Chapitre 18

Adelaide Terrace, Perth City, wa.

Ange Cattrioni était effondré. Les proportions médiatiques prises par cette série de meurtres devenaient inquiétantes. Tout un statu quo australien était soudain remis en cause depuis que les médias laissaient entendre que les assassins étaient à chercher du côté des communautés aborigènes. Sans aucune preuve, sans aucun fait tangible, sans même prendre la peine de se pencher sur les traditions de pacifisme et même d’immobilité de ce peuple. Bien sûr les choses changeaient avec les nouvelles générations qui, à l’heure de la télé en continu et d’Internet, pouvaient en avoir plus qu’assez d’être traitées comme des citoyens de seconde classe. Mais rien dans l’évolution des communautés, rien dans leur histoire ni dans leurs coutumes, rien dans les relations récentes – tendues certes – avec les autorités ne laissait présager une telle violence. Les spécialistes, les universitaires humanistes, les travailleurs sociaux le disaient clairement mais ils n’étaient pas entendus.

Comme dans tout événement spectaculaire ou surprenant aujourd’hui, la machine médiatique, partie sur une fausse piste, s’était emballée et avait échappé à tout contrôle. Elle avait maintenant une vie propre faite de rumeurs, de bouche à oreille, d’hypothèses sur la toile où se racontaient toutes sortes de bobards et d’histoires plus ou moins inventées. Le folklore cruel des indigènes, le rappel des atrocités commises contre eux, les soupçons de vengeance se mélangeaient au racisme et à la haine ordinaire. Étaient visés ceux qui gênaient la course au trésor des bons citoyens australiens, blancs, forcément blancs. Et riches maintenant. Qu’on les laisse chercher l’or du sous-sol et profiter du soleil sur la plage, nom d’un chien !

Car la liste était vite faite. Un bûcheron, un camionneur, un mineur et un financier. Tous découpés en morceaux. Quatre icônes australiennes mises en pièces.

Les politiques faisaient profil bas. De gauche comme de droite, ils n’osaient s’opposer à la marée montante de l’opinion publique. Dans opinion publique il y a opinion qui est juste un élément subjectif. Mais il y a pu­­­blique qui signifie qu’au bout de leur mandat il faut repasser devant les électeurs. Et personne n’a jamais fait carrière en Australie sur la défense des Aborigènes. Si Kevin Rudd, le précédent Premier ministre travailliste a été viré par ses collègues du Labor, ce n’est pas seulement à cause des taxes qu’il voulait imposer aux compagnies minières. C’est lui qui, en arrivant au pouvoir, avait pour la première fois de l’Histoire demandé pardon aux Aborigènes pour le drame de la génération volée. Ces enfants métis enlevés de force à leurs parents et confiés à des familles blanches.

Tout cela, quelques éditoriaux dans les pages intérieu­res qu’Ange lisait le matin, tôt, à son bureau, le rappelaient. Mais ils étaient placés en bas de page et personne n’en tenait compte.

La machine médiatique emportait tout sur son passage. Plus à Perth qu’ailleurs. Le PO avait remarqué que les meurtres faisaient moins de foin dans les télés nationales ou les organes de presse de Sydney et Melbourne. Mais Perth, complètement isolée à l’autre bout du continent, est une ville plus proche de la nature, plus cernée par le désert, plus coincée entre l’océan infini et le bush interminable, plus sujette aux emballements irraisonnés et aussi plus proche des communautés. Elles sont installées dans deux régions surtout, le Territoire du Nord et l’Australie-Occidentale, l’État de Perth. Un de ses copains lui avait dit un jour : “Au Far West, on est plus près des Indiens.” Et à Perth c’était un représentant de la société blanche la plus civilisée, Andrew Tacchini-Brown qui avait été assassiné en pleine ville.

Tout ce qu’Ange avait lu ce matin l’avait profondément abattu. Et ce n’était pas le trajet qu’il avait à parcourir pour poursuivre son enquête qui allait lui remettre les idées en place. Tous ses rendez-vous, enfin les deux seuls rendez-vous de sa journée, devaient se tenir dans sa rue, juste de l’autre côté d’Adelaide Terrace.

Il respira tout de même un grand coup pendant les dix minutes de marche qui le séparaient de Forest Hill Metal Ltd. Un bâtiment de verre et d’acier qu’on remarquait à peine, à l’ombre de la grande tour de la West Bank. Discret, anonyme. Comme les silhouettes qu’il rencontra successivement dans les bureaux ouatés, insonorisés, aseptisés. Comme leurs propos et leur indignation. Tous ces messieurs, habillés de costumes sombres et de cravates assorties pinçaient le nez d’avoir affaire à la police. Ces entretiens furent à l’image de celui qu’il eut avec le directeur adjoint. Inutile de vouloir rencontrer le pdg, on lui fit comprendre à mots couverts que cet homme important ne parlait qu’avec d’autres hommes importants. S’il devait répondre à la police, ce n’est pas à quelqu’un comme Cattrioni qu’il allait le faire. Son monde à lui se situait plus haut, dans les nuages qui frôlaient les derniers étages de la tour, là où se nichent les bureaux des patrons. Son réseau à lui, c’est-à-dire les autres boss de l’industrie, les grands tycoons, les riches héritiers et les politiques de haut niveau. Ils pouvaient très bien régler le problème entre eux. Un grand chef de la police pouvait se joindre à eux. Pas l’officier de police Ange Cattrioni.

Le directeur adjoint, la cinquantaine sèche et le cheveu gris en brosse, lui fit aussi comprendre qu’il était en train de lui gâcher sa matinée. Il s’était adossé à la fenêtre afin de rester dans le flou alors qu’Ange était ébloui par le soleil. Sur le bureau, des photos de bébés, sans doute ses petits-enfants, dans les jardins de propriétés somptueuses. Sur les étagères, quelques livres d’économie pour faire joli et des coupes gagnées au golf de Cottesloe ou de Royal Perth, les deux clubs les plus fermés de la ville. D’un ton acide et pressé :

— Que puis-je pour vous ?

— Tout ce que vous savez sur Andrew Tacchini-Brown.

— Mais nous en savons peu.

Nous de majesté ou nous du team Forest Hill Metal Ltd ? Plutôt un nous de distance.

— Avait-il des ennemis ?

— Bien sûr que non, Andrew était unanimement ap­­­précié ici.

Bien sûr que si ! Tu parles ! Apprécié sans doute mais pas par tout le monde. Quand on fait une carrière aussi rapide, on se fait des adversaires en pagaille. Mais ce n’est sûrement pas le directeur adjoint, qui peut-être détestait atb en le voyant grimper trop vite dans les étages élevés, qui aurait lâché le morceau. Toute tentative de question de ce côté-là était vouée à l’échec et Ange le savait. Comme il savait qu’il était en train de perdre son temps. À moins que.

— Que saviez-vous de sa vie privée ?

À contre-jour, le policier ne pouvait voir la moue qui se dessina sur le visage de cet homme dont il ne se souviendrait même plus du nom à peine quitté l’immeuble de la société. Mais le silence de quelques secondes qui suivit lui fit comprendre qu’il avait touché juste. Le di­­recteur adjoint reprit :

— Andrew avait mal vécu son divorce, je crois…

— Vous êtes sûr ?

— Pourquoi dites-vous cela ? À vrai dire nous ne sa­­vions rien de sa vie privée et de ses relations hors de la société. Je dis qu’il avait mal vécu son divorce parce qu’il était très secret.

Ange ne répondit pas. Il laissa le silence s’installer, histoire de le faire languir sur le mot secret. Que savaient les dirigeants de la compagnie des virées d’atb dans les lieux gay, une fois quitté le bureau ? Sans doute beaucoup et c’était peut-être le seul obstacle qui se dressait encore sur la route du financier pour accéder aux plus hautes fonctions. Ange était sûr qu’il était étroitement surveillé à un tel poste de responsabilité. À moins qu’Andrew, exception faite pour des petites incartades comme celle qui les avait conduits tous les deux un soir dans le même lit, se soit contenté de vivre sa sexualité loin de Perth, lors de ses voyages professionnels ou de ses vacances. Comme le font beaucoup de gays à toutes les échelles de responsabilité. Peut-être.

Après, la conversation n’eut plus aucun intérêt. Questions de routine, réponses de convenance. Depuis combien de temps était-il dans le groupe ? Quel poste avait-il occupé ? Qui étaient ses amis ? Était-il convoité par des concurrents ? Voyageait-il régulièrement en Asie ? Avait-il des ennemis de ce côté-là ? Négociait-il au moment de sa mort avec les Chinois ? Ou avec d’autres Asiatiques ?

Évasif, sec, mesuré. Ennuyé, voilà. Mais cette visite dans l’immeuble de Forest Hill Metal Ltd était un passage obligé. À moins qu’il ne s’y soit mal pris et qu’il eût plus avancé en interrogeant une ou deux de ses relations du côté des associations professionnelles ou sportives dans lesquelles il connaissait des salariés de la boîte. Ce qu’il se promit de faire.

La suite, dans l’après-midi, ce fut une autre paire de manches, bien différente. Ange ne prit même pas la peine de déjeuner, il se contenta d’avaler un sandwich et une bière en consultant ses dossiers. Soit tout ce qu’on lui avait fourni sur la carrière et la vie familiale d’atb. Enfin ce qui lui tenait lieu de vie familiale dans ce qui tenait lieu d’enquête faite par des flics qui n’avaient pas osé poser trop de questions à des membres de la High Society. Ce qu’il allait faire maintenant car il devait rencontrer la veuve d’Andrew. L’ex-veuve puisqu’ils étaient divorcés.

Simone Tacchini-Brown – elle avait gardé son nom de femme mariée – avait tenu à venir à Perth s’occuper des funérailles de son ex. Elle était descendue au Hyattt Regency sur Adelaide Terrace, juste en face de Forest Hill Metal Ltd. Ange refit à pied le même trajet que le matin.

— Vous n’aimiez pas Perth ?

— Je préfère Melbourne. J’y ai ma famille et mes amis.

— Qu’est-ce que vous avez pensé quand vous vous êtes installés ici ?

— Que c’était un passage obligé pour Andrew. Et que c’était exotique…

— Perth, exotique ?

— C’est un peu comme ça qu’on la voit à Melbourne.

— Un exil ?

— Pour moi, oui. Pour Andrew, je ne sais pas.

— Il ne vous en parlait pas ?

— Andrew ne me parlait jamais de son travail.

— Vous habitiez où ?

— À Nedlands, juste à côté du parc.

— C’est là que j’habite moi aussi, à Matilda Bay.

— Oui, nous n’étions pas loin, en effet.

Une conversation plutôt qu’un interrogatoire. Simone Tacchini-Brown ne jouait pas l’éplorée, la veuve qui fait ses devoirs. Elle était là et elle faisait ce qu’elle avait à faire. Point. Elle ne se formalisait même pas qu’un flic lui dise qu’il habitait le même quartier élégant qu’eux.

— Vous n’avez pas d’enfants, n’est-ce pas ?

— Non.

La regarder droit dans les yeux, sans rien ajouter. Si elle fut surprise par la question, elle n’en montra rien. Et ne fit pas remarquer que c’était indiscret. Impossible alors de lui demander ce qu’elle savait de la vie souterraine de son ex-mari.

— Vous aviez gardé des contacts ?

— Bien sûr, nous nous parlions très souvent au téléphone. Andrew était resté mon meilleur ami. Je pense, mais je peux me tromper, que c’était pareil pour lui.

Une ombre de tristesse dans le regard. Quelque chose d’authentique qui évitait les larmes. Elle n’avait pas besoin de prouver quoi que ce soit.

Simone Tacchini-Brown était belle. Juste penser cela et ne pas pouvoir en dire beaucoup plus. Une beauté banale. Cheveux châtains en cascade sur les épaules, pas maquillée, un léger bronzage. Des lunettes noires qui lui servaient de serre-tête. Un beau visage lisse, un corps sculpté. Un tailleur beige qui n’avait pas besoin de claironner sa griffe. Mais il y a des centaines de belles femmes comme elle. Où était la vraie Simone ?

— Vous aviez beaucoup d’amis à Perth ?

— Pas tellement.

— Pourquoi ?

— Comment dire, nous n’étions pas d’ici. Il y avait bien le golf…

— Nedlands ?

— Non Cottesloe.

C’était plus chic et on soupçonnait qu’ils devaient fort bien jouer tous les deux, qu’ils y étaient pour le sport, pas seulement pour les relations. En Ange a ajouté :

— Un côté province ?

Un léger sourire.

— C’est vous qui y vivez… C’est vrai que je préfère Melbourne.

Il décida de passer à la vitesse supérieure. Il l’avait mise en confiance sans l’avoir cherché mais il n’était pas venu pour ça.

— Au fond, est-ce que sa mort vous a surprise ?

Elle mit un temps fou à répondre, ce qui était déjà un élément de réponse.

— Quelle drôle de question ! Est-ce que la mort de quelqu’un de jeune n’est pas toujours une surprise ? Et un choc violent ? Je n’ai rien connu de tel dans ma vie. Mes études, mon job, les universités, Andrew. Ma famille.

— Ils s’entendaient bien ?

Nouveau silence, moins long.

— Mon père ne s’entend avec personne. Il a un caractère impossible. Comment voulez-vous qu’on imagine que mon mari soit un jour assassiné ?

Elle avait dit mari. Pas ex-mari. Ange pensait que c’était une femme bien.

— Vous croyez que son travail aurait pu en être la cause ?

— Je ne crois rien. J’ai vu hier le patron de sa société. Je n’avais rien à lui dire. Lui non plus. Ces gens-là n’ont pas d’existence réelle pour moi. Après il y a tous les fantasmes qu’on peut mettre sur leur pouvoir. Il semblait savoir plus de choses que moi sur Andrew. Je ne sais pas si cela a à voir avec les négociations qu’ils mènent en ce moment avec les Chinois. Je peux vous le dire, les gens de ces boîtes-là n’ont pas d’âme. Andrew en avait une. Cherchez l’erreur. Ça ne veut pas dire qu’ils l’ont tué. Évidemment non. C’est juste que je ne les aime pas beaucoup

À brûle-pourpoint, Ange se décida à franchir le pas :

— Les milieux marginaux… Ceux qu’Andrew fréquentait parfois… Vous pensez qu’il aurait pu être la victime d’une mauvaise rencontre ?

Une fois encore, Simone ne broncha pas. Ange eut même l’impression que la question ne la surprenait pas, qu’elle s’y attendait. Et qu’elle s’y était préparée.

— Vous voulez parler de son homosexualité. Je ne crois pas que ce milieu-là soit criminogène. Qu’est-ce que vous en pensez, vous ?

Cattrioni dut réfléchir avant de continuer. Mais il devait faire vite pour ne pas se laisser aller à la moindre complicité.

— Bien sûr que non, madame. Simplement parfois les activités de la nuit peuvent attirer des pervers, des homophobes, des paranos, toutes sortes de marginaux. Ce n’est pas ce qui manque à Perth, comme ailleurs.

— Je crois qu’Andrew était quelqu’un de prudent, ne serait-ce qu’à cause de la discrétion nécessaire vis-à-vis de ses employeurs. Mais je n’en sais rien après tout.

— Parfois cette discrétion devient si pesante, qu’un acte manqué peut se produire et…

Elle le coupa aussitôt :

— C’est vous le spécialiste, pas moi.

Cattrioni et Simone se parlaient depuis une heure maintenant dans le bar désert du Haytt Regency qui ne se remplirait que plus tard, quand les cadres supérieurs commenceraient à débarquer après les heures d’enfermement dans leurs cages vitrées – leurs cages dorées ? – pour venir écluser des bières et du vin de Margaret River. Le soleil printanier était masqué par les vitres teintées et les rideaux sombres. Simone ne devait vraiment pas avoir trouvé son bonheur à Perth pour s’installer dans cet hôtel anonyme quand elle y revenait.

— Il ne vous parlait pas de son boulot, ok. Mais vous parliez de politique, des sujets de société, tout ça… Les Aborigènes aussi ?

— Qu’est-ce que vous croyez ! Ce n’est pas parce que son boulot ne m’intéressait pas que nous n’avions pas des conversations riches. J’ai fait des études de sociologie et c’est dans un cours de philo que nous nous sommes rencontrés quand nous étions étudiants. Je vois pourquoi vous me posez cette question, bien sûr. Vous avez mis du temps à oser me la poser. Mais comment l’éviter alors que tous les journaux nous acca­­­blent avec ça ?

Elle marqua un temps, regarda tout autour d’elle en secouant ses cheveux d’un souple mouvement du cou. Comme si elle était soudain surprise de se trouver là, ce qui était peut-être le cas. Tous ses gestes, depuis le début, étaient empreints d’une gravité froide.

— Andrew était tout sauf raciste. Si ce sont ces gens-là qui l’ont tué, s’ils l’ont choisi pour cible, ils se sont trompés. Andrew ne le disait à personne, surtout pas aux costumes sombres de Forest Hill Metal Ltd, il donnait de l’argent pour les écoles des communautés. Il avait bien raison. Je ne sais plus comment il y était arrivé. Peut-être l’indignation, tout simplement.

Quand Ange sortit de l’hôtel, le temps avait filé sans qu’il s’en aperçoive. Il était perplexe. Au-delà d’une espèce de courant de sympathie, sans doute illusoire, car ils appartenaient à deux mondes parfaitement hermétiques, il avait senti quelque chose d’obstiné, une sorte de mur infranchissable. Quelque chose qui avait à voir avec la force de caractère et le chagrin de cette femme. Mais quoi ?

Sa seule certitude était qu’ils avaient au moins un point commun : à un moment donné, ils avaient tous les deux serré dans leurs bras le corps d’Andrew.

Avant qu’il ne soit découpé en morceaux.

Les mâchoires du serpent
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