22

Assis dans le bureau d’Encaasa Bareesh, Ula faisait de son mieux pour ne pas pleurer. Il n’aurait jamais dû venir sur Hutta. Il aurait dû discuter fermement avec le commandant suprême Stantorrs afin que celui-ci envoie quelqu’un d’autre. Et peu importait l’effet qu’aurait eu une telle attitude. Il aurait accepté avec gratitude un poste inférieur dans l’administration militaire de la République plutôt que de rester une minute de plus dans cet endroit sinistré.

Dès l’instant où il avait entendu prononcer ce nom maudit, Cinzia, tout s’était mis à aller de travers. Tout d’abord il avait été enlevé puis interrogé. Ensuite, il s’était retrouvé au beau milieu d’une bataille entre une Sith, un Jedi et un Mandalorien. Puis ces brutes d’hex avaient bien failli le tuer. Et maintenant…

Il se prit la tête dans les mains. Il n’arrivait plus à réfléchir.

De l’extérieur du bureau leur parvenaient les échos d’une agitation frénétique. La destruction de la navette de la République avait endommagé le spatioport du palais. Des équipes de maintenance et des pompiers couraient dans tous les sens et s’apostrophaient bruyamment, quand ils n’aboyaient pas dans leurs comlinks pour exiger des renforts. Ula n’avait pas proposé son aide. Le palais pouvait brûler en totalité, il s’en moquait complètement.

Les chances que Larin Moxla ait survécu étaient des plus minces. C’était pour lui une certitude.

Il n’était pas fier d’avoir fui le sas de sécurité en ruines, même si, sur le moment, il avait pensé que ses motivations étaient pures. La façon dont il avait joué à l’émissaire de la République n’avait jamais été convaincante. Jet l’avait percé à jour immédiatement, sans jamais le traiter d’espion de l’Empire. Il était donc préférable de laisser cette vie se terminer et en commencer une nouvelle dans l’Empire. Il pourrait passer moins de temps à se demander ce que les autres pensaient de lui et faire plus de choses constructives.

Franchir la sécurité du spatioport n’avait pas posé de problème particulier, même après le départ inattendu du vaisseau de Dao Stryver. On se souvenait de son arrivée, et on l’avait laissé passer. Il s’était approché de l’aire de  stationnement réservée à l’Empire sans hésiter, sûr que les gardes du vaisseau lui permettraient d’embarquer.

La suite avait été très différente.

La honte qu’il avait éprouvée alors le consumait encore. Ses camarades de l’Empire – d’un rang hiérarchique inférieur, qui plus est – l’avaient repoussé sous prétexte qu’il appartenait à une espèce presque humaine et n’était pas de sang pur, comme eux. Saleté d’Épicanthix, avaient-ils dit. Ta place est dans ce trou. File avant que nous t’abattions.

Abasourdi par ce revirement soudain, il avait quitté le spatioport d’un pas chancelant. Si les siens ne voulaient plus de lui, qui allait l’accepter ? L’esprit en déroute, il avait erré au hasard dans les environs pendant ce qui lui avait semblé être des jours entiers, mais qui n’avait pas dû excéder une heure. Ses choix étaient limités. Il pouvait retourner dans le giron de la République et reprendre son poste auprès du commandant suprême Stantorrs – s’il n’était pas mis à la porte pour avoir échoué aussi lamentablement dans sa mission – ou faire ce que les gardes impériaux lui avaient suggéré et rester sur Hutta. Mais cette dernière option lui répugnait.

Quand il retourna au spatioport, il était déterminé à quitter cette planète à jamais. Il apprit que la navette de la République avait été détruite. Non seulement ses frères de l’Empire l’avaient rejeté, mais ils avaient aussi anéanti son seul moyen d’échapper à cette planète ! Il s’était senti tellement désemparé qu’il n’avait pas entendu l’explosion. Il avait alors accueilli la nouvelle avec un manque d’amour-propre certain.

Heureusement, la situation n’était pas totalement désespérée. Sur des mondes plus civilisés, la violation patente par l’Empire du Traité de Coruscant aurait pu déclencher une guerre générale, mais sur Hutta il y avait de fortes chances qu’on l’ignore tout autant que les infractions commises par la Sith et le Jedi ce même jour. De plus, son statut d’émissaire de la République garantissait toujours à Ula un certain poids. Tassaa Bareesh l’avait installé dans son bureau – un endroit fétide encombré de drapés en cuir et de beaucoup trop de velours, avec des choses vivantes qui rampaient sur les meubles – et l’avait laissé seul alors que le spatioport était confronté à des urgences autrement importantes. Ula ne pouvait lui en tenir rigueur.

La seule personne à qui il en voulait, c’était lui-même. S’il ne s’était pas enfui comme un lâche, il aurait peut-être pu changer le résultat de la mission. Larin était quelqu’un de très capable, mais elle était aussi blessée. Et maintenant que Stryver et le Sith avaient filé, sans doute avec le calculateur de navigation pour l’un des deux, et que les gardes à l’extérieur parlaient du Jedi que quelqu’un avait capturé, Tassaa Bareesh ne serait certainement pas portée à la clémence envers tous ceux qui avaient trempé dans cette affaire. Il s’attendait à un retour de bâton douloureux. Tout l’Espace Hutt tremblerait tant qu’elle n’aurait pas trouvé le moyen d’atténuer ses pertes.

Un Weequay au teint basané fit irruption dans le bureau. Il n’avait pas frappé avant d’entrer. Son visage affichait une grimace agressive.

— Debout, ordonna-t-il en touchant Ula avec son bâton de force.

Le ventre de l’Épicanthix se noua. Le moment qu’il redoutait était arrivé. Qu’est-ce que Tassaa Bareesh avait prévu pour lui ? S’il avait de la chance, ce serait rapide. S’il recevait le châtiment mérité, ce serait atrocement long.

Il fut conduit à l’extérieur, sur le spatioport, où Encaasa Bareesh et un groupe de Gamorréens attendaient, leurs haches de cérémonies prêtes. Ils encadraient un homme sale et contusionné qu’Ula ne reconnut pas immédiatement. Un bandage de fortune atténuait le saignement d’une blessure à son bras gauche. Une douzaine d’autres entailles et éraflures n’avaient pas été soignées.

— Émissaire Vii, je ne crois pas que nous ayons été  présentés comme il se doit, dit le jeune homme d’un ton courtois. Je suis Shigar Konshi, Padawan du Grand Maître Satele Shan.

Ula était tellement déconcerté par ce formalisme et cette déférence à son encontre qu’il eut du mal à répondre sur le même registre.

— Je croyais que vous aviez été arrêté.

— Je l’ai été.

— Alors, que faites-vous ici ?

— J’attends… (Il regarda derrière Ula.) Oui, les voilà qui arrivent.

Ula se retourna. S’il avait d’abord été surpris, il fut vite ébahi en découvrant la scène.

Larin Moxla allait devant une procession formée d’un Weequay, un Twi’lek, Jet Nebula et son droïde, et un des gardes de Potannin. On ne les poussait pas comme des prisonniers ; d’ailleurs, ils n’étaient pas attachés. Comme Shigar, on les traitait plus en invités que comme des prisonniers.

— C’est un plaisir de vous revoir, l’ami, dit Jet en lui adressant un petit salut nonchalant. Si c’est vous qui avez réussi à nous sortir de cette pagaille, je vous dois une douzaine de Cœurs de Réacteur.

— Non, ce n’est pas moi, répondit Ula avant de se tourner vers Shigar pour avoir une explication.

— J’ai conclu un marché, expliqua à tous le Padawan, bien que son regard s’attardât particulièrement sur Larin. Tassaa Bareesh nous laisse partir.

— Une telle générosité de sa part est suspecte, dit la jeune femme.

— Eh bien, oui, il y a un piège, reconnut Shigar en faisant la moue. Je vous en parlerai quand nous serons en chemin.

— Vous avez une place à bord d’un vaisseau ? demanda Ula qui commençait à reprendre espoir.

— Mieux que ça, répondit le Jedi. J’ai un vaisseau et un capitaine.

— Quelqu’un de notre connaissance ? glissa Jet d’un ton incertain.

Le Twi’lek s’adressa à lui en termes précis.

— La grande Tassaa Bareesh a donné pour instruction à son neveu de libérer votre vaisseau, mais votre contrat avec notre employeur demeure valide. Vous emmènerez le Jedi et ses compagnons là où ils le désireront. Vous ne vous sauverez pas une fois franchies les limites de notre espace aérien. Vous reviendrez avec les informations souhaitées et vous livrerez lesdites informations dans leur totalité. Toutes les pertes financières survenant durant cette expédition seront de votre responsabilité.

— Et pour les profits ?

— Ils seront répartis selon la règle.

Nebula grimaça. Ula devina que la « règle » signifiait : tout pour Tassaa Bareesh et rien pour les autres.

— Ce n’est pas un marché très équitable, fit le contrebandier. Et puis, vous allez peut-être penser que je chipote sur les détails, mais je ne garde pas le souvenir d’un quelconque contrat entre nous.

Le Twi’lek sourit.

— Il y en a un maintenant.

— Je crois que c’est ça, le piège, souffla Larin.

Jet soupira.

— Bon. Au moins nous sommes vivants et nous allons bouger très bientôt. J’ai appris qu’il y avait une solution à tous les problèmes si l’on sait agir avec un minimum de… vélocité.

Il lança un clin d’œil à Ula, lequel était encore sous le choc de ce retournement de situation imprévu et conservait une expression ahurie.

—  allons-nous exactement ? réussit-il pourtant à demander.

— Nous partons à la poursuite de Stryver, répondit Shigar. Et plus nous nous attarderons ici, plus grande sera son avance.

Il s’inclina face au neveu de Tassaa Bareesh, et le Hutt répondit quelque chose en grognant. Le Weequay et les Gamorréens se dispersèrent d’un pas lourd pour vaquer à des tâches plus importantes. Quand les portes du spatioport s’ouvrirent, Jet passa en premier et les mena à son vaisseau en sifflotant.

— N’espérez pas trop quand même, prévint-il. L’Auriga Fire est un bon appareil, mais il a connu des jours meilleurs. Comme toi, hein, mon pote ? (Il donna une claque sur l’épaule de Clunker, ce qui produisit un cliquetis qui se propagea dans la jambe gauche du droïde.) Je vous amènerai du point A au point B, mais je ne peux pas vous promettre grand-chose d’autre.

Il fit halte au bas de la rampe d’embarquement où une série de sacs de voyage étaient alignés.

— À qui tout ça peut-il bien appartenir ? dit-il.

— Je crois que c’est à moi, répondit Ula.

Ses appartements avaient dû être vidés de ses affaires pendant qu’il s’apitoyait sur son sort dans le bureau d’Encaasa Bareesh.

— Donc vous vous joignez à nous, émissaire Vii ? demanda Nebula, une lueur de connivence dans les yeux.

— Oui. Si… euh… si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

— Je ne peux pas vous garantir que vous serez bientôt de retour sur Coruscant.

— Peu importe. J’aimerais beaucoup quitter cette planète le plus vite possible.

— C’est parti.

Jet tapa un code complexe pour déverrouiller le sas d’accès à son vaisseau. La coque était éraflée et criblée d’impacts de micrométéorites. Ula s’inquiétait un peu de l’état du vaisseau, mais il se dit que si Nebula avait survécu, c’était bon signe.

Le sas s’ouvrit.

D’un geste, Jet l’invita à entrer le premier.

— Après vous, alors. Attention à la marche. Les postes d’équipage sont sur la droite. Je crois que c’est le titre auquel vous avez droit maintenant : membre d’équipage. Quelqu’un va bien devoir m’aider à faire voler cette antiquité.

Ula prit un sac au passage. Le dernier de ses gardes fit de même. La rampe d’accès grinçait et oscillait. Il plissa le nez en découvrant l’odeur qui émanait de l’intérieur. Elle évoquait celle d’un dortoir de Rodiens. L’Auriga Fire était indubitablement très différent du transport officiel qui l’avait amené sur Hutta.

Mais il n’en avait cure. Un désastre complet avait été évité, et il ne pouvait qu’en être réjoui. Il était vivant, Larin également. Il disposait de vêtements propres et d’un moyen de transport. Il était même possible qu’il soit en mesure de revenir avec des renseignements précieux auprès de ses maîtres sur Dromund Kaas. Quand il repensait au désespoir qui l’habitait quelques minutes plus tôt seulement, il lui semblait que la situation actuelle avait tout pour le rendre optimiste.

Clang !

Il avait oublié l’avertissement de Nebula et venait de se cogner l’orteil sur la barre au sommet de la rampe.

L’Auriga Fire n’avait rien d’un vaisseau de luxe. Vu de dessus, le transport était presque parfaitement triangulaire avec des hyperpropulseurs à la base, puis avec les flèches des senseurs, les générateurs de bouclier et les instruments de communication à la pointe. Le cockpit était légèrement excentré, à mi-longueur de la structure, au-dessus des soutes principales. Ses coursives basses et étroites formaient un Y approximatif distribuant la soute principale, les postes d’équipage pouvant accueillir cinq personnes et la salle des machines à l’arrière. Des soutes additionnelles occupaient le reste de l’espace, dont certaines n’étaient probablement pas détectables à l’œil nu, Ula l’aurait parié. Nébula affirmait avoir eu un équipage de dix membres lors de sa rencontre – avec le Cinzia. Ula aurait aimé savoir comment ils avaient réussi à tenir tous dans l’engin.

En termes d’équipement, en revanche, le vaisseau avait du répondant. En revenant de la salle d’eau, Ula repéra un rayon tracteur, un système d’interdiction rudimentaire et des recharges pour par moins de quatre canons trilaser. L’épaisseur des câbles suggérait que les boucliers étaient abondamment alimentés également. Nébula minimisait peut-être les capacités de son vaisseau, songea Ula.

Le cockpit était juste assez grand pour eux tous. Shigar prit le siège du copilote. Larin comptait plus d’heures de vol, mais en attendant que sa main soit soignée correctement elle fut reléguée à l’astrométrie. Clunker s’était raccordé aux systèmes de contrôle de vol et avait éteint ses photorécepteurs. Ce qui laissait les sièges passagers à Ula et Hetchkee pour le court saut jusqu’en orbite.

Dès que l’atmosphère brunâtre de Hutta fut supplantée par la lumière des étoiles, Ula se sentit plus léger, autant d’esprit que de corps. Jet cala habilement le vaisseau sur une orbite stable et brancha le pilote automatique. Puis il lit pivoter son siège et croisa les mains derrière sa nuque.

— Et maintenant, la question à dix milliards de crédits : Quelle direction ?

Tous se tournèrent vers Shigar, qui eut une moue embarrassée.

— Il est plus facile de la poser que d’y répondre, j’en ai bien peur, dit-il. Tassaa Bareesh pense que nous poursuivons Stryver, je suppose donc que c’est ce que nous devons faire.

— Pourquoi ne pas simplement nous enfuir ? demanda Ula.

— Je ne peux pas, intervint Nebula.

— À cause de ce faux contrat ?

— Parce qu’elle me traquera et finira par me clouer à un mur de sa salle du trône si je m’enfuis. Elle a planqué une balise quelque part sur cette vieille poubelle. J’en suis sûr. Moi, à sa place, c’est ce que j’aurais fait.

— Donc nous nous lançons à la poursuite de Stryver, résuma Larin. À priori, il se dirige vers le lieu de conception des hex.

— Si nous détenions le calculateur de navigation, nous ferions la même chose, approuva Shigar.

— Il doit d’abord craquer le cryptage, dit Jet. Nous avons essayé une ou deux fois durant le trajet jusqu’à Hutta, mais sans succès.

— Y a-t-il d’autres données qu’on ne nous a pas communiquées ? Par exemple, quand vous avez intercepté le Cinzia, avez-vous pu définir d’où il venait d’après sa trajectoire ?

— Non. Nous avons essayé aussi. Une projection de la route suivie, et l’on a abouti à une zone vide en bordure de la galaxie, puis à un vide encore plus immense au-delà. C’est la même chose avec tous les relevés que nous avons pu établir. Ils ne mènent nulle part.

— C’étaient des malins, dit Larin. Et ils voulaient vraiment rester cachés. Je me demande pourquoi.

Ils réfléchirent à la question un moment en silence. Ula n’avait pas d’indice à fournir quant à la psychologie de Lema Xandret. Les hex étaient des créatures remarquables et très étranges, mais ce seul constat ne révélait rien de leurs concepteurs.

À moins que… Sur Panatha, l’arrière-arrière-grand-père d’Ula avait été grand amateur des anciens dictons palawans. L’un disait : « Ce que vous faites est plus parlant que ce que vous dites », et un autre : « Ce que vous façonnez vous façonne. »

L’application de cette philosophie à leur situation actuelle sembla impossible à Ula, jusqu’à ce qu’il se rappelle quelque chose que Yeama lui avait dit.

— Cette chose qui construisait les hex, dit-il. Le nid. Il était fait d’un alliage particulier. Qu’était-ce ?

— Un mélange de lutécium et de prométhéum, répondit Nebula.

— Des métaux rares, donc. Il ne doit pas exister beaucoup de planètes où l’on peut trouver les deux, n’est-ce pas ?

Jet réfréna aussitôt son enthousiasme naissant :

— Il n’existe pas un seul monde exploré où on les trouve en abondance.

— Et dans l’Espace Vierge ? Il y a un tas de mondes non explorés.

— Bien sûr, mais c’est plus que vaste, et on ne l’appelle pas vierge pour rien.

Ula s’affaissa dans son siège.

— Comment avez-vous convaincu Tassaa Bareesh que vous aviez la plus petite chance de trouver cette planète ? demanda-t-il à Shigar. Moi, ça me semble sans espoir.

Le Padawan eut l’air gêné par le commentaire.

— Je lui ai rappelé que j’étais un Jedi. Je lui ai dit que nous avions nos méthodes.

Larin attrapa dans une des poches de sa tenue le morceau de métal argenté.

— Voilà comment nous allons localiser cette planète, dit-elle d’un ton triomphant, en offrant son trésor à Shigar. Grâce à ça, et à vos mystérieuses méthodes.

Il haussa les sourcils en signe d'étonnement, puis il les fronça un peu plus encore que précédemment et refusa la main tendue de la jeune femme.

— Non. Ça ne marchera pas.

— Il le faut, insista-t-elle. Vous m’avez déjà parlé de vos aptitudes psychométriques…

— Mes aptitudes psychométriques ne sont pas fiables, Larin.

— … et de votre Maître qui pense que vous pouvez arriver à les maîtriser. Quelle meilleure occasion pour faire un essai ?

— Il n’y en a pas, c’est vrai, reconnut-il, mais ça ne marchera pas simplement parce que je souhaite que ça marche,

— J’ai confiance en vous, répliqua-t-elle avec une candeur sans affectation. Et vous ne m’avez encore jamais déçue. Pas une seule fois. Je ne m’attends pas à ce que vous commenciez maintenant.

Cela élimina ses dernières réticences. Il prit le morceau de métal et le leva dans la lumière. La chose brillait tel un diamant. 

— Est-ce que c’est bien ce à quoi je pense ? demanda, Ula.

— C’est un fragment du nid, confirma-t-elle.

— Et Shigar peut retrouver son lieu d’origine par la seule puissance de son esprit ?

— Je peux essayer, en tout cas, lâcha le Jedi. Mais je ne promets rien.

— C’est toujours ça. Combien de temps ça vous prendra ?

— Je n’en sais rien. Il faut d’abord que je m’entretienne ! avec Maître Satele. Elle saura peut-être comment me guider. Vous pouvez envoyer un message à Tython ?

— En moins de temps qu’il ne vous en faut pour le demander.

— Je vais emporter le fragment dans la soute principale, J’ai vu qu’un holoprojecteur y était installé.

Shigar se leva du siège de copilote. Jet effectua quelques réglages sur le tableau de bord pour ouvrir les canaux de communication et déplacer les données à travers le vaisseau.

Les yeux fixés sur l’échelle par laquelle le Jedi venait de disparaître, Larin paraissait pensive. Une petite ride verticale d’inquiétude était apparue entre ses sourcils.

Ula se pencha vers elle pour lui murmurer :

— Vous ne pensez pas vraiment qu’il peut y arriver, n’est-ce pas ?

Les yeux verts de la jeune femme se braquèrent sur lui.

— Je pense une seule chose, répondit-elle. S’il ne tente pas l’expérience, ce sera pire que s’il échoue.

Ula ne put qu’acquiescer face à cette confiance inébranlable, et il regretta de ne pas en posséder au moins la moitié.

— Bon, maintenant, il faut que j’ôte ce gant pour examiner ma main, déclara-t-elle. En l’absence d’un médecin, j’aurais besoin qu’un de vous deux m’aide. Soldat Hetchkee ? Émissaire Vii ?

— Je vais le faire, s’empressa de répondre Ula. Hetchkee, restez ici pour assister Jet, si besoin est.

— Le médikit se trouve dans le sas arrière, indiqua Nebula. Prévenez-moi quand vous aurez une destination, et je ferai démarrer cette poubelle.

— Je n’y manquerai pas.

Larin se dirigea vers l’échelle, suivie d’Ula. Il s’efforçait de se remémorer tout ce qu’il avait appris sur la médecine lors d’un bref stage suivi sur Dromund Kaas, des années plus tôt.