Dans ce chapitre :
Les conseils pour être le mieux armé
Les risques à éviter
En premier lieu : écouter
C’est le plus important et, pour certains d’entre vous, le plus difficile : le premier travail d’un candidat au bac consiste à écouter attentivement un cours. Combien de catastrophes à l’examen auraient été évitées si ce simple conseil avait été suivi ?
Malheureusement, ce travail est devenu difficile pour beaucoup d’entre vous, parce que depuis la maternelle ceux qui sont capables d’être attentifs plus de dix minutes de suite sont ultra-minoritaires. La société dans laquelle nous vivons, les stimulations diverses qu’elle offre sous forme d’images, de bruits, de rêves et de marchandises rendent presque héroïque une prise d’habitude en matière d’attention. Être attentif dans une société de distraction, et au milieu d’un groupe ou d’une foule de distraits, relève parfois d’un exploit !
À cette difficulté s’ajoute celle qui est propre à la philosophie elle-même, une discipline nouvelle (sauf pour les redoublants, et encore !), qui peut paraître inutilement compliquée et ennuyeuse.
Enfin, il convient de faire la part du rapport plus ou moins difficile que vous aurez eu avec votre professeur de philosophie, le « prof de philo », avec tout ce que cela peut entraîner de meilleur ou de pire. Même si vous êtes d’entre les plus Nuls, sachez que votre humeur en classe dépendra presque à coup sûr beaucoup plus de vous, c’est-à-dire de votre caractère et de votre histoire personnelle, que de votre professeur et que de la philosophie.
Quoi qu’il en soit, rien ne remplacera vraiment les cours dispensés par votre professeur. Ne vous dites pas : « cela m’ennuie ! [en général, vous dites quelque chose de nettement plus hard], donc je n’écoute pas ». Dites-vous plutôt : « plus j’écouterai, plus je serai attentif, et moins cela m’ennuiera ! » Faites donc un effort, même si cela dépasse vos habitudes : vous verrez, vous y prendrez goût, et en bonus le temps passera plus vite !
Écouter, c’est aussi participer. N’hésitez pas à poser des questions, à dire que vous ne comprenez pas (aucun professeur n’est aussi sévère que vos camarades de classe – la censure la plus forte vient d’eux plutôt que de lui), manifestez votre audace et votre liberté en parlant « philosophie » en classe de philosophie ! Au début, vous passerez pour un fayot, à la fin ce sont les autres qui seront des légumes !
Écouter, c’est aussi prendre des notes. Écrivez ce que vous ne savez pas, le nom des philosophes inconnus, les concepts nouveaux, les arguments différents.
Ne vous dîtes surtout pas : « les textes ne serviront qu’aux blaireaux qui passeront l’oral de rattrapage ». Les programmes sont constitués par des notions (fixées) et par des auteurs (au choix du professeur à partir d’une liste proposée). L’étude des textes fait partie intégrante du cours ; elle constituera pour vous une base de connaissances indispensable.
Qu’est-ce qu’on peut apprendre en philosophie ?
Évidemment, on n’apprend pas un cours de philosophie comme on apprend un cours de géographie ou de biologie. D’ailleurs, on n’apprend pas « un cours de philosophie » mais « la philosophie », ou plutôt « de la philosophie ».
La première chose qui doit être apprise est le sens des mots utilisés en cours ou dans les textes.
Pour ce travail, un lexique que vous constituerez vous-même viendra en complément de vos notes de cours. Ne laissez rien dans l’ombre. Le jour de l’examen, celui d’entre vous qui saura utiliser à bon escient un concept, pas forcément difficile, mais précis (comme « nécessité » ou « état de nature », ou encore « hédonisme »), bénéficiera d’un avantage sélectif par rapport à ses camarades.
Il est inutile d’apprendre « la vie » des grands philosophes. En revanche, mieux vaut savoir à quelle époque ils ont vécu (cela dit, aucune connaissance déterminée n’est exigée en ce domaine).
Il est en revanche utile et même nécessaire de connaître les grands courants de pensée, et les controverses auxquelles ils ont participé (vous pouvez vous reporter aux chapitres 34 et 38 de ce guide pour prendre connaissance des choses les plus fondamentales en la matière).
Si votre professeur et les correcteurs ne vous en voudront pas de ne pas faire de citations, en revanche ils vous gratifieront si vous en faites.
Que faire en dehors de la classe ?
Bien sûr, en premier lieu, les devoirs écrits qu’on vous aura donnés. Plutôt que de les bâcler à la six-quatre-deux, profitez de ces devoirs pour faire quelques recherches personnelles, qui enrichiront votre culture et fortifieront votre pensée.
Utilisez les dictionnaires d’usage courant et les dictionnaires de philosophie pour connaître le sens exact des mots. N’hésitez pas à parler des sujets et des problèmes avec vos camarades ou avec les gens de votre famille. La philosophie est née en grande partie du dialogue, elle pourra aussi naître en vous du dialogue !
Les manuels, même si la plupart sont d’accès difficile, sont un complément utile au cours. Parfois même, hélas !, lorsque le professeur a été longtemps absent sans qu’il ait été remplacé ou sans qu’il ait pu rattraper ses cours, les manuels sont un complément indispensable. Il est très important que toutes les notions du programme aient été vues par vous. Si cela n’est pas le cas, pour une raison ou pour une autre, faites vous-même les recherches : vous ne pouvez pas le jour de l’examen arriver en ne sachant rien sur une ou plusieurs notions du programme.
Lorsque vous lirez un chapitre de manuel ou un article de dictionnaire, ou encore un extrait d’œuvre, ou enfin un texte en entier, prenez des notes : écrire est une façon de s’approprier un contenu nouveau (c’est pourquoi prendre des notes durant le cours, c’est déjà apprendre).
La philosophie est partout (rendez-vous ! vous êtes cerné !), donc pas seulement dans les livres de philosophie, et même pas seulement dans les livres, mais aussi dans les journaux et magazines, dans les expositions, au cinéma, etc.
Prenez l’habitude de relier quelque chose que vous aurez fait, vu ou entendu à une notion du programme : la conscience, la liberté, le bonheur, etc. Ainsi, vous pourrez enrichir votre réflexion et fortifier votre culture (plus haut, c’était l’inverse !).
Pour ceux qui ont des habitudes de grand navigateur, Internet est un outil très précieux, et pas seulement pour les corrigés des sujets de dissertation…
Il existe désormais un très grand nombre de sites consacrés à la philosophie et à la philosophie pour le bac (webphilo, philocours, weborama, etc.). Philogora est l’un des meilleurs, sinon le meilleur. Heraclitea et Hippias vous donneront tout ce que vous avez toujours voulu savoir sans jamais oser le demander sur les systèmes de philosophie et les philosophes.
Réviser
Ce n’est un secret pour personne : les meilleures révisions, les plus efficaces, sont celles qui sont faites durant toute l’année. Rien de pire qu’un travail par à-coups (une journée non-stop suivie d’une semaine de bidouille), sinon la révision de dernière heure, voire de dernière minute.
Travailler même un peu, mais régulièrement, vaudra toujours mieux que travailler beaucoup en dents de scie (c’est vous qui, dans ce cas, serez scié !).