VRAI ET FAUX
Ce roman mêle le vrai et le faux, mais le lecteur souhaite toujours connaître la vérité. La voici : le vol des tailles de 1617 n'a jamais eu lieu, mais l'assassinat de Concini s'est déroulé comme nous l'avons raconté, peu après que Louis XIII eut reçu une mystérieuse lettre de mise en garde.
Les Tilly, très nombreux autour de Vernon, ont été aussi seigneur de Mondreville1. Nous avons créé abusivement un Jacques Mondreville, qui aurait acheté la seigneurie et se serait fait anoblir.
Charles de Tilly, marquis de Blaru, était bien gouverneur des ville et château de Vernon.
Marc-Antoine Le Normand, vicomte de Vernon, fut bien poursuivi pour corruption.
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Les souterrains de l'hôtel du maréchal d'Ancre et la maison des Valois existent bel et bien. Concini y aurait en effet entassé d'immenses richesses obtenues auprès de l'Espagne ou par ses rapines sur les finances du royaume. Trente ans après son assassinat, le peuple croyait encore qu'un trésor était enfoui dans l'hôtel du maréchal, rue de Tournon. Ainsi M. Dubuisson-Aubenay écrivit dans son Journal à la date du 23 avril 1650 : Hier au soir on travailla par ordre de M. le duc d'Orléans dans le jardin de l'hôtel des Ambassadeurs extraordinaires (l'hôtel Concini) pour chercher deux cent mille pistoles qu'un avis, venant d'Italie, envoyé par une femme, devaient être cachées en terre, en ce lieu-là, dès le temps que le maréchal d'Ancre y demeurait.
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La cabale élaborée par le cardinal Mazarin dans le but de déconsidérer le duc de Longueville est bien sûr imaginaire. Elle n'est pourtant pas invraisemblable, car comme l'a écrit Mme Simone Bertière : La Fronde a poussé très loin la provocation, l'intoxication, et ce que nous nommons la désinformation. Fausses rumeurs, fausses confidences, accusations mensongères ou forcées, attentats simulés, textes truqués… fausses lettres… autant de pratiques si courantes qu'elles finissent par passer pour naturelles.
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Quant aux épisodes qui se sont déroulés à l'automne 1649, ils ont eu lieu à peu près comme nous le racontons. Lors de l'entrevue entre Beaufort, Gondi et Condé, le Prince a refusé de s'allier aux frondeurs. Jean-François Paul de Gondi a bien utilisé le syndicat des rentiers de l'Hôtel de Ville pour ébranler Mazarin. Guy Joly a réellement organisé un faux guet-apens le même jour où quelques cavaliers mystérieux se sont attaqués au carrosse, vide, du prince de Condé sur le pont Neuf. Le mystère reste entier sur ce dernier attentat.
Paul de Gondi a bien été mis en accusation pour cette agression, et, la veille du jour où il devait être arrêté, le président Bignon lui a vraiment porté une lettre apportant les preuves que Canto, Pichon et Sociendo étaient des truands et des agents de Mazarin.
On ignore comment il avait eu cette information qui sauva le coadjuteur du déshonneur et de la prison.
1 Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, par Francois Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Badier, Édition La veuve Duchesne, 1778.