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C'est un manoir de deux étages, peint en blanc avec des encadrements et des volets noirs. Il a une allure coquette, impeccable, comme si on l’avait astiqué. Une somptueuse demeure avec une vue à longue portée, dans une région de l’État de New York qui est, en grande partie, pauvre et rurale. Une campagne verte veloutée, d’amples frondaisons, des ruisseaux clairs colorés de cailloux. Et tout autour, des familles trop nombreuses, des voitures rouillées échouées dans des champs en friche, et des canaux pollués. L’eau courante qui empeste le soufre et le chlore. La rangée de sapins ondoyants qui flanquent la propriété Cogan et bordent le chemin dallé est déjà clôturée par un cordon de sécurité. En travers de la route, une file de pigeons alignés sur un câble téléphonique observent la scène, aussi pâles que des statuettes en biscuit.

Je me rends si rarement sur les scènes d’un crime ou d’un accident qu’elles peuvent me laisser un peu démunie, comme cela arrive quand on rencontre quelqu’un avec qui on a parlé au téléphone pendant des semaines sans le voir. Habituellement, il règne une sorte d’excitation à la suite d’un crime violent, un sentiment d’urgence, tant pour les victimes que les enquêteurs. Mais comme cette mort est intervenue des semaines plus tôt, et que la nature de la mort reste peu claire, les gens semblent distraits, voire perplexes. Quelqu’un dérape sur une plaque de verglas et pousse un cri. Dans son costume gris, Todd Haynes, le porte-parole du service, fait le pied de grue dans l’allée, mais il ne semble pas y avoir de reporters ou de fourgonnette de presse à l’horizon. Un agent garde le périmètre en bavardant avec des badauds.

La charmante demeure des Cogan resplendit sous le soleil du matin, et un fin saupoudrage de neige tourbillonne dans le ciel pour atterrir sur le sol glacé. Je suis frappée par la sérénité et l’innocence apparente des lieux, la porte d’entrée grande ouverte conduisant à un intérieur qui paraît, d’ici, aussi paisible qu’un bocal. Ce qui fait partie de la traîtrise des scènes de crime : vous voyez une pelouse nickel, des sentiers encadrés de violettes et de bleuets, des fenêtres étincelantes et d’une propreté méticuleuse ; à l’intérieur, chaque pièce est dans un équilibre parfait jusqu’à ce que vous débarquiez sur les lieux mêmes du crime. Le sol de la cuisine ou la baignoire, ou le lit dans la dernière chambre, et le sang qui vous saute brusquement à la figure, du sang noir, la lutte qui se dégage des murs, des draps en lambeaux, une lampe en porcelaine brisée, une constellation d’éclats disséminés par terre. Ou parfois, comme dans l’affaire Cogan, aucun indice de violence nulle part.

Les enquêteurs travaillent avec efficacité ici, la concentration se lit sur leur visage. Bruno Pollard nous a vus nous garer et il se dirige rapidement en direction de la voiture en relevant le col de sa parka. Il a le visage rougi par le vent, et ses paroles s’accompagnent d’un petit nuage de vapeur.

« Lena, excellent, excellent… je suis ravi que Frank te laisse t’échapper du labo à l’occasion. (Il fait un signe à Keller.) Salut, mon vieux… (Passe le bras autour de mes épaules et me pilote vers la maison.) Alors, voilà. La piste, peu importe ce que c’était, est totalement refroidie. Une vraie toundra. Empreintes sur empreintes non identifiables… Frank t’a briefée ? »

Keller reste à l’écart près de sa voiture : je lui lance un regard par-dessus mon épaule et agite la main, mais je ne peux pas dire s’il me voit dans l’entrée. Pollard me conduit déjà dans un hall où nous nous arrêtons pour enfiler des protections non tissées par-dessus nos chaussures. Puis nous entrons dans un salon immense où deux enquêteurs, un homme et une femme en blouse et masque de labo, font virevolter un pinceau sur des objets ornant un manteau de cheminée en chêne : des figurines en céramique, un bateau avec des voiles comme gonflées par le vent. Ils lèvent les yeux, ceux de la femme formant deux fentes au-dessus du masque.

« On y est. (Nous nous arrêtons au milieu de la pièce, qui est meublée de divans de cuir couleur cacao et d’une table basse massive. Bruno fait un geste large.) Malheureusement, les Cogan ont continué à habiter ici depuis le décès. Presque six semaines maintenant. Ils ne sont partis qu’hier. Alors, pour les preuves ? (Il lève les mains et les rabat.) Va savoir ! On va juste refaire un tour de piste et basta. Vite fait.

— Parce que tu ne crois pas vraiment à la thèse du meurtre ? je demande, et je vois qu’un des enquêteurs regarde par-dessus son épaule. Ou quoi ? »

Pollard sourit, semble sur le point de dire quelque chose, puis fourre les mains dans ses poches.

« Viens. »

Nous empruntons un couloir étroit, dépassons plusieurs portes, croisons un autre inspecteur (gants, masque, blouse de labo, demi-lunes sur le nez avec une chaîne accrochée aux branches). Puis nous gravissons l’escalier qui conduit au premier et entrons dans une chambre située à l’extrémité du couloir. Elle a l’apparence neutre d’une chambre d’amis, papier mural bleu marine avec de fines rayures nautiques près des moulures du plafond, un motif de bateaux à voile traversant le haut de chaque mur ; le sol est couvert d’un tapis marine assorti.

« C’était la chambre d’enfant ?

— Un peu ! »

Toute cette peinture bleue met en valeur le berceau rouge, faisant de ce meuble un superbe rubis, et de l’enfant à l’intérieur un autre joyau, posé sur un coussin. Mais j’éprouve une formidable compassion pour Matthew Cogan et, du même coup, cela touche une corde sensible en moi, celle de ma solitude, qui répond en écho. Surprenant que la mère affligée que j’ai vue l’ait maintenu dans un tel isolement. Je m’enquiers :

« Ont-ils retiré des meubles ? Je veux dire, en dehors du berceau ? »

Le mobilier de la pièce se limite à un petit secrétaire et une commode en noyer poli avec des poignées en cuivre, poussés contre le mur. Sur le bureau se trouve un appareil avec un écran et une radio dans lequel je reconnais un vidéo-moniteur pour bébé.

Bruno a un sourire lugubre. Lui et son équipe sont chargés de collecter les preuves. Ils évaluent la scène du crime, rassemblent les preuves transportables, font les vérifications préliminaires des empreintes et poudrent les surfaces non transportables. Par essence, ils sont la ligne de front, parmi les premiers à se présenter sur la scène du crime.

« À part ce berceau, on aura fait le tour. Le bon côté, c’est que la dame Cogan a dit qu’ils n’ont pratiquement pas remis les pieds ici depuis la mort du bébé, donc si c’est vrai, tout n’est peut-être pas perdu. »

Deux inspecteurs de police, le visage dissimulé sous des masques, font une halte dans la pièce. L’un d’eux enfile de nouveaux gants, ils examinent le rebord de la fenêtre, puis sortent en chuchotant. J’entends l’un des deux dire à voix basse :

«… dans l’affaire Haverstraw. » Ils me lancent des regards furtifs.

Je désigne d’un signe de tête le rebord de la fenêtre. « Erin Cogan a dit qu’elle avait entendu des pas au-dessus de sa tête. Des signes qu’on aurait pu ouvrir la fenêtre ?

— Impossible, la peinture est encore collée à la fenêtre. Si quelqu’un est entré, ce n’est pas par là. » Je m’accroupis sur le tapis à poils courts, plats et soyeux. « Des traces de pas ? Des fibres ?

— À part ceux de la famille et du personnel ? Que dalle. (Pollard sort un crayon mâchonné d’une poche et griffonne quelque chose sur un carnet.) Quant aux autres morts d’enfants à Lucius, on est en train de voir si elles pourraient avoir un rapport.

— Mais je croyais que tu voulais juste faire un tour de piste et c’est tout ? Juste de quoi dissiper les doutes ? »

Pollard agite le crayon entre ses doigts et ferme les yeux un instant.

« Tu as vu le compte rendu du légiste ? Les autopsies de bébés ont toutes montré la même lésion aux poumons et à l’œsophage.

— OK, d’accord. Mais… et alors ? Ceci est compatible avec une MSN.

— Enfin, bon, il y a une autre hypothèse. Ça pourrait être un gaz ou un poison inhalé. Peut-être une brûlure chimique…

— Une brûlure chimique ? Quel genre de produit ?

— On ne sait pas encore. On travaille avec un épidémiologiste d’un laboratoire extérieur. S’il y a eu un poison ou un gaz, c’est très sophistiqué. Un produit qu’on se sera procuré au prix de multiples efforts. Ou que quelqu’un aura concocté avec sa panoplie du parfait petit chimiste. »

Je le regarde fixement.

« Tu veux dire que quelqu’un aurait pu faire respirer exprès un gaz à ces bébés ? Comment s’y serait-on pris pour introduire cette saloperie dans les maisons ?

— Je n’en sais rien. Dans une bouteille ? Ça pourrait être lié à l’environnement aussi. On a exclu la présence de radon ici depuis un petit moment, on vient de finir les inspections du terreau, mais on a des gens qui vérifient s’il y a des fuites. »

Je me frotte la nuque. Je fais rouler ma tête en arrière, et j’entends mes vertèbres craquer.

« Alors si c’est environnemental, il n’y a pas de meurtrier.

— En revanche… si les bébés ont été ciblés intentionnellement…»

Rien de tout cela ne me paraît constituer une preuve tangible. Je ne peux m’empêcher de repenser à la réflexion d’Alyce : si les Cogan n’étaient pas si riches…

Cependant, j’essaie de m’obliger à me concentrer. Pendant que Bruno disserte sur les gaz environnementaux, le protocole de calibrage et l’analyse des sources, j’examine la chambre. Plafond, rebord de fenêtre, murs. Tout est aussi lisse qu’un soupir. Je me rends compte que les murs ne sont pas peints mais couverts d’un tissu coûteux, pas le genre de matériau qui peut conserver des traces, bien qu’il y ait cent types de poudres et de produits chimiques avec lesquels nous pourrions nous y attaquer pour essayer de récolter la moitié d’une empreinte. Cela ne nous dira rien, à part, peut-être, le fait que les parents ne sont jamais entrés dans la chambre d’enfant et qu’une demi-douzaine de domestiques mexicaines et une brochette de Suédoises au pair sont passées par cette maison.

Bruno me suit tandis que je fais le tour de la chambre, scrutant la tapisserie.

« On va vite, mais ça ne veut pas dire qu’on ne prend pas l’affaire au sérieux, précise-t-il. On vérifie tout.

— Parce que le chef pense qu’il le faut ou parce que tu le penses ? » Il sourit, croise les bras, baisse la voix. « Entre toi et moi ? Non, je n’y crois pas. Le chef n’y croit pas. Mais plus on met le paquet, plus vite on aura fini. »

Bruno s’excuse et prend un appel, ce qui me laisse jauger les choses par moi-même. Je refais le tour de la pièce et, cette fois, je remarque un petit coffre en bois sur le sol, peint presque dans le même ton de bleu que les murs. Il fait une soixantaine de centimètres de haut et un mètre de long, et il est recouvert d’un tissu matelassé, imprimé de minuscules sirènes. Le coffre n’a pas été signalé par les enquêteurs ; on dirait qu’ils n’ont même pas remarqué sa présence.

Je tire une paire de gants en latex de la boîte posée au sol et les enfile. Accroupie, je pose mes mains à plat, presse sur les coins du couvercle avec les paumes et je soulève. À l’intérieur se trouve une minuscule couverture rouge et un bric-à-brac de jouets de bébé. La couverture est faite dans une sorte de laine polaire synthétique éclatante et j’enregistre vaguement qu’elle n’est pas assortie à la couleur du berceau. Puis je remarque un objet à moitié enfoui sous l’amas de cubes et d’anneaux en plastique, je mets la main prudemment en regrettant de ne pas avoir apporté mon équipement – en fait, j’aurais dû y aller aux forceps – et, en me servant du bout de l’index et du médium, je dégage un petit singe en peluche. Il porte un nez rouge et tient une paire de cymbales. C’est un jouet peu courant, dont le moindre détail est soigné. Le singe a un sourire de travers et quelqu’un s’est donné le mal de lui peindre avec soin des petites étoiles blanches sur les pupilles. Il a aussi une clé dans le dos, qui devait être encore en partie remontée car brusquement l’objet s’agite dans mes mains et bouge ses cymbales. Je fais un bond en poussant un petit cri et le laisse retomber dans la caisse.

À cet instant, la lumière de la pièce vacille. Les murs semblent vibrer de l’intérieur. Je les sens presser contre mes épaules et le sommet de mon crâne, et la luminosité qui vient de la fenêtre est d’un éclat intolérable, une colonne de lumière. J’ai une sensation terrible d’étouffement. Le galon décoré de bateaux à voile monte et descend comme si les murs étaient devenus de l’eau, une fosse remplie de larmes bleues, je sens le picotement du sel sur la pointe de ma langue. Une saveur fade, métallique. J’ai la sensation que quelque chose dans la chambre essaie de m’expulser. Il y a un truc qui ne va pas. Je m’écarte à reculons de la clarté qui entre par la fenêtre, puis je me retourne et me dirige vers le couloir. Pollard me regarde, son portable collé à l’oreille.

« Je rentre au labo, Bruno, lui dis-je d’une voix faible. Envoie-moi toutes les empreintes que vous pourrez prélever et je les examinerai. »

Il interrompt sa conversation téléphonique.

« Tu pars déjà ? »

Je lui fais face mais continue à reculer dans le couloir.

« Il faut que je sorte d’ici. Mais écoute, il y a un coffre à jouets là-bas, contre le mur nord, qui n’a pas été inspecté. (Il me suit pendant que j’ôte les gants, esquivant les enquêteurs. J’ai l’impression d’entendre un ronflement pendant que je traverse le couloir, seule partie de la maison qui n’est pas encombrée de projecteurs et de tonnes de matériel spécialisé. C’est alors que l’odeur me frappe, fugitive, aussi familière et irréelle que celle de gens venus d’ailleurs. Elle est si imperceptible qu’elle paraît imaginaire.) Cette maison est contaminée », dis-je.

C’est maintenant un grondement qui me remplit les oreilles et me fait accélérer le pas. Bruno continue de griffonner sur son bloc.

« Fais procéder à un examen chimique de tout ce qui se trouve dans le coffre à jouets, dis-je. Trouvez d’où proviennent ces jouets… chacun d’entre eux.

— C’est ça : les jouets… (Bruno se gratte le côté de la tête avec son bout de crayon.) Comme ces… c’était quoi déjà ? Des cages d’écureuil ? Du bois traité à l’arséniate de cuivre chromaté, des jeux fabriqués à base d’arsenic et d’amour. (Il se remet à écrire en marmonnant.) Des milliers de gamins sont tombés malades…»

Keller est dans l’entrée.

« Hé ! (Il s’arrête, puis se tourne et me suit dehors, tout en transportant un kit de prises d’empreintes dans une lourde mallette métallique qui cogne contre sa jambe comme il hâte le pas.) Lena, eh ! Je vous apportais ça. Que… où allez-vous ? »

Il me rattrape. Je vois les veines roses dans ses yeux, le chaume brun argenté sur son menton. L’air est trop fin et trop clair ; il brille comme du film plastique, mais au moins ici, il n’y a plus de murs bourdonnants, qui ondulent.

« Je vous en prie. (Je me tourne vers Keller. Il me fait face, le dos au soleil, de sorte que son visage est dans l’ombre ; quelque chose tremblote dans ma paupière droite.) On peut repartir maintenant ? »

Un homme en manteau de tweed, un voisin peut-être, se précipite vers nous.

« Mademoiselle ? Excusez-moi ? Vous pouvez me dire ce qui se passe là-dedans ? (Les épaules de l’homme sont voûtées, à cause du froid ou de l’inquiétude.) Qu’est-il encore arrivé à ces pauvres gens ?

— Monsieur, vous allez devoir vous éloigner, déclare Keller en se plaçant entre l’homme et moi. (Keller a l’air solide et imposant, et son profil est comme taillé dans la pierre. Je remarque pour la première fois la ligne longue, ferme de sa mâchoire.) Nous n’avons pas le droit de vous en dire plus.

— Attendez… je vous en prie… y a-t-il quelque chose de dangereux ? (L’homme a l’air tellement affligé que je suis tentée de le rassurer. Puis il dit :) Ce sont ces étrangers encore, n’est-ce pas ? Tout fiche le camp par ici, il y a n’importe qui… les livreurs de journaux, les bonnes sœurs, les marchands. Allez savoir… ça grouille partout. Ils n’arrêtent pas de venir dans le quartier. »

Il opine du chef avec conviction.

Nous remontons en voiture et Keller ferme sa portière d’un coup sec.

« Super, vraiment, merci pour le renseignement. »

Comme nous déboîtons, il regarde par la vitre arrière, au-delà du voisin, qui observe tristement la manœuvre. Keller me lance un coup d’œil.

« Alors, que s’est-il passé là-bas ? »

J’appuie la tête contre la vitre.

« Bruno Pollard a dit qu’ils ne trouvaient rien, mais il y a un poison. »

Il me regarde de nouveau.

« Quelque chose de toxique, je veux dire. Je ne sais pas. Ça va mettre Alyce hors d’elle que je sois venue ici. Je suis censée m’en tenir au travail de labo. »

Je presse ma main contre la vitre froide pour me concentrer.

Keller émet un bruit sourd. Je me tourne pour le regarder, il a les yeux fixés sur la route, le menton relevé, et les mains agrippées au volant. Je me souviens de cet élan de peur que j’ai cru percevoir tout à l’heure. Un silence anxieux que je ressens de nouveau comme une troisième présence dans la voiture.

Je garde donc tout pour moi. Je l’ai sentie presque dès l’instant où j’ai posé le pied dans la chambre de Matthew, même si je n’arrive pas vraiment à y croire. L’existence d’un assassin d’enfants.

 

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