Chapitre 83

 

 

Estrée et Cellendhyll arrivèrent dans les quartiers d’Eodh. Il ne leur fallut pas longtemps pour se rendre compte que la Citadelle vibrait d’excitation. Tout laissait à penser qu’une grande fête se préparait.

Il leur suffit d’interroger le premier garde venu pour apprendre la nouvelle : une guerre venait d’être déclarée contre le Chaos, une invasion lancée par les Ténèbres qui s’était aussitôt transformée en une retentissante défaite.

— Tu vois, dit Estrée à son amant. Il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.

Un serviteur en livrée bleu nuit et pourpre les aborda.

— Messire de Cortavar ? Le seigneur Morion désire vous voir, c’est urgent, a-t-il précisé…

— Calbon, dites à mon frère qu’il peut nous rejoindre dans le salon Bleu, répliqua Estrée.

— Mais le seigneur…

— Morion a bien dit que c’était pressé ? Alors dépêchez-vous de le prévenir !

— Bien, ma dame.

 

Estrée prit Cellendhyll par le bras et le conduisit au salon. L’Adhan voulait lui parler de son entretien privé avec Arasùl, cependant, il remisa la chose à plus tard. Il serait toujours temps de se livrer lorsque la réalité aurait pris un tour plus tranquille.

Le salon tirait son nom de sa décoration arborant toutes les nuances de bleu. Les murs étaient peints de larges traits horizontaux, indigo, azur, outremer et bleu cobalt ; fauteuils et canapés en cuir de vachette, tapis, plafond, lampes, bibelots, tout était bleu, jusqu’aux plinthes.

À peine entrée, Estrée prit les mains de Cellendhyll et se rangea face à lui :

— En attendant que Morion daigne venir, j’ai besoin de te parler. De te confier un secret qui me pèse depuis longtemps et que je garde pour moi seule. Tu voulais savoir pourquoi j’entretenais des rapports avec les Ténèbres ? La raison en est simple : je me suis fait passer pour une félonne, prête à leur vendre des informations sur les Maisons, prête à trahir le Chaos en échange du pouvoir. J’ai mené une vie de libertine, de courtisane, jusqu’à finir par attirer l’attention de Leprín. Comme prévu, ce dernier a vu en moi une proie alléchante et j’ai joué mon rôle ainsi. Il a cru me manipuler, il a cru que je complotais avec lui pour renverser le Chaos alors qu’en vérité j’espionnais les projets du Roi-Sorcier. J’ai pris soin de l’abreuver d’informations soigneusement calculées sur les Maisons, allant même jusqu’à lui fournir l’emplacement de la Citadelle et les coordonnées éthériques nécessaires pour l’attaquer… Tu sais à présent que cette attaque a connu l’échec, bien heureusement…

Estrée se tut. Elle ne quittait pas l’Ange des yeux et son regard semblait receler l’écho d’une souffrance voilée. Cellendhyll lui adressa un sourire chaleureux, l’incitant à poursuivre.

Son amante prit une inspiration et reprit :

— J’ai vécu avec cette double identité tout ce temps, depuis ma majorité, dix années pleines, au risque de ne plus savoir qui j’étais vraiment… J’ai eu souvent l’impression d’être passée à côté de ma vraie vie. Ce n’est qu’avec toi que j’ai finalement découvert autre chose que le devoir. Grâce à ta présence, j’ai enfin l’impression de ne pas avoir tout manqué des bonheurs de l’existence. Toi seul, tu me connais telle que je suis réellement, depuis la mort de Lhaër, Cellendhyll, tu es l’unique personne dont je sois proche, à la fois mon amant, mon ami et mon amoureux.

La fille d’Eodh avait l’air si fragile, soudain, et triste. Il l’attira contre lui, lui offrant cette étreinte tendre et protectrice, ce réconfort dont elle avait besoin. Tout en la serrant contre lui, tout en savourant sa chaleur et sa présence, il reprit d’une voix très douce :

— Je me moque de ta réputation, je moque de ce que tu as dû faire pour appâter les Ténébreux. Tout cela est du passé. Quoiqu’en disent les autres, quoiqu’ils en pensent, tu es une femme exceptionnelle. Quant à celui qui prétendrait me dire du mal de toi, je plains d’avance celui qui aura à le soigner !

Elle lui répondit d’un pâle sourire. Avant d’ajouter :

— Une dernière chose, mon amour… Si un jour, tu dois me juger, rappelle-toi tout ce que j’ai vécu, rappelle-toi comme je t’ai prouvé qui j’étais depuis Valkyr. Oui, rappelle-toi Valkyr, rappelle-toi ce que nous venons de vivre ces derniers jours… Quoi que tu apprennes sur mon compte, souviens-toi de moi telle que je suis aujourd’hui. Telle que tu m’as rendue, toi et nul autre. Je t’aime, Cellendhyll, de tout mon cœur, je t aime de ma pleine âme.

— Moi aussi, Estrée, mon cœur chante quand je te vois, mon âme s’envole vers des cieux paradisiaques.

— Oh, mais je ne te savais pas poète !

— Euh… moi non plus…

— Mon farouche guerrier ! rit-elle franchement Si tu savais comme ta présence me fait du bien. Après tous ces jours…

— Ah, Cellendhyll, ce n’est pas trop tôt ! Et en plus, tu me fais déplacer ! les interrompit une voix agacée.

Morion venait d’entrer dans le salon Bleu, claquant la porte avec mécontentement. L’homme qui s’était choisi une apparence d’adolescent, qui avait changé le destin de l’Adhan et prétendait régir son avenir, portait un costume de soie mauve, une chemise à long col violette, une cravate et un béret noir. Ses pantoufles de velours étaient ornées d’un pompon doré.

Estrée se détacha de Cellendhyll mais avec un temps de retard, de manière à ne pas cacher l’état de ses relations avec l’Ange du Chaos.

— Maintenant que je te tiens, Cellendhyll, tu as intérêt à t’expliquer et vite ! pesta encore Morion. Je viens d’apprendre que tu as fait libérer Auryel d’Esparre, Melkior n’a pas su m’en dire plus. Qu’est-ce qu’il t’a pris de faire une telle chose sans en référer auprès de moi ? Où est Auryel ? Et ta mission dans la cité des Nuages, tu l’as oubliée ?

— Ah Morion, tu ne vas pas recommencer ! s’insurgea Estrée en venant se placer entre les deux hommes. Tu ne peux pas le laisser tranquille, oui ?

— Hein ?

— Vraiment, tu es bien le personnage le plus ingrat de ma connaissance ! Tu ne cesses de t’en prendre à Cellendhyll alors que tu devrais au contraire lui démontrer toute la reconnaissance qu’il mérite.

— Mais…

— Non, pas de mais ! Cellendhyll est un héros, il vient d’abattre les Seigneurs de Guerre ténébreux et le Père de la Douleur au sein même de Mhalemort, il a pour le moins mérité tes félicitations !

— Pardon ?

— Oui, pendant que tu te tournais les pouces, probablement à compter le nombre de tes costumes, lui sauvait notre peuple de son pire ennemi… Le Père de la Douleur, qui n’était autre qu’un Roi-Démon nommé Elberakym.

— Quoi ?

— Ferme cette bouche distendue, Morion, tu es ridicule ainsi !

— Allons, allons mes enfants, cessez vos chamailleries…

Le duc Elvanthyell se tenait debout dans l’un des coins de la pièce, il se rapprocha. Ni Cellendhyll, ni Estrée n’avaient perçu son arrivée. L’Ange ne se demanda pas comment Elvanthyell avait fait pour les retrouver et les surprendre ainsi. S’il y avait quelqu’un pour plier la réalité à ses propres désirs, c’était bien l’archimage du Chaos.

— Père !

Estrée se jeta dans ses bras.

Elvanthyell portait une longue tunique nacrée ornée de surpiqûres lie-de-vin et ses pieds étaient nus comme à son habitude. Il enlaça sa cadette, caressa sa chevelure soyeuse.

— Mes enfants, j’étais impatient de partager avec vous notre brillante victoire ! s’exclama-t-il.

Morion semblait hagard. Jamais Cellendhyll n’avait vu son maître aussi dépassé par les événements. Il trouva son désarroi plutôt savoureux. De plus, que son seigneur ait été incapable de repérer la présence de son père dans la pièce, en dépit de ses pouvoirs magiques avérés, en disait long sur ceux de l’archimage.

Sans attendre, Estrée relata les exploits de l’Adhan à Mhalemort, dévoilant notamment la véritable nature du Père de la Douleur et les infamies que le Roi-Démon avait perpétrées envers le peuple ténébreux. Cellendhyll poursuivit avec la quête d’Arasùl et son dénouement  – le récit de sa mission à la cité des Nuages pouvait attendre, d’autant plus qu’elle était couronnée de succès.

À son tour, le duc d’Eodh prit la parole.

— Morion, ta perplexité luit comme une étoile embrasée, il est temps pour toi de vous apprendre certaines choses que je gardais secrètes… La naïveté n’a jamais fait partie des défauts du Chaos, aussi depuis la première campagne d’invasion lancée par le Roi-Sorcier sur des Plans neutres, peu après son avènement, je me suis méfié de lui. Je me doutais qu’un jour ou l’autre, le Père tournerait son attention vers notre royaume. Estrée a d’ailleurs fini par me le confirmer… Une offensive de la part des Ténèbres était une menace prévisible mais délicate à cerner. J’ai donc décidé de prendre les devants en aidant les Ténèbres à monter leur campagne d’invasion. Pour ce faire, je leur ai fourni un traître et j’ai désigné Estrée pour tenir ce rôle si délicat.

Le regard de Morion papillonnait, oscillant entre son père et sa sœur. Abasourdi par toutes ces informations qui, jusqu’ici, lui avaient échappé, il restait bouché bée.

— Nous venons d’apprendre notre victoire sur les troupes ténébreuses, intervint Estrée. Mais, père, comment avez-vous su qu’ils lançaient leur invasion ? Captive du Roi-Sorcier, il m’a été impossible de faire mon dernier rapport.

— Par simple déduction, ma fille… Une fois que tu m’as confirmé que les Ténèbres se préparaient à nous assaillir, j’ai lancé mon plan de défense. N’oublie pas que tu m’avais prévenu de cet ultime rendez-vous avec le Père de la Douleur, entretien durant lequel tu devais lui livrer les coordonnées éthériques que nous avions décidées pour lui. Comme tu tardais à me contacter, j’en ai déduit que le Père te gardait comme otage, cela justement parce qu’il décidait enfin son attaque, et à sa place, j’aurais agi de même. De toute manière, j’étais prêt à réagir depuis ma soi-disant retraite… J’attendais les Ténébreux avec un vieil ami, Aashti’kalkarn, et il nous était impossible de manquer l’arrivée de nos ennemis puisque nous savions où ils allaient déployer leurs téléporteurs. Ils avaient trois points nodus à utiliser, j’ai fait surveiller les trois. Le reste a été si facile… Dès que les envahisseurs ont débarqué dans Streywen, ils ont été pistés, orientés sur des chemins précis, puis assaillis et vaincus. Pas un seul des ennemis envoyés contre nous n’a survécu.

— Avec quelles troupes les avez vous vaincus ? s’enquit Cellendhyll.

— Notamment avec les Archers-Fantômes, répondit le duc. Un corps d’élite que j’ai constitué en grand secret, cela dès la construction de la Citadelle, et formé précisément pour nous préserver de ce type d’attaque extérieure. Mieux vaut d’ailleurs que vous n’en sachiez pas plus.

En son for intérieur, l’Adhan ricana devant cette culture du secret qui régnait sur le Chaos, capable de s’étendre même entre un père et ses enfants.

— Mais alors, cette retraite que vous aviez annoncée était fausse ? intervint Morion.

— Oui, sourit son père. J’avais tenu Estrée au courant, mon départ n’était en fait qu’un subterfuge pour laisser accroire aux Ténébreux que le moment de nous assaillir était propice.

— Pourquoi m’avoir tenu à l’écart ?

— Pour préserver la sécurité de ta sœur et l’existence de notre plan de contre-attaque, tout bonnement. J’avais décidé que je serai le seul à connaître le rôle joué par Estrée, c’était la meilleure des garanties.

— Vous n’avez donc pas confiance en moi ?

— Mon fils, soupira le duc, ne laisse pas ton ego l’emporter sur ta raison… Je savais qu’avec mon départ, tu serais débordé par les responsabilités tout comme je savais que ce fait serait remarqué comme une faiblesse. Tu occupais le devant de la scène, tu focalisais toutes les attentions sur toi, celles d’espions ténébreux éventuels également. Cela me laissait libre d’agir à ma guise, ayant les coudées franches. Je me doute que cela ne te plaît pas d’avoir servi de leurre involontaire mais si tu réfléchis tu te rendras à mes arguments.

Cellendhyll buvait du petit-lait. De voir son maître éprouver ce qu’il faisait habituellement subir aux autres était un juste retour des choses, lui qui prenait tant de plaisir à manipuler son monde. Ainsi donc le duc n’était pas cet homme détaché des contingences, excentrique, voire même inconséquent. Bien au contraire, il avait, par le biais de sa fille, manipulé le Père de la Douleur, ou plutôt Elberakym, de bout en bout et sur du long terme. Elvanthyell savait lui aussi cacher son vrai visage. Quoi de plus logique qu’il ait inculqué cette pratique à sa descendance. Estrée n’était pas comme ses parents, pourtant. Elle renfermait une part d’elle-même, plus fragile, plus sensible, qui la rendait bien plus estimable et bien plus attirante.

Comme il aimait la regarder. Elle avait l’air fatigué mais par tous les Chaos qu’elle était belle ! Elle avait dû en baver avec Elberakym et Leprín, si seule pour les affronter. De la savoir seule à Mhalemort, de comprendre le rôle qu’elle avait joué dans les plans de son géniteur, seule toujours, sans même obtenir un merci, éveilla subitement sa colère. Il fit un pas en avant et dit d’un ton glacé :

— Seigneur Elvanthyell, si j’avais une fille, et qui plus est une fille comme la vôtre, je chercherais avant tout à la protéger. Je ne l’enverrais certainement pas affronter le pire individu de notre univers. N’importe quel espion habile aurait pu tenir ce rôle, une Ombre tout aussi efficacement. Estrée a couru tant de risques pour vous, elle est passée à côté d’une vie que vous avez sacrifiée, et j’avoue que cela me reste en travers de la gorge !

Morion s’apprêtait à tancer son Ombre, mais le duc l’arrêta d’un geste de la main.

— Laisse mon fils, notre Adhan si indiscipliné a gagné le droit de s’exprimer. Lui aussi a tenu sa place aujourd’hui, il a rétabli l’Équilibre en permettant au véritable héritier des Ténèbres de monter sur le trône. J’avoue de surcroît que je trouve sa franchise brutale tout à fait rafraîchissante. Elle me change agréablement de ces attitudes cauteleuses dont on m’accable d’habitude… Mais pour te répondre, Cellendhyll, je dirai tout simplement que les intérêts d’Eodh sont supérieurs, ils priment sur nos vies, et je croyais que tu le savais.

— Cela ne me plaît pas, insista l’Ange. Vous jouez avec vos enfants comme si c’étaient des pièces d’échec. Mais c’est normal pour vous, n’est-ce pas ?

— Tu es libre de penser ce que tu veux, tant que tu nous sers avec l’efficacité que tu as démontrée jusqu’ici. Je te suis de près, mon cher Adhan, tout comme je suis de près tout ce qui touche à mon royaume. Je connais ta valeur et je connais ton caractère, je sais que te brider ne ferait qu’affaiblir ton potentiel. Mais ne dépasse toutefois pas les limites de ton rang face au mien.

— Je passe mon temps à le lui répéter, maugréa Morion.

Pourtant concernée au premier chef, Estrée, étrangement, ne participait pas à cet échange. Elle paraissait si lasse. Cela confirma à l’Ange son idée. Sa compagne avait besoin que l’on s’occupe d’elle.

L’Adhan avait été rappelé à l’ordre et cela ne lui plaisait pas ; cela ne lui plaisait jamais. Il ajouta :

— Puis-je me retirer, seigneur duc ? Je suis fatigué.

— Oui, Cellendhyll, opina le duc, bien que tu aies une nouvelle fois écorné l’étiquette en t’adressant à moi et non à ton propre seigneur.

— Vous l’avez dit, seigneur, rien de ce qui touche à Eodh ne vous échappe. Vous contrôlez tout, je suis donc votre vassal avant même d’être celui de votre fils.

— Il est franchement impossible ! gémit Morion.

Elvanthyell rit.

— Comme je l’ai signifié, j’aime ses réparties. File, Cellendhyll, je pense que mon fils t’accordera sans peine deux semaines de vacances. Tu les auras bien méritées !

— Je vais également me retirer, dit Estrée. Je suis fatiguée moi aussi.

— Bien sûr, ma fille. Mais je compte sur toi pour la réception que nous donnons ce soir. Eodh a sauvé le Chaos, je tiens à ce que tout le monde le sache !

Les amants laissèrent les deux Puissants en pleine conversation concernant les préparatifs de la réception à venir. Mais l’Ange ne doutait pas que les seigneurs du Chaos dévieraient sans tarder sur d’intenses spéculations concernant Arasùl et l’avenir des Ténèbres, voire sur sa propre relation avec Estrée. Il avait décidé pour le moment de taire le discours  – et la proposition  – que lui avait fait le souverain des Ténèbres.

 

À peine dans le couloir, Cellendhyll enveloppa la main de la jeune femme d’un geste caressant :

— Je suis si fier de toi, Estrée, je ne pouvais trouver meilleure compagne ! J’ai longtemps refusé d’aimer, mais à présent, tout a changé. Je sais que je peux te faire confiance, les choses sont claires entre nous. Je me sens apaisé, rassuré. Et je me disais, justement, que nous avions bien mérité de passer du temps ensemble, et pas les armes à la main ! Alors puisque ton père m’a accordé ces vacances, tu pourrais venir les passer avec moi… Je n’ai jamais passé de vacances avec quelqu’un, te rends-tu compte ? Partons tous les deux. Pourquoi pas à ton pavillon de chasse ? Nous serons tranquilles là-bas. Nous nous baignerons dans le lac, galoperons dans la forêt, ferons l’amour dans l’herbe, je te ferai la cuisine… Tu me parleras de toi, je te parlerai de moi, je te dirai tout ce que tu veux savoir. Je ne veux surtout rien te cacher de ma vie, je t’aime et l’amour a besoin de vérité, j’en suis persuadé. Allez, c’est d’accord ! Je passe chez moi prendre une douche, quelques affaires et je te rejoins dans tes appartements. À tout à l’heure ma belle.

La jeune femme n’avait rien dit.

Un dernier baiser et l’Adhan la quittait, remontant les couloirs de la Citadelle de son pas athlétique. S’il n’avait été aussi euphorique, il aurait sans doute remarqué le teint pâle de sa compagne.

Profondément préoccupée, Estrée regagna sa suite.

L’amour a besoin de vérité.