casque, elle monte derrière. Ils roulent
jusqu’à Avignon et s’arrêtent près d’une R30 que Christophe
Desbourges a louée la veille, garée dans une petite rue du centre.
Même si Thalie sait que ce n’est pas pour aller visiter la région
(dès que sa mère a quitté le salon, deux jours plus tôt, Bruno lui
a expliqué que s’ils ne se quittaient plus, ils faisaient tout
ensemble, et elle a bien compris qu’il ne parlait pas de bricolage
ou de Scrabble – Bruno s’était juré de ne jamais entraîner une
fille dans ses histoires de bandit, mais Thalie n’est pas une fille
comme les autres (et puis on s’en jure, des trucs)), peu importe,
elle le suivrait même s’il l’emmenait à l’Élysée voler l’accordéon
de Giscard pendant son sommeil. Il lui dévoile le gros coup qu’il
prépare depuis trois semaines :
— Quand j’étais en prison à
Montpellier, j’ai promis à un ami de venir le chercher si je
réussissais à m’évader. Même pas encore un ami, d’ailleurs, un type
bien que j’ai connu là-bas. Aujourd’hui, je vais tenir ma promesse.
Et je vais sortir mon beau-frère, aussi.
Thalie n’ose pas demander comment il va
s’y prendre, elle ne veut même pas y penser. Elle hoche la tête,
pas de problème. Ils prennent l’A9 jusqu’à Montpellier, lui devant
en moto, elle derrière en voiture. Une heure et demie plus tard,
ils éteignent les moteurs devant un grand café. En s’approchant de
la terrasse, Thalie ouvre la bouche et ne la referme pas :
Drago les attend, tranquillement assis devant un Fanta,
souriant.
Les deux amis ont une cagoule et deux
revolvers chacun dans leur blouson – Bruno utilise pour la première
fois un 357 Magnum, une arme qui ne le quittera plus. Contrairement
à Drago, qui paraît prêt pour un tour de manège, il est grave,
calme mais déterminé comme un soldat, son visage est plus sévère,
plus pâle, Thalie ne l’a jamais vu comme ça. Elle est impressionnée
mais n’a pas peur, il sait ce qu’il fait, rien ne semble pouvoir
leur arriver. Il lui explique son rôle :
— Tu te gares à trois cents mètres de
l’entrée de la prison, je te montrerai où. Tu regardes dans ton
rétro, tu nous attends. Si tu ne nous vois pas arriver au bout d’un
quart d’heure, tu t’en vas. On se retrouve à Mende, sur la place de
la mairie. Tu prends la direction de Lodève et Millau, tu montes
jusqu’à Mende, il y a une carte dans la boîte à gants, on regardera
tout à l’heure. Si on n’y est pas à 19 heures, tu rentres chez
toi, tu laisses la voiture n’importe où.
Une heure plus tard, le long du trottoir,
la longue route vers Mende à peu près en tête, Thalie essaie de
détendre ses mains sur le volant, de décrisper ses jambes, elle
aimerait pouvoir absorber par télépathie un peu de l’assurance de
Bruno : ce qu’il s’apprête à faire est complètement dingue
mais il n’a pas l’air inquiet. Il vient de partir vers la prison
avec Drago, c’est bientôt l’heure des parloirs. Elle ne se demande
pas ce qu’elle fait là, elle ne voudrait pas être ailleurs, mais
son cœur risque à tout moment de casser sa cage thoracique. Et
comme par hasard, elle a envie de pisser.
La moto garée non loin de la porte, Bruno
et Drago s’avancent et se rangent derrière les familles qui
viennent rendre visite aux détenus. Au début de la file, il y a la
femme de Jean-Louis S., et Brigitte, celle d’Yves. Lorsqu’il ne
reste plus qu’une personne entre eux et le surveillant qui note les
entrées et prend les papiers, Bruno enfile sa cagoule (Drago, sur
une impulsion fataliste de dernière seconde, ne met pas la sienne)
et sort ses deux revolvers. C’est un gentil garçon, dans la vie,
mais là, pour la réussite de l’opération, il faut qu’il ait l’air
méchant et prêt à tout – prêt à tout, il l’est. Il braque deux
matons, un canon à cinquante centimètres du front de chacun, en
leur ordonnant durement de lui donner les clés de la première
grille, pendant que Drago bondit sur celui de l’entrée et lui colle
son flingue sur la tempe. (Ils sont si impressionnants, tous les
deux, que les jours suivants, dans la presse, on lira qu’ils
étaient trois – je ne sais pas si les surveillants apeurés ont eu
la berlue (« Nous avons été attaqués par une trentaine de
sauvages ! ») ou si la direction de la prison s’est
trouvée un peu embarrassée d’avouer que deux hommes seulement ont
réussi à neutraliser toute la puissance pénitentiaire, mais une
chose est sûre : ils n’étaient pas trois.) Bruno ouvre la
grille et monte au premier étage en pointant ses armes sur tout ce
qui passe dans son champ de vision, tandis que Drago reste en bas
avec son otage. Arrivé sur le palier, Bruno met son gros 357 sous
le nez du maton préposé à la deuxième grille, la lui fait ouvrir en
deux mots et s’engage dans le large couloir qui mène au parloir,
apparemment toujours prêt à tirer au moindre signe de résistance
(personne ne sait que non, jamais de la vie). Dès qu’il l’aperçoit,
Jean-Louis S. se précipite vers lui (il vient d’être extrait de sa
cellule, la 26, celle qui servait autrefois pour les condamnés à
mort et où se trouvent encore des anneaux de fer fixés dans les
murs). Bruno ne voit pas Yves parmi les prisonniers présents.
— Il est où, Yves ?
— Mitard.
— Merde.
C’est cette question posée par Bruno qui
permettra de l’identifier le soir même comme l’auteur de l’évasion.
Et de le relier par conséquent à Drago.
Dans sa cellule, Yves avait apprivoisé,
autant que possible, une souris. Il la nourrissait, lui parlait –
on parle à qui on peut. Elle se laissait caresser. La veille au
soir, un maton particulièrement venimeux et vicieux l’a écrasée
sous sa grosse godasse, les petites tripes ont giclé. Il s’est
excusé en souriant :
— Pardon, j’ai pas fait exprès, je
suis maladroit.
Yves n’a pas pu se retenir, il lui a sauté
dessus et n’a compris qu’il faisait une grosse connerie qu’au
moment où son poing lui fracassait le gros pif. Après quelques
coups de matraque, il a été emmené au mitard. L’évasion, ce ne sera
pas pour cette fois non plus. Quand le destin a un truc en tête, il
ne l’a pas ailleurs. Trois pompes et une souris : une vie
d’homme.
Bruno est téméraire, mais pas
demeuré : il sait qu’il serait beaucoup trop dangereux, pour
ne pas dire impossible, d’essayer de sortir Yves de son trou. Il
doit se résoudre à laisser une deuxième fois son beau-frère
derrière les barreaux. Comme pour compenser, il propose à tous les
détenus qui se trouvent au parloir de profiter de la journée portes
ouvertes pour se barrer, mais pas un n’accepte – une évasion, ça se
prépare, même psychologiquement, il faut y penser longtemps à
l’avance. En trois secondes, ils ne peuvent pas réfléchir aux
conséquences, c’est trop court pour un cerveau humain ordinaire,
ils passent leur tour. Bruno redescend donc seulement avec S. et,
au rez-de-chaussée, rejoint Drago qui tient toujours le malheureux
type de l’entrée en équilibre au bord de la mort. Bruno explique
aux matons livides que Drago va attendre trente secondes derrière
la porte pour couvrir leur fuite, qu’ils ont donc intérêt à rester
bien sages au moins trente et une secondes, car son copain n’est
pas du genre raisonnable ni mou du doigt. Ils sortent et referment
derrière eux.
Ce genre d’évasion – on entre dans la
prison par la porte, on va chercher son pote, on ressort par la
porte, sans un coup de feu ni un coup de poing – est une première
en France, et une dernière. (Hier matin, mon radio-réveil m’a
appris que Redoine Faïd venait de réussir le même style de sortie –
sans que personne vienne le chercher, mais avec, cependant,
quelques explosions au passage.)
Dans la rue, Drago s’éloigne benoîtement à
pied (comme il le fera toujours par la suite, même pour les
braquages de supermarchés ou de bijouteries, sans que personne
sache vraiment pourquoi il tient à cette petite tradition
déambulatoire, peut-être par superstition, peut-être par flemme de
courir ou par goût de la promenade relaxante (« Drago,
26 ans, aime les sorties, les films d’action et les balades en
ville »)), tandis que Bruno et S. sautent sur la moto.
Thalie oublie son envie de pisser dès
qu’elle les voit approcher à toute vitesse dans son rétroviseur. En
passant à sa hauteur, Bruno lui fait un signe de la main qui semble
lui demander de les suivre, de démarrer en tout cas, sans doute de
partir pour Mende. Pourquoi ne sont-ils que deux ? Elle essaie
de rester calme, ce n’est pas le plus facile, s’assure que Drago ou
l’autre évadé (elle ne sait pas qui est le passager de la moto)
n’arrivent pas derrière elle, attend trois respirations et passe la
première.
À cette époque, l’autoroute A75, qui mène
aujourd’hui vers Millau, n’existe pas encore. Thalie comprend
pourquoi Bruno a choisi cette direction et Mende comme point de
rendez-vous : si les flics installent des barrages en
catastrophe, ce sera certainement sur les grands axes, vers Nîmes à
l’est, ou à l’ouest vers Béziers et la frontière espagnole, pas sur
ces petites routes sinueuses qui montent vers le nord, vers pas
grand-chose. Crispée, essayant de ne penser qu’à la conduite malgré
tout ce qui se bouscule dans son esprit et la peur de se tromper de
chemin, d’arriver trop tard ou de finir dans le fossé, maudissant
sa vessie qui n’est pas taillée pour la vie de gangster (elle se
pisserait dessus plutôt que de s’arrêter au bord de la route et
d’aller s’accroupir en sifflotant dans les fourrés pendant que
Bruno et S. l’attendent à découvert devant la mairie), abrutie par
cette interminable série de virages, persuadée de n’en avoir jamais
enchaîné autant de toute sa vie, elle met près de quatre heures
pour arriver à Mende. Les deux hommes discutent tranquillement près
de la moto, sous un cèdre de la place de la mairie. Thalie ressent
un grand soulagement, à l’intérieur elle tombe du ciel, mais elle
ne dit pas grand-chose, ne leur pose qu’une ou deux questions à
propos d’Yves et Drago, elle ne veut pas être un poids pour eux, un
bruit parasite : elle a fait ce qu’il fallait faire, c’est
bien. Elle vient de réussir sa première mission de criminelle, elle
vient de basculer. Elle ne regrette pas, ça lui va, elle est avec
Bruno.
— Bravo la Grande.
Bruno donne à S. les vêtements de ville
qu’il a emportés pour lui dans le coffre de la R30, ils prennent le
temps de boire un verre à la terrasse du Café de la Paix, une bière
fraîche pour S., puis montent tous les trois dans la voiture et,
laissant la moto sur le trottoir, partent vers Marseille en
traversant les Cévennes. À partir de ce jour, Bruno surnommera
Thalie « la Grande ». Son amour. Il rencontrera bientôt
l’ami qu’il ne connaît pas encore, son alter ego, son allié pour
toujours : Steve, qu’à Paris, depuis quelque temps déjà, tout
le monde appelle « le Grand ».
C’est à la suite de l’évasion de
Jean-Louis S. du « château » de Montpellier que toutes
les maisons d’arrêt de France seront progressivement équipées de
points de sécurité, des portes à ouvrir à distance depuis un bureau
central pour entrer ou sortir.
La route de Thalie et Bruno ensemble ne
croisera plus celle d’Yves. Il tentera une dernière fois de
s’évader, quelques mois plus tard. Bruno sera à ce moment-là trop
recherché pour mener à bien l’opération lui-même, mais il en
concevra le plan et en assurera la logistique. Thalie se chargera
d’acheter le matériel nécessaire à Avignon, et le confiera au petit
frère d’Yves, vingt ans seulement, qui fera le coup avec un ami à
lui (ils sortiront à peine de deux ans de prison (sur une peine de
trois), pour le braquage à deux d’un petit bureau de poste). Les
deux garçons s’installerontpour trois jours à l’hôtel Henri-IV (qui
n’existe plus aujourd’hui), tout proche du « château » et
dont la terrasse, aussi incongru que cela paraisse, donne
quasiment, à l’époque, sur la cour de la prison. Après avoir noté
les horaires de promenade d’Yves, toujours les mêmes, ils sortiront
sur la terrasse peu avant l’heure fixée, avec des armes fournies
par Bruno, les cagoules et les échelles de corde que Thalie a
achetées, prêts à entrer en action (c’est-à-dire à passer de
l’autre côté du mur de ronde, à progresser de vingt mètres sur leur
gauche, à braquer les deux matons du mirador et à lancer une
échelle de corde à Yves en tenant en respect le type qui le
surveille). Mais depuis la veille au moins, le patron de l’hôtel
aura remarqué leur air louche (bien aidé par la femme de ménage qui
se sera étonnée de trouver des cordes dans la chambre – à cinq
mètres d’une prison, ça met la puce à l’oreille), les apercevra,
par un hasard malheureux, en train de préparer tout leur matériel
sur la terrasse, et se précipitera pour fermer la porte-fenêtre
derrière eux et les bloquer dehors, avant de redescendre à la
vitesse de la lumière pour appeler les flics. Le petit frère d’Yves
cassera la vitre avec la crosse de son flingue, passera la main
pour ouvrir en se coupant le poignet au passage, les deux gamins se
propulseront à l’intérieur et dévaleront l’escalier pour s’enfuir,
laissant tout le matériel sur la terrasse, et dans leur chambre de
quoi être identifiés facilement par les élèves les moins doués
d’une école de police, d’une maternelle de police. Ils seront
rapidement interpellés et prendront dix-huit mois chacun. Quant à
Yves, après ce nouvel échec, il sera aussitôt transféré en quartier
de sécurité renforcée à Mende (à six cents mètres des cèdres de la
place de la mairie – c’est à croire, sincèrement, que le
responsable technique des aléas terrestres s’ennuie ou ne manque
pas d’humour), puis à Tulles, à Tarbes, et enfin à Toulouse. Au
cours des années qu’il passera à l’ombre, il sera jugé, seul, pour
tous les braquages imputés aux deux beaux-frères. Chaque fois, il
bénéficiera d’un non-lieu, sauf pour le Montlaur de Lattes, qui lui
vaudra six ans pour complicité. Bruno, lui, sera condamné à
perpétuité par contumace. (Ça paraît un peu beaucoup, perpette pour
un hold-up, mais c’est habituel par contumace, il s’agit simplement
d’éviter la prescription. Si l’accusé est retrouvé, il est
rejugé.)
Yves reverra Bruno, une fois, quatre ans
après la mort de la souris, lors du procès pour le braquage du
Mammouth d’Albi. Dans le box, Yves sera tendu, taciturne, inquiet.
Bruno dévasté, massacré, mort à l’intérieur.
L’année suivante, Yves rencontrera Thalie,
quelques minutes. Ils parleront de Bruno. Ils se sépareront et ce
sera tout. Pendant vingt-sept ans. Le mois dernier, j’ai donné à
chacun le numéro de l’autre, ils se sont appelés.