POSTFACE

QUATORZE ANS APRÈS LA DÉCOUVERTE DU VIRUS DU SIDA

Depuis ce jour de juin 1981 quand quarante-six lignes dans le bulletin du Centre des Maladies Infectieuses d’Atlanta révélèrent au monde les cinq premiers cas de sida, la terrible maladie a fait plus de huit millions de victimes. Selon les statistiques de l’agence Sida de l’ONU, 22,6 millions de personnes sont aujourd’hui contaminées. Quatre-vingt-dix pour cent d’entre elles vivent dans des pays en voie de développement. Formidable réservoir humain où promiscuité rime implacablement avec misère, l’Afrique et l’Asie sont menacées d’une véritable hécatombe. La seule Thaïlande, par exemple, annonce presque un million de séropositifs pour une population de soixante millions d’habitants. On prévoit que cent mille enfants y seront orphelins par la faute du sida avant l’an 2000. Dans certaines légions de Tanzanie, autre exemple, soixante pour cent des gens sont porteurs du virus.

Quelques signes encourageants viennent aujourd’hui tempérer la noirceur de ces chiffres. Certes, aucun vaccin ni médicament salvateur n’a encore vu le jour. Mais les autorités sanitaires françaises purent annoncer en avril 1997 que les décès attribués au sida avaient diminué de plus de moitié au cours du dernier trimestre de l’année précédente. Cette chute spectaculaire de la mortalité, également constatée dans d’autres pays d’Europe et aux États-Unis, est essentiellement due à une nouvelle approche du traitement de la maladie basée sur l’association de plusieurs médicaments. Aux antiviraux traditionnels comme l’AZT, s’ajoute depuis 1996 une nouvelle catégorie de molécules complémentaires dites « antiprotéases ». Alors que l’AZT a pour principal objectif de paralyser la multiplication du virus, les antiprotéases réussissent à « saboter » en quelque sorte la naissance de nouveaux virus. Des antiprotéases de deuxième génération, plus performantes, devraient être prochainement capables de débusquer l’agent mortel jusque dans le cerveau et les ganglions des malades, soupçonnés d’être les ultimes réservoirs du VIH.

Grâce à ces multi thérapies, les soignants remportent aujourd’hui de nombreuses victoires. De plus en plus de malades voient leur durée de vie prolongée et la qualité de leur existence améliorée. Ces thérapies associées impliquant les antiprotéases ne sont pas, néanmoins, la panacée tant espérée par tous. Si elles ont fait, dans ces derniers mois, la preuve de leur supériorité par rapport aux traitements classiques, de nombreuses questions restent en suspens quant aux risques de résistance à long terme du virus, et donc d’usure des résultats. Par ailleurs, le coût de ces traitements – environ soixante-dix mille francs par an pour chaque patient – exclut hélas de leur bénéfice la grande majorité des porteurs de virus vivant dans le tiers monde.

En dépit des batailles gagnées, le sida est encore une maladie qu’on ne sait pas guérir. Le besoin en médicaments nouveaux plus efficaces, mieux tolérés, plus simples à prendre, et moins chers, reste une priorité. Parmi les nombreuses voies de recherche aujourd’hui explorées, celle menant à un vaccin reste la plus séduisante. Dans un discours prononcé le 18 mai 1997 à l’université de Baltimore, le président Clinton a lancé un défi comparable à celui qu’avait lancé en 1960 John F. Kennedy pour la conquête de la lune. Il a fixé comme objectif à l’Amérique la mise au point dans les dix ans d’un vaccin antisida. Quatorze ans après la découverte de l’agent responsable du plus grand fléau médical de l’histoire, l’élaboration d’un vaccin universel qui serait efficace contre toutes les souches du VIH reste toutefois une entreprise encore chargée d’incertitudes, de nombreuses difficultés techniques restant à surmonter, en particulier celles tenant à l’extrême variabilité génétique du virus. En attendant la mise au point de ce vaccin, on peut espérer que la découverte de nouvelles cibles capables de bloquer l’activité du virus, ainsi que les avancées dans les domaines de la thérapie génique, de l’immunothérapie et dans d’autres voies, permettront d’accéder à des survies qui ressembleront de plus en plus à des guérisons.

Dominique Lapierre

Sommaire

Dominique LAPIERRE. 1

Du même auteur. 1

AVERTISSEMENT AU LECTEUR.. 1

PREMIÈRE PARTIE. 1

1. 2

2. 3

3. 5

4. 6

5. 8

6. 9

7. 10

8.. 11

9. 13

10.. 14

11. 16

12. 18

13. 19

14. 21

15. 22

16. 24

17. 25

18.. 27

19. 28

20.. 29

21. 31

22. 33

DEUXIÈME PARTIE. 35

23. 35

24. 37

25. 39

26. 40

27. 42

28.. 44

29. 45

30.. 46

31. 48

32. 49

33. 50

34. 51

35. 52

36. 54

37. 55

38.. 56

39. 57

40.. 59

41. 60

42. 62

43. 63

44. 65

TROISIÈME PARTIE. 67

45. 67

46. 68

47. 70

48.. 71

49. 73

50.. 75

51. 78

52. 79

53. 81

54. 82

55. 84

56. 85

57. 87

58.. 89

59. 91

Épilogue. 93

Remerciements. 96

POSTFACE. 97

 

 

Fin



[1] 189 participants d'une convention d'anciens combattants de l'American Légion qui s'était tenue en juillet 1976 dans un hôtel de Philadelphie avaient été frappés par une mystérieuse pneumonie. 29 avaient succombé.

[2] Prêteurs sur gages.

[3] Sauf quelques très rares exceptions, les postulantes étrangères ne peuvent accomplir leur noviciat à Calcutta. Elles doivent le faire à Rome, à San Francisco, à Washington, à Tabora en Tanzanie, à Taiyuan aux Philippines ou à Zabarow en Pologne.

[4] Il s'agit d'un double filament d'acide désoxyribonudéique enroulé en forme d'échelle hélicoïdale. Le biochimiste américain James Dewey Watson et ses confrères anglais Maurice H.F. Wilkins et Francis H.C. Crick reçurent, en 1962, le prix Nobel de médecine et de physiologie pour leur découverte de cette structure moléculaire de l'ADN en « double hélice ».

[5] Filament d'acide ribonucléique.

[6] Découverte réalisée par trois jeunes chercheurs américains, David Baltimore, Renato Dulbecco et Howard Temin. Elle leur vaudra le prix Nobel de médecine en 1975.

[7] Human T-cell Leukemia Virus ou Human T Lymphotropic Virus. En 1982, Robert Gallo découvrira un deuxième rétrovirus humain de la même famille que le premier. Dès lors, les deux virus porteront respectivement les noms de HTLV-1 et HTLV-2.

[8] AIDS . Acquired Immuno Deficiency Syndrome = en français. Syndrome de l Immuno-Déficience Acquise (ou encore Syndrome immunodéficitaire acquis).

[9] Y compris le professeur Dominique Stehelin de l’Institut Pasteur de Lille, l’un des pères de la découverte des oncogènes, ces gènes qui permettent la transformation des cellules normales en cellules anormales cancéreuses.

[10] Petites cigarettes artisanales indiennes.

[11] Les Établissements Maruzella de Gênes, en Italie.

[12] Il faudra attendre plus d'une année pour que les responsables de l'industrie du sang aux États-Unis commencent à répondre sérieusement à cette question. Pendant cette période, plus d'un million et demi d'unités de sang privées de tout contrôle anti-sida continueront d'être collectées, stockées et distribuées par les banques de sang et les hôpitaux américains.

[13] C'est-à-dire in vitro, par opposition à la croissance naturelle des cellules in vivo

[14] Cloner et séquencer sont des opérations biologiques complexes qui ont pour objet de déterminer la structure génétique d'un virus.

[15] Des lymphocytes qui sont dépendants du thymus.

[16] Elisa, en anglais: Enzymes Linked Immunosorbent Assay; en français : test immunoenzymatique.

[17] Le biologiste tchèque Mikulas Popovic avait mis au point une lignée de cellules particulièrement susceptibles d'être infectées et de reproduire le virus responsable du sida

[18] Nom donné par l’équipe de l’Institut Pasteur à son virus découvert dans la salle Bru. LAV : Lymphadenopath\ Associated Virus, virus associé aux lymphadénopathies

[19] Luc Montagnier, Vaincre le sida. Entretiens avec Pierre Bourget, Éditions Cana, Paris, 1986.

[20] « Mécanismes de concurrence et de défense dans un conflit scientifique », par Johan Heilbron et Jaap Gondsmidt, Actes de recherches sciences sociales, septembre 1987

[21] Marc Alizon, Stewart Cole, Olivier Danos, Pierre Sonigo et Simon Wain-Hobson.

[22] Le stratagème avait été inventé par Howard Schaeffer, l’un des principaux chercheurs de Wellcome.

[23] La plus remarquable de ces associations, la Gay Men Health Crisis, avait été créée dès 1981 par le scénariste et romancier Larry Kramer et cinq de ses amis new-yorkais pour suppléer aux lenteurs de l'action gouvernementale au sujet de l'épidémie. Devenue un modèle du genre, l'organisation compte aujourd'hui plus de soixante-dix cadres permanents et 1 600 bénévoles qui soutiennent quelque 2 000 malades. Elle fournit en outre une assistance juridique aux patients, organise des sessions de groupes pour les familles et les proches, développe sans cesse un très important programme d'éducation et de prévention, répond jour et nuit grâce à une ligne rouge à tous les appels de détresse. Sans la Gay Men Health Crisis, le sort des sidéens new-yorkais eût incontestablement été encore plus tragique.

Plus grands que l'amour
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