64

TASIA TAMBLYN

Lorsqu’on plaça les recrues des Forces Terriennes en condition de décompression d’urgence, leur panique fut si palpable que Tasia Tamblyn éclata de rire. Trois sergents instructeurs avaient poussé les jeunes blancs-becs dans un hangar en forme de coupole, dans la base militaire lunaire. Puis les portes s’étaient refermées en chuintant, et un compte à rebours était apparu sur le mur, ses chiffres défilant inexorablement. Des sirènes et des gyrophares avaient amplifié ce sentiment d’extrême urgence.

Tasia était parfaitement à l’aise avec les routines de décompression. Elle avait offert son aide aux Terreux apeurés, mais, par principe, ceux-ci se méfiaient des Vagabonds. Elle était donc restée en retrait et, à présent, contemplait leurs efforts comiques pour accomplir ce qu’elle avait fait toute sa vie.

Les soldats, principalement de jeunes hommes, couraient de-ci de-là, peu habitués à la gravité réduite de la lune. Ils trébuchaient en courant vers les casiers à combinaisons. Sous l’horloge qui continuait son compte à rebours, ils farfouillaient dans le bric-à-brac de gants dépareillés, de casques et de combinaisons argentées. Beaucoup de recrues paniquées passaient plus de temps à fixer l’horloge qu’à vérifier l’étanchéité des éléments de leur tenue.

Avoir grandi comme une Vagabonde permettait à Tasia d’enfiler une combinaison spatiale les yeux fermés – bien que ces modèles s’avèrent inutilement épais et empesés, dénués du dépouillement en usage chez les Vagabonds. Elle se rappela que les Forces Terriennes avaient d’autres priorités que le confort de leurs soldats. Néanmoins, ils auraient pu se soucier davantage de l’efficacité. Peut-être pourrait-elle modifier son équipement personnel, plus tard. Elle connaissait mille moyens d’arranger ce qui l’ennuyait dans sa conception.

Deux recrues se disputaient un casque, qui arborait la même bande rouge que leur combinaison. Tasia choisit un casque marqué en bleu, sachant qu’il suffisait de tourner un bouton et d’ajuster le col pour que les pièces s’emboîtent. Avec un lent hochement de tête, elle observa leurs singeries.

Laissons ces kloubes sucer du vide. Ça aspirera peut-être les gros mots de leur gorge.

Elle avait des raisons valables de s’être engagée, contrairement à ces frimeurs bons à rien. Après l’attaque d’Oncier, une poignée de ratés s’étaient enivrés, et s’étaient convaincus de s’engager pour une virée dans les FTD. Ils feraient sans doute dans leur pantalon s’ils devaient affronter un véritable ennemi, et Tasia devrait se débrouiller pour les sortir de ce mauvais pas. Si l’attaque extraterrestre n’avait pas été aussi vivace dans son esprit, cette situation l’aurait fait rire.

Néanmoins, ils semblaient tous en bonne voie de devenir officiers, même elle. Tasia ne pouvait compter sur aucun soutien, aucune relation au sein de l’armée terrienne. Mais ses notes étaient exemplaires – suffisamment pour qu’on la mette dans une classe ouverte. Suite à l’appel général du roi Frederick visant à recruter de nouveaux soldats et à la construction accrue de vaisseaux de guerre, le général Lanyan avait compris à quel point il avait un besoin urgent d’officiers. Apparemment, une Vagabonde qualifiée comme elle pouvait en profiter pour se glisser dans les rangs.

Tasia enfila sa combinaison avec aisance. Elle vérifia les joints, l’alimentation en énergie, et insuffla de l’air dans les différentes zones afin de s’assurer que la tenue resterait hermétique. Elle l’avait fait tellement de fois que, en dépit de son équipement de second ordre, chacun de ses mouvements était naturel et automatique. Un Vagabond considérait sa combinaison spatiale comme une maison ambulante. Et une maison doit être bien tenue, sinon cela peut vous coûter la vie…

Celui des querelleurs qui perdit la bataille se précipita dans le vestiaire et attrapa un autre casque. Il le verrouilla, le testant et l’ajustant en toute hâte jusqu’à ce que la plupart des voyants systèmes virent au vert.

À travers les baies transparentes du hangar en nid d’abeille, Tasia pouvait voir, au-dessus des têtes, l’éclat des étoiles lointaines, d’un blanc glacé. Il ne restait plus que vingt secondes au compte à rebours. Tasia verrouilla son casque au niveau du cou, et pressurisa la tenue. Elle inhala profondément, puis contrôla les indicateurs. Ils étaient au vert, à l’exception d’un voyant orange – le chauffage des bottes. Du bout de ses doigts gantés, elle tapa dessus, puis haussa les épaules. Cette manœuvre ne durerait pas longtemps, et elle pouvait supporter quelques orteils gelés, si nécessaire.

La plupart des recrues étaient prêtes, elles aussi. Certaines s’écroulèrent de soulagement sur le sol du hangar. Tasia n’était pas convaincue que les sergents instructeurs videraient réellement l’atmosphère, risquant ainsi de blesser les enfants de familles nanties de la Terre. Malheureusement, des soldats trop choyés finissaient par se surestimer, et se laissaient dépasser par les événements. Elle devrait garder un œil sur tout le monde, qu’ils s’en aperçoivent ou non. Elle devait conserver ses priorités à l’esprit, et se souvenir que les extraterrestres des abysses gazeux étaient l’ennemi – non ces quelques recrues engoncées dans leur tenue, incapables d’enfiler leurs gants.

Tasia aperçut, non loin de là, l’un des plus jeunes du groupe, Robb Brindle. Il s’était assis, un sourire de soulagement sur son visage brun foncé. Derrière la vitre bombée de son casque, ses traits étaient doux et harmonieux ; il avait des yeux ambrés, une voix douce de ténor qui paraissait faite pour le chant. Au cours des périodes de repos dans les quartiers des élèves officiers, Robb s’était toujours montré trop timide pour chanter lorsque Tasia avait passé quelques vieilles ballades de Vagabonds enregistrées par EA.

Contrairement à la plupart des recrues qui l’avaient bizutée, Robb l’avait acceptée d’emblée comme un compagnon d’armes – et comme ami. Il se joignait à elle au réfectoire en ignorant les regards de mécontentement.

Le compte à rebours arrivait à son terme, lorsque Tasia s’aperçut que la batterie de Robb était mal connectée à sa combinaison, ses fiches insérées en polarité inversée. Elle agrippa l’unité de contrôle de la combinaison, et tira les câbles d’un coup sec. Le soldat se retourna, inquiet, et lui lança une question par radio.

Tasia écarta sa main gantée d’un revers. Elle reconnecta convenablement les systèmes avec la précision d’un chirurgien.

— Allez, fais-moi confiance. Je sais ce que je fais.

Elle achevait juste quand le dôme au-dessus de leur tête s’ouvrit dans un craquement. Les lumières violettes se muèrent en balises de danger rouges, et le plafond blindé bâilla comme le bec d’un oisillon affamé. L’air jaillit à l’extérieur, formant une brume impalpable de cristaux de givre qui fut aspirée vers le haut dans un mouvement de tornade.

C’est agréable, d’avoir autant d’air à gaspiller, se dit Tasia.

Elle leva les yeux vers Robb, et lui donna une explication par le canal de la combinaison, afin de le tranquilliser :

— Ta batterie n’était pas bien connectée. Ta tenue ne se serait pas pressurisée.

La recrue laissa paraître son inquiétude – puis sa reconnaissance.

— Eh, merci pour…

— Ne le dis à personne, le coupa-t-elle. Et ne t’avise pas de t’épancher sur moi. Merdre, si la décompression t’avait fait exploser, le sergent m’aurait sûrement obligée à récurer la mélasse dans ta combinaison.

L’une des recrues commença à brailler des mots inintelligibles dans le canal radio de l’équipe. De l’air brumeux fusait autour de son poignet, et il se battait la main, comme si cela pouvait servir à quelque chose. Cet idiot n’avait pas fermé hermétiquement son gant gauche. Trois recrues se pressèrent autour de lui pour l’aider. Ils lui disaient de se calmer – ce qui n’avançait à rien, car avec une perte d’étanchéité de cette importance, l’air et la chaleur corporelle s’évacuaient en quelques secondes.

Tasia identifia le jeune homme : Patrick Fitzpatrick III, l’un de ces riches enfants gâtés de la Terre. Il s’était montré grossier à son égard, mais elle ne pouvait le laisser mourir, même de sa propre incompétence.

— Tasia à la rescousse, lança-t-elle, surtout pour elle-même.

Se propulsant sur le sol dans la basse gravité, elle arriva sur les lieux en quelques instants et repoussa les spectateurs de côté. Elle saisit le bras du jeune homme et lutta pour remettre le gant en place. Fitzpatrick la bourra de coups, et, sans la protection de son casque, Tasia lui aurait écrasé la mâchoire pour l’assommer temporairement. Sous l’effet de la décompression, sa main violacée avait déjà enflé, et le froid du vide avait probablement endommagé les tissus. Eh bien, il aurait mal durant un bon moment avant de pouvoir écrire des cartes postales à sa maman…

Elle revissa le gantelet, clipa l’anneau de serrage du poignet, et scella les agrafes. Le sifflement stoppa, et la combinaison commença à se regonfler.

— Là… Étape un, deux, puis trois. Ça ne fonctionne que si l’on suit la procédure.

Elle ne croyait pas que Fitzpatrick perdrait sa main, mais il souffrirait sans doute beaucoup pendant quelques mois. Peut-être serait-il renvoyé chez lui avec une décharge d’invalidité… et un kloube tout aussi détestable prendrait sa place. Mieux valait le garder, lui ; un emmerdement déjà connu vaut mieux qu’un qu’on ignore.

Tasia put lire dans les yeux de Fitzpatrick une terreur totale. Son abattement était plus mental que physique. Pour l’instant. La douleur réelle l’atteindrait plus tard, à l’infirmerie.

— Tu as résolu le problème, dit Robb Brindle, flottant vers elle tandis que la manœuvre se poursuivait.

— Il devra voir les toubibs dès que le hangar sera repressurisé.

Elle n’attendait aucune reconnaissance, aucun remerciement, mais peut-être se décrisperaient-ils un peu à son endroit. À la caserne, beaucoup de recrues l’avaient critiquée à propos d’EA, dont elle ne s’était pas séparée. Garder un comper talentueux était permis – on les qualifiait de « propriété personnelle » –, mais la possession d’un serviteur spécial donnait aux autres d’innombrables excuses de lui en faire voir de toutes les couleurs.

Mais elle aurait difficilement pu renvoyer EA seul sur Plumas, par le vaisseau familial des Tamblyn. Furieux, son père démonterait probablement le comper dans un accès de dépit, juste pour se venger de sa fille impulsive. Tasia avait amélioré la programmation d’EA afin qu’il effectue des corvées autour de la caserne de la base lunaire.

Le dôme demeura béant quelques secondes encore, puis ses mâchoires se refermèrent. Des grilles de ventilation crachèrent de l’air à grand bruit, atmosphérisant à nouveau le hangar. Une fois la salle repressurisée, les sergents instructeurs revinrent, flanqués d’une équipe médicale. Ils embarquèrent Fitzpatrick, ainsi qu’une autre recrue dont la pompe était tombée en panne ; il avait été près de suffoquer, avant que l’un de ses compagnons remarque sa détresse et ouvre le hublot de son casque dès que l’air avait afflué.

— Reformez les rangs, et changez-vous ! cria l’un des sergents. On fera un compte-rendu après la cantine – bien qu’à mon avis, la moitié d’entre vous ne mérite pas l’argent dépensé à vous nourrir.

Tasia retira son casque et se détourna afin de cacher son amusement, mais Robb Grindle l’aperçut et partagea son sourire avec elle.

— Encore merci, dit-il.

Il tint son casque et l’aida à ranger sa combinaison, bien que Tasia soit parfaitement capable de le faire elle-même. Néanmoins, une part d’elle-même apprécia cette ébauche de galanterie. Elle trouvait cela touchant.

Ils s’assirent ensemble à la cantine. Tasia écouta les recrues qui plaisantaient bruyamment sur le côté spongieux des légumes, mais elle-même les trouvait délicieux. Les Vagabonds n’avaient pas les papilles aussi exigeantes, et ils savaient que les qualités nutritives des mets étaient plus importantes que leur saveur.

Elle leva les yeux vers le visage franc et ouvert de Brindle.

— Raconte-moi donc ton histoire. Tu ne colles pas avec le reste de ces kloubes.

Il parut troublé.

— Je suppose qu’il faut être soi-même un marginal pour le remarquer, mais… ouais, je suis différent. Ces gars se sont engagés par défi, parce qu’ils ont entendu l’appel du roi Frederick, et maintenant la plupart d’entre eux le regrettent. Moi, j’ai toujours su que j’entrerais dans les FTD, depuis que je suis gamin.

— Tu n’as pas d’ambitions extravagantes, à ce que je vois, dit Tasia.

— Eh, je suis un gosse de Terreux. Mes parents étaient dans l’armée. J’ai grandi dans des stations militaires dans le désert de Gobi et en Antarctique. On a même résidé sur Mars pendant deux ans. Ça m’a semblé tout à fait naturel. (Il avala rapidement sa ration.) Je n’ai jamais vraiment songé à une alternative. J’ai toujours su ce que je ferais.

Il repoussa son plateau et se rapprocha.

— À ton tour. Qu’est-ce que toi, tu fiches ici ? Les Vagabonds ne font pas vraiment la queue pour s’engager dans l’armée. Je regrette la façon dont les autres te traitent, tu sais. Je suppose qu’ils ont besoin de s’en prendre à quelqu’un, jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un véritable ennemi.

Elle haussa les épaules.

— D’après mon expérience, ce genre de comportement est souvent le symptôme d’un pénis particulièrement petit.

Robb gloussa. Après cette saillie, Tasia se mit à raconter l’histoire de Ross et de la station du Ciel Bleu, puis sa fuite pour s’engager chez les Terreux. Il l’écouta avec compassion, puis frissonna d’entendre le témoignage direct d’une rencontre avec les mystérieux ennemis extraterrestres. Il se montra également fasciné par ses descriptions de la vie des Vagabonds, qui demeurait un mystère pour la plupart des gens. Robb finit sa tasse de café amer, vit que la sienne était vide, et l’attrapa au passage pour aller la remplir au distributeur. Il posa une seconde tasse devant elle, bien qu’elle n’ait rien demandé.

— Ce doit être difficile pour vous, les Vagabonds, de vivre sans foyer, alors que toute la galaxie n’attend que d’être colonisée, que tant de mondes de la Hanse sont disponibles. Je suis surpris que vous continuiez à vivre dans vos vaisseaux comme des gitans.

Tasia le détrompa :

— Nous préférons ne dépendre que de nos propres ressources et nos capacités ; ne pas nous laisser dorloter, comme ces crétins lors de l’exercice de décompression d’aujourd’hui. Ils ne survivraient pas à dix minutes de travail ordinaire, dans une colonie de Vagabonds.

— Moi non plus, sans doute.

Tasia éclata de rire.

— À moins que je ne sois là à te donner un coup de main, comme tout à l’heure. Mais ce n’est pas parce que nous ne possédons pas de colonie sur de belles planètes, que nous n’avons pas de foyer. Notre foyer se trouve parmi notre peuple, où que l’on se trouve. Ce n’est pas un endroit, mais une… idée.

— Comme la famille, compléta Robb.

Elle opina du chef. Mais ce commentaire ramena ses pensées vers Jess, puis vers son père… et enfin Ross, qui avait travaillé si dur pour réussir sur Golgen. Alors, sa colère à l’encontre des extraterrestres qui avaient assassiné son frère sans raison brûla plus fort en elle.

Elle laissa le café intact sur la table, et rapporta son plateau au recycleur. Robb l’observa, se demandant probablement ce qu’il avait fait de mal. Mais Tasia désirait seulement être seule.

L'Empire caché
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