CHAPITRE 38

Les détails qui étaient difficiles à discerner d’en haut devinrent bien plus clairs à mesure qu’ils approchaient à grande vitesse. Juno avait posté le vaisseau au-dessus de l’équateur. Ce qui ressemblait à un large trait obscur se révéla être une tranchée aux murs escarpés, remplie de machines de construction, d’esclaves et de bipodes transportant du chargement. Des armes fixes et des escouades armées de stormtroopers surveillaient avec attention les Wookiees au travail. Des postes à souder au laser envoyaient des jets d’étincelles lumineuses dans l’air tandis qu’ils fixaient de gigantesques feuilles de métal. De larges sections de coque demeuraient incomplètes, ce qui permettait aux nuées de droïdes myriapodes qui aidaient à la construction d’avoir accès aux entrailles de la station. Des courroies transporteuses montées sur des systèmes de répulseurs menaient les composants d’un site à l’autre, pareilles à des voies aériennes miniatures, qui se croisaient en tous sens.

Pendant sa chute, l’apprenti se faufila entre des ballots de poutrelles métalliques géantes et d’autres débris en suspension. Il faisait confiance à la Force pour le protéger du pire. Tandis qu’il s’approchait de la surface de l’Étoile Noire, il effectua un tour sur lui-même pour atterrir les pieds devant et se préparer pour l’impact.

Il atterrit fermement sur la coque grise dans une zone dégagée, entre deux chantiers colossaux. Son sabre laser fut instantanément dans sa main. Il jeta un seul coup d’œil en l’air et ne parvint pas à discerner le Rogue Shadow parmi les autres étoiles mobiles au-dessus de lui. Si Juno avait un peu de bon sens, se dit-il, elle était déjà bien loin de la station de combat, elle filait se mettre à l’abri.

Fais attention, lui souhaita-t-il, et que tout aille bien pour toi.

Puis il la chassa de son esprit – autant qu’il le pouvait – et choisit au hasard entre l’est et l’ouest pour se mettre en quête d’une entrée dans la station. Il sentait la présence de Maître Kota et des autres quelque part dans l’énorme superstructure mais leurs signatures de Force étaient atténuées par l’immense souffrance qui les entourait. Si l’Empereur était là aussi, cela embrumerait encore la situation. L’apprenti n’avait jamais rencontré le Maître de son Maître en personne, mais le Seigneur Sith qui avait à lui seul débarrassé la galaxie de presque tous les Jedi devait émettre une ombre assez profonde pour cacher n’importe quoi.

Compter sur sa chance n’était pas une solution non plus. La tranchée équatoriale à elle seule faisait plus de cinq cents kilomètres de long. Il fallait qu’il trouve une carte d’une forme ou d’une autre – ou, à défaut, un guide…

Il se déplaçait comme un spectre, bondissant d’un abri à l’autre. Il s’approcha d’une patrouille par-derrière. Armés de fusils blaster longue portée, ils déambulaient presque avec désinvolture le long d’une rampe, à mi-hauteur du mur de tranchée sud. Leur mission, semblait-il, était de surveiller une file de vingt esclaves enchaînés qui se déplaçaient d’un endroit à un autre le long du sol de la tranchée, et ils accomplissaient leur travail avec une attention minimale, préférant discuter des opportunités de promotion qui se présenteraient, une fois que la station serait tout à fait opérationnelle. Deux autres gardes surveillaient les esclaves de l’autre côté de la tranchée ; deux autres groupes de deux étaient postés à chaque extrémité de la file de Wookiees.

L’apprenti sauta d’une courroie transporteuse à l’autre jusqu’à arriver au niveau des deux gardes les plus proches. Si tous les stormtroopers travaillaient avec la même vigilance, il calcula qu’il disposerait d’au moins une minute avant que l’alerte ne soit donnée.

Il leva les deux mains et étouffa le soldat de droite jusqu’à ce qu’il s’écroule inconscient sur la rampe puis il obligea celui de gauche à se retourner.

— Dis-moi où sont logés les prisonniers, ordonna-t-il sans détour.

— Euh, il y a un bloc de détention pour travailleurs dans chacune des vingt-quatre zones, répondit le stormtrooper. Ces bêtes poilues là-dessous pètent les plombs tout le temps. Il y a aussi des blocs de cellules au Secteur Détention pour les traîtres et les espions.

L’apprenti sentit son estomac se nouer. Le temps qu’il fouille vingt-cinq installations de ce type, les Rebelles seraient certainement morts.

— A-t-on amené de nouveaux prisonniers récemment ?

— Comment est-ce que je le saurais ? Ça ne fait qu’une semaine que je fais ce boulot.

— Est-ce que l’Empereur ou Dark Vador viennent parfois superviser vos opérations ici ?

— Constamment. Ça rend les ingénieurs nerveux.

— Est-ce qu’ils passent du temps dans un endroit en particulier ?

— Vous n’interrogez pas la bonne personne. Je ne suis pas au courant des faits et gestes de l’Empereur. Demandez au sergent Jimayne.

L’apprenti commençait à se rendre compte qu’il perdait son temps.

— Tu as vu des Jedi par ici récemment ?

— Quoi ? Vous rigolez ? Ils ont tous été exterminés il y a des années. Hé… (Le stormtrooper baissa les yeux vers le sabre laser de l’apprenti, comme s’il en voyait un pour la première fois.) Est-ce que ce n’est pas un… ?

L’apprenti endormit le stormtrooper d’une simple pensée et enjamba son corps qui s’effondrait. Avant que les deux gardes de l’autre côté de la tranchée ne puissent le remarquer, il poursuivit son chemin en réfléchissant aux maigres possibilités qui s’offraient à lui.

Ces bêtes poilues là-dessous pètent les plombs tout le temps…

Enchaînés et contraints, les vingt Wookiees meuglaient doucement entre eux. Beaucoup montraient des signes de malnutrition et de mauvais traitements. L’un d’eux trébucha, ce qui déclencha un tir d’avertissement au-dessus de sa tête, tiré par un garde depuis l’autre côté de la tranchée. Le plus grand Wookiee, un énorme mâle à la crinière aussi abondante que grisonnante, rugit en protestation et leva les pattes dans une position de combat.

Les chaînes l’empêchaient cependant d’en faire plus. Un tir de blaster à ses pieds le força à renoncer, il lâcha un dernier grognement de frustration.

L’apprenti observa l’incident et sentit qu’un plan se formait dans son esprit. Les esclaves étaient deux fois plus nombreux que les gardes, à en juger par cet échantillon. Une révolte, même mineure, provoquerait une diversion importante. De plus, si les gardes avaient pour unique responsabilité de surveiller les esclaves, n’était-il pas plus judicieux, pour connaître les plans et les spécificités de la station, d’interroger directement ceux qui la construisaient vraiment ?

Il sauta de la rampe sur une courroie transporteuse et courut jusqu’à la tête du convoi d’esclaves. Il fit tomber le premier stormtrooper avant même que sa présence soit remarquée. Il balaya l’air de son sabre laser à deux reprises pour couper les liens du premier esclave wookiee de façon à montrer clairement ses intentions puis il invoqua la Force et, par télékinésie, arracha de sa base la rampe du mur opposé, renversant les gardes dans le fond de la tranchée.

Entre-temps, les gardes de l’arrière avaient réagi. Ils rassemblaient les Wookiees devant eux pour former un rempart de protection et appelaient des renforts. L’apprenti trancha les liens de trois esclaves supplémentaires. Les quatre Wookiees libres saisirent les armes des stormtroopers tombés. Quelques instants plus tard, une véritable bataille rangée était déclenchée.

L’apprenti se fraya un chemin jusqu’au grand mâle, qui rugit la gueule ouverte pour lui exprimer sa gratitude. Le Wookiee arracha le blaster d’un de ses compatriotes et le pointa non pas vers les gardes ou vers les batteries fixes, qui commençaient à canarder le début d’insurrection qui se déroulait en dessous, mais vers les chaînes qui entravaient encore l’autre moitié des Wookiees. D’un mouvement de la tête, il signifia à l’apprenti qu’il devrait s’occuper des gardes restants et il se mit à pousser les membres de son espèce vers l’abri le plus proche.

L’apprenti comprit le sens de ce plan. Il effectua un saut de Force au-dessus du rempart de Wookiees et atterrit au milieu des gardes. Il les mit rapidement hors de combat et distribua les armes aux derniers esclaves qui restaient à libérer. Ils coururent ensemble se mettre à l’abri, passant par un trou dans le mur inachevé de la tranchée et furent bientôt hors de vue, dans l’infrastructure densément enchevêtrée de la station.

L’apprenti avait du mal à suivre les Wookiees, avec leurs longues foulées et leur habitude de l’escalade, mais il rattrapa le grand mâle, tira sur une de ses pattes poilues et le fit s’arrêter.

— Je ne comprends pas votre langue, dit l’apprenti sans tourner autour du pot, mais j’espère que tu me comprends. Des amis à moi ont été faits prisonniers par l’Empereur. Je dois les retrouver. Peux-tu m’aider ?

Le Wookiee secoua la tête puis rugit pour demander à l’un de ses compagnons de venir. Ils échangèrent tous deux des hurlements et des grognements accompagnés de vives gesticulations puis le second hocha énergiquement la tête. Ils se tournèrent tous deux vers l’apprenti, les dents découvertes. Il prit cela pour un bon signe.

— Donc, toi, tu ne sais pas mais toi, tu sais, déclara-t-il en montrant du doigt le grand mâle puis l’autre, un Wookiee dégingandé de sexe indéterminé, à la fourrure éparse et aux yeux injectés de sang. Peux-tu m’indiquer comment arriver là ?

Ils hochèrent tous deux la tête. Le grand mâle leva un doigt, se retourna et beugla en direction du reste du groupe. Deux autres reculèrent et le reste continua.

— Vous venez tous les quatre avec moi ?

Il n’était pas sûr de ce qu’il en pensait. Ils avaient trois blasters pour quatre mais il n’avait pas prévu de diriger une armée. Le grand mâle eut l’air indigné.

— D’accord, d’accord, dit-il pour éviter une dispute. C’est toi qui guides !

Une grosse patte poilue s’abattit sur son épaule et la serra si fort que ses articulations craquèrent. Puis ils se mirent en route comme un seul homme, quatre Wookiees en fuite et un humain, prêts à affronter toute l’Étoile Noire.

Ils retournèrent vers la tranchée, où l’incident avait déclenché une importante démonstration de force. Des bipodes de tous types et des escouades à pied examinaient les traces de blasters et les morceaux de chaînes abandonnés. Plusieurs expéditions avaient déjà été lancées pour fouiller la superstructure à la recherche des esclaves en fuite.

Le Wookiee maigre indiqua qu’ils devraient se diriger vers l’ouest et suivre un cap parallèle à la tranchée. Ils escaladèrent des conduits de câbles aussi épais que des tonneaux de vin et se faufilèrent dans des trous qui auraient été étroits même pour des enfants. D’étranges grondements résonnaient autour d’eux, suivis de grattements suraigus et de décharges d’électricité statique. La station semblait presque vivante, ce qui les faisait ressembler à des sortes d’insectes rampant sur sa peau. L’apprenti aimait cette métaphore. Sur certaines planètes, les insectes étaient porteurs de maladies. La plus petite bestiole pouvait provoquer la chute du plus grand des hôtes. Une piqûre précise, au bon endroit, pourrait suffire à détruire tout ce qui était cher à l’Empereur…

Le Wookiee qui indiquait le chemin s’arrêta tout à coup, l’air troublé. Devant eux s’élevait un enchevêtrement de conduits et de tuyaux infranchissables. À en juger par les reproches qu’ils s’échangeaient, c’était une évolution de la station en construction dont aucun Wookiee n’avait encore connaissance. Après bien des gesticulations et hurlements, il fut décidé, selon toute apparence, de traverser la tranchée et de continuer le trajet de l’autre côté.

Ils s’approchèrent aussi près de l’espace dégagé qu’ils l’osaient et firent le point. Ils s’étaient déjà bien éloignés du lieu de l’évasion mais l’alerte s’était étendue. Des stormtroopers tenaient leurs blasters prêts ; les bipodes tournaient d’un côté à l’autre, balayant la tranchée de leurs viseurs. Toutes les trente secondes, un escadron de chasseurs TIE passait au-dessus de leurs têtes avec un hurlement strident. En contrepoint, des sirènes résonnaient en permanence, ce qui faisait grincer les dents de l’apprenti.

— Je suppose qu’on n’a pas le choix ? demanda-t-il à ses compagnons poilus.

Le grand mâle indiqua par gestes que la seule autre possibilité était de rebrousser chemin sur une certaine distance puis de descendre à un niveau inférieur de la superstructure et de ramper sous la tranchée pour atteindre le côté opposé.

L’apprenti pensa au temps qui s’écoulait et fit non de la tête. Le grand mâle découvrit ses dents à l’idée de ce qui allait venir.

— D’accord. Je passe le premier. Donnez-moi dix secondes avant de commencer à tirer puis encore dix avant de sortir vos têtes poilues. Je ne veux qu’aucun d’entre vous soit blessé inutilement.

Le grand mâle fit un geste pour signifier Qui ? Moi ? avec une indignation feinte puis hocha la tête.

— OK.

Un trio de chasseurs TIE passa à l’extérieur. L’apprenti attendit que des TB-TT en patrouille arrivent au niveau de leur cachette pour se lancer dehors. Des armes fixes automatiques le repérèrent instantanément. Des tirs d’armes rouges dessinaient des traits discontinus d’explosions le long de la coque en patchwork de la station, tandis qu’il se jetait sous les immenses jambes des AT-AT pour s’abriter. Il prit le contrôle d’une série de composants sur la courroie transporteuse la plus proche et s’en servit comme projectiles, propulsés à grande vitesse sur les tourelles, ce qui en mit cinq hors d’usage. Une décharge d’éclairs Sith mit le TB-TT lui-même hors service et une bonne grosse poussée le fit basculer avec fracas, ce qui fournit un abri aux Wookiees, une fois venu le moment de traverser.

Le quatuor avait déjà ouvert le feu sur les stormtroopers qui convergeaient sur les lieux. Un échange furieux de tirs de blaster chargea l’air d’énergie. L’apprenti dévia tout ce qui se dirigeait sur lui et s’introduisit sur le côté du TB-TT. Il sauta dans la soute à munitions. L’équipage à l’intérieur ne représentait aucune menace, il avait été tué par la décharge d’éclairs, mais il prit garde de ne pas heurter les charges, au cas où leur contenu serait devenu instable. Il ne voulait pas que l’AT-AT explose. Pas encore.

Il installa un simple interrupteur mécanique puis sauta au-dehors et se joignit à la bagarre. Deux autres quadripodes s’approchaient. Il affaiblit le métal de la coque sous leurs larges pieds, ce qui les fit s’effondrer sur la superstructure. La patrouille de TIE suivante s’approchait rapidement.

Il fit signe aux Wookiees.

— Venez !

Trois d’entre eux émergèrent de l’abri, abandonnant le dernier qui avait été tué durant l’affrontement. Ils couraient en pagaille derrière lui en rugissant, sautaient par-dessus des trous dans la coque et envoyaient des tirs ponctuels pour garder les stormtroopers à distance. Les quadripodes qui s’approchaient commencèrent à tirer à leur tour, envoyant des nuages de fumée âcre et des éclats de munition sur leur trajectoire. Un deuxième Wookiee s’écroula mais les autres ne ralentirent pas leur course. En quelques secondes, ils eurent rejoint l’apprenti et le dépassèrent. Il indiqua un panneau d’accès ouvert comme pour les accueillir, de l’autre côté de la tranchée. Il baissa la tête et se mit à courir.

Derrière lui, mis à feu par télékinésie, le TR-TT abattu explosa, fusionnant toutes les munitions entreposées en une explosion formidable. Au lieu de détruire tout ce qui se trouvait alentour, l’explosion fut canalisée le long de la tranchée et à la verticale de celle-ci, entourant les deux quadripodes tout proches, les stormtroopers qui tiraient depuis les passerelles de sécurité et les chasseurs TIE qui s’approchaient. Une nouvelle série d’explosions suivit la première et l’apprenti sentit la superstructure vibrer sous ses pieds. Des débris enflammés se mirent à pleuvoir autour d’eux quand ils atteignirent enfin l’ouverture et se jetèrent à l’intérieur.

Ils marquèrent une pause pour reprendre leur souffle et écouter s’ils étaient poursuivis. Personne n’approchait, du moins pas dans l’immédiat. Couverts par les explosions, ils s’étaient véritablement volatilisés.

— Eh bien, on dirait que ça a marché. (L’apprenti essuya de la suie de ses yeux.) Je suis désolé pour vos amis.

Avec un seul son doux, le grand mâle réussit à lui faire comprendre que ces victimes n’étaient que les plus récentes parmi tant d’autres ces derniers temps – mais il remerciait l’apprenti pour sa compassion.

Leur guide les tira et indiqua une voie d’accès à peine assez grande pour que l’apprenti s’y introduise en rampant. Accompagnés par le bruit des sirènes hurlantes et de la superstructure en train de s’effondrer, ils se remirent en route.

Avec un Wookiee devant et un Wookiee derrière, l’apprenti avait largement le temps de s’habituer à leur odeur. C’est du moins ce qu’il pensait. Leur fourrure noueuse dégageait un fumet âcre ; les récentes tensions n’avaient fait qu’ajouter à leur parfum. Il essaya de ne pas penser à ce que ça devait être de partager un cockpit avec un Wookiee pendant un certain temps et il retint sa respiration tandis qu’ils le guidaient jusqu’où il voulait aller.

Il fut surpris que l’odeur ne provoque aucun flash-back de son enfance sur Kashyyyk, les quelques souvenirs qu’il avait récupérés à la mort de son père suggéraient pourtant qu’ils avaient habité là quelque temps. Il se demanda si son père avait travaillé pour la résistance sur cette planète brutalisée. Peut-être avait-il été un pacificateur ou un guérisseur, qui utilisait la Force pour apaiser les blessures de ceux qui étaient terrassés par la main de fer de l’Empire ? Le fait qu’il ne le saurait peut-être jamais lui sembla être la plus grande tragédie qui soit. Comment la vie d’un homme pouvait-elle tout bonnement disparaître ? Comment un autre homme, fût-il Dark Vador, pouvait-il emporter un enfant et le remodeler complètement, effacer toute trace de sa vie passée et n’en garder que la partie qui l’intéressait – sa maîtrise de la Force, qu’il avait entretenue avec soin et guidée vers le Côté Obscur, dans le seul but de servir un jour ses propres intérêts ? Cela ne semblait pas possible et pourtant ça l’était. Lui, qui avait un jour été Galen, fils d’un Chevalier Jedi sur Kashyyyk, en était la preuve.

Il aurait voulu raconter à ses compagnons une anecdote sur son père, pour qu’ils puissent emporter un morceau de lui avec eux, garantissant ainsi sa survie dans les mémoires, puisque dans la vie ce n’était plus possible. Mais il n’avait gardé aucun souvenir et essayer de les raviver ne ferait qu’empirer les choses. Alors, il garda le silence et abandonna son dernier espoir que d’autres souvenirs refassent surface.

Le passage s’élargit enfin et en rejoignit plusieurs autres à un carrefour assez spacieux pour qu’ils puissent tous trois se tenir debout. Leur guide qui était une sorte de technicien laser – l’apprenti finit par le comprendre – quand il ne soudait pas des plaques blindées sur la superstructure, expliqua, avec des gestes, que non loin de là se trouvait un port d’échappement qui l’emmènerait là où il voulait aller. Le port donnait sur un autre conduit très dangereux, ce qui fut expliqué par des mouvements répétés de la patte qui s’ouvrait et se fermait puis par des doigts qui faisaient mine de trancher la gorge à plusieurs reprises. Il ne connaissait pas exactement la nature du danger mais l’apprenti les assura tous deux qu’il serait prudent.

À partir de là, il semblait être censé continuer à monter.

— Merci dit-il en attrapant tour à tour leurs mains, en se faisant écraser les os des doigts. Vous avez aidé tout le monde en m’aidant. J’espère qu’un jour vous le comprendrez.

Le grand mâle lui donna une tape affectueuse sur la tête.

— Et vous deux ? Ça ira ?

Les Wookiees échangèrent des regards désabusés. Le petit haussa les épaules et lui fit comprendre qu’il ne devait pas se tracasser pour eux.

Le grand mâle lâcha un grognement et poussa l’apprenti vers le bon passage. Cela ne servait à rien de résister. Quand il eut parcouru deux mètres, il se retourna pour regarder en arrière. Ils étaient déjà partis.

— Bien, se dit-il.

Il s’attendait à se sentir plus soulagé que cela en se retrouvant de nouveau seul.

Puis il dut de nouveau ramper, même si, cette fois, il respirait un air relativement frais, au goût métallique. Il passa devant de complexes rangées d’équipements qui bourdonnaient et crépitaient pour eux-mêmes. Il espérait que les Wookiees lui avaient indiqué le bon chemin, autrement, il aurait pu ramper pendant des mois dans les entrailles de la station sans jamais trouver de sortie.

Devant lui, le bruit de plus en plus fort de stormtroopers en train de parler suggérait qu’ils ne l’avaient pas induit en erreur.

La voie d’accès se terminait, comme annoncé, dans un port d’échappement gardé par un escadron entier de soldats qui avaient l’air vigilants. De l’air chaud tournoyait autour d’eux, avec des rafales occasionnelles qui les faisaient chanceler. Deux batteries quad-laser avec des artilleurs humains surveillaient le port ; quatre quadripodes émettaient des bruits métalliques en se déplaçant dans la ligne de mire.

Il s’assit à l’abri pendant une minute, pour réfléchir aux possibilités qui s’offrait à lui, puis rebroussa chemin jusqu’au dernier carrefour et se glissa dans un conduit de ventilation qui menait vers le haut, jusqu’à une saillie sur laquelle les canons étaient installés. Il sortit furtivement le bout de son nez de l’extrémité et utilisa la télékinésie pour créer une distraction en bas. Pendant que l’attention des gardes était détournée, il se glissa dehors et courut vers le premier canon.

Il tua l’opérateur qui s’apprêtait à tirer et continua à courir jusqu’au second canon. Le temps qu’il y arrive l’arme avait effectué une rotation à quatre-vingt-dix degrés pour être face à lui : il jeta son opérateur hors de son harnais et prit sa place. L’arme pivota souplement sur son support quand l’apprenti la fit tourner pour viser le quadripode le plus proche. Une série de tirs fracassants pénétrèrent le blindage et firent exploser l’engin en mille morceaux. Ses prochaines cibles étaient les gardes en dessous, avant qu’ils ne puissent pointer une arme sur lui. Ils se dispersèrent dans toutes les directions, pour se mettre à l’abri. Tant qu’ils étaient occupés, il abattit le deuxième quadripode. Cette partie de la tranchée était en proie à un chaos, assez semblable à celui qu’avait engendré le dernier incident qu’il avait provoqué. De la fumée s’élevait des TB-TT abattus ; des sirènes hurlaient et se lamentaient. Des renforts affluèrent de toutes parts, qui tiraient sur tout ce qui bougeait, que ce soit un ami ou des morceaux de matériaux de construction projetés par leur ennemi distant.

Il mitrailla de nouveau les gardes, puis abattit le troisième quadripode. Il entendit les chasseurs TIE approcher et estima que la confusion avait atteint son sommet, il se glissa hors du canon, reprogrammé pour tourner et tirer au hasard.

Au moment où il se laissait tomber dans le port d’échappement et se hâtait à l’intérieur, plusieurs vagues convergentes de tirs de blaster firent voler le canon en éclats, ce qui l’aida à couvrir sa fuite.

L’atmosphère était plus calme dans le conduit à pente descendante, du moins pendant un moment. Courir dans l’air tiède ralentissait un peu sa descente et la seule gêne provenait d’un souffle occasionnel d’air brûlant dans le conduit. Il rencontra à plusieurs reprises des stormtroopers mais seulement en groupes de deux ou trois et il s’en débarrassa facilement. Il se demanda si la nouvelle de son existence et des dégâts qu’il causait s’était répandue jusqu’aux sommets de la hiérarchie. Il n’était toujours pas sûr de vouloir que son Maître soit au courant de sa venue. L’élément de surprise avait une certaine valeur, bien sûr, mais la certitude que l’attaque était imminente aussi. On ne pouvait être sur ses gardes que pendant un temps ; des erreurs finissaient toujours par se produire.

Il ralentit quand il approcha de l’extrémité du port d’échappement. Un ventilateur à larges pales tournait rapidement sur son passage. Il l’arrêta à l’aide de la télékinésie et se glissa sans encombre de l’autre côté mais déclencha tout de même des alarmes d’obstruction, ce qui eut pour effet d’attirer du personnel technique et de sécurité de tous côtés. Il se battit pour traverser la salle de contrôle de la ventilation et il monta de nouveau, comme on le lui avait indiqué, à la recherche du dangereux conduit dont on lui avait parlé. Les machines autour de lui devenaient plus grosses et plus compliquées au fur et à mesure qu’il avançait : d’énormes conduits emboîtés alimentés par d’épais tuyaux hydrauliques dégageaient de la vapeur et vibraient en série. Un grondement profond et irrégulier, assez semblable à celui du canon à minerai sur Raxus Prime, traversait les semelles de ses chaussures. Des bouffées d’air super refroidi l’atteignaient en provenance de joints dont le scellement n’était pas achevé.

Sa vision de l’Étoile Noire était loin d’être complète mais il avait assez d’informations maintenant pour pouvoir reconstituer ce que ça pouvait être exactement. Quand il passa devant un panneau mettant en garde contre la présence de gaz Tibanna, il en fut certain.

Une station de combat ne servait à rien si elle n’était pas armée – et il ne suffisait pas même de l’équiper avec un plus grand nombre d’armes conventionnelles. Une station de cette taille devait héberger une arme de destruction massive d’un type nouveau. Le gaz Tibanna était un composant rare et hautement réactif, qu’on trouvait sur certaines géantes gazeuses, comme Bespin. Combiné avec un flot de lumière cohérente, il augmentait fortement le rendement du laser, c’est pour cette raison qu’on l’utilisait sur plusieurs vaisseaux de conception avancée ainsi que, semblait-il, sur l’Étoile Noire.

Il regarda autour de lui avec plus d’attention et constata que la machinerie à côté de laquelle il semblait si petit pouvait être les composants d’un énorme système laser, proportionnel à la taille gigantesque de la station.

Quand il atteignit un tube laser dont le diamètre était plus large que l’étendue de certaines petites villes, il comprit qu’il avait trouvé l’endroit dont son guide wookiee avait parlé. On procédait à un tir d’essai, en présence de dizaines de techniciens impériaux et d’experts en armement venus observer sa performance. Il fallait qu’il passe de l’autre côté du groupe et qu’il évite le faisceau du laser, pour atteindre son but.

Il haussa les épaules et abandonna la discrétion en faveur de la rapidité. Trop de temps s’était écoulé. Tous ceux qui se dressaient entre Dark Vador et lui étaient sans importance. Il combattrait jusqu’au dernier les êtres vivants de la station s’il le fallait mais cela ne changerait rien, au final.

C’est le moment, Maître, murmura-t-il en se battant. Vous m’avez volé ma vie, m’avez laissé pour mort et maintenant je viens vous régler votre compte…

Quand il atteignit le sommet du tube laser, il se rendit compte qu’il avait largement sous-estimé les systèmes d’armement de l’Étoile Noire en les imaginant. Le laser qu’il avait repéré n’était qu’un des huit lasers affluents qui se rejoignaient en un rayon terriblement destructeur. Des pulsations soigneusement synchronisées le long de chacun des huit canaux créeraient une force capable de détruire tous les vaisseaux imaginables. Peut-être même une planète. Cette pensée le rendit malade. La désinformation, l’esclavage et la torture ne suffisaient visiblement pas à assurer la soumission des masses, l’Empereur allait avoir recours au génocide. Si on ne l’arrêtait pas bientôt, il n’y aurait plus personne en vie à part lui, qui ricanerait comme un maniaque dans les salles vides de Coruscant.

L’apprenti regarda l’énorme lentille de focalisation dont le rôle lui avait au premier abord semblé plutôt innocent. Maintenant qu’il savait à quoi elle servait vraiment, l’idée de devoir la détruire le remplit d’un sentiment d’imminence qui l’épuisa aussitôt. Il avait déjà suffisamment interféré avec plusieurs des plans grandioses de l’Empereur. Pourquoi pas celui-ci aussi ?

La réponse se trouvait dans ses tripes. Cela le perturbait rien que d’y penser… pas seulement la tâche en elle-même mais surtout les morts qu’il avait déjà provoquées. Pourrait-il supporter un exploit aussi sombre, en plus de tous les autres ? Et Juno, le pourrait-elle ? Il n’était pas sûr de la réponse.

Non, décida-t-il. C’était un travail pour d’autres gens… pour l’Alliance Rebelle, si seulement il parvenait à trouver ses membres et à les libérer des griffes glacées de l’Empereur. C’était ça l’important – qu’ils survivent et qu’ils aient droit à leur revanche. C’était sur cette mission qu’il devait se concentrer. Des pulsations cohérentes vermillon allaient et venaient en séquences complexes, tandis que l’arme continuait son test. Chaque tir consommait assez d’énergie pour faire fonctionner un Destroyer Stellaire. L’atmosphère qui entourait de près la station vibrait en résonance avec les secousses puissantes et l’écho des contrecoups. Des travailleurs, que l’on apercevait à la surface de la station et dans le ciel au-dessus, s’arrêtaient pour regarder ces prémices de ce que l’avenir de cette arme laissait présager.

L’apprenti eut le regard attiré par une structure au bord du cratère de focalisation : un dôme d’observation en transparacier brillant, dans lequel on distinguait à peine un certain nombre de silhouettes humaines. L’une d’elles, vêtue entièrement de noir, apparut, salua, et disparut de nouveau.

Le Maître et l’esclave.

Les dents serrées, l’apprenti serpenta le long du bord pour faire le tour de la parabole de focalisation du superlaser. Il était illuminé d’en haut par des éclairs verts éblouissants.

Le plus facile, c’était d’arriver jusque-là.

Cette pensée lui traversa l’esprit tandis qu’il escaladait les arcs-boutants renforcés qui maintenaient le dôme en place. Il avait fait le tour du dôme à deux reprises par en bas, avait relevé ses points faibles et ses points forts et avait décidé que le meilleur point d’accès était le corridor qui le reliait au reste de la station. Deux portes pressurisées s’ouvraient et se fermaient chaque fois que quelqu’un les franchissait, ce qui délimitait un corridor de cinq mètres de long. Le toit du passage n’était pas visible depuis le dôme, étant donné qu’il était dans la direction opposée aux tirs de l’arme. Starkiller pouvait se tapir là, à l’abri des regards, pour découper une voie d’accès et éviter ainsi de devoir se battre – jusqu’à ce que ça ait de l’importance.

Au tout dernier moment, alors qu’il brandissait son sabre laser pour couper le duracier courbe sur lequel il était agenouillé, il se rendit compte que tous les exploits qu’il avait accomplis le menaient à ce moment. C’était la confrontation vers laquelle il se dirigeait depuis que Dark Vador l’avait kidnappé sur Kashyyyk et avait fait de lui son instrument. Deux fois par le passé, Vador l’avait trahi et il avait à peine émis un mot pour se plaindre mais, au bout du compte, les serviteurs en venaient toujours à se retourner contre leurs maîtres, tout comme les Sith finissaient toujours par trahir. Ce moment représentait l’aboutissement de toute une vie de formation et d’expérience.

C’était pour lui le défi le plus difficile à relever. En comparaison, tuer des Jedi avait été facile. Détruire des usines impériales tout autant. Faire s’écrouler des stations orbitales et des Destroyers Stellaires, convaincre de futurs rebelles de sa sincérité, provoquer en duel des esprits planétaires et d’autres serviteurs du Côté Obscur, c’était la routine.

Le travail de sa vie était sur le point de commencer ou de se terminer, selon la façon dont il envisageait les choses.

Il se demanda si Kota avait eu la même impression sur Corellia. Ou Juno à bord de l’Empirique. Ou certains des Rebelles emprisonnés avant d’accepter de le rencontrer ? Peut-être que tout le monde avait des moments pareils dans sa vie. Il se demanda s’il devait se féliciter d’avoir conscience de l’importance du moment, cette fois-ci. Cela n’avait pas été le cas à bord de l’Empirique ou sur Corellia. Il avait été un jouet du destin. Cette fois, il tordait le bras du destin et c’était lui qui menait la danse.

Est-ce que Dark Vador avait jamais ressenti la même chose ? Et le père de Galen ?

Son sabre laser modifié grésilla devant lui. Il y avait de la puissance dans ce feu bleu cyan et son but était pur – le sabre ne servait pas à mettre à mort, c’était un instrument de la Force. Parfois il était indispensable d’agir. Les Jedi l’avaient compris. Il le comprenait aussi.

Il devrait arrêter de se poser des questions, se dit-il, et se concentrer sur ce qui devait être accompli.

Il dirigea la pointe de la lame vers le bas, coupa un cercle net autour de lui et se laissa tomber dans le corridor.

Il était vide. Avant que quiconque ne puisse réagir au bruit, il scella par télékinésie les portes qui menaient vers l’Étoile Noire. Puis il se retourna et ouvrit les portes intérieures en les arrachant.

— … traîtres à l’Empire.

La voix de Palpatine lui parvint depuis la pièce derrière les portes. Il exultait, son ton était froid, empreint d’une méchanceté inconcevable.

— Vous allez subir un interrogatoire. Vous serez torturés. Vous allez me donner les noms de vos amis et alliés. Ensuite, quand vous ne me servirez plus à rien, vous serez exécutés.

La voix de Bail Organa s’éleva, pleine de défi.

— Notre mort ne fera que donner du courage à d’autres…

— Vos exécutions seront publiques et très douloureuses, Sénateur Organa. Elles serviront à dissuader toute velléité de rébellion.

L’apprenti pénétra avec détermination dans la pièce et contourna un gigantesque générateur de champ d’énergie placé au centre du dôme. Mon Mothma, Garm Bel Iblis, Bail Organa et Maître Rahm Kota se tenaient côte à côte, de l’autre côté de la pièce, entourés de Gardes Impériaux. L’Empereur faisait les cent pas devant eux. Même dissimulé sous son capuchon, le dos voûté, il dégageait une puissance incroyable. L’apprenti n’avait d’yeux que pour la sombre et imposante silhouette, postée à un ou deux mètres d’écart, qui suivait la scène les bras croisés.

Kota inclina son visage dévasté à l’approche de l’apprenti. Le bourdonnement du sabre laser parut soudain terriblement bruyant.

— Il pourrait encore y avoir une Rébellion, dit Kota en souriant comme s’il y avait toujours cru.

Dark Vador et l’Empereur se tournèrent au même moment.

Une montée de rage traversa soudain toutes les veines du corps de l’apprenti. L’heure de la vengeance avait enfin sonné.

Le visage haineux de l’Empereur se déforma en un masque de dérision.

— Seigneur Vador, occupez-vous de ce garçon. Correctement, cette fois.

Le Seigneur Noir était déjà en mouvement. La lame de son sabre laser se déploya avec une lueur rouge et projeta des ombres sanglantes à travers la pièce. Il n’y eut aucune palabre. Il ne proféra pas de menace. Il n’y avait pas de doute : sa seule intention était d’achever ce qu’il n’avait pas terminé sur Corellia.

L’apprenti savait exactement à quoi s’attendre. Ils s’étaient affrontés en duel de nombreuses fois auparavant. Il avait appris comment se battre grâce à l’homme au costume noir – l’homme dont le visage lui avait toujours été caché. Il connaissait les subtilités de sa version peaufinée du Djem So, un style de combat qui incorporait des éléments de l’Ataru, du Soresu et du Makashi. Il avait paré de nombreuses attaques sauvages et violentes, qui auraient même eu raison d’un Chevalier Jedi exceptionnel. Il avait enduré le poids de nombreuses batailles psychologiques.

Il pensait être prêt – c’est pourquoi la puissance du coup d’ouverture le prit par surprise.

Un simple double coup, en haut puis en bas, administré avec assez de puissance pour secouer ses poignets et ses épaules et qui faillit le désarmer pour de bon. La collision entre leurs sabres laser était aveuglante. L’apprenti chancela en arrière et se retrouva au centre d’une tempête télékinétique. Son Maître profita de sa faiblesse momentanée pour faire pleuvoir les projectiles de toutes parts, dans l’espoir de maintenir sa garde baissée. Pendant un moment, cela fonctionna.

Puis l’apprenti se redressa et, avec un balayage de la main gauche, repoussa les projectiles. Il bloqua un assaut sauvage, qui aurait pu le couper en deux et un autre qui aurait séparé d’un coup net sa tête de ses épaules. Il s’abaissa le plus bas qu’il pouvait et visa le ventre de son Maître puis dirigea la pointe de son sabre laser vers le haut, dans l’espoir d’attraper le menton du casque de Dark Vador, pour lui transpercer la gorge. Le sabre laser rouge parvint à parer le coup de justesse. Ils se séparèrent un moment pour prendre la mesure de ce bref échange puis tournèrent l’un autour de l’autre avec méfiance.

L’apprenti comprit que, jusqu’à ce moment, ils n’avaient jamais vraiment combattu d’égal à égal. À chaque fois, soit son Maître s’était retenu, soit l’apprenti avait capitulé. Pour la première fois, ils allaient découvrir leurs véritables potentiels respectifs. Là où Dark Vador était fort et implacable, lui était rapide et rusé. Et il y avait de multiples façons de se battre sans avoir recours au sabre laser. Toutes sortes d’objets, lancés par la Force à des vitesses mortelles, devenaient des projectiles qui convergeaient de toutes les directions. Des poings invisibles saisissaient les gorges ou boxaient avec la puissance de marteaux-pilons. Le sol se dérobait sous les pieds, des poutres détachées poignardaient comme des javelots, des circuits surchargés explosaient.

— Vous êtes faible, dit l’apprenti tandis que son ancien Maître lançait une deuxième série de coups d’une puissance à faire trembler les os, qu’il bloqua l’un après l’autre avec une élégante précision.

Dark Vador se battait brillamment, chacun de ses coups était mortel. Il avait l’intention de tuer. Tout ce qu’il lui fallait, c’était une erreur, une petite brèche dans la défense de son adversaire.

L’apprenti se jura de ne pas lui faire ce cadeau.

Il tournoya et dansa autour des défenses de son Maître, pour tester leurs limites.

— Vous pensiez que j’étais mort, dit-il, et cette petite victoire poussa sa détermination vers de nouvelles hauteurs.

Leurs sabres laser dansaient, se confondaient, fendaient l’air et projetaient des étincelles dans une chorégraphie qui aurait pu être belle si leurs intentions n’avaient été si meurtrières. L’apprenti sentit les énergies du Côté Obscur, violentes et réjouissantes, l’envahir. Il résista à leur appel. Il cherchait une meilleure façon de terminer le travail.

Ils allaient et venaient d’un bout à l’autre du dôme d’observation sans cesser le combat.

— Je vous comprends, maintenant, reprit-il, cherchant toujours à déconcentrer son Maître. Vous avez tué mon père et vous m’avez kidnappé sur Kashyyyk, non seulement dans le but que je devienne votre apprenti mais pour que je sois un fils pour vous. C’est comme cela que votre père vous a traité ?

L’attaque de Dark Vador redoubla d’intensité.

— Je n’ai pas de père.

L’apprenti recula sous la pluie de coups. Du tissu qui grésillait et une vague odeur de peau brûlée lui firent comprendre qu’au moins deux des coups manqués de Dark Vador l’avaient frôlé au plus près, mais il ne ressentait aucune douleur.

Lui, en revanche, avait bel et bien touché une corde sensible.

Il jeta un œil par-dessus l’épaule de Dark Vador et aperçut l’Empereur qui suivait le duel, le visage déformé par un plaisir malveillant.

Et l’apprenti comprit.

Une meilleure façon de tuer…

Pas par haine. Quoi que cache ce masque, ce ne pouvait être ni de la beauté ni du bonheur. Seules la laideur et la douleur peuvent se dérober au regard si longtemps. La haine ne suffirait pas pour prendre l’avantage sur Vador. Il tendit la main gauche et frappa son Maître avec un éclair Sith. Le coup brisa l’élan de son attaque furieuse, ce qui permit à l’apprenti de se redresser et de reprendre son souffle.

— Je n’ai pas besoin de vous haïr pour vous vaincre, haleta-t-il. C’est ce que je vais vous apprendre maintenant.

— Tu n’as rien à m’apprendre, psalmodia la voix lugubre de Dark Vador.

Il serra son gant noir et pendant un moment, la gorge de l’apprenti se contracta.

Il repoussa l’attaque télékinétique à l’aide d’une autre du même type. Il poussa son Maître dans la poitrine avec la force d’une petite explosion, ce qui projeta Dark Vador en arrière à travers la pièce.

Malgré sa haute taille et la maladresse dont il faisait parfois preuve, le Seigneur Noir était bien assuré sur ses jambes. Il atterrit droit sur ses pieds et se relança dans la mêlée.

— Je ne vous déteste pas, continua l’apprenti qui bloquait chaque coup par un autre coup. Vous me faites pitié.

Il puisa dans ses réserves une énergie nouvelle et contraignit Dark Vador à se mettre sur la défensive.

— Vous avez détruit qui j’étais et vous avez fait de moi ce que je suis aujourd’hui, mais ce n’était pas votre idée. C’était celle de l’Empereur et il avait déjà accompli la même chose avec vous.

Un pan de la cape de Dark Vador s’envola, fumante. Ils se rapprochèrent tous les deux jusqu’à ce que le masque se dresse face au visage de l’apprenti. Celui-ci braqua son regard droit sur les protections oculaires de son ancien Maître.

— Vous êtes sa créature, tout comme j’étais la vôtre – mais vous n’avez jamais eu la force de vous rebeller. C’est pour cela que vous me faites pitié. Moi, je ne serai plus jamais au service d’un monstre et, si cela ne tient qu’à moi, je m’assurerai que vous non plus.

Vador essaya de s’écarter mais l’apprenti le suivit, le forçant à parer ses attaques.

— Je vais vous tuer, lança l’apprenti. Pour vous libérer !

Les sabres laser brillèrent de nouveau et ce fut l’apprenti qui trouva la faille que tous deux attendaient. Vador mania son sabre laser trop lentement pour bloquer un coup à la poitrine, ce qui permit à la lame de l’apprenti d’entailler en profondeur sa gorge blindée. Vador tituba en arrière, une main gantée levée sur sa blessure fumante.

Il n’y avait pas de sang. Au lieu de poursuivre l’attaque, l’apprenti reprit ses marques. Malgré lui, il était aussi surpris que l’était, de toute évidence, son ancien Maître. Pendant un moment, seuls les bourdonnements jumeaux des sabres laser et le sifflement du respirateur de Dark Vador s’élevaient dans le silence.

Puis le Seigneur Noir éclata de rire.

C’était un son affreux, dénué d’humour mais empli de moquerie. Dans ce rire, l’apprenti entendait quinze années de torture et mauvais traitements.

Sa colère monta. Il bondit en avant. Son ancien Maître parvint de justesse à bloquer le coup. Un deuxième réussit à infliger une profonde entaille dans son épaule vêtue de noir. Un troisième s’enfonça dans la cuisse.

Dark Vador tituba en arrière, les servomoteurs gémirent dans ses membres blessés et son sabre laser trembla.

L’apprenti agrippa son sabre laser à deux mains et se retint. La colère était aussi familière que puissante, elle lui embrumait les yeux quand il avait le plus besoin d’y voir clair.

Vador se prépara de nouveau au combat. Son ascendant sur l’apprenti avait cependant disparu. Son sabre laser rebondit sur le sol en jetant des étincelles, arraché de ses mains par télékinésie. La Force projeta Vador en l’air, comme il avait un jour soulevé le père de l’apprenti, et un barrage de projectiles le frappa avec une intensité croissante. Il leva ses mains gantées pour se défendre mais les coups continuèrent à pleuvoir jusqu’à ce que l’apprenti arrache du sol, avec fracas, le générateur de champ d’énergie qui se trouvait au milieu de la pièce et le projette en direction de son ancien Maître.

Le générateur explosa avec plus de force que l’apprenti n’avait prévu et il fut projeté comme tous les autres sur le sol. Le dôme en transparacier vola en éclats. Des débris se mirent à pleuvoir partout. Le bruit de l’explosion résonna dans ses oreilles pendant un moment étonnamment long.

Il fut le premier à se remettre sur pied et enjamba à grands pas les débris pour rejoindre l’endroit où Dark Vador gisait face contre terre, grièvement blessé, l’armure arrachée à plusieurs endroits. De la chair et des mécanismes apparaissaient par les trous. Enfin, du véritable sang coulait.

L’apprenti se pencha au-dessus de lui, le sabre laser dressé et prêt à frapper. Son ancien Maître essayait de se redresser, enjoignant avec peine à son énorme masse de bouger comme elle était censée le faire. Ses servomoteurs gémissaient et peinaient. Quand il se mit sur le dos, l’apprenti se figea.

Le casque de Dark Vador avait été arraché par l’explosion. Dessous, il y avait le visage de l’homme qui l’avait volé et asservi, une chose pathétique et chauve, couverte de rides et de cicatrices. Seuls les yeux montraient quelque signe de vie : bleus et emplis de douleur, ils le fixaient avec une lassitude réelle.

L’Empereur surgit de la fumée qui se dissipait, la joie s’affichait sur son visage. Il leva une main, comme s’il voulait toucher l’apprenti, celui-ci ressentit une vague de suggestion hypnotique l’envahir.

Oui ! Tue-le ! Il est faible, brisé ! Tue-le et tu pourras prendre la place qui te revient, à mes côtés !

L’apprenti resta figé, hypnotisé par le charme lugubre de l’Empereur. Pourquoi pas ? N’était-ce pas ce qu’il avait envisagé sur Raxus Prime ? S’il acceptait cette offre, il serait libéré de son Maître et deviendrait l’esclave d’un autre – mais qu’est-ce qui l’empêcherait d’attaquer ce Maître à son tour, un jour ? Il ne voulait pas commettre la même erreur que Dark Vador.

Dark Vador – qui avait assassiné son père, lui avait menti, l’avait trahi, avait accusé Juno de traîtrise et kidnappé Kota ainsi que tous les autres, ne méritait-il pas de mourir mille fois ?

Et le pouvoir – il y avait pris goût, au service de son Maître. Quand il sentait le Côté Obscur l’envahir, les autres lui obéissaient au doigt et à l’œil. Ce serait difficile à abandonner.

— Non !

La voix de Kota retentit comme si elle provenait de très loin. L’apprenti réalisa, comme s’il observait la scène au ralenti, que le Maître Jedi arrachait par télékinésie le sabre laser à la ceinture de l’Empereur et, avec une assurance étonnante pour un aveugle, l’utilisait pour abattre les Gardes Impériaux qui surveillaient les prisonniers. Il bondit en avant et frappa l’Empereur, qui se tenait là, apparemment sans arme, la main toujours tendue vers l’apprenti.

Mais l’Empereur n’était jamais désarmé. Il leva l’autre main et frappa Kota d’un éclair avant que le coup ne s’abatte. De l’énergie Sith grésilla entre eux, le Maître Jedi recula, entravé par l’emprise mortelle de l’Empereur.

— Aidez-le !

La voix de Bail Organa tira l’apprenti de sa transe.

Il secoua la tête et sentit l’influence de l’Empereur s’écouler hors de lui comme de l’huile. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Il ne voulait pas retourner du Côté Obscur après tout ce qu’il avait traversé. Il avait vu ce que cela faisait, à Maris Brood sur Felucia et dans les yeux de Dark Vador. Il ne voulait même plus tuer son Maître, maintenant qu’il le voyait humilié et à sa merci. C’est comme cela que tout avait commencé réalisa-t-il. Quand Dark Vador avait tué le père de Galen et que Galen lui avait arraché le sabre laser des mains, il n’avait pas d’autre intention que de venger la mort de son père. C’est cela que Vador avait vu pendant toutes ces années, pas juste que la Force était puissante en lui – et c’est pour ça aussi que Galen avait renié sa personnalité. Il avait fait ce premier pas sur le chemin du Côté Obscur tout seul, avant d’être soumis à la tutelle cruelle de Vador. Il fallait qu’il se rétracte maintenant ou qu’il se soumette au Côté Obscur pour toujours.

Assassiner Dark Vador ne servirait à rien. Sauver ses amis, en revanche, pourrait changer le cours de l’histoire.

Présentée en ces termes, la décision était étonnamment facile à prendre.

Une pluie de transparacier brisé sépara l’Empereur de Kota, ce qui rompit sa concentration et libéra le Maître Jedi du champ d’énergie mortel qui l’entravait. Fumant et à bout de forces, Kota s’écroula et fut rattrapé par Garm Bel Iblis. L’apprenti leur jeta le comlink et s’avança vers Palpatine.

— Bien, siffla l’Empereur, ses mains comme des griffes dressées entre eux, pareil à un vieil homme qui écarte un agresseur.

Il trébucha et tomba à genoux.

— Oui, dit-il.

Il leva les yeux vers l’apprenti.

— Ton destin était de me détruire. Vas-y ! Laisse parler ta haine !

L’apprenti se pencha au-dessus de lui pendant un moment, le sabre laser brandi. La lumière cyan se reflétait dans les yeux de l’Empereur de la galaxie, comme si c’était la dernière chose qu’il ne verrait jamais.

L’apprenti éteignit la lame d’un coup sec et baissa le bras.

Kota boita derrière lui et posa une main sur son épaule.

— C’est fini, mon garçon, dit-il avec une fierté brusque. Il est vaincu. C’est terminé.

Un bruit de moteurs au-dessus de leur tête attira leur attention. Ils levèrent les yeux et virent le Rogue Shadow effectuer sa descente au-dessus du dôme brisé, ses feux clignotaient pour attirer leur attention. Ses répulseurs dissipèrent le reste de la fumée et firent claquer la cape en lambeaux de l’apprenti contre ses jambes.

Juno, pensa-t-il. Enfin, tout va aller.

— Espèce d’idiot, grogna l’Empereur, qui envoya une autre vague d’éclairs Sith dans le dos de Kota. Il ne sera jamais à vous.

Kota s’effondra, les bras levés, et l’apprenti comprit que ce n’était pas encore fini. L’heure de vérité avait sonné.

Sans hésiter, il s’interposa entre Kota et l’Empereur. Son corps absorba le plus gros des éclairs Sith.

La douleur était incroyable. Elle brûla les nerfs jusqu’à atteindre le centre de chacune de ses cellules, les tortura comme des aiguilles chauffées à blanc. Il n’avait jamais rien enduré de pareil. Il voulait s’éloigner de la source, se rouler en boule et sombrer dans l’inconscience pour qu’elle emporte la douleur mais, sans trop savoir comment, il restait debout, une lumière bleue, qui grésillait, se dressait entre lui et le monde. Il fit même un pas en direction de l’Empereur.

— Allez-y, siffla-t-il à Kota. Dépêchez-vous !

Le général n’hésita qu’un instant. Lui aussi avait entrevu le futur, l’apprenti s’en souvint. Il savait que la situation se résumait à un choix simple : les Rebelles et lui ou l’apprenti et l’obscurité pour toujours.

Kota regroupa les Rebelles et les mena vers le vaisseau qui descendait.

Après un nouveau pas chancelant et douloureux, l’Empereur se trouva à portée de l’apprenti. Les doigts tremblants, celui-ci saisit les épaules osseuses du vieil homme entre ses mains et les serra fort. L’éclair Sith se répandit pour les engloutir tous les deux, alimenté par leurs désespoirs conjugués. L’Empereur pencha la tête en arrière et hurla d’une douleur jouissive. L’obscurité menaçait d’envelopper l’esprit de l’apprenti mais il se cramponna à sa conscience avec une volonté fébrile. Il le devait.

Un escadron de stormtroopers fit irruption au pas de course dans la pièce, menée par un Dark Vador boitant. Ils levèrent leurs pistolets blaster pour abattre les Rebelles qui s’enfuyaient par la rampe du Rogue Shadow.

— Non ! cria l’apprenti.

Il baissa la garde pour frapper une dernière fois les Impériaux. Il ressentit une vive douleur dans la poitrine, comme si une étoile venait d’y prendre vie. Soucieux de ses amis plus que de son propre sort, il embrassa totalement la Force, sans retenue, et fut récompensé par une puissance à côté de laquelle ses démêlés passés avec le Côté Obscur paraissaient des jeux d’enfant. Ses nerfs étaient en feu. Des traits de lumière irradiaient de sa peau. Ses os brillaient comme de la lave en fusion.

Il vit plutôt qu’il ne sentit l’énorme onde de choc qui dévasta la majeure partie de ce qui restait du dôme d’observation. Une bulle de feu rougeoyante mit les stormtroopers en pièces et engloutit aussi bien Vador que l’Empereur. Des débris flottaient dans l’air comme des grains de poussière en suspension dans le faisceau du puissant laser de l’Étoile Noire.

Ballotté comme une feuille au vent, le Rogue Shadow s’éloigna sans attendre. Sa rampe se referma avec un claquement sonore sur son précieux chargement.

L’apprenti sentit de nouveau qu’il quittait son corps. Ou était-ce son corps qui le quittait cette fois ? Il se sentait déchiré par l’énergie qui avait afflué en lui. Toutes ses cellules sans exception étaient en état de choc, chacune de ses fibres tremblait. Le feu sur son visage ne dégageait aucune chaleur. Ses membres lui semblaient aussi distants que les bras les plus éloignés de la galaxie. Il avait du mal à croire qu’il soit encore en état de penser, tout simplement.

Affaiblis par l’explosion, les supports du dôme cédèrent. L’édifice s’effondra dans la parabole du superlaser, ce qui déclencha une série d’explosions conventionnelles. Des stormtroopers arrivèrent sur les lieux. Malgré sa perspective diminuée, l’apprenti parvint à distinguer deux silhouettes à travers la fumée.

Dark Vador essayait de se remettre sur pied parmi les décombres, il était encore plus endommagé qu’auparavant. Il voulut prendre appui sur quelque chose et ne trouva que son Maître, la mine renfrognée.

Ensemble, sans échanger un mot, ils fouillèrent les débris.

Quand ils trouvèrent ce qu’ils cherchaient, ni l’un ni l’autre n’en eut l’air plus heureux.

— Il est mort, déclara Le Seigneur Noir d’une voix monocorde.

Il contemplait froidement le corps à leurs pieds.

Ce moment, pensa l’apprenti, je l’ai déjà vu !

— Alors maintenant, il est encore plus puissant que jamais.

L’Empereur leva les yeux et regarda avec aigreur le Rogue Shadow qui filait à toute allure dans le ciel encombré.

— Il était censé dénicher les Rebelles, pas leur donner espoir. Son sacrifice ne fera que les encourager.

— Mais maintenant, nous savons qui ils sont, mon Maître. Je vais les traquer et les éliminer, comme vous l’avez toujours voulu – à commencer par le traître Bail Organa.

L’Empereur lui fit signe de se taire et se retourna pour s’en aller.

— Patience, Seigneur Vador. Il vaut beaucoup mieux détruire d’abord les espoirs d’un homme. Ou ceux d’un de ses proches…

L’espoir ne sera jamais détruit, pensa l’apprenti. Pas maintenant. Il survivra à tout ce que vous lui jetterez encore à la figure…

L’obscurité se fit plus pressante. Il ne lutta pas. Juno était en sécurité. C’est tout ce qui lui importait maintenant. Il n’avait pas besoin d’être là pour voir la suite. Il l’imaginait sans peine.

Sur cette dernière pensée, il murmura son propre nom.

Sans que personne ne le remarque, Dark Vador leva sa lourde botte noire et, d’un coup de talon, réduisit en poussière le sabre laser de son apprenti déchu.