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Rockville — Bethesda, USA — Printemps 1985

Un manteau de vison pour une ressuscitée

On l’aurait plutôt imaginée arpentant les links d’un terrain de golf ou présentant quelque publicité de mode dans les pages de Harper’s Bazaar. Cette ravissante brune, élégante et sportive, ne ressemblait guère en effet à l’image que l’on se fait d’un fonctionnaire gouvernemental. À trente-cinq ans, le docteur Ellen C. Cooper occupait pourtant l’un des postes clefs de la ruche de verre et d’acier qui, sur les lisières champêtres de Washington, abritait le quartier général de la Food and Drug Administration, la toute-puissante agence fédérale chargée de contrôler les produits alimentaires et pharmaceutiques. Son titre de médecin inspecteur du département des médicaments anti-infectieux lui valait d’être l’une des autorités les plus courtisées par l’industrie pharmaceutique américaine. Elle en était aussi l’une des plus redoutées car c’était d’elle que dépendait l’autorisation d’expérimenter sur l’homme de nouvelles substances antivirales avant d’en permettre la commercialisation.

Fille d’un avocat de Philadelphie, rien ne la destinait à une carrière administrative. Devenue docteur en médecine à vingt-six ans après des études à Yale et à Cleveland, Ellen Cooper s’était spécialisée dans les maladies infectieuses des enfants. La lecture d’une petite annonce l’avait un jour poussée à s’intéresser de plus près à l’un des principaux virus de la pathologie infantile, celui de la varicelle. Les mécanismes de contagion de ce germe faisant l’objet d’une étude approfondie dans les laboratoires de la FDA, Ellen Cooper s’était jointe à l’une des équipes de recherche. Deux ans plus tard, l’agence fédérale lui confiait le poste de médecin inspecteur qu’elle occupait aujourd’hui. Mais, plus que cette promotion, ce fut un charmant événement familial qui lui gagna sa popularité. L’inspecteur Cooper avait mis au monde des triplés. La photo des trois adorables têtes blondes — Emmy, Benjamin et Kimberley – trônait en bonne place sur sa table de travail au milieu des piles de rapports scientifiques qui envahissaient son bureau. Ellen Cooper passait de douze à quatorze heures par jour à éplucher des centaines de pages de documents, à en analyser les diagrammes, à en disséquer les synthèses. Il y en avait tant qu’elle devait les emporter chez elle pour en poursuivre l’étude le soir et même le dimanche après la traditionnelle promenade au bord du Potomac avec ses enfants et son mari, un avocat réputé de Washington. « Une vie banale de fonctionnaire, reconnaissait-elle, mais qui me plaçait parfois en face de quelque important problème de santé publique et me donnait la satisfaction de contribuer à le résoudre. »

La tragédie du sida et les efforts désespérés de la communauté scientifique pour en atténuer les ravages projetaient aujourd’hui l’inspecteur Ellen Cooper en plein cœur d’un drame crucial. Le médicament à base de sperme de hareng du laboratoire Wellcome pouvait-il être expérimenté sur l’homme et, en cas de succès, être proposé comme traitement contre le fléau dévastateur ? C’était elle, et elle seule, qui avait la responsabilité d’en décider.

* * *

Ce lundi 22 avril 1985, le vice-président du laboratoire Wellcome chargé de la recherche était venu lui soumettre les arguments en faveur d’une telle expérimentation. Pour soutenir son plaidoyer, David Barry avait apporté un volumineux rapport établissant que l’AZT présentait un taux de toxicité acceptable pour l’homme. Depuis le jour où le docteur Jonas Salk avait fait devant les censeurs de la FDA la preuve que son vaccin contre la poliomyélite pouvait mettre un terme à la tragédie de l’été 1953, aucun document de cette importance n’était entré dans la prestigieuse enceinte de la FDA. Nulle sténographe n’enregistra la discussion qui se déroula autour de la table ovale de la salle de conférences du troisième étage. La rencontre avait pourtant quelque chose d’historique. Quatre ans après qu’un médecin de Los Angeles eut diagnostiqué le premier cas de l’épidémie, deux ans après que des biologistes de l’Institut Pasteur de Paris eurent découvert le rétrovirus responsable du sida, des fonctionnaires de la santé publique et des chercheurs de l’industrie pharmaceutique se réunissaient pour jeter les bases d’un protocole clinique en vue de l’expérimentation de la première arme inventée contre le fléau mortel.

« La tâche avait de quoi nous donner des cauchemars », rappellera un responsable de Wellcome. D’abord, à cause de l’absence de références. Aucun produit n’avait encore été testé avec succès contre une maladie aussi complexe et dont on savait si peu de choses. Ensuite, en raison des nombreuses inconnues concernant l’AZT lui-même. Son mode d’action n’avait pu être totalement élucidé et ses effets toxiques n’avaient été mesurés que pendant quelques courtes semaines sur des animaux. Qu’en serait-il sur l’homme en cas d’utilisation prolongée ? « Nous naviguions à l’aveuglette », dira David Barry. L’une des questions majeures concernait le choix des premiers cobayes humains. Quels allaient être les critères de ce choix ? Fallait-il, comme le souhaitait la représentante de la FDA, donner la priorité à des malades dont l’état laissait présager une mort prochaine ou, au contraire, à des patients encore à un stade précoce de la maladie ? Fallait-il limiter l’essai clinique aux seules victimes d’un sida déclaré, et donc éliminer ceux qui n’étaient qu’au stade de l’ARC, cette forme préliminaire et atténuée de la maladie que les spécialistes appelaient « Aids Related Complex – syndrome associé au sida » ? Fallait-il accepter indifféremment tous les cas, ceux souffrant de pneumocystose et ceux atteints du sarcome de Kaposi, ou seulement les uns et non les autres ?

La concertation se prolongea durant plusieurs heures. Elle n’était toutefois que le prélude d’une longue suite de discussions entre les responsables de Wellcome, le cancérologue Sam Broder et le médecin inspecteur Ellen Cooper. Tous brûlaient de la même impatience. Tous étaient d’autant plus fébriles que l’efficacité de l’AZT dans les tubes à essai avait été confirmée par les docteurs Dani Bolognesi de la Duke University et Robert Yarchoan de l’Institut national du cancer. La diligente coopération de l’inspecteur Ellen Cooper comblait ses partenaires peu habitués à ce qu’un fonctionnaire de la FDA montrât autant d’empressement. « Elle confia ses triplés à la garde de son mari et de sa belle-mère pour se plonger dans nos incessants rapports », racontera David Barry. La jeune femme donnera elle-même une explication qui résumait bien le sentiment d’urgence que tous ressentaient : « Le médicament qui nous mobilisait n’était pas destiné à déboucher les narines de gens enrhumés, dira-t-elle. Il devait sauver la vie de malades qui mouraient tous les jours sous les yeux de leurs médecins impuissants. »

* * *

Les études de Wellcome montraient qu’il faudrait administrer l’AZT pendant de longues périodes pour lui donner le temps d’agir. Elles montraient aussi qu’il était mieux assimilé par voie veineuse que par voie buccale et qu’il restait actif pendant deux heures à peine. Ces trois paramètres posaient de sérieuses difficultés : pouvait-on condamner des patients à une hospitalisation de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à seule fin de recevoir six ou huit injections quotidiennes ? La solution la plus simple eût été de mettre au point une thérapie par voie orale à suivre chez soi, mais les expériences sur les animaux avaient révélé que le métabolisme de certaines espèces, en particulier les lapins, assimilait seulement vingt à trente pour cent de l’AZT ingéré de cette façon. Qu’en allait-il être chez l’homme ? Seul un essai sur des malades pouvait fournir la réponse. Or, la loi américaine était implacable : une telle expérimentation ne pouvait se dérouler qu’après le dépôt d’une demande officielle par le laboratoire concerné et l’approbation de la FDA. Malgré toute la bienveillance de l’inspecteur Cooper, l’octroi d’une autorisation prendrait fatalement du temps.

« Nous avons donc résolu de prendre le risque d’un raccourci un tantinet illégal », confessera David Barry. L’histoire tragique du sida ne devra pas l’oublier : les premiers milligrammes d’AZT administrés à des humains eurent pour receveurs ses trois principaux inventeurs, à commencer par le vice-président du laboratoire Wellcome en personne. L’expérience se déroula à l’abri des regards indiscrets. « Ah, quel abominable breuvage ! » dira l’audacieux médecin en évoquant l’amertume du jus d’orange qu’il ingurgita ce jour-là en guise de petit déjeuner. Comme il n’existait encore ni comprimés ni gélules, il avait été contraint de dissoudre dans du jus de fruit la poudre de sperme de hareng. Avec ses deux complices, il s’en était déjà fait injecter la veille une petite quantité dans les veines. Un prélèvement de sang avait ensuite permis de constater la parfaite et totale assimilation du produit. Semblable contrôle sanguin après la prise par voie buccale ne fut pas aussi concluant : seulement soixante-dix pour cent de l’AZT avalé était passé dans le sang. Ce pourcentage fut confirmé sur trois jours consécutifs d’expérimentation.

David Barry était satisfait. Il allait pouvoir proposer un premier protocole de traitement à l’inspecteur de la FDA. Comme il s’y attendait, Ellen Cooper ne manqua pas de s’étonner de la précision des doses d’AZT préconisées.

— Comment savez-vous qu’il faudra donner exactement cette quantité supplémentaire s’il s’agit d’une prise par voie orale et non d’une injection intraveineuse ? s’étonna-t-elle.

— Nos ordinateurs ont effectué ce calcul, répondit David Barry, imperturbable.

— My God ! s’exclama la jeune femme. Vous avez de sacrés appareils !

Ellen Cooper n’était pas encore au bout de sa surprise,

— Et pourquoi recommandez-vous de mélanger le produit à un peu de liquide sucré ?

— Tout simplement parce que ce fichu sperme de hareng est horriblement amer. Encore plus que la quinine.

— Comment le savez-vous ?

David Barry sentit se refermer le piège, mais l’inspecteur eut la délicatesse de ne pas insister. Elle était trop avisée pour ne pas savoir qu’il faut parfois laisser leurs secrets aux alchimistes. Une semaine plus tard, elle confirmait l’accord officiel de la FDA. Jamais encore cette tyrannique organisation n’avait accordé une autorisation dans un délai aussi court. L’essai d’efficacité et de toxicité de l’AZT sur l’homme pouvait commencer.

* * *

La date du 3 juillet 1985 restera à jamais gravée dans la mémoire du cancérologue Sam Broder. Ce jour-là, dans son hôpital de Bethesda, un jeune marchand de meubles de Boston nommé Joseph Rafuse devint une sorte de pilote d’essai de la science en recevant la première dose du premier traitement du sida à l’AZT. Cette dose était évidemment beaucoup plus forte que celle que s’étaient administrée en secret les trois collaborateurs de Wellcome. « Sam et moi avons branché notre flacon sur le cathéter de perfusion, racontera le docteur Robert Yarchoan, et nous avons retenu notre respiration en regardant les gouttes tomber une à une. La première heure était critique. Si le malade faisait un choc anaphylactique, cette réaction violente d’intolérance biochimique pouvait le faire mourir. » Au début de la nuit, sa température monta brutalement. Les deux médecins réussirent à la faire descendre et à stopper la fièvre. À l’aube, épuisé, Sam Broder retira sa blouse blanche et lança devant ses assistants les deux mots sans doute les plus lourds de signification de sa carrière :

— L’expérience continue.

Ils seront dix-neuf. Dix-neuf hommes et femmes dont la rareté et la gravité des symptômes leur avaient valu d’être acceptés dans l’hôpital de pointe que dirigeait le cancérologue Sam Broder sur le campus de Bethesda . L’expérience pour laquelle ils allaient servir de cobayes n’était pas principalement destinée à les guérir, mais à vérifier que la drogue qu’on allait leur administrer ne risquait ni d’aggraver leur état ni surtout de les tuer. Les assistants de Sam Broder leur avaient fait signer un document de huit pages dactylographiées attestant qu’ils se déclaraient volontaires, qu’ils acceptaient les risques de l’expérimentation et que, en cas d’accident, ils déchargeaient le centre de toute responsabilité.

Le protocole de l’essai clinique prévoyait l’augmentation progressive des doses d’AZT, d’abord par voie intraveineuse durant deux semaines, puis par voie orale pendant les quatre semaines suivantes. On savait que les rats et les chiens avaient supporté jusqu’à quatre-vingts milligrammes d’AZT par jour et par kilo de leur poids. On débuta plus modestement par trois, sept et demi, quinze, puis trente milligrammes, et ensuite le double pour les prises orales. Au fur et à mesure que les jours passaient, l’espoir de Sam Broder grandissait. Les effets secondaires se révélaient presque négligeables. À peine dix pour cent de diminution des globules rouges chez trois patients, des maux de tête chez une dizaine d’autres, quelques tremblements chez un seul. En revanche, des résultats positifs se manifestèrent presque immédiatement : une reprise générale de poids d’environ cinq livres en moyenne, une augmentation notable du nombre des lymphocytes T4 défenseurs du système immunitaire chez quinze des dix-neuf sujets, l’élimination totale d’une sérieuse infection des ongles chez deux autres patients, la disparition de la fièvre et des suées nocturnes chez six autres. On ne trouva plus aucune trace du rétrovirus dans les globules blancs de plusieurs sujets. Deux des malades bénéficiaient même d’une véritable résurrection.

* * *

Le premier était l’épouse d’un médecin de Washington, une ravissante infirmière contaminée par une transfusion sanguine. Elle s’appelait Barbara. Son sida avait été diagnostiqué au cours de son voyage de noces en France. Pour le microbiologiste Dannie King, directeur du projet AZT chez Wellcome, « Barbara symbolisait toute la tragédie de cette maladie. Elle n’était pas une personne à risques et, en plus, elle avait choisi comme profession de soigner les autres ». Ni Sam Broder ni son collaborateur Robert Yarchoan n’avaient encore vu de pareilles lésions. La jeune femme souffrait d’une infection générale des muqueuses de la bouche. Sa langue, son palais, ses gencives, la paroi interne de ses joues, son gosier, ses lèvres n’étaient plus qu’une plaie à vif, un tapis enflammé d’ulcérations sanguinolentes. « On aurait dit qu’un boucher lui avait arraché toutes les dents d’un seul coup », racontera David Barry. Elle endurait un véritable martyre. Incapable de s’alimenter depuis des semaines, elle n’était plus qu’un squelette vivant. À l’exception de son mari et des médecins, personne n’osait plus entrer dans sa chambre.

Un jour qu’il l’aidait à enfiler une robe devenue beaucoup trop ample pour son corps décharné, son époux, qui savait qu’elle en caressait depuis longtemps le rêve, lui dit tendrement :

— Ma chérie, dès que tu auras repris quelques kilos, nous irons acheter ton manteau de vison.

La promesse aurait pu sembler cruelle tant l’état de Barbara paraissait désespéré. Pourtant, après deux semaines de traitement à l’AZT, le visage méconnaissable de la jeune femme reprit forme humaine. Elle put reparler normalement. Ses lésions buccales régressèrent et finirent par disparaître. Alors qu’elle en était incapable depuis trois mois, elle put se réalimenter normalement. Elle parvint à se lever, à s’habiller seule, elle retrouva des gestes de coquetterie. Ses forces lui revinrent et elle brûlait d’impatience de retourner à la vie active. Barbara n’avait pas oublié sa profession. Un jour, Sam Broder eut la surprise de la trouver, en blouse blanche, en train de donner des soins à d’autres malades. Malgré quelques accès d’anémie promptement corrigés par des transfusions, sa guérison se confirma au point qu’elle put quitter l’hôpital au bout de quatre semaines. Pour cette occasion mémorable, elle revêtit la robe de soie turquoise achetée à Paris qu’elle affectionnait et qu’elle n’avait pas mise depuis si longtemps. Le docteur Broder ne pouvait cacher son émotion. Avec toute son équipe, il accompagna la jeune femme et son époux jusqu’à leur taxi. À l’instant de s’engouffrer dans la voiture, Barbara se retourna vers son mari.

— Chéri, dit-elle, n’oublie pas que tu me dois un manteau de vison !

* * *

La deuxième « résurrection » fut elle aussi à ce point spectaculaire que Sam Broder s’en servit pour convaincre le docteur Ellen Cooper de l’autoriser à ne pas interrompre les traitements au bout des six premières semaines par l’intervalle du repos de trente jours qu’impose le protocole. Cet arrêt, habituel dans ce genre d’expérimentation, a pour but de procurer aux malades un répit afin qu’ils puissent éliminer d’éventuels effets toxiques. L’inspecteur de la FDA considérait indispensable un tel entracte.

Cette fois, le patient était un acteur originaire de Palm Beach, en Floride. La forme particulière de son sida avait tellement frappé son médecin traitant, le docteur Margaret Fischl du centre clinique de l’université de Miami, qu’elle n’avait pas hésité à l’envoyer à Sam Broder. Chez ce malade, le virus s’était attaqué au cerveau. Le malheureux était paralysé des membres inférieurs. Il avait presque complètement perdu l’usage de la parole et souffrait de troubles psychiques. « Un homme en pleine forme, athlétique, flamboyant, que le sida avait réduit en trois mois à l’état d’infirme se traînant sur deux cannes », racontera David Barry. L’effet que produisit l’AZT en trois semaines sur ce meurt-vivant laissa pantois les responsables du laboratoire Wellcome comme ceux de l’hôpital de Bethesda. Non seulement le malade put se lever sans aide, mais il se mit à gambader dans les couloirs. Mieux encore, il s’amusa à dévaler à toute allure les douze étages de l’hôpital jusqu’au rez-de-chaussée et à remonter aussi vite pour battre l’ascenseur dans sa course. Exploit qu’il prit plaisir à renouveler plusieurs fois.

Sam Broder téléphona à Ellen Cooper pour la prier d’accepter que le traitement de ce sujet exceptionnel ne soit pas interrompu par le couperet fatidique des trente jours d’arrêt prévus au protocole.

— J’ai entendu parler de ce cas, maugréa l’inspecteur de la FDA. C’est un acteur professionnel. Les artistes de son genre sont capables de toutes les mystifications !

— Venez vous rendre compte par vous-même, insista le praticien.

Vingt minutes plus tard, l’incrédule jeune femme faisait son entrée dans la chambre. Elle ne serait pas près d’oublier le spectacle qui l’attendait. S’il s’agissait d’un numéro, l’ancien paralytique le maîtrisait parfaitement. Il saisit une canne dans chaque main, bondit sur son lit et, brandissant les bâtons vers la visiteuse, s’écria :

— Voici les instruments qui m’ont servi à me traîner jusqu’à cette chambre il y a trois semaines ! Il lança les deux cannes comme des javelots dans la corbeille à papier au fond de la pièce et ajouta : « Et voici ce que l’AZT a fait pour moi ! » Avec la souplesse d’un acrobate, il sauta sur le sol, se jeta à plat ventre et commença une série de tractions en criant : « Mes bras sont aussi forts que mes jambes ! »

Ellen Cooper était médusée. L’ex-infirme se releva enfin et vint se planter devant elle.

— Vous voulez que je vous montre aussi comment je descends et grimpe les douze étages de ce fichu bâtiment ?

— Non, c’est inutile, je vous crois, se défendit Ellen Cooper avec un sourire complice.

Elle sortit de la chambre accompagnée de Sam Broder. Posant une main amicale sur l’épaule du cancérologue, elle le rassura :

— C’est d’accord, Sam, n’interrompez pas son traitement !

Plus grands que l'amour
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