21

Je ferme les yeux, ma mère singe me tire par le bras et chuchote de l’autre côté de la barrière de feuillage. Mes pensées sont des scarabées en jaquette cuivrée, elles s’envolent en trombe.

Le froid s’infiltre dans mes vêtements, traverse ma parka et me gerce les lèvres. À deux reprises, les camionnettes avancent en restant à ma hauteur pendant que je marche, et les journalistes essaient de me poser des questions par la vitre du véhicule ; l’un d’eux évoque Unabomber[5]. Je garde un visage figé et sans expression, je réponds : « Sans commentaire. » Ils finissent par laisser tomber, du moins pour le moment.

Après avoir tourné en rond, j’aboutis à Marshall Street, sur le campus de l’université de Syracuse. C’est proche du laboratoire, mais cela me paraît plus sûr que de longer seule les immeubles du centre-ville. Cette rue est bordée de salons de coiffure, de pizzerias, de boutiques vitrées vendant des tee-shirts orange et bleus ornés du logo de l’université. Les étudiants portent des vestes doublées de duvet. Ils ont le teint blafard et manquent de soleil, les traits tirés comme s’ils avaient passé plusieurs nuits blanches. Ils serrent des livres contre leur poitrine et ploient sous le poids de leur sac à dos.

La porte ouverte d’une boutique laisse passer de la musique, une supplique répétitive : Baby, you know I mean… I mean it…

Baby, you know I mean…[6]. Une odeur végétale s’échappe d’un autre magasin, les lumières vives du suivant dégueulent sur le trottoir. Je suis un groupe d’étudiants joyeux dans un café appelé Big Orange. Au comptoir, je commande un café et j’emprunte un crayon à la caissière, puis je m’installe dans un fauteuil en face de la porte.

Les réverbères restent allumés en raison de la semi-obscurité qui persiste à cette heure tardive de la matinée. Les trottoirs sont presque noirs sous la neige durcie, et de nouveaux flocons sont en train de tomber, nacrés comme des perles. Au dos d’une vieille affichette, j’écris : croix sur la fenêtre ; Haverstraw ; journalistes. Je regarde fixement la feuille. Exaspérée, je froisse le papier en boule.

Je ne peux rester cachée indéfiniment dans le café et il semble que les journalistes aient abandonné la poursuite pour le moment. Je décide de me remettre à marcher pour essayer de m’éclaircir les idées. Je remonte la rue, croise des étudiants, dépasse les constructions du campus et les vieux bâtiments imposants de l’association étudiante. Je tourne sur Comstock Avenue en me demandant si je serais capable de retrouver la maison de Charlie, bien que je n’y sois allée qu’une seule fois. Je suppose que je me dirige vers l’est et que je vais tomber sur Westcott Street, qui conduit au sud de chez Charlie. Mais je ne suis pas tout à fait sûre d’aller dans la bonne direction.

Je traverse des quartiers qui me sont étrangers, des paysages lunaires figés dans la neige, jusqu’à ce que je me rende compte que je me suis probablement égarée. J’ai perdu la notion du temps. Je tourne en rond en essayant de me réorienter, mais la neige s’épaissit, estompant les immeubles et le nom des rues.

Il y a une cabine téléphonique au coin d’une rue, ce qui me donne un bref espoir fébrile. Mais quand je réussis à m’y faufiler, c’est pour découvrir que le récepteur est arraché et que le cordon métallique pend lamentablement. Je reste debout dans l’habitacle vide, face à la porte recouverte de glace et je me souviens des jours où j’appelais Charlie depuis une cabine comme celle-ci et à quel point – même pendant que nous parlions – il n’était pas présent du tout. Puis je me souviens de Charlie disant que l’existence d’un assassin d’enfants, c’était « de la foutaise ». Tout en marchant, je comprends que la sensation de pesanteur dans mes membres et dans mon corps n’est pas seulement due au froid, mais au poids de la dépression. Je ressens un état d’abandon, de solitude désespérée, ce qu’on éprouve une fois qu’on a compris que personne ne viendra vous sauver.

Mais je ne peux pas me laisser aller trop longtemps à penser à cela.

Je me rends compte, avec un certain détachement, voire avec perplexité, que je peux mourir de froid si je reste trop longtemps dehors. Les maisons qui bordent la rue sont éclairées. Il fait sûrement bon à l’intérieur. J’aimerais entrer. Puis-je le faire ? Peut-on simplement frapper à une porte en disant : Au secours, je gèle ? J’aimerais être dans la boulangerie, assise à la petite table avec une tasse de thé, en train de parler à l’infirmière aux cheveux gris, avec ses yeux d’eau calme. Ce que j’éprouve en cet instant n’est ni plus ni moins qu’un sentiment de solitude. Et c’est alors que je me rends compte, et c’est pour moi un choc, je dois le dire, de réaliser que celle que j’ai le plus envie de voir, que j’éprouve le besoin indéniable, presque physique, de sentir auprès de moi, c’est Pia, ma mère adoptive.

Cette brusque prise de conscience m’agace, vraiment. Je sais déjà à quelle déception absolue je m’expose en me soumettant à cette femme. Mais j’en suis là. J’ai froid et je suis seule, et malheureuse, en plus de tout un tas d’émotions sans nom, et ma mère me manque. Ou ce qui s’en rapproche le plus. Et je décide que si j’arrive à rentrer chez moi, je mettrai fin à notre long silence. J’irai voir mes parents adoptifs.

Pour finir, je m’assois sur une volée de marches qui conduisent à une véranda. Le froid s’engouffre dans mon pantalon et remonte jusqu’à mes hanches, et je constate seulement combien l’intérieur de ces maisons a l’air douillet, alors qu’il semble que je sois la seule à être dehors.

Les minutes passent pendant que j’observe vaguement le motif ondulé d’une rangée de glaçons figés sur la rampe à côté de moi. En réalité, j’attends seulement d’avoir assez froid ou assez de courage pour sonner à une porte et demander à utiliser le téléphone. Mais au moment où je commence à me dire que ça a assez duré, j’entends un murmure. Il monte du sol, un ronronnement mécanique.

Je lève les yeux et je m’aperçois qu’une voiture a surgi dans la rue déserte. Elle s’arrête devant moi, la vitre descend et une main apparaît. Les doigts se posent sur le bord de la fenêtre et quelqu’un m’appelle : « Lena ? Lena ? Lena ! »

Ma première idée est que c’est encore un journaliste et je m’oblige à me lever, déchirée entre mon sentiment de dignité et mon besoin de me réchauffer. Je me demande si je peux raisonnablement demander à ce qu’on me raccompagne tout en refusant de répondre à une interview.

Mais les doigts se retirent et, miraculeusement, Keller est là, il ouvre la portière, descend.

« Lena, montez là-dedans ! »

Il m’attrape pratiquement à bras-le-corps et m’aide à monter dans la voiture. Il règne à l’intérieur une chaleur merveilleuse ; je m’extirpe de ma veste gelée et la dépose sur le sol à l’arrière. Keller, à califourchon sur l’accoudoir, me communique la chaleur de son corps et frotte mes mains raidies par le froid.

« Vous devez être à moitié morte de froid. »

La sensation revient lentement, d’abord dans mes doigts, le sang revient dans le bout de mes phalanges. Il frotte mes avant-bras et je le laisse faire, reconnaissante et étourdie par le soulagement et la surprise de le voir. Mes membres se ramollissent à son contact. Ma respiration devient plus profonde. Il me semble parfaitement naturel de lever les bras pour les passer autour de lui.

« Vous ne pouvez pas savoir combien je suis heureuse de vous voir. (Mon menton repose sur son épaule et je sens son souffle dans mes cheveux.) Comment diable m’avez-vous trouvée ?

— Oh… Eh bien ! fait-il. (Il semble reprendre son souffle.) Je vous cherchais. »

Son étreinte se desserre, mais il ne me lâche pas complètement, nous ne nous écartons pas vraiment l’un de l’autre. Je sens battre son sang dans ses mains et dans sa poitrine, comme s’il y avait un autre homme caché là, en train de frapper sur une enclume.

« J’étais là ce matin… cette scène d’hystérie au labo », précise-t-il.

Je sens qu’il a bougé légèrement. Je murmure :

« Vous avez tout vu. »

Nous finissons par nous éloigner l’un de l’autre, mais nos mains reposent sur les bras de l’autre, et, tout en étant consciente du caractère incongru de cette intimité, je me rends compte que je ne veux pas qu’il se détache de moi. Son visage est trop près du mien, nos fronts se touchent presque.

« J’ai essayé de vous retrouver quand vous êtes partie, ajoute-t-il. C’est dangereux de rester dehors avec ce froid.

— J’en ai l’habitude », dis-je sans façon.

Brusquement, mon corps explose d’énergie et de désir, du simple fait de la présence de son visage près du mien. L’air dans la voiture est saturé de notre respiration et de la chaleur de nos corps, les vitres sont couvertes de buée. Comme si nous avions pénétré dans un espace imaginaire. Je ne sais pas si le brouillard est à l’intérieur ou à l’extérieur de la voiture. Je ne sais pas exactement quoi faire… J’obéis simplement à mon corps, et c’est comme lorsqu’on nage, les mouvements s’enchaînent. Mon visage se love contre son cou et je hume sa peau.

J’essaie de ne pas réfléchir, de ne pas être effrayée : j’avais peur des humains, du contact et du corps humain, quand j’étais enfant. Pia m’avait dit : « Les garçons ne pensent qu’à une chose. Et tu dois te montrer particulièrement prudente. Tu es plus vulnérable, Lena. » Les rapports sexuels avec Charlie avaient lieu le dimanche soir, lumières éteintes ; il dormait en caleçon, de sorte que je ne l’ai jamais vu nu. Il dirigeait toute l’opération : deux minutes de sueur me dégoulinant sur le visage, et juste avant de jouir, il s’arrêtait pour me demander : « T’es prête ? » Puis rideau. Après l’amour, il renfilait son slip, roulait sur le dos, croisait les mains derrière la tête et disait : « Des réclamations de la part de la direction ? » Charlie m’avait bien fait comprendre que plus un homme aimait une femme de façon « pure », moins il y avait de place pour la gaudriole, qui n’avait rien à voir avec l’amour.

Alors dans la voiture, je me dis : Comme je ne suis pas amoureuse, ça va. Je prends une profonde inspiration, puis j’essaie d’effleurer doucement le cou de Keller de mes lèvres. Pas amoureuse. Finalement, je pose une main sur son nœud de cravate et je l’embrasse à la base du cou, à l’intérieur de son col de chemise. Je sens un frémissement le parcourir, et il y a un bruit à mon oreille : j’hésite. Mais il ne bouge pas et je ne veux pas m’arrêter. Alors un autre baiser sur sa mâchoire, près du creux derrière l’oreille. Puis au-dessus de la mâchoire, sous la pommette. Cette fois, il recule ; il me regarde comme s’il venait de se réveiller. Ses pupilles passent par une multitude d’ajustements d’une dimension infinitésimale et se dilatent. Je me penche en avant et couvre sa bouche avec la mienne. Je goûte ses lèvres, le sel de sa langue. Et alors il nous fait changer de place, se pressant contre moi pour me rendre mon baiser, je sens la présence de ses doigts qui me pétrissent, se faufilent dans mes cheveux, s’emparent de mon crâne, tandis que ses bras étreignent mon dos et mes épaules. Il relève la tête mais ne me lâche pas.

« Il faut que je déplace la voiture, murmure-t-il. Sinon on va s’asphyxier. »

J’ai les jambes qui tremblent ; un muscle bat sous ma cuisse droite, un autre à l’intérieur de la pliure des coudes. J’éprouve une douce chaleur au bout de mes doigts, de mes pieds et à la pointe du V entre mes jambes. Je n’ai connu ces sensations-là qu’au petit matin, quand je surfais encore sur la vague de mes rêves, de sorte que j’avais cru qu’elles n’appartenaient qu’à un monde onirique. Mais en cet instant, je suis bien réveillée.

Et pour la première fois depuis longtemps, je me dis : c’est bon d’être un humain !

Inutile de parler. Rouler vite, sans à-coups, se rabattre pour se garer, puis nous ruer, main dans la main, sur la porte d’entrée, dans la chambre.

Keller me soulève pour m’allonger sur le lit, enlève mon corsage, ouvre la fermeture de mon pantalon. Il fait passer le nœud de sa cravate par-dessus sa tête et retire sa chemise sans toucher aux boutons. Il a le corps svelte, et presque caramel dans la lumière tamisée de la chambre. Il embrasse mon oreille, ses dents mordillent le lobe. Puis brusquement, de façon tout à fait incongrue, il me demande :

« Ça va ?

— Très bien, lui dis-je, et puis je ris en me rappelant la sempiternelle question de Charlie : Des réclamations de la part de la direction ! (Keller me regarde et j’essaie d’expliquer :) Puisqu’on n’est pas amoureux, tout va bien. »

À ces mots, son visage se décompose et je ferme les yeux. Je donnerais n’importe quoi pour retirer ce que j’ai dit.

Mais ensuite, tout se passe bien, parce que nous sommes seuls, et nus dans le lit entre les draps de flanelle. Mon odorat explose dans ma tête quand Keller me pénètre – lentement, avec insistance – c’est comme si nous coulions ensemble à cinq centimètres sous la surface de l’eau. Mes sensations sont tellement différentes de ce que j’éprouvais avec Charlie que c’est comme si mon corps tout entier changeait : j’aspire de l’eau et j’ai des ouïes. Mes mains et mes pieds sont distendus, mes doigts se retroussent, mes lèvres et le bout de mes seins deviennent orange, mes yeux sont réticulés, des écailles dorées surgissent et miroitent sur mon corps.

Et le mouvement général est si différent de ce qui se passait avec Charlie que j’ai du mal à croire que cela porte le même nom. Keller bouge lentement, les mains en coupe sous mes hanches, jusqu’à ce qu’il me soulève du lit. Et puis il commence à bouger plus vite : brusquement c’est fini, comme un plongeon d’une hauteur de trois cents mètres. Sa paume reste recourbée sur ma joue, tandis que la moiteur glisse entre mes jambes. Il m’embrasse le visage avec tant de soin qu’on me croirait en porcelaine. Mais avant que nous ayons pu parler, il veut recommencer.

On recommence. Seulement, cette fois, la chambre bascule et je me retrouve en l’air. La pièce est bien éclairée : je vois Keller, je vois une conque marine pareille à une orchidée sur la table de chevet, une paire de chaussons écossais près de la porte, la couverture bleue qui est tombée forme une flaque sur le sol. Il me regarde, traque les mouvements de nos corps ensemble pendant que je me soulève et m’abaisse, cuisses fléchies. Je sombre jusqu’à ce que quelque chose se raidisse, durcisse comme un nœud entre mes jambes. Le monde caché dont je savais qu’il était là sans jamais avoir pu le découvrir.

Mais à présent, je l’ai trouvé, ce nœud durci que je presse. Je serre mes paupières, mais j’entends la respiration de Keller, ses mains sur mes bras. Quand le nœud explose, il s’ouvre et défait tout en moi. Une chose que je n’avais encore jamais éprouvée, aussi dure et rapide qu’une flèche, qui vole droit et traverse le centre de mon corps.

Ensuite, mon corps est comme apaisé, vidé de lui-même. Keller éteint les lumières et veut me retenir dans ses bras, mais pendant qu’il sombre dans le sommeil, nos corps se séparent pour trouver des places plus confortables. Je m’écarte vers le bord du lit et observe les contours de son visage dans la clarté qui passe à travers les volets de la chambre.

J’examine Keller. Une lumière tamisée effleure le dessus de ses bras et de ses phalanges, ses épaules et ses hanches, les poils et le contour de son sexe. Prudemment, j’étends le bras droit sur le matelas. J’ouvre ma main à côté de celle de Keller, la gauche en partie inclinée sur le côté. Dans le noir, il me semble que mes doigts sont plus longs que les siens. Je me sens sombrer, tout en craignant de m’endormir. J’imagine Keller oubliant ma présence et le choc sur son visage, le matin, quand il me verra à son réveil. Je ne suis plus capable, semble-t-il, de faire une chose aussi simple que partager un lit ou me réjouir quand il m’arrive une nouvelle histoire d’amour. C’est un peu comme dans les contes de fées, que je m’obstinais à ne pas aimer quand j’étais petite, ni la Belle au bois dormant ni Cendrillon. Je savais qu’ils n’étaient pas pour moi. Je voulais des histoires d’enfants volés et des chimères, des vampires qui fuyaient la lumière. Pas l’amour. Je voulais la douceur d’être cachée.

Sa main se tourne dans son sommeil pour toucher la mienne. Mais je me dégage de sous la couverture, rassemble mes vêtements en silence et me glisse dans la salle de bains au bout du couloir. J’allume le plafonnier, il bourdonne, puis clignote. J’utilise les toilettes, attends que mes yeux s’habituent à la lumière. Le savon sur son lavabo sent le sapin. Je laisse les bulles passer entre mes doigts.

Puis je lève les yeux.

C’est mon visage mais ce n’est pas mon visage. Les yeux sont trop sombres et fixes. Tout le sang est monté à mes joues et mes lèvres.

Mon estomac se contracte et de nouveau, je suis accablée de tristesse. Je pense à moi seule dans la neige, et comment Keller est venu à ma rescousse. Et alors, je vois le minuscule visage d’Odile Wilson, pâle et éclatant comme un coquillage. Mes yeux brillent de larmes. Elles jaillissent, acérées et chaudes, chacune pareille à une piqûre d’épingle. Je me dis : Quelle chance j’ai.

 

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