Fils de Ramon Fernandez, Dominique Fernandez est né à Paris en 1929. Ecole Normale Supérieure, Agrégation d’italien. Nommé professeur à l’Institut français de Naples en 1957, il fut quelques mois plus tard suspendu de ses cours par les autorités françaises et renvoyé en France parce qu’il avait fait sur Roger Vailland une conférence qui manquait de caractère « officiel ». Il partage maintenant son temps entre la littérature et l’enseignement. Inventeur de la « psychobiographie », méthode d’interprétation psychanalytique qui met en parallèle une vie et une œuvre. De Porporino ou les mystères de Naples (Prix Médicis 1974) a été tiré un opéra joué au Festival d’Aix-en-Provence de 1979. Il donne régulièrement des articles à L’Express, à Diapason. Dominique Fernandez a obtenu le Prix Goncourt 1982 pour son roman Dans la main de l’ange.
Christ ou démon ? Saint ou bandit ? Un homme. Un homme seul contre tous, l’opposant par excellence, le rebelle absolu. De l’ère fasciste au temps des Brigades Rouges, c’est l’Italie contemporaine qui sert de cadre, de ferment, de nourriture à ce roman d’une vie. Il fallait ce pays traversé par la dictature, la guerre, la Résistance, puis les luttes partisanes, les scandales sans nombre, la violence du terrorisme, pour que prenne forme l’itinéraire de Pier Paolo, éternel marginal en dépit de sa célébrité, héros double comme son prénom qui évoque à la fois un fondateur d’Église et un aventurier de l’esprit.
D’une enfance idyllique auprès de cette mère chérie qui ne le quittera jamais, jusqu’à l’assassinat mystérieux sur une plage près de Rome, on le suivra dans chacune des étapes que l’ange du destin lui a fixées. Après les douceurs de l’adolescence et la simplicité païenne des premières passions, les procès, la haine, le mépris qui feront de lui un paria. Malgré la force et le succès des œuvres, malgré l’argent et la gloire rapportés par les livres et les films, une soif d’amour inapaisée jointe à un sentiment profond de culpabilité qui provoquera la tragédie. Si la plupart des événements, des lieux, des dates correspondent à la réalité, si parmi les personnages qui traversent ce récit plusieurs nous sont familiers, qu’ils s’appellent Toscanini, Moravia, Fellini ou Maria Callas, il ne faut pas chercher ici une biographie du légendaire P.P.P., toujours muet sur lui-même dans ses écrits, à jamais silencieux sur ses secrets. Il s’agit plutôt de la possession d’un créateur par un autre, tel que l’imaginaire seul peut le permettre.
Comme dans Porporino, Dominique Fernandez se glisse à l’intérieur d’un être authentique, et recrée à travers lui toute la vérité d’un homme et d’une époque. Ce qui n’empêche pas ce portrait d’être en même temps une manière de confidence romanesque. Chateaubriand l’a dit avant nous : « On ne peint bien que son propre cœur, en l’attribuant à un autre »