Chapitre 36

Centre commercial de Booragoon, banlieue de Perth wa.

Il y avait dans ses paroles toute l’admiration d’une petite sœur pour son grand frère. Et beaucoup de colère aussi. Des propos décousus dans lesquels Ashe avait du mal à se repérer, tout au moins au début. Il essayait de l’écouter en l’interrompant le moins possible. Sans la présence de son amie Christine, il n’y serait jamais parvenu. Elle s’appelait Katia, enfin c’est comme cela que Christine l’avait présentée, c’était probablement un nom d’emprunt pour la circonstance. Elle sortait juste de prison.

“Si je retourne à Acarangi, ça va recommencer. Là-bas, c’est chez moi bien sûr, même si ma mère et mon père n’y habitent plus, ils sont à Geraldton. Pour moi, Acarangi, c’est là où est toute ma famille. Mes oncles, mes tantes, mes parents quoi ! Mais si je retourne là-bas, je sais que je recommencerai à boire et à me battre… C’est comme ça que ça se passe. Mon mec, Tony, il deale à Perth. Il est en prison lui aussi maintenant. Je ne veux plus le voir, mais… quand il sortira j’espère que je le reverrai… Mais je ne veux plus me droguer, plus me battre. C’est pour ça qu’ils m’ont arrêtée près de la gare de Rockingham. Le matin de ce jour-là, il s’était cogné avec Alistair, peut-être à cause de moi ou de la drogue ou les deux… Ils avaient tous les deux le visage en sang. Quand on a été arrêtés le soir à Rockingham, cette nuit-là, Tony avait encore ces plaies sur son visage, ils ont dit que c’était moi qui avais fait ça… Ils m’ont accusée de violences, tout ça. Et l’alcool bien sûr, j’en avais bu beaucoup… Il paraît que j’ai tapé sur un policier. Au fond, tout avait commencé à cause d’Alistair. Il voulait m’empêcher, m’empêcher de partir avec Tony…”

Aussitôt après sa visite à l’évêque, aussitôt après avoir pissé sur une balustrade immaculée de Como, aussitôt le message reçu de Cattrioni, Ashe avait téléphoné à Christine. Elle avait été d’une efficacité totale.

Psychothérapeute, elle s’occupait de groupes de réinsertion pour les détenues de la prison de Guilford où plus de la moitié était des Aborigènes. Christine organisait des ateliers pour ces femmes. Il s’agissait de parler de l’alcool et de la drogue sans tabou. La première chose qu’elle leur demandait c’était de faire une liste des alcools et des drogues qu’elles connaissaient. Cela allait vite, les filles savaient tout de ces substances. Surtout les amphétamines. Après il s’agissait de leur expliquer les conséquences désastreuses sur le corps et sur l’esprit. Une autre paire de manches. Christine disait que les Aborigènes étaient les plus calmes et les plus polies. Toutes l’appelaient “the lady with strange eyes”.

“J’ai cinq frères et sœurs. Alistair est l’aîné, c’est le fils de mon oncle. Mais après, ma mère, elle s’est mariée avec mon père. Moi je suis l’avant-dernière. Mais Alistair a été élevé avec nous… Moi, ce que j’aime c’est pêcher et chasser, j’aimerais le faire tout le temps. Mais pour ça il faudrait que je retourne là-bas… J’ai peur de recommencer. Les amphèts peut-être pas mais je boirai sûrement. Et après je ne pourrai pas travailler, ni même chasser ou pêcher… Alistair, il voulait pas que je boive mais beaucoup de gens buvaient… Maman ne voulait pas non plus, mon père il s’en fichait un peu, il buvait lui aussi quand il était à Acarangi avec les autres, les tantes, les oncles et les grands-parents… C’est à Acarangi que j’ai rencontré Tony. C’est l’un de mes cousins. J’avais quatorze ans quand je l’ai connu, il était plus vieux, trois ou quatre ans de plus que moi. Enfin je le connaissais avant, bien sûr, mais on s’est mis ensemble quand j’avais quatorze ans. J’ai eu un enfant avec lui l’année suivante… C’est ma tante qui l’a élevé, Tony était parti en prison. C’est quand il est revenu qu’Alistair m’a disputée. Alistair venait aussi mais il foutait la merde. Tout le monde le critiquait parce qu’il ne venait que quand ça l’arrangeait. Le reste du temps il était fourré avec les Blancs. Je lui en voulais parce que je l’aimais beaucoup. Je pleure quand je pense à lui, il n’est plus là, tout ce gâchis… Pourquoi il s’opposait à tout le monde ? Je ne sais pas, enfin si je sais bien… Et il se disputait aussi avec les bikers…”

Katia était vêtue d’un simple jean et d’un tee-shirt publicitaire échancré qui laissait voir un pendentif, un koala en jade. Ashe se demanda si le koala était son totem, il savait que chaque Aborigène en avait un. Et il regretta aussitôt de ne pas avoir demandé à Alistair quel était le sien. Il n’aurait sans doute pas répondu.

Les larmes coulaient sur sa figure quand elle parlait de son frère. La ressemblance était maintenant visible. Pas la carrure évidemment ni les muscles, tout ce qui l’avait fasciné chez le jeune homme. Juste les traits du visage, le nez fort et les yeux enfoncés, les mêmes yeux mordorés, troublants. Et la même obstination dans le regard qu’elle baissait souvent pendant son monologue.

Elle avait mis longtemps à démarrer mais une fois que Christine l’avait mise en confiance, elle ne s’arrêtait plus. Au début elle était méfiante. Parce qu’il était un homme ou parce qu’il était blanc ? Elle n’avait pas eu l’air convaincue lorsque sa psychologue lui avait présenté son ami “journaliste”. Ashe avait juré qu’il ne la citerait pas dans son article, cet article bien hypothétique qu’il n’écrirait jamais. Christine avait aussi affirmé à la jeune fille que tout ce qu’elle dirait ne nuirait pas à sa communauté, au contraire. Et là, ce n’était pas un mensonge, il comptait défendre la mémoire d’Alistair. À ce moment-là il ne put s’empêcher de lui demander ce que les bikers venaient faire dans le paysage. Elle n’éluda pas :

“Ils nous fournissent l’alcool. Je ne sais pas pourquoi mais c’est comme ça. On n’a pas le droit de boire à Acarangi, il n’y a plus de Liquor Store mais les bikers nous approvisionnent régulièrement et on sait où cacher les bouteilles. La police ferme les yeux. Qu’est-ce qu’ils peuvent faire les flics, ils ne peuvent pas nous contrôler tous les jours… ? Alistair l’avait reproché aux anciens, à mes oncles, même à son père, enfin je crois qu’Arnold est bien son père. Ils lui ont dit de se mêler de ses affaires. Mais Alistair recommençait et un jour ils l’ont viré d’Acarangi… Je pleurais, Tony me demandait pourquoi. Je ne voulais pas lui répondre, il m’a tapée. Je n’ai rien dit… Je ne voulais pas qu’il s’en prenne à lui. Alistair avait beau foutre le bordel, c’était mon frère préféré. C’était le préféré de ma mère aussi…”

Ashe était fasciné par la facilité avec laquelle elle déroulait la pelote de sa vie en mettant toutes les choses à plat. Comme si vivre c’était juste passer d’un tableau en deux dimensions à un autre tableau aussi mince. Il était touché par l’émotion qui pointait sous le récit et qu’elle ne dissimulait pas. Christine l’avait prévenu :

— Elle est timide, émotive mais elle est intelligente, tu verras.

— Tu crois qu’elle me parlera ?

— Qu’est-ce que tu veux savoir ?

— Je voudrais qu’elle me parle de son frère. Alistair s’est pendu et il n’est pas là pour se défendre. Il va être accusé d’un crime…

— Tu es avocat, maintenant !

La remarque l’avait fait rire. Avec Christine, ils avaient toujours eu un rapport direct, dénué de toute ambiguïté. Mais la question suivante de sa copine française l’avait tout de même désarçonné :

— C’est un de tes copains gay ? Elle avait accompagné sa question d’un clin d’œil appuyé. Ce qui, cligné par son œil divergent, ajoutait de la tendresse à la connivence.

Il mit un long moment avant de répondre :

— Ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois. Disons que, oui, je l’ai connu dans le ghetto.

— Pourquoi dis-tu ghetto ?

— J’ai toujours du mal à m’y faire, cette manière qu’ont les gays de se replier toujours sur eux-mêmes. C’est moins vrai à Perth qu’à Sydney, où il y a Oxford Street et Newton qui sont vraiment comme des quartiers réservés, mais quand même…

Leur discussion s’était arrêtée là mais ses explications sur une éventuelle culpabilité d’Alistair avaient fini par convaincre Christine. Elle avait organisé très vite une interview. Comme elle ne souhaitait pas donner un caractère trop solennel à leur rencontre, ni mêler cela à son programme de réhabilitation, elle lui avait donné rendez-vous à la cafétéria du centre commercial de Booragoon. Neutre, mélangé, passant, au milieu d’une foule indifférente. Ce mardi, Christine était habillée aussi simplement que sa protégée. Mais son jean clair et son tee-shirt assorti étaient d’une propreté immaculée, ce qui faisait encore ressortir sa beauté brune. Pour ne pas se faire remarquer, elle s’était assise face au mur.

Ashe demandait maintenant à Katia pourquoi elle pensait que son frère aîné était le préféré de sa mère.

“Ce n’est pas qu’il était vraiment le préféré mais je crois qu’elle avait de l’admiration pour lui. C’était le seul de ses enfants qui menait un combat. Un combat politique comme elle l’avait mené elle-même en affirmant que son père, notre grand-père, était ce salaud de Cockburn. Elle avait fait son enquête, elle en était sûre. Tout se recoupait. Mais une chose est de le savoir, une autre de le faire reconnaître par tout le monde. Elle a eu ce courage, il en fallait. Cockburn a eu d’autres enfants de femmes noires, au hasard. Une autre fille a affirmé à la même période qu’elle aussi était la fille de ce salopard. Elle s’appelait Margaret Wilkinson, elle était métisse. Elle voulait faire reconnaître ses droits. Elle a été renversée par une voiture en plein bush, sans témoin, quelques mois plus tard. Elle est morte sur le coup…”

Katia continuait de parler. Presque sans s’arrêter. Il avait beau être un bon intervieweur, savoir, par son métier d’enquêteur et son expérience, obtenir informations et confessions de ses interlocuteurs, il ne serait arrivé à rien sans Christine. Avec ses yeux ironiques et tendres, et surtout sa simplicité, elle encourageait la jeune fille à continuer par un simple regard ou par le mot juste. Juste au bon moment. Christine avait de l’affection pour elle et ça se voyait. Katia de son côté se sentait en confiance avec elle.

“Vous savez, il y a une chose difficile aussi chez nous, c’est d’être métis. J’en ai souffert, ma mère en a souffert sûrement mais c’est Alistair qui l’a peut-être vécu le plus mal… et pourtant cela se voyait moins chez lui. Ce n’était pas grand-chose, des petits détails mais à Acarangi, il y avait toujours des réflexions blessantes. Cela ne s’arrangeait pas quand on reprochait à mon frère de trop fréquenter les Blancs… D’aller dans leurs bars et dans leurs quartiers… De vivre comme eux. Je ne sais pas comment il vivait, il n’avait pas de fille à Acarangi mais il y avait toujours là-bas quelqu’un pour dire que c’était parce qu’il était le petit-fils d’un whitefellah, un Blanc… Ça ne manquait jamais. Est-ce qu’ils critiquaient cela ou autre chose…”

Un nouveau silence éloquent. Christine, qui ne con­naissait pas Alistair, ne disait rien mais Ashe voyait bien que ces dernières remarques la laissaient perplexe. Il n’était pas sûr que la jeune fille sache de quel mode de vie elle parlait à propos de son frère.

“Ma mère aussi a souffert d’être métisse, c’était plus visible sur elle, c’est son père qui était blanc et c’est Jack Cockburn qui était son père. C’est pour ça qu’elle se bat pour faire reconnaître sa filiation, c’est à cause de ce qu’ils disent toujours à Acarangi. Elle voudrait qu’ils l’acceptent complètement là-bas. Mais elle se fait aussi avoir par les Blancs… Elle a cru qu’ils la reconnaîtraient, récemment encore. Elle était contente, pas pour le fric mais pour ça. Elle les a rencontrés, cette famille, je ne sais pas qui, je crois que c’est le fils Cockburn qu’elle a vu. Elle avait rendez-vous au golf de Cottesloe, un endroit très chic. Ils avaient fait exprès de la faire venir là pour se moquer, pour qu’elle soit mal à l’aise. Il a fait semblant d’être gentil avec elle, il l’a invitée à déjeuner au vu et au su de tous les membres de son club. C’était une arnaque. Il n’a rien promis mais une semaine plus tard elle a reçu une lettre des avocats de la famille et de la société. Ils voulaient qu’elle signe un papier comme quoi elle reconnaissait que son père c’était… Joseph Cockburn, le frère de Jack… Ils lui promettaient un gros paquet de dollars, je suis sûre qu’ils le lui auraient donné. Mais Joseph est mort il y a plus de trente ans, il était parti vivre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, lui aussi il était mineur, il cherchait de l’or. Un jour il a disparu et on ne l’a plus jamais revu. Comme ça, s’il y avait des analyses de sang, ils diraient qu’elle était bien la fille de ce frère, ce Joseph… Ma mère a refusé leur argent et n’a jamais signé. J’espère qu’elle ne le fera jamais, elle a droit à la fortune de Jack, une part de la fortune… Zina, elle était bouleversée après ça, c’est Mgr Simp­son qui l’a aidée et qui l’a empêchée de signer ce papier. Mais j’ai peur pour elle, ils sont capables de la tuer… C’est Alistair qui était le plus furieux quand il a appris ce qu’ils voulaient. Il s’est même disputé avec ma mère… Je sais que je ne devrais pas le dire mais il a hurlé qu’il allait tous les tuer. Et elle, elle s’est emportée, elle l’a envoyé au diable, elle lui a dit d’aller retrouver tous ces gangsters, tous ceux qui l’entraînaient à la violence… Ça m’a étonnée parce que je n’ai jamais vu mon frère vraiment violent… en tout cas il ne provoquait pas les bagarres…”

Katia, ou celle qui se faisait appeler ainsi, a continué, racontant ce monde difficile et décalé, celui des Aborigènes qui ne parviennent pas à s’adapter à notre société, qui se replient sur eux-mêmes, qui boivent plus que de raison. Elle en parlait beaucoup de ça, de l’alcool, de la drogue. Sans doute parce que Christine était là pour l’encourager et que c’est de cela qu’elle l’entretenait d’habitude, même si la psychologue le faisait en portant le moins de jugement possible.

La seule chose dont Katia ne voulut pas parler, c’est de l’enterrement de son frère. Il avait eu lieu à Acarangi quelques jours auparavant et elle y avait assisté, évidemment.

Christine ne jugeait pas mais elle avait bien senti que les dernières paroles de Katia avaient heurté Ashe comme une douleur sournoise qu’on a ignorée trop longtemps. Et dont on prend conscience en même temps que l’on réalise son impuissance à agir.

Ce qui avait le plus troublé le Français, ce n’était pas seulement le récit de cette misère au quotidien, lot de beaucoup de communautés. Ce n’était pas non plus ces rapports compliqués avec l’alcool qui avaient miné toute leur culture. Ce n’était pas le récit sans fard de ce cercle vicieux, alcool – drogue – violence – prison, qui paraissait tellement inéluctable.

Tout cela l’avait ému. Mais pas autant que ce qu’il avait entendu d’elle à propos de son frère. Ses rapports avec lui, son admiration. Les relations difficiles d’Alistair avec sa communauté et même avec sa mère.

Et il avait senti un frisson glacé quand elle avait évoqué les menaces de mort proférées par Alistair.

Il savait que sa tâche pour faire reconnaître l’innocence du jeune homme devenait de plus en plus difficile. D’autant que la nuit précédente avait eu lieu la bataille des bikers à Greys et que ce nouvel épisode de la guerre des gangs allait éclipser pour un long moment ses préoccupations. Et celles de Cattrioni.

Les mâchoires du serpent
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