Chapitre 32

 

 

Costume brun, chemise blanche, apparence irréprochable, Cellendhyll contemplait l’intérieur du casino, les lèvres pincées.

De la verdure, partout.

Des plantes grimpantes aux fleurs de couleur vive tombaient paresseusement des murs, encerclaient les colonnes de soutien, s’entremêlaient à des lianes, à des arbustes, à des arbres exotiques. Des fontaines dressées dans la salle délivraient non pas de l’eau pure mais du Champagne ou de l’alcool de fleurs rafraîchi.

Le contraste entre cet aspect de nature, factice, et les tenues apprêtées et luxueuses des invités apparaissait ridicule aux yeux de l’Ange. Pour sa part, il ne pouvait aimer que la nature sauvage, fière, dangereuse. Il respectait sa vérité, son âpreté. Tandis que l’ersatz composé sous ses yeux l’agaçait, ce n’était là que gaspillage et mauvais goût. Ce tapis en vrai gazon par exemple, c’était d’un ridicule consommé.

Quant aux costumes ajustés des serviteurs, assemblage de feuilles, de fleurs et de verdure cousu sur des justaucorps et des collants, il y avait de quoi s’esclaffer à gorge déployée.

L’Ange entendit cependant bon nombre d’invités s’extasier devant ce décor jugé si original, si frais. Il retint une grimace puis se gourmanda. Quelle importance au fond ?

 

Un quart d’heure après l’arrivée de l’Adhan, un fiacre s’arrêta devant le casino, situé à l’est de la ville, au début des hauteurs des quartiers riches. En descendit une jeune femme blonde. Elle avait les traits durs mais harmonieux, les cheveux courts, cendrés, et portait une coûteuse robe vieil or. Vigilant, son regard turquoise semblait mémoriser le moindre détail de son environnement. Elle entra dans le bâtiment.

L’inauguration avait débuté avec le discours inaugural de Quentin de Bérune aux côtés duquel se tenaient l’archevêque Rymanus et l’administrateur Vaillence, les membres valides du conseil. Cellendhyll écouta à bonne distance de Vaillence, ne tenant pas particulièrement à se faire reconnaître de celui qui avait fréquenté son défunt père. Le discours prononcé par le seigneur de Bérune était un modèle du genre mais ne présentait aucun intérêt pour l’Adhan.

Aussitôt l’intervention terminée d’un retentissant « Amusez-vous ! », la foule des invités s’égaya, joviale, excitée, se divisant pour rejoindre les places de jeu, après un détour ou non vers l’un des buffets encadrés de verdure, chargés de victuailles et d’alcools rares.

La soixantaine d’invités avait été triée sur le volet parmi la noblesse, la haute bourgeoisie, le monde tortueux de la finance. Les invitations avaient été lancées sur l’ensemble des territoires francs, et tous pouvaient s’appuyer sur une certaine richesse, voire une richesse certaine. Cellendhyll en reconnut certains ; le satrape de Thyranas, l’émyr de Korgoth, la comtesse de Vyvalin, le baron Kluth, réputés pour leur fortune et leur aptitude à la dépenser.

Bénéficiant de l’aura du prince Yggdrasill, l’identité factice de Cellendhyll ne détonnait aucunement au sein de cette puissante assemblée.

 

Il y avait pléthore de jeux destinés à satisfaire les parieurs. Conçus tout autant pour soulager leurs bourses que pour les distraire.

Ainsi, l’inévitable roulette aux cases azur et orangé, posée sur un grand rectangle de pierre brute, au centre de la salle, entourée d’une épaisse pelouse vert émeraude. Les jeux de cartes étaient dignement représentés, avec notamment le Valet d’Orage, le Mendiant, ou la suite d’Élémentaires. Les dés avaient également leur place, comprenant les inévitables dés-dragons, bien sûr, mais également le Mur, le Quitte ou Double, ou encore le Simplet.

Des deux côtés de l’entrée trônaient les robustes machines hydrauliques dans lesquelles on glissait une licorne tout en espérant faire sonner le gros lot. Certains invités se pressaient déjà devant d’autres jeux encore, inconnus de l’Ange et dont il se moquait.

Les maîtres de jeu officiaient à chaque table, arborant un sourire engageant, s’exprimant d’une voix paisible et mélodieuse, et leurs gestes se révélaient aussi habiles que gracieux. Choisis pour leur physique agréable, leurs manières impeccables, serveurs et serveuses s’ébattaient pour satisfaire les désirs de leur clientèle ; les mets et boissons qu’ils proposaient étant évidemment gratuits.

Gamaël viendrait-il à l’inauguration ? L’ouverture de cet établissement représentait-il un point d’intérêt suffisant ? L’Adhan n’en avait aucune idée. Il en connaissait si peu sur le renégat. Il parcourut la salle à pas lents comme s’il admirait la décoration alors que son regard scrutateur balayait les convives.

Rathe avait placé certains de ses guetteurs à l’extérieur après s’être assuré que ces derniers avaient mémorisé les croquis réalisés par Estrée. Ils resteraient sur place les jours suivants en effectuant une ronde de surveillance.

De ce que l’Ange en voyait, sans pour autant être un spécialiste, l’opération opérée par le conseil lumineux paraissait être un franc succès et cet endroit ne tarderait pas à dégager d’importants bénéfices. De ce qu’il constata, en outre, aucune partie ne semblait truquée. Cela n’était pas nécessaire, la loi des probabilités assurait au casino des rentes bien suffisantes.

Les riches personnages ici présents pariaient gros et lorsqu’ils perdaient cela n’entamait ni leur fortune ni leur bonne humeur.

Le seigneur de Bérune l’avait annoncé, à la fin du mois, un restaurant gastronomique serait ouvert sur la terrasse du casino, dont on terminait d’assembler la verrière. Bérune avait ajouté que le sire Rabelays, maître-cuisinier renommé sur l’ensemble du Plan Primaire, officierait lui-même aux cuisines. De quoi attirer les riches gourmands en plus des joueurs.

 

Au fond de la salle figuraient trois paliers supérieurs. Sur le dernier se tenait l’archevêque Rymanus. Siméus l’escortait tandis que les seigneurs Vaillence et Bérune avaient pris congé.

L’archevêque rêvassait à un destin supérieur lorsque Siméus l’interpella doucement :

— Monseigneur, en bas, devinez qui je viens de repérer…

— Je n’en ai aucune idée, chevalier. Parle donc…

— Cellendhyll de Cortavar… Il est ici, dans cette salle !

— Par la Sainte Lumière ! Laisse-moi réfléchir deux secondes, et surtout ne le perds pas de vue.

 

Cellendhyll se cala l’estomac avec une série d’amuse-bouche à base de poisson frais et de légumes. Un page l’aborda quelques minutes plus tard :

— Messire ? L’archevêque Rymanus désirerait s’entretenir avec vous…

Tiens donc.

— Je vous suis, répliqua Cellendhyll, curieux de savoir ce que l’ecclésiaste lui voulait.

 

La jeune femme blonde déambulait dans la salle, une coupe de Champagne à la main. Elle avait misé sur certaines tables, sans paraître soucieuse de perdre ou de gagner. Son regard turquoise balayait la salle de gauche à droite, à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un. Elle se figea brusquement, tandis que son attention s’attardait sur Cellendhyll, escorté du page, qui se rendait vers le fond de la salle.

Alors elle se rapprocha de l’endroit, elle aussi, pour finir par se glisser derrière un ficus aux abondantes feuilles vert et argent. Après avoir vérifié que personne ne s’intéressait à elle, elle se concentra sur l’échange à venir.

 

Cellendhyll monta les marches menant au palier où se tenait Rymanus. Il reconnut aussitôt Siméus mais n’en montra rien. Ce dernier le salua d’un hochement de tête des plus neutres.

— Messire de Cortavar ! s’exclama l’archevêque avec un grand sourire. Que de rumeurs, que d’interrogations à votre sujet. Certains vont même jusqu’à vous dire suppôt des Ténèbres…

Cellendhyll éclata de rire :

— Balivernes ! Je n’ai rien à voir avec les Ténèbres, pour qui je ne ressens d’ailleurs aucune sympathie, bien au contraire. En vérité, je sers un tout autre maître à présent, proche de la Lumière, à savoir le prince Yggdrasill.

— Qui n’a pas entendu parler du prince ? rétorqua le prélat qui dévisageait l’Adhan avec une insistance affichée.

Siméus se tenait trois pas derrière le prélat, imperturbable. Celui-là, l’Adhan ne risquait pas de l’oublier, et pour cause. Mais chaque chose en son temps. Il reprit :

— Mon maître justement s’interroge sur les meurtres perpétrés en ville. J’ai cru comprendre que vous en dirigiez l’enquête. Que pouvez-vous me dire à ce sujet ? La secte de l’Hydre est-elle une piste sérieuse ?

— Oui, cette sale engeance ténébreuse nous menace mais plus pour longtemps. Nous sommes sur leurs traces et bientôt mes hommes leur feront regretter d’avoir osé s’en prendre à notre cité.

— Je suis rassuré et mon maître le sera également. Mais comment se fait-il que ce soit vous, justement, qui dirigiez cette enquête ? Je croyais que les frères de la Guelfe Blanche étaient voués à soigner…

— Simple concours de circonstances, dit le prélat. Le connétable Xavier étant souffrant, il fallait quelqu’un pour défendre nos concitoyens de ce péril haïssable. Le conseil m’a élu pour cette tâche délicate et par le biais de cette commission, je dirige l’Orage et le guet… Mais dites-moi, messire de Cortavar, poursuivit l’ecclésiaste tout en arborant un sourire aussi onctueux qu’une motte de beurre au soleil, puisque nous parlons de l’Orage, je songe à son ancien maître, le défunt cardinal Hégel… D’après le chevalier de Nilfær, mon second ici présent, que vous avez déjà rencontré, vous avez eu un entretien avec le cardinal peu avant sa mort. Je me trompe ?

Ce pourceau d’Hégel a passé la nuit à me torturer, oui ! Avant que je ne lui règle son compte. Quant à Siméus, il a participé, je m’en souviens aussi.

— Ah ce bon Hégel ! rétorqua Cellendhyll. Nous avions toujours lui et moi de passionnantes conversations. Lors de notre dernier entretien, justement, nous avons eu une petite divergence politique mais l’affaire avait fini par être réglée. Mes arguments l’ont emporté et nous nous sommes quittés bons amis…

Bons amis, quelle rigolade… Lors de notre première confrontation, je lui ai coupé les oreilles, et durant la seconde, je lui ai rompu la nuque.

Siméus s’approcha alors, lui aussi souriant, et tendit sa grande main à l’Adhan :

— Le passé est le passé… Sans rancune ?

— Sans rancune, rétorqua Cellendhyll.

Il saisit la main de l’homme, le tira brusquement à lui avant de lui briser le nez d’un violent coup de tête. Il n’avait pas pu se retenir. Complètement surpris, choqué par le coup, Siméus s’écroula trois pas en arrière, le visage en sang.

Rymanus recula, le visage contracté. Au regard haineux que l’ecclésiaste lui jeta, l’Ange du Chaos comprit qu’il venait de se faire un ennemi de plus, et pas des moindres. Cela ne le dérangea pas pour autant. Il y avait quelque chose chez le prélat qui le hérissait instinctivement, et lui donnait envie de frapper.

— Vous n’êtes qu’un sauvage, de Cortavar, Hégel avait bien raison à votre sujet !

— Sauvage sans doute, mais Hégel se trompait sur un point, comme je vous l’ai dit, je n’ai rien à voir avec les Ténèbres. Quant à votre chevalier, il l’a bien mérité… Lorsqu’il se relèvera vous pourrez toujours lui demander pourquoi.

— Je devrais vous faire arrêter mais cela gâcherait cette soirée. Dans l’intérêt du conseil, je ne peux me le permettre, alors partez. Et faites bien attention à vos manières, désormais je vous ai à l’œil !

Cellendhyll haussa les épaules et tourna les talons.

 

Le coup de tête de l’Adhan passa complètement inaperçu pour le reste des convives massés en bas. Excepté pour la jeune femme en robe dorée. Cette dernière, néanmoins, ne parut pas choquée outre mesure par le geste de l’Adhan.

Sans plus se soucier des deux notables de la Lumière, Cellendhyll redescendit calmement les marches pour retourner au milieu des joueurs. Suivi du regard incisif de la femme blonde, il fit le tour de la salle à deux reprises, cherchant à repérer Gamaël. En vain. Si ce dernier avait été présent, l’Ange l’aurait su d’instinct.

Lassé par ce lieu d’illusions et ses recherches infructueuses, Cellendhyll finit par se décider à partir. L’archevêque et le chevalier avaient quitté le palier supérieur, empruntant une porte dérobée, il ne vit aucune trace d’eux.

Il sortit à l’air libre, prit à gauche, tourna au coin de l’avenue, longeant le casino qui occupait tout le pâté de maison. Parvenu au milieu de cette deuxième artère, éclairée de hauts lampadaires et de la lumière des lunes jumelles, Felleyran la Bleue et Yrénas la Blanche, l’homme aux cheveux d’argent se figea.

Un groupe de six hommes venait de sortir de l’ombre d’une porte cochère, de l’autre côté de la rue, qu’ils traversèrent pour lui barrer le passage. Trois autres hommes surgirent de l’autre côté afin de lui couper toute retraite.

Cellendhyll se plaça dos au mur du casino, dans lequel se découpait une lourde porte de chêne, et les laissa approcher.

J’ai déclenché quelque chose.

Les neuf individus avaient les cheveux courts, très courts, des silhouettes nerveuses ou massives. Dans leurs regards et dans leurs postures, ils dégageaient cet air propre aux militaires ; leurs vêtures cependant  – cuir et capes sombres  – avaient une coupe civile.

Ils approchèrent, suintants d’agressivité, les traits durs, le visage borné. Ils avançaient les mains nues mais l’Adhan repéra plusieurs lames portées à leur fourreau de ceinture.

Impavide, prêt à tout, il les laissa venir à lui.

— Une bien belle soirée, n’est-ce pas messires ? les interpella-t-il d’une voix engageante. Son regard de jade en revanche luisait d’un éclat glacé.

— Tu as importuné le chevalier de Nilfær… riposta l’un des hommes, croisant ses bras musculeux devant lui.

L’accusation était nette, le sous-entendu également.

— Et donc il vous envoie à sa place ? ironisa Cellendhyll.

— Ben oui, le chevalier va pas perdre de temps avec un manant dans ton genre, répondit un autre.

— Ne perds pas de temps à discuter avec lui, Nikar, intervint un troisième, le plus costaud du groupe, qui se tourna ensuite vers l’Adhan :

— Toi, tu as osé porter la main sur le chevalier de Nilfær, maintenant on va te défoncer la gueule à coups de bottes !

Cellendhyll fit bouger sa tête pour étirer les muscles de ses épaules et son sourire carnassier vint s’afficher sur ses traits arides.

— Voilà un programme qui me semble un peu trop ambitieux pour vous les gars, mais j’avoue que je suis curieux de voir comment vous allez réaliser ce fantasme.

— Ah ouais… Et bien tu vas…

Cellendhyll bondit sur le guerrier qu’il frappa sèchement en pleine gorge d’un revers du tranchant de la main. Il poursuivit son élan, tourna sur lui- même, brisa la rotule du deuxième d’un coup de botte avant de l’envoyer bouler contre la masse des autres.

Un autre guerrier surgit sur sa gauche. D’une fourchette formée de ses deux doigts raidis, Cellendhyll aveugla son vis-à-vis. Sans temps d’arrêt, il remonta son coude et frappa un quatrième en pleine glotte. Puis il pivota sur sa jambe droite, remonta l’autre en équerre et le talon de sa botte épaisse fracassa la mâchoire du cinquième. Le tout n’avait pris que quelques secondes et les guerriers se retrouvèrent répandus sur le sol.

La rapidité d’exécution de son assaut multiple, l’aisance avec laquelle il l’avait perpétré fit hésiter les suivants. D’autres sbires cependant arrivaient à la rescousse de tous côtés. Cellendhyll recula jusqu’à s’adosser à la porte. Elle était verrouillée.

Ils étaient probablement trop nombreux, mais il en abattrait le plus grand nombre possible avant de succomber.

Les guerriers se rapprochèrent de nouveau, cette fois les armes à la main. La défaite se profilait.

C’est alors que derrière l’Ange résonna un enclenchement métallique. La porte s’ouvrit.

— Entrez, vite, souffla une voix féminine.

Cellendhyll s’exécuta aussitôt. À peine entré, la porte fut refermée, le verrou passé.

Devant l’Adhan se tenait une jeune femme élancée aux courts cheveux blonds, revêtue d’une robe de soirée plutôt attrayante. Ses grands yeux d’un bleu intense le fixaient d’un air amical.

Les coupe-jarrets frappèrent la porte de chêne à coups redoublés, sans pour autant parvenir à l’ébranler.

— Venez, lui dit la femme. Ces voyous vont probablement tenter de vous intercepter devant l’entrée principale. Je vais vous conduire de l’autre côté du bâtiment, vous pourrez sortir en sécurité.

D’un hochement de tête l’Adhan signifia son accord. La jeune femme le guida par un escalier puis une longue galerie d’où l’on pouvait discerner le brouhaha étouffé de la salle de jeu. Ils montèrent un nouvel escalier, empruntèrent un nouveau couloir, avant de s’arrêter devant une double porte. Son accompagnatrice se tourna vers lui :

— Vous pouvez vous esquiver par là.

— Merci, ma dame. Quel miracle a bien pu vous placer sur ma route ?

— Cela n’a rien d’un miracle, messire, sourit-elle en dévoilant les fossettes de ses joues. Je suis sortie sur l’un des balcons du casino pour m’aérer un peu, et je vous ai vu d’en haut en bien mauvaise posture. Je ne pouvais pas rester sans rien faire alors j’ai décidé de vous aider dans la mesure de mes moyens. Estimant que je n’aurais pas le temps de chercher du secours, je me suis contentée de descendre les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée et de vous ouvrir. Cela n’a rien d’un exploit.

— Et bien, pour moi c’en est un. Comment vous remercier ?

Elle balaya l’air de la main :

— Vous ne me devez rien, j’ai fait mon devoir, rien d’autre. Je me demande tout de même ce que vous voulaient ces brutes.

— J’ai déplu à quelqu’un, ils voulaient me le faire payer, expliqua l’Adhan.

— Pour qu’il y ait autant d’hommes en face de vous, c’est que vous avez affaire à quelqu’un de puissant, analysa son interlocutrice.

— À quelqu’un que je n’ai pas frappé assez fort, surtout, et qui va finir par regretter de m’avoir rencontré, asséna l’Ange. Enfin, mille mercis en tous les cas de m’avoir sauvé.

 

L’Adhan ouvrit la porte, qui débouchait dans une rue calme. Il salua celle qui l’avait sauvé et sortit. Bientôt happé par les ombres de la nuit.

La jeune femme en robe d’or foncé l’observa s’éloigner d’un regard Pénétrant, avant de repartir de là où elle était arrivée, un pli pensif lui barrant le front.

 

Cellendhyll redescendait vers le centre-ville. Il avançait tout en songeant à ce qu’il venait de vivre, en songeant à l’attitude de l’archevêque, à celle de la jeune femme qui l’avait aidé. Il n’avait même pas pensé à lui demander son nom. Et le prélat, que signifiait son attitude ? Que faisait Siméus à ses côtés ?

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Lumière, estima Cellendhyll. Que Siméus soit au service de l’archevêque n’est pas un bon signe. Je me demande si ces deux-là n’ont pas eu partie commune avec cette pourriture d’Hégel. Ils exsudent un fanatisme au moins équivalent Au moins, Hégel n’ennuiera plus personne, et surtout pas moi. Je l’avais prévenu, pourtant, de me laisser tranquille… Quant à l’archevêque Rymanus, en dépit du fait qu’il me déplaise, il me paraît suffisamment coriace pour gérer la menace de cette secte ténébreuse.