Chapitre 35

Entraînez-vous sur les sujets de 2012 !

Dans ce chapitre :

À quoi fallait-il penser pour avoir une bonne note en philosophie au bac 2012 ?

Les 12 sujets des séries générales et technologiques corrigés

Il n’y a évidemment pas de corrigés de philosophie comme il y a des corrigés de mathématiques ou de géographie. Il y a beaucoup plus de façons de réussir que de manquer un devoir de philosophie. Ces corrigés ne sont donc pas des modèles, mais des exemples. Et puis n’oubliez pas que ce ne sont que des résumés.

Série L

1er sujet : Que gagne-t-on en travaillant ?

Pas question, évidemment, de se contenter de mettre sur sa copie « Des clopinettes ! », et de partir.

Derrière sa formulation banale, ce sujet est pratiquement une question de cours. C’est pourquoi on se contentera ici d’indiquer les idées essentielles, qu’une dissertation rédigée devra développer.

Introduction

La question nous invite à réfléchir sur la fonction, l’utilité, le sens de travail.

Première partie : Le travail satisfait les besoins et les désirs humains

C’est la première chose à laquelle on pense, il convient donc de commencer par elle. L’homme est un être de besoins et de désirs, et seul le travail (entendu comme un ensemble d’activités productrices) peut les satisfaire.

Mais ce que nous montre le drame du chômage, c’est que la privation de travail ne touche pas seulement le niveau ou le mode de vie (moins d’argent, moins de consommation, etc.). On gagne en travaillant autre chose que de l’argent, et l’on perd bien plus que de l’argent en perdant son travail ou en n’en trouvant pas, même si cela n’est pas toujours conscient.

Deuxième partie : Le travail est un moyen de reconnaissance sociale

Le travail est toujours une activité sociale, comme l’a montré Marx. Même si je suis seul à travailler dans mon champ, dans mon atelier, de mon bureau, mon activité est un élément de tout un réseau humain et technique (les outils et les machines, les fournisseurs et les clients, les collègues, etc.). Travailler, c’est faire partie d’une société. Inversement, le chômage est une forme de désocialisation.

Troisième partie : Le travail est une expression de la personnalité

Par le travail, j’exprime ce que je suis. Même si le travail est mécanique, répétitif, sans intérêt, il y a souvent moyen de « faire bien » son travail, et celui qui le fait en retire une certaine fierté. Il n’est pas étonnant dès lors que le chômage s’accompagne souvent de honte, alors même qu’il est dû à des facteurs extérieurs et que la victime de ce drame n’en est pas responsable.

Conclusion

Comme on le voit, on gagne beaucoup à travailler, et on perd beaucoup à ne pas travailler, beaucoup plus qu’on ne le croit.

2e sujet : Toute croyance est-elle contraire à la raison ?

Beaucoup de candidats ont pris « croyance » uniquement dans le sens de croyance religieuse. N’oubliez pas qu’il y a des croyances dans tous les domaines, et que les croyances religieuses n’en sont qu’une sorte.

Introduction

La façon dont la question est posée (c’est le cas des énoncés qui commencent par « tout », ou « tous ») implique une réponse presque inéluctable : c’est non ! Maintenant, il faut argumenter.

Première partie : La croyance est irrationnelle

Commençons par la thèse la plus évidente : il y a croyance là où la raison est impuissante à rendre compte de la réalité. Depuis Platon, la philosophie oppose la science ou la raison à l’opinion. Lorsque je ne peux pas savoir, il me reste la croyance. D’où les croyances religieuses (la création du monde par Dieu, l’existence de l’âme, la vie après la mort, etc.).

Deuxième partie : Il existe des croyances rationnelles

Christophe Colomb croyait pouvoir atteindre les Indes en prenant la route maritime de l’Ouest. En sciences, les hypothèses qui n’ont pas pu être démontrées sont par ailleurs et de fait des croyances. Nietzsche allait jusqu’à dire que c’est la science tout entière qui repose sur des croyances, à commencer par la croyance en la vérité même de la science.

Troisième partie : Il faut distinguer irrationnel et suprarationnel

Et même si l’on considère les croyances religieuses, peut-on vraiment dire qu’elles sont irrationnelles ? Certaines le sont (la révélation de la parole de Dieu à un prophète, l’immaculée conception de Marie, le mystère de la Trinité…), mais est-il irrationnel de croire à une forme de vie après la mort ? Ou simplement à l’existence de Dieu ?

Il faut donc opérer une distinction entre ce qui est contraire à la raison (l’irrationnel) et ce qui est au-dessus de la raison (le suprarationnel). En fait, les croyances franchement irrationnelles (comme celle que développaient les nazis sur les juifs dominant le monde, à la fois par le capitalisme et le communisme) sont, et c’est heureux, assez rares.

Conclusion

La plupart des philosophes contemporains ont procédé à une certaine réhabilitation de la croyance. Ce faisant, ils ont contesté l’opposition, traditionnelle depuis Platon, entre la raison et la croyance.

3e sujet : Explication de texte


« La fin de l’État n’est pas de faire passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d’automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s’acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu’eux-mêmes usent d’une Raison libre, pour qu’ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu’ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l’État est donc en réalité la liberté. Nous avons vu aussi que, pour former l’État, une seule chose est nécessaire : que tout le pouvoir de décréter appartienne soit à tous collectivement, soit à quelques-uns, soit à un seul. Puisque, en effet, le libre jugement des hommes est extrêmement divers, et que chacun pense être seul à tout savoir et qu’il est impossible que tous opinent pareillement et parlent d’une seule bouche, ils ne pourraient vivre en paix si l’individu n’avait renoncé à son droit d’agir suivant le seul décret de sa pensée. C’est donc seulement au droit d’agir par son propre décret qu’il a renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite, nul à la vérité ne peut, sans danger pour le droit du souverain, agir contre son décret, mais il peut avec une entière liberté opiner1 et juger et en conséquence aussi parler, pourvu qu’il n’aille pas au-delà de la simple parole ou de l’enseignement, et qu’il défende son opinion par la raison seule, non par la ruse, la colère ou la haine. »

Spinoza, Traité théologico-politique.


La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question [avertissement figurant sur la feuille d’examen].

Un texte remarquable, mais dense, et dont la difficulté est aggravée par une traduction qui manque d’élégance (la première phrase n’est pas syntaxiquement correcte).

Introduction

Dans ce texte, Spinoza se fait le défenseur résolu de la démocratie. Mais la liberté qui caractérise ce régime n’est pas l’autorisation d’agir selon son bon vouloir personnel. Il n’y a pas de liberté politique sans le respect d’un contrat implicite : en échange d’une volonté personnelle qui ne serait qu’égoïste, le citoyen se voit garantir une liberté de pensée qui n’aurait d’autres limites que celles prévues par la loi. La démocratie est un régime d’État de droit.

N’hésitez pas à entrer directement dans le vif du sujet. Trop de candidats tournent autour du pot dans l’introduction.

Première partie : La fin de l’État est la liberté, qui est un droit naturel

L’État est l’ensemble des mécanismes et des organes de pouvoir au sein d’une société humaine. La question du sens et de la finalité de l’État a divisé les philosophes. Alors que pour Hobbes, l’État a pour fin première d’assurer la sécurité des citoyens, pour Spinoza, il a pour fonction d’assurer la liberté des hommes.

Toujours essayer de dire à quel point de vue un philosophe s’oppose. Se rappeler qu’un philosophe, lorsqu’il écrit, n’écrit pas seulement pour défendre une thèse, mais aussi pour en critiquer une autre.

Lorsque Spinoza dit que « la fin de l’État n’est pas de faire passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d’automates », il signifie deux choses : d’une part que les hommes sont des êtres raisonnables par nature, et d’autre part que la pratique habituelle des États est de les transformer en animaux sauvages ou en robots. Au XVIIe siècle, Spinoza ne connaissait que les tyrannies pour illustrer son propos. À l’époque moderne, nous avons vu des régimes pires encore (les régimes totalitaires) retirer aux hommes leur raison et leur liberté, les dressant ainsi les uns contre les autres par leurs passions.

Deuxième partie : L’État suppose que l’individu renonce à son désir d’agir selon son bon vouloir

Ce que dans ce texte Spinoza appelle « le pouvoir de décréter » correspond à ce que nous appelons le pouvoir législatif.

Depuis les Grecs (Platon, Aristote), les philosophes distinguaient trois types de pouvoir : la monarchie (un seul décide), l’aristocratie (quelques-uns décident) et la démocratie (tous décident). Spinoza reprend cette tripartition dans ce texte.

Expliquer un texte, c’est, entre autres, mettre en rapport certains éléments de ce texte avec des références tirées de l’histoire de la pensée philosophique. Ces références ne sont jamais obligatoires, mais elles vaudront toujours au candidat qui aura été capable de les donner, un avantage certain.

Comme les hommes sont tous différents les uns des autres, qu’ils ont des opinions différentes, et des intérêts non seulement différents mais contradictoires, un ordre politique et social serait impossible sans concession. C’est ce que Spinoza veut dire lorsqu’il écrit que l’individu doit renoncer « à son droit d’agir suivant le seul décret de sa pensée ». Sans être explicitement formulée, la théorie du contrat social est donc au cœur de cet extrait : les hommes ont, par droit naturel, la possibilité d’agir et de vivre selon leurs désirs, mais, vivant dans une société politiquement organisée (à la différence des sociétés animales), ils doivent renoncer à leur égoïsme.

Troisième partie : Si l’État détient le monopole du pouvoir, il doit garantir la liberté de pensée

La théorie du contrat social (dans l’état de nature, les hommes jouissent d’une liberté naturelle ; dans l’état social ou civil, ils bénéficient de la sécurité en échange de cette liberté) risque de déboucher sur la tyrannie. Fervent partisan de la démocratie, et seul grand philosophe à l’être à son époque, Spinoza conçoit l’État comme le garant des droits naturels de l’être humain, et non comme son fossoyeur.

Seulement, il s’appuie sur une distinction et une restriction. Si le citoyen s’en remet au « souverain » pour ce qui concerne le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif (par « souverain », il convient d’entendre le détenteur du pouvoir souverain, qui peut être une assemblée aussi bien qu’un roi), cela ne signifie en aucun cas qu’il a renoncé à sa liberté de penser et de juger.

Si la commission qui a choisi les sujets a jugé bon de mettre en bas de page une note à « opiner », elle ne l’a pas fait pour « souverain », qui prête aussi à équivoque.

Si l’État, dans sa forme démocratique, garantit la liberté de penser et de juger, cela ne signifie évidemment pas que les hommes auraient le droit d’exprimer leurs passions (colère ou haine). Ainsi la plupart des États démocratiques modernes, qui ont intégré la liberté de croyance et d’opinion comme des droits de l’homme, ont-ils prévu de sanctionner comme des délits les appels à la haine raciale, sans que cela pût être interprété comme une violation de liberté.

Conclusion

Dans ce texte, Spinoza se montre précurseur de plusieurs concepts constitutifs de l’ordre politique contemporain : démocratie, État de droit, droits de l’homme. Certes, ces termes ne figurent pas explicitement dans ce texte, mais les idées qu’ils véhiculent s’y trouvent constamment.

L’intérêt d’un texte philosophique n’est pas nécessairement lié à son caractère actuel. Au contraire, un texte peut être d’autant plus intéressant qu’il est inactuel, car il nous fait comprendre par contraste une part de notre réalité présente.

Série ES

1er sujet : Peut-il exister des désirs naturels ?

C’est le type même de question entièrement ouverte. Les deux options contraires sont également possibles. Le candidat ne doit donc pas s’imaginer que le correcteur s’attend à une réponse unique.

Introduction

La question sous-entend que les désirs, ou du moins la plupart des désirs ne sont pas innés mais acquis, par l’expérience personnelle, par la vie en société, au cours de l’histoire.

Comme les deux options contraires sont possibles (il y a des désirs naturels/ il n’y a pas de désirs naturels), l’ordre des parties du développement dépend évidemment de la thèse défendue par le candidat. Le plan qui suit (comme d’ailleurs tous les autres de ce chapitre et du suivant) n’est pas un modèle, mais un exemple.

Première partie : Il y a des désirs naturels

Épicure distinguait les plaisirs naturels et nécessaires (comme celui de boire quand on a soif), les plaisirs naturels et non nécessaires (comme celui de manger un repas raffiné), et les plaisirs ni naturels ni nécessaires (ceux qui sont liés à l’argent, au pouvoir, à la réputation). Cette tripartition peut valoir pour les désirs.

Seconde partie : Les désirs sont acquis

La différence qui existe entre un besoin et un désir vient justement de ce qu’un besoin est naturel, du moins au départ, alors que le désir est dérivé, plus compliqué que le besoin. On peut le constater avec la différence entre besoin sexuel et désir sexuel.

Par ailleurs, la vie en société introduit en l’homme des désirs qu’il n’aurait jamais eus s’il avait vécu dans une autre société ou à une autre époque. Il est évident que l’adolescent du temps de Louis XIV ne désirait ni voiture ni vêtements de marque.

Conclusion

On peut trouver une manière de synthèse entre les deux thèses contraires en affirmant que la base de nos désirs est liée à notre nature d’êtres humains, mais qu’en revanche la manière dont ces désirs s’expriment, les objets sur lesquels ils se portent dépendent de la culture à laquelle on appartient.

2e sujet : Travailler, est-ce seulement être utile ?

Comme ce sujet recoupe une bonne partie du premier sujet de la série L (voir plus haut), on fera ici un résumé rapide des idées essentielles.

Par ailleurs, rappelez-vous que toutes les fois que vous rencontrez l’adverbe « seulement » dans un énoncé, vous pouvez être sûr que la réponse attendue est négative.

Introduction

Le travail est l’ensemble des activités productrices grâce auxquelles l’être humain satisfait ses besoins et en crée de nouveaux. L’utilité est une relation positive, avantageuse entre des moyens et une fin visée.

N’oubliez pas qu’il faut toujours définir les termes du sujet, même ceux qui paraissent évidents. Si nous ne le faisons pas toujours nous-mêmes ici, c’est faute de place.

Première partie : L’utilité du travail

Le travail satisfait des besoins. Travailler c’est également avoir une utilité sociale.

Seconde partie : Le travail n’est pas seulement utile

Il est plus qu’utile : il est nécessaire.

Il est indispensable à l’estime de soi. Sigmund Freud disait qu’être normal, c’est aimer et travailler. Aimer, c’est entretenir des relations avec autrui. Travailler, c’est entretenir des relations avec le réel. De fait, les individus atteints des troubles psychiatriques les plus graves sont incapables d’aimer et de travailler. Inversement, le travail est parfois utilisé comme moyen thérapeutique pour soigner certains troubles psychiques.

Conclusion

N’oublions pas également ce qu’il peut y avoir de gratuit, au sens noble du terme, dans le travail. Il y a une part de jeu dans le travail, même le plus routinier, même le moins intéressant. Et puis n’oublions pas non plus qu’il n’y a pas de travail sans pensée, sans activité psychique, et qu’il y a là une manifestation précieuse de liberté.

3e sujet : Explication de texte


« En morale, les règles éternelles d’action ont la même vérité immuable universelle que les propositions en géométrie. Ni les unes ni les autres ne dépendent des circonstances, ni des accidents, car elles sont vraies en tout temps et en tout lieu, sans limite ni exception. “Tu ne dois pas résister au pouvoir civil suprême” est une règle qui n’est pas moins constante ni invariable pour tracer la conduite d’un sujet à l’égard du gouvernement que “multiplie la hauteur par la moitié de la base” pour mesurer la surface d’un triangle. Et de même qu’on ne jugerait pas que cette règle mathématique perd de son universalité parce qu’elle ne permet pas la mesure exacte d’un champ qui n’est pas exactement un triangle, de même on ne doit pas juger comme un argument contraire à l’universalité de la règle qui prescrit l’obéissance passive le fait qu’elle ne touche pas la conduite d’un homme toutes les fois qu’un gouvernement est renversé ou que le pouvoir suprême est disputé.

Il doit y avoir un triangle et vous devez vous servir de vos sens pour le connaître, avant qu’il y ait lieu d’appliquer votre règle mathématique. Et il doit y avoir un gouvernement civil, et vous devez savoir en quelles mains il se trouve, avant qu’intervienne le principe moral. Mais, quand nous savons où est certainement le pouvoir suprême, nous ne devons pas plus douter que nous devons nous y soumettre, que nous ne douterions du procédé pour mesurer une figure que nous savons être un triangle. »

Berkeley, De l’obéissance passive.


Introduction

Il est aujourd’hui communément admis que l’ordre logique de la vérité et l’ordre moral du bien n’obéissent pas aux mêmes règles. Ce qui est scientifiquement vrai l’est pour tout le monde, tandis que les hommes divergent à la fois sur leur conception du bien et dans leur manière de faire.

Or, pour Berkeley, les règles de l’action (morale et politique) ont la même universalité que les règles des mathématiques. Comment ce philosophe peut-il soutenir une pareille thèse, à laquelle aujourd’hui pratiquement plus personne ne croit ?

Un texte philosophique est l’énoncé d’une thèse philosophique, et non d’une vérité. Expliquer un texte, c’est en dégager le sens, c’est-à-dire les raisons qui ont pu conduire un auteur à soutenir telle ou telle idée.

Première partie : L’existence de règles pratiques universelles selon Berkeley

Pour Berkeley, les règles pratiques qui ordonnent le comportement des hommes ont la même universalité, la même immuabilité que les propositions géométriques, indépendantes de l’espace et du temps (on dirait aujourd’hui : des conditions socio-historiques). Les Chinois n’ont pas une manière à eux de calculer l’aire d’un triangle, et on n’imagine pas une société humaine pour laquelle le rapport entre la circonférence et le diamètre d’un cercle n’aurait pas la valeur de pi.

Selon Berkeley, le devoir d’obéissance à l’égard du souverain (le « pouvoir civil suprême ») est une règle aussi invariable que la formule qui nous permet de calculer l’aire d’un triangle. Cette thèse est d’origine platonicienne. Platon, en effet, n’a pas cessé de combattre les sophistes qui défendaient des thèses relativistes (selon lesquelles ce qui est vrai pour l’un ne l’est plus pour l’autre, ce qui est bon pour l’autre ne l’est plus pour l’un), et il posait le Bien comme une idée transcendante (supérieure au monde sensible).

Pensez à dire ce que vous savez, si vous le savez, bien sûr, et à condition, bien sûr, que cela ait un rapport au texte.

Deuxième partie : Les exceptions ne ruinent pas la règle

Aristote avait déjà noté l’écart entre la perfection d’une règle et les imperfections de ses domaines d’application. Ainsi les terrains n’ont-ils jamais une forme rigoureusement triangulaire ou circulaire. Mais cela n’empêche pas les formules de la géométrie d’être toujours vraies.

De même, écrit Berkeley, le devoir d’obéir à l’autorité souveraine n’est pas ruiné du fait qu’il existe concrètement, dans l’histoire des sociétés, des émeutes, des guerres civiles et des renversements de gouvernement.

Troisième partie : Le devoir d’obéir est-il absolu ?

Berkeley est empiriste : selon lui, nous ne pouvons pas penser au triangle en général, dès que nous pensons un triangle, nous le pensons nécessairement comme isocèle, équilatéral ou scalène. À cet égard, sa philosophie est aux antipodes de celle de Platon.

L’auteur de l’extrait de texte n’est pas censé être connu du candidat. Mais il est certain que si le candidat a entendu parler de l’auteur et a quelques idées sur lui, cela le guidera efficacement dans son explication de texte. En l’absence de connaissances certaines, la plus grande prudence est de mise. Ici, mieux vaut ne rien dire que dire des bêtises.

Le devoir d’obéissance ne s’applique pas à n’importe quel pouvoir, mais au pouvoir suprême, qui est celui du « gouvernement civil », c’est-à-dire des autorités de l’État.

Conclusion

Il est clair que Berkeley privilégie l’ordre et la sécurité aux dépens de la liberté et de la justice. À cet égard, il est bien éloigné des idéaux démocratiques qui ont fini par prévaloir à partir de la fin du XVIIIe siècle.

Bien plus, des théories libertaires ou anarchistes ont parlé d’un droit et même d’un devoir de désobéissance lorsque le pouvoir souverain viole les droits des citoyens. Mais ce serait une erreur de déduire de ce texte que Berkeley se fait le défenseur d’une obéissance inconditionnée à n’importe quel type de pouvoir. Par ailleurs, le fait que dans les démocraties modernes le parti vaincu aux élections reconnaisse sa défaite, et le fait qu’à la suite d’un changement de gouvernement l’obéissance des citoyens doit rester la même montrent bien qu’un régime de liberté politique ne peut se passer de ce devoir d’obéissance dont Berkeley traite dans ce texte.

Série S

1er sujet : Avons-nous le devoir de chercher la vérité ?

Un sujet particulièrement difficile. On n’a plus l’habitude de parler de la vérité en termes de devoir. Ne vous laissez pas enfermer dans un seul domaine de vérité (celui de la science ou de l’information quotidienne). Comme toujours, prenez le sujet dans toute son ampleur.

Introduction

La vérité est la qualité d’un énoncé conforme à la réalité objective. La recherche de la vérité peut correspondre à un besoin, à un désir, à un intérêt. Le sujet nous invite à nous interroger sur le sens moral de la recherche de la vérité. Parler de devoir, en effet, c’est s’inscrire dans la sphère morale.

L’ordre des parties du développement dépend évidemment de la thèse que vous défendez. Si vous pensez que nous avons le devoir de chercher la vérité, consacrez alors une première partie aux autres motivations possibles.

Première partie : Le besoin et le désir de vérité

Dans cette partie, on analysera le besoin et le désir de vérité. Également l’intérêt (qui peut être matériel aussi bien qu’intellectuel) qu’il y a à chercher la vérité. On peut prendre aussi bien l’exemple de la recherche de la vérité par un journaliste que celui de la recherche de la vérité par un physicien.

Seconde partie : La valeur morale de la vérité

La vérité est ce qui permet l’accord des esprits. La vérité seule est universalisable. En effet, rien dans ce qui s’oppose à la vérité – que ce soit l’ignorance, l’erreur, le mensonge, l’illusion, la croyance irrationnelle – ne peut être universalisé sans dommage.

Le correcteur appréciera les analyses précises (par exemple, celle du mensonge) appuyées sur des exemples pertinents. Servez-vous de vos connaissances en sciences et en histoire.

Conclusion

Nous pouvons avoir le devoir de chercher la vérité. Tout dépend du domaine concerné. On n’ira pas mettre sur le même plan l’enquête du paparazzi qui cherche à savoir si cette actrice a bien rencontré ce footballeur, et celle du journaliste qui cherche à savoir si les comptes d’une banque n’ont pas été falsifiés.

Par ailleurs, il n’y a pas la vérité qui serait là enfouie comme un trésor en attente d’être déterré. La vérité n’a pas seulement à être cherchée, elle est aussi constituée.

Vous pouvez mettre en question les termes du sujet. Mais seulement à la fin, en conclusion.

2e sujet : Serions-nous plus libres sans l’État ?

Introduction

L’État est l’ensemble des organes et des structures de pouvoir politique d’une société. Il peut avoir des formes diverses (État de droit, État totalitaire…). Aujourd’hui, il n’y a pas de pays qui ne soit sous la juridiction d’un État, pas de population humaine non plus. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Première partie : L’État est un appareil contraignant

Le philosophe anglais Thomas Hobbes a intitulé Léviathan son grand livre de philosophie politique. Léviathan, c’est le nom d’un monstre biblique, et Hobbes s’en sert pour symboliser la toute-puissance de l’État. Puisque la première fonction de celui-ci est d’assurer un ordre stable, il se manifeste par tout un ensemble de pouvoirs, qui sont pour les hommes autant de contraintes (la police, l’armée, les fonctionnaires chargés de collecter les impôts, etc.).

On comprend que l’homme puisse rêver de se libérer de ces contraintes. Le mythe du bon sauvage, au XVIIIe siècle, est l’expression de ce rêve : une existence de plaisirs, sans beaucoup de travail, dans laquelle l’homme jouit de sa vie naturelle. Sous le nom d’état de nature, des philosophes ont émis l’hypothèse d’une forme de vie humaine avant toute organisation politique et sociale.

Seconde partie : L’État garantit des droits

Jean-Jacques Rousseau, que l’on prend à tort pour un « partisan » de l’état de nature, distingue la liberté naturelle qui est celle des sauvages, et la liberté garantie par des lois dans une société fondée sur le contrat social.

Quelle autre puissance que l’État aurait pu organiser l’instruction pour tous ou les campagnes de vaccination qui ont permis d’éradiquer la peste, la variole et le choléra ?

Sans l’État, les désirs et les violences des individus se donnent libre cours, aux dépens des plus faibles et des plus démunis. On le constate aujourd’hui dans certains pays : lorsque l’État s’effondre, ou lorsqu’il est trop faible, ce n’est pas la liberté des individus qui l’emporte, mais le chaos.

Conclusion

Emmanuel Kant imagine qu’une colombe pourrait se croire plus libre dans son vol sans la résistance de l’air, car elle la ressent comme un obstacle. Or c’est l’air qui lui permet de voler.

Il en va de même avec les contraintes que nous ressentons de la part de l’État.

Mais cela ne vaut, évidemment, que si l’État est démocratique. Ce qui malheureusement n’est pas toujours le cas.

3e sujet : Explication de texte


« On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l’éducation. Si l’homme naissait grand et fort, sa taille et sa force lui seraient inutiles jusqu’à ce qu’il eût appris à s’en servir ; elles lui seraient préjudiciables, en empêchant les autres de songer à l’assister ; et, abandonné à lui-même, il mourrait de misère avant d’avoir connu ses besoins. On se plaint de l’état de l’enfance ; on ne voit pas que la race humaine eût péri, si l’homme n’eût commencé par être enfant. Nous naissons faibles, nous avons besoin de force ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d’assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous n’avons pas à notre naissance, et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l’éducation. Cette éducation nous vient de la nature, ou des hommes ou des choses. Le développement interne de nos facultés et de nos organes est l’éducation de la nature ; l’usage qu’on nous apprend à faire de ce développement est l’éducation des hommes ; et l’acquis de notre propre expérience sur les objets qui nous affectent est l’éducation des choses. Chacun de nous est donc formé par trois sortes de maîtres. Le disciple dans lequel leurs diverses leçons se contrarient est mal élevé, et ne sera jamais d’accord avec lui-même ; celui dans lequel elles tombent toutes sur les mêmes points, et tendent aux mêmes fins, va seul à son but et vit conséquemment. Celui-là seul est bien élevé. »

Rousseau, Émile.


Introduction

Émile, de Rousseau, est sous-titré De l’éducation. Cet extrait traite de l’éducation, en fait l’éloge, et il distingue (chose plus étonnante d’un point de vue contemporain) trois sortes d’éducation qui toutes doivent concourir à un même but pour faire ce que Rousseau appelle, en un sens rigoureux, un homme « bien élevé ».

N’hésitez pas à aller rapidement au cœur du sujet, sans détour.

Première partie : Les bienfaits de l’éducation

C’est Cicéron qui, le premier, a parlé de culture à propos de l’éducation et de l’instruction des hommes. De même qu’un terrain sauvage ou en friche est cultivé pour donner des plantes dites de culture, de même l’esprit de l’homme au commencement est comme un terrain sauvage ou en friche et doit être cultivé. « Éducation » vient de deux mots latins qui signifient « conduire hors de ».

Si un correcteur trouve de telles références dans une copie, il tombera (symboliquement, bien sûr) dans les bras de son auteur. Mais rassurez-vous : il ne vous reprochera jamais de ne pas avoir ces références, qui ne sont pas censées être connues.

On a fait de Rousseau le philosophe de l’état de nature, et on a voulu voir en lui le chantre du bon sauvage qui vit heureux et ignorant dans sa forêt. Cet extrait suffirait à montrer qu’il ne s’agit là que d’une caricature. Si, en effet, la « nature » donnait tout à l’être humain, quel besoin celui-ci aurait-il eu d’être cultivé ? Non seulement Rousseau fait l’apologie de l’éducation, mais il considère que l’imbécillité native de l’homme (étymologiquement, le terme signifie « faiblesse ») est une véritable chance. C’est en effet grâce à cette faiblesse de départ, tant intellectuelle que physique, que l’homme parvient à un développement supérieur à celui des animaux (lesquels atteignent un état de maturité beaucoup plus rapidement).

Ainsi, c’est notre faiblesse de départ qui finit par faire notre force. À sa naissance, le bébé manque de tout, il est entièrement dépendant de ses parents et protecteurs. La culture humaine (au sens de civilisation), matérielle (la technique) et intellectuelle (la connaissance, la morale, etc.) est dérivée de cette détresse première. C’est parce que l’homme n’a ni fourrure, ni plumes, ni écailles, ni écorce qu’il s’est confectionné des vêtements.

Seconde partie : Les trois sources de l’éducation

L’éducation, dit Rousseau, nous vient de la nature, des hommes ou des choses. Rappelons que Rousseau prend « éducation » dans son sens étymologique : le processus qui permet à l’être humain d’atteindre un état de développement supérieur à sa situation de départ.

L’éducation qui nous vient de la nature correspond à nos capacités innées ou spontanées. Ainsi la station debout et l’usage de la parole articulée, même s’ils sont favorisés par l’entourage humain, sont largement dus à des mécanismes spontanés que nous avons appris à mieux connaître depuis Rousseau. Au sens propre du terme, l’enfant n’apprend pas à parler, il n’apprend que des mots.

L’éducation qui nous vient des hommes correspond à ce que nous appelons, dans un sens restrictif, l’éducation. Celle-ci est nécessairement greffée sur les capacités naturelles. Ainsi, dans les premiers mois de son existence, le bébé a une capacité de parole ouverte à toutes les langues humaines. Mais il apprendra, parmi celles-ci, une langue maternelle, dont il fera à son tour un usage singulier.

Ce que Rousseau appelle « l’éducation des choses » correspond à l’expérience de la vie. C’est une seconde sorte d’acquis (après l’éducation des hommes), et Rousseau la considère comme aussi importante que les capacités innées et l’instruction. La « curiosité » permet au jeune enfant de partir à une découverte du monde qui est largement autonome, car elle ne dépend ni de l’école, ni des parents. Qui n’a jamais été frappé par l’attention particulière avec laquelle un enfant regarde un insecte ?

Conclusion

Pour Rousseau, une éducation réussie est celle qui parvient à harmoniser l’enseignement des « trois sortes de maîtres ». Si, en effet, les capacités innées n’étaient jamais cultivées par l’entraînement, elles s’étioleraient (on le voit chez ceux que l’on dit doués, et même surdoués et qui, faute de travail, ne parviennent pas aux mêmes résultats que ceux qui, moins bien pourvus au départ, ont compensé leur relative médiocrité par l’exercice).

Maintenant, si nous examinons ce texte à la lumière des faits actuels, force nous est de constater que « l’éducation des hommes » a fini par l’emporter, très nettement, sur les deux autres.

Séries technologiques

1er sujet : La recherche de la vérité peut-elle se passer du doute ?

La difficulté de ce sujet tient à l’impossibilité d’une réponse affirmative. Or, rédiger une dissertation, c’est trouver des arguments pour et contre.

Introduction

Voir plus haut le premier sujet de la série S.

Première partie : Rechercher la vérité sans doute

Rechercher la vérité suppose que l’on soit certain que la vérité existe. Cela suppose aussi que l’on soit certain que la vérité puisse être trouvée. Cela fait déjà deux certitudes.

On peut prendre l’exemple aussi bien du chercheur scientifique (comme celui qui traque le boson de Higgs) que du journaliste d’enquête (comme celui qui révèle le financement occulte d’un parti politique).

Seconde partie : Le doute est un moyen de chercher la vérité

Le titre complet du Discours de la méthode de Descartes est : « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ». C’est le doute systématique (« hyperbolique », dit Descartes) qui permet au philosophe d’atteindre la certitude absolue : c’est parce qu’il est impossible de douter que l’on pense (le doute, en effet, est une forme de pensée), que le « je pense » (le cogito) représente à la fois le premier exemple et le modèle de toute certitude. À la différence du doute sceptique, qui ruine la vérité, le doute cartésien (qui est celui de la recherche scientifique) constitue la vérité.

Conclusion

La recherche de la vérité est inséparable du doute, parce qu’elle est inséparable du travail critique qui analyse, examine, pèse le pour et le contre, vérifie les sources, etc.

2e sujet : Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ?

Avant de se lancer tête baissée comme un taureau sur ce chiffon rouge écarlate, il faut être très attentif aux trois termes de la question : qu’est-ce qu’être « cultivé », que veut dire « apprécier », et enfin qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? C’est tout cela qu’il faut dire en introduction.

Introduction

« Être cultivé » signifie avoir des connaissances. « Apprécier » signifie donner du prix, une valeur positive à quelque chose. Enfin, « une œuvre d’art » est une production humaine qui a pour objectif principal d’être admirée pour sa beauté ou son originalité.

La question est de savoir si la culture en matière artistique est indispensable pour apprécier une œuvre d’art, ou bien, à l’inverse, si une œuvre d’art peut être appréciée de manière en quelque sorte naïve ou spontanée.

Première partie : Le goût et la culture sont deux choses différentes

Le goût est la capacité d’apprécier quelque chose. Il peut être spontané : sinon, comment expliquer que l’on puisse aimer ou détester quelque chose pour la première fois ?

On voit bien qu’il y a des gens qui ont une grande culture et pas beaucoup de goût, et inversement, des gens qui, sans avoir une grande culture, manifestent un grand goût.

Seconde partie : La connaissance est indispensable

Il est difficile d’imaginer que ceux que l’on appelle les « connaisseurs » en matière artistique n’aient pas de goût. Si l’on prend l’analogie avec l’œnologie (la connaissance en matière de vins), on s’aperçoit que, pour ce qui est de l’appréciation, le goût et la connaissance (donc la culture) sont inséparables, au point qu’il est très difficile de les différencier. L’absence totale de connaissance peut nous rendre entièrement étrangers à un genre ou à un style esthétique : il faut une certaine habitude, une familiarisation pour entrer dans l’univers de beaucoup d’œuvres d’art, surtout si elles sont très étrangères à notre culture ou très éloignées de notre époque.

Conclusion

Il peut arriver, et il arrive en fait, que nous soyons immédiatement séduits par une œuvre d’art dont nous ne connaissons rien, ni l’auteur, ni le contexte, ni le sens. Mais l’appréciation implique un jugement, qui dépasse le niveau de la séduction immédiate. Et c’est pourquoi on peut dire qu’il est nécessaire d’être cultivé pour apprécier une œuvre d’art.

Ceci est un exemple, et on peut très bien imaginer une excellente dissertation avec une conclusion toute différente. Mystère et charme de la philosophie !

3e sujet : Explication de texte


« Qu’est-ce qu’une bonne loi ? Par bonne loi, je n’entends pas une loi juste, car aucune loi ne peut être injuste. La loi est faite par le pouvoir souverain, et tout ce qui est fait par ce pouvoir est sûr et approuvé par tout un chacun parmi le peuple. Et ce que tout homme veut, nul ne saurait le dire injuste. Il en est des lois de la communauté politique comme des lois du jeu : ce sur quoi les joueurs se sont mis d’accord ne saurait être une injustice pour aucun d’eux. Une bonne loi est celle qui est à la fois nécessaire au bien du peuple et facile à comprendre. En effet, le rôle des lois, qui ne sont que des règles revêtues d’une autorité, n’est pas d’empêcher toute action volontaire, mais de diriger et de contenir les mouvements des gens, de manière qu’ils ne se nuisent pas à eux-mêmes par l’impétuosité2 de leurs désirs, leur empressement ou leur aveuglement ; comme on dresse des haies, non pour arrêter les voyageurs mais pour les maintenir sur le chemin. C’est pourquoi une loi qui n’est pas nécessaire, c’est-à-dire qui ne satisfait pas à ce à quoi vise une loi, n’est pas bonne. »

Hobbes.


Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

Encore une fois, on aura supposé aux élèves de terminales technologiques des connaissances que bien peu d’entre eux peuvent avoir. Ne choisissez pas le texte par défaut (lorsque les deux sujets de dissertation vous paraissent trop difficiles). Il est plus facile d’être catastrophique sur un texte que sur un sujet de dissertation.

1. Formulez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

Deux questions seront traitées ici : quelle est l’idée centrale du texte ? Comment cette idée est-elle argumentée ?

Hobbes s’interroge sur la nature de la « bonne loi ». Pour lui, à la différence de Platon, la bonne loi n’est pas la loi juste mais la loi qui est issue du « pouvoir souverain », c’est-à-dire du peuple. En d’autres termes, la bonne loi est la loi qui vient d’un pouvoir légitime. Le décret arbitraire et le caprice d’un tyran sont ce qu’il y a de plus opposé à la bonne loi.

N’oubliez pas qu’en philosophie, on doit toujours penser par contraste, par contraire. L’opposé de la bonne loi, ce n’est pas seulement la loi mauvaise, c’est l’absence de loi.

Hobbes compare la bonne loi aux règles d’un jeu. Certes, les règles d’un jeu (ou d’un sport) sont conventionnelles, mais cela ne signifie pas qu’elles soient arbitraires. Elles ont une logique, une nécessité. Que l’on pense aux règles du jeu d’échecs ou à celles du football.

Les règles d’un jeu n’existent pas pour entraver l’action des joueurs, mais bien au contraire pour leur permettre de jouer. Sans que les joueurs éprouvent une quelconque diminution de leur liberté d’agir. Il y a un consensus implicite des joueurs sur les règles à respecter. Et lorsqu’il y a des fautes ou des tricheries, les règles sanctionnent ceux qui les ont commises, et tous sont d’accord pour reconnaître la nécessité de ces sanctions.

Dans une société, les lois doivent avoir la même nécessité que les règles d’un jeu.

2. a) Expliquez : « Il en est des lois de la communauté politique comme des lois du jeu. »

La comparaison ou l’analogie entre les lois qui régissent une société et les règles qui définissent un jeu peut s’expliquer de plusieurs façons. Dans les deux cas, nous avons affaire à des conventions. Dans les deux cas, les hommes (citoyens d’un côté, joueurs de l’autre) reconnaissent leur nécessité car, sans elles, aucun ordre ne serait possible et les individus agiraient selon leur bon plaisir, ce qui ne pourrait profiter qu’aux plus rusés et aux plus violents.

Cela dit, la comparaison a des limites. Les règles d’un jeu sont en théorie définitives. Elles ne varient que sur des points de détail, quand elles sont radicalement transformées, alors apparaît un nouveau jeu. Tandis que les lois d’une société sont d’une part éphémères (surtout dans les sociétés modernes), et d’autre part contestables.

Expliquer un texte, cela ne signifie pas en approuver toutes les thèses. Bien des choses ont pu changer entre l’époque à laquelle a vécu un philosophe et la nôtre.

b) Expliquez : « Une bonne loi est celle qui est à la fois nécessaire au bien du peuple et facile à comprendre. »

À la différence de Platon et des penseurs chrétiens, Hobbes définit la bonne loi indépendamment de tout jugement moral. Pour lui, la bonne loi est celle qui parvient à imposer son évidence (on ne pourrait imaginer qu’elle n’existe pas), et que n’importe quel citoyen, même démuni et illettré, peut comprendre.

c) Expliquez : « Comme on dresse des haies, non pas pour arrêter les voyageurs, mais pour les maintenir sur le chemin. »

Souvent les citoyens considèrent les lois comme des entraves (que l’on pense au code de la route). Mais les lois n’existent pas pour empêcher les hommes de vivre, mais, au contraire, pour leur donner des moyens d’action.

Les haies sont comme des murs végétaux, on ne peut pas les traverser, mais elles n’ont pas été plantées pour empêcher les gens de circuler. Bien à l’inverse, elles tracent leur route (comme aujourd’hui les bandes blanches et les glissières). Par cette comparaison, Hobbes nous fait comprendre que les lois ne sont pas des obstacles, mais des conditions pour l’action.

3. Le rôle des lois est-il seulement d’empêcher les hommes de se nuire à eux-mêmes ?

La première finalité d’un État, selon Hobbes, est d’assurer la sécurité des citoyens.

Rappelons que la connaissance d’un auteur n’est pas requise pour expliquer un texte, mais que si le candidat a entendu parler, même de manière vague, de cet auteur, cela peut évidemment lui être très profitable.

Il est clair que les lois doivent sanctionner la délinquance et la criminalité, qui empêchent les individus de vivre en état de sécurité, donc librement. Cela représente toujours un progrès considérable lorsqu’un État de droit, fondé sur des lois, remplace une situation d’anarchie dont seuls les plus rusés et les plus violents profitent.

Par ailleurs, les hommes ne savent pas toujours très bien où est leur bien. Parfois l’État doit le leur imposer.

Cela dit, la sanction ne fait pas toute la loi. En accordant des droits nouveaux aux citoyens, comme celui qui organise le régime de Sécurité sociale ou de retraite, l’État montre qu’il n’est pas seulement un gendarme ou un policier, mais aussi un véritable éducateur.


1 . Formuler une opinion.

2 . Impétuosité : ardeur, fougue, violence.