— Il n’y a personne dans cette maison.

La voix désincarnée de Fitz résonna dans l’écouteur de Taylor pendant qu’elle et Baldwin commettaient tous les excès de vitesse et toutes les infractions au Code de la route pour atteindre au plus vite la maison de Reese.

— On a inspecté la maison. Il s’est barré, ajouta Fitz.

— Lance un avis de recherche, avec son signalement et le numéro de sa voiture. Il est reparti dans la nature et il ne faut pas prendre le risque qu’il enlève une autre fille.

Elle raccrocha et jeta un coup d’œil à Baldwin, qui parlait dans son téléphone portable tout en griffonnant des notes à toute allure.

— D’accord, merci. C’est ce que je voulais savoir.

Il raccrocha et rendit son regard à Taylor, l’air plus sérieux que jamais.

— Nathan Chase n’a reçu qu’une visite. Une seule. Un individu de sexe masculin qui est venu le voir il y a cinq ans. Tu veux savoir qui c’était ?

— Reese Connolly.

— Exact. Comme ça, tout est logique. Si Quinn nous avait dit dès le début que Reese n’était pas son frère, mais son fils, ça nous aurait facilité la tâche.

— Baldwin, je ne crois pas qu’elle en ait beaucoup parlé autour d’elle. A l’évidence, elle pensait que Reese lui-même n’était pas au courant. Mais il a fini par comprendre, hein ?

— D’une manière ou d’une autre… Rendre visite à son père biologique en prison. Merde ! C’est vraiment… Attends une seconde. Retourne au bureau. Il faut que je vérifie quelque chose.

Ils ne mirent que cinq minutes à regagner le CJC. Taylor se gara dans la rue et ils foncèrent dans son bureau, en passant par la porte de derrière. L’ordinateur portable de Whitney Connolly était encore ouvert sur le bureau de Taylor — objet inanimé qui contenait toutes les réponses qu’ils avaient cherchées, si seulement ils avaient su où les chercher.

Baldwin fit monter le dossier de réception des courriels au premier plan avant de se tourner vers le tableau blanc qui était accroché sur l’un des murs du bureau. Il commença par écrire l’adresse électronique.

Il se mit à séparer les lettres et les chiffres qui la composaient et couvrit rapidement le tableau blanc de symboles auxquels Taylor ne comprenait rien. Baldwin avait l’air aux anges, comme une sorte de savant fou devenu profileur. Il finit par reculer d’un pas pour lui montrer le résultat de ses calculs.

Baldwin affichait une expression triomphante, comme s’il venait de résoudre l’énigme la plus obscure qui ait jamais été posée à l’humanité.

— Comment y es-tu arrivé ? demanda Taylor sans vouloir flatter l’ego de Baldwin tout en sachant qu’il était fier de son décryptage.

— J’ai d’abord cru que c’était le numéro de matricule de Nathan Chase en prison. Mais ça ne collait pas. Ce n’est qu’un code très simple, lié à l’ordre numérique des lettres de l’alphabet. R est la dix-huitième lettre, E la cinquième, S la dix-neuvième. Ensuite, c’est assez clair.

Taylor fixa le tableau un long moment puis se leva, prit le marqueur des mains de Baldwin et inscrivit sa propre réponse au-dessous de la sienne. Les mots qu’elle traça sur le tableau les glacèrent d’horreur.

« C’EST MOI REESE CHASE »

— Le fils de son père. C’est à cause de ça, toute cette histoire, hein, Baldwin ?

Baldwin contemplait le tableau en hochant la tête.

— Je crois bien, oui.