21

Larin se retourna pour regarder le contrebandier. Elle s’était laissée aller un moment, elle avait quitté les ruines du sas de sécurité et l’usine de droïdes dévastée, quitté la clameur des services de sécurité du palais qui déblayaient les décombres, et même oublie le tir occasionnel d’un Houk ambitieux posté près du trou que ce pauvre Yeama avait creusé dans le mur. Mais elle était maintenant de retour, et ce qu’elle voyait n’avait rien pour la réjouir.

La réponse lui vint enfin.

Vous vous sentez bien ?

— Oui.

Ils étaient accroupis hors de vue à l’entrée de la chambre forte, et elle pressait toujours sa main blessée sous son aisselle. La plaie s’était refermée, et elle ne pouvait rien faire de mieux pour l’instant. Elle le savait bien, parce qu’elle avait déjà été touchée au combat. Une fois, elle avait connu un échange nourri avec une guérilla urbaine que les Forces Spéciales de l’Escouade de la Blackstar devaient nettoyer. Mais la nouvelle de leur intervention avait transpiré, et Larin s’était retrouvée prise au piège avec trois autres membres de l’escouade.

Il lui arrivait encore de revoir en rêve la façon dont les grenades à fragmentation avaient déchiqueté son groupe et transformé en un instant deux de ses camarades en lambeaux de chair. Elle avait eu la chance de ne pas subir le principal des explosions, mais même ainsi la peau de sa cuisse et de son flanc droit avait été arrachée, avec un peu de tissus musculaires en prime. Elle avait passé un temps beaucoup trop long dans une cuve de régénération, sans compter les trois mois de rééducation pour retrouver toute sa fonctionnalité corporelle.

Mais la situation présente était différente, et pas uniquement parce que ses doigts ne repousseraient pas. Au sein de la Blackstar, elle avait eu un tas de raisons nettes et précises de combattre : entre autres, l’envie de voir la cause de la République se renforcer, celle de propager les principes de liberté et d’égalité chez les autres communautés de la galaxie, et le goût de poursuivre sa propre carrière dans ce cadre. À cet égard, elle avait estimé à l’époque qu’elle était parfaitement normale. Pourquoi entrer dans les Forces Spéciales, si ce n’était pour devenir une héroïne dans le camp du Bien ?

Elle savait maintenant que ceux qu’elle avait côtoyés n’étaient pas tous comme elle. Chaque panier contenait toujours une ou deux pommes pourries. Aujourd’hui, elle savait également l’importance qu’au moins deux de ces principes avaient pour elle. Combinés, ils étaient à ses yeux plus importants encore que le dernier. Et sacrifier sa carrière pour demeurer fidèle à ces principes lui avait paru être la chose à faire à l’époque.

Mais, sans perspective de carrière, il lui était difficile de combattre au nom d’une cause. Et maintenant, sa situation était complètement embrouillée. L’invasion d’un État souverain – quand bien même il était question d’un État abritant des meurtriers et des criminels de toutes sortes – était-elle la meilleure façon d’imposer la liberté et l’égalité ? Comment une querelle avec des Mandaloriens et des Sith au sujet d’un calculateur de navigation pouvait-elle aider la République ? Avec qui devait-elle se montrer loyale à présent, sinon avec elle-même et avec ses anciens camarades ?

Elle n’avait aucune réponse satisfaisante à ces questions, et pourtant elle avait perdu les doigts de sa main gauche en luttant pour elles. La douleur n’en était que plus profonde d’une certaine façon.

— Qu’est-il arrivé à votre droïde ? demanda-t-elle à Jet pour détourner la conversation.

— Clunker ? Il est quelque part sous tous ces gravats.

Le contrebandier indiqua d’un geste vague l’amoncellement de décombres qu’avait laissé l’explosion du détonateur thermique. Lui-même avait récupéré un blaster abandonné par un des soldats morts.

— Ne vous en faites pas. Il réapparaîtra quand il sera prêt.

— J’ai reconnu son modèle, dit-elle en se raccrochant à ces mots comme s’ils expliquaient tout. Un J8-0, classe Combat. C’est pourquoi il s’exprime avec les signes utilisés au combat. Mais ils ont été mis au rencart, non ?

— Possible, répondit-il. Lui, je l’ai dégotté dans une casse il y a deux ans. Son vocodeur était naze, et quand j’ai voulu le réparer, il l’a bousillé. Ce qui prouve bien que c’est un malin. Il a pigé que si vous ne répondez pas aux ordres, personne ne peut prouver que vous les avez entendus.

— Très bonne tactique de survie quand on est dans l’armée, commenta-t-elle.

Ils penchèrent la tête hors de la chambre forte pour voir si quoi que ce soit avait changé à l’extérieur. Le Houk fit sauter quelques gravats ici et là, mais les rata de plus d’un mètre. Le dernier soldat du groupe de Potannin riposta depuis l’autre côté de l’antichambre. Lui aussi rata lamentablement sa cible. Larin aurait tiré plus juste, même avec une seule main.

— Votre nom, soldat ? lui lança-t-elle.

— Hetchkee, monsieur, répondit-il.

C’était un jeune Kel Dor, et son visage était en grande partie dissimulé par le masque et les lunettes destinées à le protéger des atmosphères trop chargées en oxygène.

— Qui vous a dit de m’appeler « monsieur » ?

— Personne, monsieur.

Il n’était pas au courant du passé de Larin, c’était évident. Et ce n’était pas elle qui allait combler ces lacunes la concernant.

Les bruits de travaux de déblaiement s’accentuaient. Jet se pencha vers elle.

— Dites, vous ne croyez pas qu’on nous a laissé le bébé sur les bras ?

— C’est-à-dire ?

— Dans le genre « Quelqu’un va devoir expliquer tout ça à Tassaa Bareesh, et autant que ce soit vous ».

— Ne vous en faites pas, répondit-elle. Il va revenir.

— Qui donc ? Votre copain Jedi ou l’émissaire Vii ?

Larin balaya les alentours d’un regard circulaire. Elle n’avait pas remarqué la disparition de l’émissaire. Même si, maintenant qu’elle y réfléchissait, elle se souvenait que Jet lui avait glissé quelque chose à propos d’Ula qui les retrouverait à la navette. Elle ne s’était pas demandée comment et quand ils arriveraient là. Ula s’était éclipsé avant que les forces de sécurité leur bloquent la dernière porte de sortie.

— Je parlais de Shigar, dit-elle enfin. Les Chevaliers Jedi n’ont qu’une parole.

— Et que vous a-t-il promis au juste ?

Elle faillit lui répondre sèchement, mais se reprit au dernier moment. Où Jet voulait-il en venir ? Bien sûr, Shigar n’avait pas promis de revenir, mais elle savait qu’il le ferait si les circonstances le lui permettaient. Et tandis que les forces de sécurité de Tassaa Bareesh se massaient à l’extérieur, il n’y avait rien d’autre qu’elle puisse faire à part accorder sa confiance. Depuis déjà longtemps, elle avait renoncé à tenter de le contacter avec le comlink.

Elle se leva.

— Je propose…

Le son d’une explosion lointaine l’interrompit. Le sol trembla et un nuage de poussière les enveloppa.

Impossible de dire où cette explosion s’était produite. Elle termina donc sa phrase, comme si de rien n’était :

— Je propose que nous examinions cette chose tant que nous en avons la possibilité.

Elle s’approcha de l’unité contenant l’usine miniaturisée et regarda à l’intérieur. Les tourbillons de fils étaient à présent immobiles, et elle crut pouvoir en déduire que la chose était morte. Elle voulut la renverser pour étudier sa base, mais l’ensemble était solidement arrimé au sol où les filaments s’étaient incorporés comme des racines d’arbre.

Un fragment de cet alliage argenté avait fondu pendant la fusillade dans la chambre forte. Elle le ramassa et le soupesa. Il était étonnamment lourd.

— Soyons clairs, dit-elle. Cette chose se trouvait à bord du Cinzia. Vous l’avez trouvée, dans les débris du vaisseau et vous l’avez rapportée sur Hutta. Tassaa Bareesh l’a enfermée ici. Elle semblait inerte, mais elle ne l’était pas. Elle a envoyé ces filaments dans le sol et elle a entrepris de piller le métal là où il se trouvait. Elle a infiltré les systèmes de sécurité. Et elle a commencé à construire des droïdes.

— Ula les a appelés les hex.

Ce nom en valait un autre, pour le moment du moins.

— Peut-être un ou deux hex seulement, au départ, pour se défendre, poursuivit-elle. La chose les a gardés cachés à l’intérieur, comme dans un nid, ou un œuf. Si vous étudiez un de ces hex, vous constaterez qu’ils ne sont pas rigides de bout en bout. Ils ont une structure en nid-d’abeilles, si bien que deux peuvent facilement se ranger là s’ils se replient sur eux-mêmes. (Du bout du canon de son fusil, elle toucha la masse de filaments.) Et deux suffiraient pour s’emparer d’un vaisseau entier.

À présent, c’était elle que Jet regardait, et non le nid de droïdes.

— Vous pensez que cette chose attendait que quelqu’un gagne les enchères et l’emporte ?

— Oui. Les hex auraient surgi, décimé l’équipage, puis ils seraient rentrés tranquillement sur leur planète-mère.

Il acquiesça lentement en réfléchissant à cette hypothèse.

— Je pense que vous n’avez pas tort, dit-il. Je crois bien qu’en effet les hex auraient fini par s’échapper d’ici. Remarquez qu’ils ont émergé de la chambre forte quand tout le monde s’est mis à se canarder pour ce qu’elle contenait. La porte a fondu comme du beurre, sans doute sous l’effet de ces filaments qu’on voit là. Si nous avions attendu ne serait-ce qu’un jour de plus, notre nid se serait vidé à mon avis.

— Vous avez sans doute raison.

— Bah, ce n’est qu’une hypothèse, dit-il avec une pointe d’autodérision.

— J’en ai une autre, répondit-elle en retournant sur le seuil de la pièce. Si cette théorie de l’instinct du retour à la planète-mère est juste, alors les hex doivent savoir comment s’y rendre.

— Eh ! fit Nebula, enthousiasmé par l’idée. Alors si nous parvenons à sortir d’ici avec un de leurs cerveaux, nous n’aurons pas besoin du calculateur de navigation en fin de compte !

Ils contemplèrent la carcasse du double hex qui gisait sur le sol de la chambre forte. Le canon laser avait percé un trou à travers les deux abdomens joints. L’intérieur était noirci et fondu, complètement irrécupérable.

Jet grimaça.

— L’idée était bonne, pourtant.

Larin s’adossa au mur et ferma les yeux. Shigar prenait son temps, se dit-elle. Son taux de glycémie était faible, et la douleur lancinante lui donnait des vertiges.

Elle tenait toujours le fragment de métal ayant fait partie de l’usine miniaturisée dans sa main valide. Elle le glissa dans un des nombreux compartiments étanches de sa tenue. Au moins ils ne repartiraient pas les mains vides.

Des bruits à l’extérieur la firent revenir à la réalité.

— Quelqu’un approche ! lança Hetchkee.

Larin releva le canon de son arme avec le dos de sa main gauche et le dirigea vers l’extérieur de la pièce. À l’autre extrémité du sas de sécurité, un amas de gravats bougeait. Quelqu’un ou quelque chose s’efforçait de s’en extraire. Mais était-ce Stryver, la Sith ou le robot de Jet ?

Une main orange éraflée jaillit des décombres et agrippa une poutrelle. La jeune femme avait sa réponse.

— Je vous l’avais bien dit, lâcha le contrebandier avec un sourire de satisfaction avant de crier à son droïde : par ici, mon pote !

Clunker se hissa hors du tas de décombres et les rejoignit d’un pas boitillant, mais sans problème. Le Houk avait cessé de tirer. Au lieu de la rassurer, ce fait inquiéta Larin. Il leur était impossible de savoir ce qui se passait à l’extérieur de leur forteresse improvisée. Elle supposait que les Hutts ne les laisseraient pas en paix très longtemps.

— Bon boulot, Hetchkee, lança-t-elle en se reculant à l’abri dans la chambre forte. Je pense que nous allons bientôt avoir de la compagnie, alors restez sur le qui-vive.

— Oui, monsieur.

Si cette éventualité inquiétait le soldat, il ne le montrait pas.

Clunker communiquait avec Jet par une série de signes rapides.

— Mauvaise nouvelle, traduisit le contrebandier. Stryver a réussi à filer avec le calculateur de navigation.

— C’est donc une chose réglée, dit-elle sans parvenir à dissimuler son amertume.

Tous les espoirs qu’elle avait pu entretenir d’un rachat par une mission volontaire réussie étaient maintenant officiellement caducs.

— Quelle importance cette colonie a-t-elle pour lui ? se demanda-t-elle à haute voix. Est-ce que Mandalore ne compte pas déjà suffisamment de soldats ?

— Est-ce que Tassaa Bareesh n’est pas déjà suffisamment riche ? contra Nebula avec son petit rictus cynique. D’après moi, Stryver avait deux raisons de vouloir s’approprier le calculateur. Trouver les origines du Cinzia et empêcher n’importe qui d’autre de connaître la destination du vaisseau. Ce qui serait logique si Mandalore est impliquée dans cette affaire depuis le début.

Elle tourna vers lui un regard pensif.

— Vous avez peut-être raison. Stryver était au courant de l’existence du Cinzia bien avant tout le monde. C’est parce qu’il posait des questions à ce sujet un peu partout que ça nous a mis la puce à l’oreille.

— Et le Cinzia était en mission diplomatique, alors que ni l’Empire ni la République n’avaient entendu parler de lui. Vous pouvez me citer un autre acteur majeur dans la galaxie à l’heure actuelle à part ces deux-là ?

Elle dut lui accorder ce point. Même si les Mandaloriens n’avaient pas agi de façon unitaire depuis la guerre, il n’était pas inconcevable qu’ils le fassent maintenant pour l’honneur, ou pour une somme donnée, ou simplement parce qu’ils avaient envie d’une bonne guerre.

— Mais alors, pourquoi ces choses ont-elles attaqué Stryver ?

— Je ne sais pas.

— Et qui a sauvé le nid de la destruction quand l’équipage du Cinzia a fait sauter le vaisseau ?

— Je ne sais pas non plus, avoua-t-elle en secouant la lête. J’ai beau prendre cette histoire par tous les bouts, elle me déroute de plus en plus.

— Tassaa Bareesh avait une idée sur la chose d’après vous ?

Le son d’un éboulement leur parvint de l’extérieur de la chambre forte. Larin rejoignit la porte avant que Hetchkee ait le temps de les alerter. La masse géante de débris qui bloquait l’issue du sas se déplaçait vers eux. Derrière le grondement des pierres et des plaques de ferrociment en mouvement, elle perçut un bruit rythmique qui ne pouvait provenir que de droïdes déblayeurs.

— Bon, dit-elle, nous y sommes. Si vous avez une autre idée géniale, Jet, c’est le moment de nous en faire part.

— Je crains de vous avoir déjà livré mon quota de la journée…

— Alors priez avec moi que Shigar se manifeste rapidement. Sinon, nous allons connaître la vraie nature de l’hospitalité de Tassaa Bareesh derrière toutes ces dorures.

— J’imagine que nous pourrions tenter une percée désespérée, dit le contrebandier.

— Pour aller où ?

— Eh bien, il y a toujours mon vaisseau.

— Je croyais qu’il était confisqué ?

— Oh, ça… juste un petit détail d’ordre technique.

— Tout comme sortir d’ici vivants.

Il lui lança un clin d’œil.

— On peut toujours rêver, non ?

Cette légèreté face à une situation difficile avait toujours eu le don de remonter le moral de la jeune femme. Elle s’étonna d’avoir appris si vite à apprécier le contrebandier. Ils auraient peut-être des cellules voisines dans la prison de Tassaa Bareesh. À moins qu’ils soient écartelés côte à côte.

Dans un grondement de tonnerre, les droïdes déblayeurs percèrent la montagne de gravats. Une fois le passage créé, ils reculèrent pour laisser faire les forces de sécurité du palais. Ils étaient des dizaines, tous en armure et lourdement armés. Ils avancèrent prudemment sur les poutrelles dénudées du sol en visant l’entrée de la chambre forte.

Larin faillit éclater de rire. Tassaa Bareesh avait envoyé une petite armée pour capturer quatre personnes ! La chose aurait été absurde si la jeune femme ne s’était pas trouvée du mauvais côté de l’équation.

— Qu’en pensez-vous, Hetchkee ? lança-t-elle au soldat Kel Dor. Nous pouvons tenter de nous rendre si vous préférez. Nous n’avons rien fait de mal, quand on y réfléchit. Votre supérieur a été invité à venir ici au départ.

— Je ne pense pas qu’ils soient d’humeur à prendre ça en considération, monsieur.

C’était vrai. Les dizaines de Weequays, Houks, Niktos et Gamorréens semblaient croire que le même nombre de Sith, Jedi et Mandaloriens allaient surgir de la chambre forte et s’enfuir avec les trésors de leur maîtresse. S’ils avaient su qu’il n’y avait que trois personnes et un droïde à l’intérieur… Larin n’avait même pas eu l’idée d’essayer de forcer les trois autres chambres.

— Très bien, dit-elle. Attendez de voir le rouge de leurs yeux.

En face, la consigne semblait être la même à en juger par la façon dont les gardes serraient les rangs. Un Weequay x gigantesque leva la main droite pour donner le signal de l’assaut.

À cet instant précis, le comlink de Larin s’activa.

Elle se figea, incapable de tirer et de répondre en même temps. Qu’est-ce qui était le plus important ? Les derniers tirs de sa vie ou la dernière communication qu’elle recevrait jamais ?

Le Weequay s’était immobilisé, lui aussi. Un Twi’lck à la peau bleue venait d’apparaître à l’autre bout de la pièce. 11 faisait de grands gestes et criait dans une langue qu’elle ne pouvait comprendre.

— Vous savez ce qu’il dit ? demanda-t-elle à Nebula.

— Non. Mais ça a l’air important.

Personne ne faisait mine d’attaquer pour le moment, alors elle profita du répit pour poser son arme et prendre le comlink.

— Larin, c’est moi, dit la voix de Shigar. Où êtes-vous ?

— Exactement là où vous m’avez laissée. Dites-moi que vous avez un joker dans votre manche.

— Ce n’est pas impossible, justement. Tassaa Bareesh vous a envoyé quelqu’un ?

Elle contempla la masse compacte que formaient les gardes.

— On peut dire ça, oui.

— Suivez-les. Je sais ce qu’elle a en tête.

— Vous voulez que je me rende ?

— Ce ne sera pas une reddition. Nous avons… euh… conclu un accord, elle et moi.

Larin n’aimait pas trop la petite hésitation qu’il avait eue. Et s’il parlait sous la contrainte et que tout ça était un piège ?

— Vous vous souvenez de la saison des éclairs sur Kiffu, quand les arbres s’élèvent dans les airs à cause de l’électricité statique ?

— Quoi ? Ah… oui, bien sûr. Les dragons-étincelles les attirent dans les grottes pour leur voler leur charge. Je ne vous tends pas un piège, Larin. Vous pouvez me faire confiance.

— D’accord, dit-elle sans cesser de surveiller le Weequay qui hurlait quelque chose au Twi’lek et brandissait ses énormes poings. Vous serez là où ils vont nous emmener ?

— Vous pouvez y compter.

Elle posa le comlink et se tourna vers Jet. Il avait tout entendu.

— J’admets préférer les solutions où l’on parle au lieu de tirer.

— Alors vous pensez que nous devons faire ce qu’il dit ?

— Oui. Et Clunker est du même avis.

Le droïde paraissait prêt à se tailler un passage sanglant dans les rangs ennemis, mais il acquiesça dans un mouvement raide.

— Hetchkee ! Posez votre arme. Quand je le dirai, nous sortirons.

— Euh… Oui, monsieur.

— Attendez le signal. Si nous agissons au bon moment, je pense que nous pouvons nous en sortir vivants, et avec classe.

Le Weequay agita les poings au-dessus de sa tête une dernière fois, puis les laissa retomber. Il grogna un ordre à ses troupes. Le Twi’lek avait l’air satisfait.

Un à un, les gardes posèrent leurs armes sur le sol.

— Voilà, dit Larin, c’est notre signal. Posez vos blasters, mais gardez les mains baissées. Nous ne nous rendons pas.

Elle sortit la première de la chambre forte, et le Twi’lek vint à sa rencontre. Il s’inclina devant elle.

— Je m’appelle Sagrillo. Sur ordre de Tassaa Bareesh, vous êtes libres de partir.

Larin réussit à ne rien montrer de son soulagement.

— Et moi ? demanda Jet, plein d’espoir.

— Hélas, capitaine Nebula, ma maîtresse a encore besoin de vos services, dit le Twi’lek en s’inclinant de nouveau. Si vous voulez bien tous m’accompagner, je vais vous mener où l’on vous attend.

Larin emboîta le pas à Sagrillo, Jet sur ses talons. Clunker et Hetchkee fermèrent la marche. Le seul son audible fut le grondement du Weequay lorsque ses gardes s’écartèrent pour les laisser passer. Larin hésita à lui adresser un petit salut, mais elle jugea préférable de s’en abstenir.

Elle jeta un coup d’œil à Jet. Mis à part la crispation de ses mâchoires, il ne trahissait aucune émotion.