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Larin Moxla se tenait dans les Jardins du Sénat, sur une allée très fréquentée et bordée de bancs. En ce début de soirée, le ciel était empli de lumières. Elle se sentait désagréablement exposée, et elle s’étonna de s’être ainsi habituée aux vieux quartiers. Quelques mois seulement s’étaient écoulés depuis son expulsion de l’Escouade Blackstar, et déjà les cieux brumeux des niveaux supérieurs lui paraissaient très vastes, les gens trop raffinés, les droïdes trop propres et les bâtiments trop neufs. Une année de plus, songea-t-elle, et elle serait parfaitement à sa place avec la lie de la société.

Son sentiment d’isolement se trouva renforcé quand un quatuor d’officiers de la Sécurité du Sénat passa devant elle, trois hommes – un Twi’lek, un Zabrak et un humain – et une Nikto trapue. Ils la remarquèrent et s’approchèrent.

— Tu es paumée ? gronda le Twi’lek. On dirait qu’on vient de t’extraire d’un sarlacc.

— Deux fois de suite, ajouta la Nikto, mais sans méchanceté.

Larin n’avait pas envie de contacts. Ils s’adressaient à elle de soldat à soldat, sur le ton de la plaisanterie, mais elle n’avait pas le cœur à rire.

— Merci, les gars, dit-elle. Je vais bien, et je ne vais pas rester longtemps ici.

Elle attendait le retour de Shigar, qui était allé voir Satele Shan, et ils avaient convenu de se retrouver ici.

— Pas d’inquiétude, dit l’humain avec un clin d’œil. Essaie juste de n’effrayer personne.

— Une minute, dit le Zabrak en la dévisageant. Je te connais, non ?

— Non, je ne pense pas.

— Mais si, je te connais ! Tu es Toxic Moxla, la Kiffar qui a cafardé le sergent Donbar.

Larin sentit le sang lui monter à la tête.

— Ça ne te regarde pas.

— Ah ouais ? J’ai un cousin dans les Forces Spéciales qui ne serait pas du même avis, dit le Zabrak en se campant devant elle.

Elle soutint son regard tout en luttant contre l’envie de battre en retraite ou de lui donner un coup de tête en plein visage. Elle se serait certainement entaillée le front sur ses cornes, bien sûr, mais elle l’aurait tout aussi certainement étendu.

Mais ensuite elle aurait dû faire face à une échauffourée avec les trois autres. Or les jardins grouillaient de témoins, des témoins bien mis, comme il faut, qui ne dormaient pas dans un entrepôt désaffecté et ne trouvaient pas leurs vêtements dans les poubelles.

— On se calme, Ses, dit le Twi’lek au Zabrak. Tu as encore bu un peu trop de boisson à bulles au déjeuner.

— Et puis, la dernière fois que tu as eu des nouvelles de ton cousin, ça remonte à quand, hein ? ajouta la Nikto qui lui saisit le bras d’autorité pour l’éloigner. La dernière fois que tu en as parlé, c’était pour dire qu’il te devait du pognon…

L’humain adressa un regard d’excuse à Larin tandis que le trio emmenait leur ami, mais celui-ci eut juste le temps de lancer par-dessus son épaule :

— Rentre dans ton trou, Toxic Moxla. On ne veut pas de gens comme toi à la surface !

Le visage en feu, Larin les regarda s’en aller. Comment une brute épaisse comme ce Zabrak avait-elle réussi à devenir officier de la Sécurité du Sénat, ou même à connaître un membre des Forces Spéciales ? Cela semblait impossible.

Mais elle se sentait aussi honteuse qu’outragée. Oui, elle avait dénoncé son supérieur. Oui, elle jouait au soldat dans un costume approximatif. Mais rien de tout cela ne lui était facile. Elle avait ses raisons.

Elle se tourna vers le Temple Jedi qui s’élevait là-bas, au loin. Laissé à l’abandon et fermé après le sac de Coruscant, il demeurait une présence menaçante et sombre sur l’arrière-plan lumineux des buildings. Comme un rappel toujours présent du destin.

 

Shigar dut patienter pendant cinq bonnes minutes avant que son Maître apparaisse à côté de lui, surgi de nulle part. Il ne l’entendait jamais arriver, mais au moins il avait appris à ne plus sursauter comme aux premiers temps de son apprentissage. Il supposait que c’était là le cœur de cette leçon particulière : il y avait des choses que jamais il n’anticiperait, mais il pouvait maîtriser sa réaction quand elles se produisaient.

Ils restèrent un moment immobiles dans les cloîtres déserts à contempler l’énorme cylindre argenté du Centre Galactique de Justice. Ses lumières brillaient intensément, sans jamais faiblir.

— Tu as mis quelque chose en mouvement, Shigar, dit-elle.

— C’est ce que vous voyez dans le futur, Maître ?

Les visions du Grand Maître Satele Shan étaient légendaires, et toujours justes. Mais elle secoua la tête.

— Pas cette fois. J’ai reçu ça il y a un moment, du commandant suprême Stantorrs.

Elle lui tendit un datapad, et il lut les informations affichées deux fois. Il y avait là tout ce qu’on avait découvert ces dernières heures sur Dao Stryver, Lema Xandret et le Cinzia. Quelqu’un n’a pas ménagé sa peine, se dit-il.

— Les Hutts savent reconnaître une bonne occasion quand elle se présente à eux, c’est connu, déclara-t-il tout en incorporant ces dernières données à tout ce qu’il avait déjà appris sur le Mandalorien, le Soleil Noir et l’agression de Larin Moxla.

— Le Cinzia donne deux atouts à Tassaa Bareesh pour le prix d’un, dit son Maître. Pour les administrations de la République et de l’Empire, le plus urgent est d’apprendre l’origine du vaisseau. D’où il vient importe beaucoup plus que le but de sa mission, ou ce qu’il contenait. Nous savons tous que la République a un besoin quasi désespéré de ressources nouvelles, et tout monde nouveau contribuerait à solutionner ce problème. Il va sans dire que le commandant suprême Stantorrs va poursuivre dans cette direction, et avec cet objectif unique.

Du point de vue du Conseil Jedi, toutefois, la situation est totalement inversée. Les Hutts mettent aux enchères plus que des informations : il faut considérer également la cargaison du vaisseau. L’objet qu’ils vendent est supposé avoir une valeur identifiable. Pourtant, nous ne savons toujours pas de quoi il s’agit. Ce pourrait être n’importe quoi. Nous ignorons si le hasard les a mis en possession d’une chose critique pour l’Ordre Jedi – un artefact, peut-être, ou une arme. On en parle beaucoup dans les archives les plus anciennes, mais rien dont il ait été rendu compte avec précision. Or cette « chose » pourrait faire la différence dans la guerre contre l’Empereur.

— Ce pourrait être un artefact Sith, avança-t-il, conscient que les forces de l’ennemi avaient leur propre arsenal, aussi ancien que celui de l’Ordre Jedi.

— C’est également une possibilité. C’est pourquoi nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir afin de nous assurer que cette chose en possession des Hutts – quoi que ce soit – ne tombe pas dans les mauvaises mains.

— Elle est déjà dans de mauvaises mains, fit-il remarquer.

— Exact, mais Tassaa Bareesh ne connaît qu’un camp : le sien. Je n’ai aucune crainte qu’elle utilise cet atout contre nous. Il n’en reste pas moins que nous devons en apprendre plus sur sa nature, et très vite. C’est là que tu interviens, Shigar.

Le Padawan étudia le visage de son Maître. Il avait pressenti que cette conversation ne serait pas un simple bavardage, mais il ne s’était pas attendu à se voir attribuer un rôle actif dans la situation.

— Je ferai tout ce que vous souhaitez. Maître.

— Tu vas te rendre à la cour de Tassaa Bareesh et découvrir tout ce que tu pourras sur le Cinzia et ce qu’il contenait. Tu devras voyager incognito afin de minimiser notre intérêt apparent pour cette vente. Tu me rapporteras directement le fruit de tes investigations et je déciderai comment utiliser au mieux ces renseignements. Tu pars ce soir.

Elle avait parlé d’une voix sèche et neutre, ce que contredisait la signification de ses propos. Il était question d’une mission de la plus haute importance, qui prenait ses racines dans un imbroglio politique des plus complexes. S’il venait à échouer, les conséquences seraient graves par rapport à l’Ordre Jedi, et elles risquaient même de compromettre tout l’effort de guerre de la République. Ses responsabilités étaient considérables.

Après la déception éprouvée dans la matinée, néanmoins, il lui fut impossible de taire ses doutes :

— Vous êtes sûre d’avoir fait le bon choix ? demanda-t-il, avec l’impression que ses mots étaient en plomb. Après tout, le Conseil ne me juge pas apte. Il doit y avoir quelqu’un de mieux qualifié qui pourra le faire pour vous.

— Serais-tu en train de me dire que tu ne veux pas le faire, Shigar ? Que tu ne serais pas prêt ?

Il baissa la tête pour cacher l’incertitude qui entachait sa fierté.

— Je fais confiance à votre jugement, Maître, plus qu’au mien.

— Bien, parce que je crois que mon raisonnement est solide. Sur Hutta, on ne te connaît pas, tu pourras donc y passer inaperçu plus facilement. Et j’ai foi en toi. Souviens-t-en. Je suis certaine que c’est le chemin que tu dois suivre.

— Vous avez donc vu quelque chose !

Il tenta de décrypter son expression dans les lumières changeantes de la cité. Était-elle amusée, soucieuse ou imperturbable ? Difficile à dire. Les trois, peut-être.

Il se fit le serment de la rendre fière de lui.

— Et la situation ici ? Les gangs, la pauvreté ?

— C’est de la responsabilité des autorités locales, répondit-elle en posant sur lui un regard ferme. Elles font de leur mieux.

Il perçut la mise en garde dans sa voix. Le rôle des Jedi dans la galaxie les avait menés au loin, sur Tython. On lui avait répété à maintes reprises que les nombreux problèmes sociaux de la République ne le concernaient pas, même si cette fois les Mandaloriens étaient impliqués dans la situation. Jusqu’à ce que Mandalore se déclare ennemi résolu d’un camp ou d’un autre, il pouvait se considérer plus ou moins neutre.

— Oui, Maître.

— Va, maintenant. Une navette t’attend.

Shigar s’inclina et s’apprêta à partir.

— Sois gentil, Shigar, ajouta son Maître. Certains chemins sont plus difficiles que ceux que tu as connus.

Quand il se retourna, Satele Shan n’était plus là. Elle s’était fondue dans la nuit, comme si elle n’avait jamais été présente.

 

Larin fut soulagée de voir Shigar remonter l’allée à grands pas pour la rejoindre. Il s’était absenté moins d’une demi-heure, mais elle avait l’impression que beaucoup plus de temps avait passé. Après sa rencontre avec les officiers de la Sécurité du Sénat, elle n’avait adressé la parole à personne et avait évité de croiser les regards, parce qu’elle ne se sentait pas du tout à sa place ici. Et comme le Zabrak le lui avait conseillé, Larin avait bien l’intention de disparaître à nouveau dans son trou, dès que Shigar serait revenu et lui aurait assuré qu’il avait parlé à son Maître et que celui-ci s’était engagé à faire quelque chose pour régler les problèmes dans les niveaux inférieurs.

Non pas qu’elle estimât que le Zabrak avait eu raison de la rudoyer ainsi. C’était même tout le contraire. Mais ici, à la surface, elle ne voyait pas où était sa place. Dans les vieux quartiers, au moins, elle avait quelque chose à faire. Depuis son retour à la vie civile et selon ses maigres moyens, elle s’était vouée à la défense des faibles et des déchus, ceux que même les Justicars ignoraient. À la différence de ces derniers, elle s’intéressait à quelque chose de plus important que le territoire ; et si cela signifiait qu’elle devait œuvrer seule, elle l’acceptait.

— Comment ça s’est passé ? demanda-t-elle à Shigar quand il arriva auprès d’elle.

— Bien. Je pense.

— Vous en êtes sûr ?

Elle ne le connaissait pas assez bien pour dire ce qui le troublait, mais il ne lui donnait pas l’impression d’être réellement satisfait. Il gardait les sourcils froncés et les chevrons bleus sur ses joues étaient légèrement déformés par la crispation des muscles sous la peau. Le réconfort qu’elle espérait n’était peut-être pas pour tout de suite après tout.

— Il faut que je parte, annonça-t-il. Vous marchez un peu avec moi ?

— Bien sûr. Où allons-nous ?

— Eastport.

— Je croyais que vous veniez tout juste de débarquer sur Coruscant ?

— C’est exact, dit-il en lui lançant un regard vif, comme s’il s’étonnait qu’elle ait retenu ce détail. J’ai voyagé toute ma vie. Depuis que Maître Satele m’a pris avec elle, en tout cas.

Ils allèrent d’un pas tranquille dans l’air doux de la nuit. Une brise légère caressait les cheveux de la jeune femme, et elle prit conscience d’un des aspects agréables du quotidien à la surface : le temps. La dernière fois que quelque chose avait plu sur elle, c’était le contenu d’une conduite d’égout qui avait éclaté deux niveaux au-dessus d’elle.

— Je n’avais pas vu d’autres Kiffars depuis des années, dit-elle pour rompre le silence. Vous étiez sur Kiffu pendant l’Annexion ?

— Non. Maître Tengrove, le Veilleur Jedi de ce secteur, m’a trouvé l’année précédente. Quand ça s’est produit, j’étais sur Dantooine où j’aidais mon Maître dans des fouilles.

— Vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ?

Il la regarda de nouveau brièvement.

— Je ne me rappelle pas. Et vous ? À l’époque de l’Annexion, je veux dire.

— J’étais là-bas, quoique je n’en garde pas un souvenir très net. J’étais trop jeune. Mes parents m’ont mis dans une navette et j’ai quitté la planète avant que le pire arrive. Je suis arrivée sur Abregado-rae, où une famille m’a adoptée. Ces gens avaient déjà recueilli plusieurs enfants après le Traité de Coruscant, mais il y avait toujours de la place pour un de plus. C’était une vraie maison de fous.

— Qu’est-il arrivé à vos parents ?

— Ils sont morts en prison, sur Kiffex.

— Je suis désolé, dit-il.

— Aucune raison. C’est de l’histoire ancienne, comme le reste. Et les vôtres ?

— Décédés aussi. À cause d’une avarie sur une navette frésienne, un joint d’étanchéité défectueux. Rien à voir avec l’Annexion.

Ils marchèrent en silence pendant un temps, lui regardant droit devant lui, elle ses bottes. Elle éprouvait l’habituel mélange de soulagement et de chagrin dès qu’on évoquait le sujet du sacrifice de ses parents. Elle l’avait ignoré à l’époque, mais elle avait découvert plus tard le prix qu’ils avaient payé pour qu’elle puisse s’échapper. Avec les vaisseaux de guerre de l’Empire qui encerclaient leur planète, ils avaient dû soudoyer un canonnier impérial pour qu’il laisse passer la navette, sans compter le pilote de cette navette et sûrement plusieurs gardes au spatioport. Ils avaient tout donné pour la sauver.

Et comment s’était-elle acquittée de cette dette ?

— Il faut que je me rende sur Hutta, dit-il enfin.

— Pourquoi ?

— Un des cartels a découvert quelque chose. Je dois trouver de quoi il s’agit.

— Ça a un rapport avec ce Mandalorien ?

— Il semblerait. Mais il a quitté Coruscant, et il ne vous importunera plus.

— Vous êtes sûr qu’il ne reviendra pas ?

— Aussi sûr qu’on peut l’être.

— Eh bien, c’est une bonne nouvelle, fit-elle avec dans la voix plus de satisfaction qu’elle n’en éprouvait réellement.

Puisqu’elle avait accompli tout ce qu’elle s’était juré de faire aujourd’hui, elle pouvait raisonnablement battre en retraite dans les vieux quartiers et revenir à ce qu’elle savait le mieux faire. Le problème, c’est qu’elle n’avait pas envie de quitter Shigar Konshi. Il lui rappelait ce que c’était qu’avoir une nouvelle mission, avec ses objectifs, ses moyens, ses contraintes, ses délais. Ces temps qu’elle avait connus lui manquaient, quand tout était nettement défini, sans aucune ambiguïté.

— Vous êtes déjà allé sur Hutta ? demanda-t-elle.

— Non.

— C’est un endroit dangereux, et exécrable. J’y étais pour une opération secrète il y a deux ans. J’ai bien failli ne pas m’en sortir, d’ailleurs.

— Vous avez effectué des opérations secrètes ?

— Plus que je n’ai envie de m’en souvenir.

Elle ne lui avait pas parlé des Forces Spéciales et de la Blackstar. Pour Shigar, Larin était un simple soldat en permission.

— Et la cryptographie ? demanda-t-il, visiblement intéressé par le sujet. Ils vous ont enseigné ce genre de choses, aussi ?

— Les bases. J’en ai appris beaucoup plus d’une fille nommée Kixi quand je suis arrivée ici. Aujourd’hui, je pourrais le faire en dormant.

— Et vous êtes habituée à côtoyer certains des gangs les plus dangereux du milieu. Vous pourriez même passer pour un de leurs membres, après nettoyage.

— Eh, attention à ce que vous dites.

Elle lui décocha un coup de poing à l’épaule, qu’il esquiva avec une aisance surprenante.

Il fit halte et la regarda d’un air redevenu sérieux.

— Vous pourriez venir avec moi, déclara-t-il, comme si l’idée venait de lui traverser l’esprit. Sur Hutta, je veux dire.

— J’ai bien cru que vous ne me le proposeriez jamais.

Il ne rit pas.

— Je ne plaisante pas. Vous venez de sous-entendre que j’aurai besoin d’un guide là-bas. Et de l’aide me sera certainement utile, en effet. C’est une mission importante.

— Allez-vous me dire enfin ce que vous recherchez ? Je n’aime pas aller à l’aveuglette.

— Je ne le sais pas moi-même. Pas encore. En réalité, j’en sais aussi peu que vous.

— Eh bien…

Elle feignit de réfléchir, alors qu’elle avait déjà préparé sa réponse pendant qu’il la questionnait sur ses qualifications pour effectuer des opérations secrètes, tout comme il avait voulu lui faire cette proposition depuis qu’il avait fini de s’entretenir avec son Maître. Tout ce temps, il n’avait pas su comment aborder le sujet. Elle s’en rendait compte à présent. Il n’avait pas voulu le lui dire de but en blanc, par crainte de la mettre sur la défensive. Et peut-être pensait-il qu’elle n’avait pas osé le lui demander, pour ne pas lui paraître désespérée. De cette manière, ils pouvaient feindre d’avoir eu la même idée au même moment. Personne n’avait besoin d’être sauvé. Ils formaient une équipe.

Ce côté transparent amusait Larin et lui rendait Shigar sympathique. Elle n’avait pas d’autre choix que d’aller sur Hutta, ne serait-ce que pour le protéger de ce qui l’attendait là-bas. Bien sûr, les Sith n’étaient pas commodes, mais les Hutts le dévoreraient vif s’ils le capturaient dans cet état.

— D’accord, dit-elle enfin. Mais à une condition.

— Laquelle ?

— Vous cessez de penser que vous me faites une faveur.

Il rougit un peu.

— Entendu.

— Et vous m’offrez un repas digne de ce nom. Je ne mange que du concentré depuis des semaines.

— Ce qui fait deux conditions.

— Disons que la deuxième appartient à une saine gestion des troupes. Vous ne voudriez pas que je perde ma concentration sur le boulot, n’est-ce pas ?

— Je suppose que non, fit-il en arborant un sourire qui le rajeunissait. Allons-y, Moxla. À rester plantés là, nous ne nous rapprochons pas du but.

Elle le gratifia d’un salut militaire plein de nonchalance.

Ils repartirent dans la nuit et, après trois mètres, ils se mirent inconsciemment à marcher au même pas.