Épilogue

Le France avait accompli sa mission au-delà de toutes les espérances. Il avait réussi la chose la plus rare. Des deux côtés de l’Atlantique, d’un bout du monde à l’autre, il avait fait rêver.

Il retrouva Le Havre et s’amarra majestueusement le long de son quai Johannes Couvert. Il était attendu par des milliers d’admirateurs, les larmes aux yeux de bonheur de le voir revenir.

Et la vie continua.

Michèle retrouva son cuisinier, Francis raccompagna Chantal jusque chez elle. Il l’épousa un jour, mais elle n’oublia jamais Andrei.

Sophie venait parfois lui rendre visite. Quand le vent soufflait sur la belle ville géométrique et large du Havre, quand il parcourait ses rues et balayait ce port immense aux bras déchiquetés sur l’océan, elle allait tout en haut du pont de Normandie aérien qui enjambait la mer. Elle regardait en bas la ville du Havre, contemporaine et légère, si belle et si nette face à ce grand horizon qui s’ouvrait devant elle. Le passé était loin, elle repensait à ce premier voyage, à ce magnifique paquebot qui les avait emportés un jour de février 1962. Le France avait changé sa vie. Elle y avait trouvé l’amour.

Il traversa bien d’autres océans, emporta bien d’autres voyageurs, et dans le secret de son salon à la flamme d’or il gardait intact le souvenir de cette étreinte passionnée entre l’officier Pierre Vercors et cette passagère qui croyait que la vie, c’était comme au cinéma.

Et puis le France accéda là où très peu d’êtres humains et de choses accèdent en ce bas monde. Il entra dans la légende...

Maison de Bernac-Debat,
août 2009.