55) – Au cours de ces dernières heures, j’ai retrouvé le contrôle de mes nerfs. Cela provient essentiellement du fait que j’ai réparti de façon rationnelle mes périodes de repos entre les paragraphes : j’étire les jambes et fais de courtes promenades autour de ma cellule. Grâce à cet exercice, je suis parvenu à mieux concrétiser le monde exigu dans lequel je me trouve : un rectangle de quatre pas sur trois avec un lit dans un coin et une table avec sa chaise le long du mur opposé ; sur la table, mes documents de travail et le texte de La Caverne de Montalo. Je dispose également, ô luxe inouï, d’un petit trou pratiqué dans le sol pour y faire mes besoins. Une porte en bois massif sur des montants en fer me refuse la liberté. Aussi bien le lit que la porte, ne parlons pas du trou, sont ordinaires. La table et la chaise, cependant, ont l’air de meubles onéreux. Et je possède un abondant matériel pour l’écriture. Tout cela représente un bon stimulant pour me tenir occupé. L’unique lumière que mon geôlier m’autorise est celle de cette lampe misérable et capricieuse que je contemple en ce moment, placée sur la table. Ainsi donc, bien que j’essaie de résister, je finis toujours par m’asseoir et par continuer la traduction, entre autres pour ne pas devenir fou. Je sais que c’est exactement ce que souhaite Anonyme. "Traduis !" m’a-t-il ordonné à travers la porte il y a… combien de temps ?… mais… Ah, j’entends un bruit. Ce doit être la nourriture. Enfin. (N.d.T) ↵