CHAPITRE XXXVII

Corran réprima un éclat de rire.

— Deux escadrilles, Chef Rogue ? J’en compte cinq.

— Il y a deux minutes d’écart entre la troisième et la quatrième, et encore deux entre la cinquième et la sixième. Avec votre permission, Neuf, nous pourrions nous servir de ce battement pour descendre le Lusankya.

— Accordée. Chef Rogue, terminé…

Corran s’accrocha au manche à balai quand la deuxième escadrille de Tie tira, puis tourna sur la droite et revint au-dessus des appareils ennemis.

Deux Tie fonçaient sur lui ; Corran effleura la détente. Les quatre canons crachèrent. Le premier tir ne fit qu’effleurer un panneau solaire de son premier adversaire, mais le second frappa le sommet du cockpit, en arrachant un morceau avant de briser les fixations des moteurs ioniques. Les turbines se détachèrent et explosèrent.

Corran vira sur la gauche puis serra à droite. Le deuxième Tie, terminant son looping, se positionna devant les canons de l’aile X. Les lasers fracassèrent son panneau solaire.

Le chasseur partit en vrille vers la planète.

— Dix s’occupe du groupe suivant, dit Ooryl.

Corran amena son aile X derrière celle du Gand. Ce dernier vira sur les stabilisateurs gauches, présentant une cible minimum. Corran l’imita et vit quatre Tie se détacher de leur formation pour attaquer son compagnon. Il jeta un œil sur ses écrans.

— Whistler… Pourquoi ne m’as-tu pas dit que nous prenions de l’avance ?

Le droïd bipa une courte réponse.

— Je t’aurais écouté, dit Corran en passant en fréquence tactique. Dix, nous allons nous sentir seuls.

— Ooryl comprend, Neuf. (Quelque chose vibrait dans la voix du Gand : une force que Corran n’avait jamais remarquée.) Ooryl les a.

Ooryl les a ? On croirait nous entendre, moi ou Jace…

Le premier tir du Gand traversa le cockpit du Tie. Un coup de palonnier sur la gauche, et un deuxième rayon pulvérisa le panneau solaire d’un autre ennemi. Ooryl plongea sous les chasseurs survivants.

Fils de la Sith ! Ça, c’est du pilotage ! Corran tira sur le manche à balai pour suivre le plongeon d’Ooryl, mais le Gand avait déjà commencé à décrire une boucle. Corran vibrait de nouveau quand un bip aigu de Whistler l’avertit du danger.

— Dix, tes copains viennent droit sur moi.

— Ooryl a compris, Neuf. Continue sur ta trajectoire.

— Continuer ? Ils arrivent vite.

— Plus maintenant.

Ooryl fit un virage sur l’aile, inversant sa direction en moins de deux cents mètres. Corran l’imagina souriant dans son cockpit.

— Prêt à ton signal, Dix.

— Sur la gauche, Neuf. Maintenant !

Corran vira sur la gauche et inversa à son tour la propulsion. Il se retourna à temps pour voir Ooryl désintégrer l’aile d’un Tie.

Le dernier plongea hors de portée.

— Beau carton, Dix, dit Corran. Sacrée gâchette !

— Merci, Neuf.

— Troisième groupe ! dit Wedge. Vous resserrez ?

— On arrive, Chef Rogue, dit Corran en faisant monter son chasseur. Allez, Ooryl. Nous avons une vraie cible à abattre.

 

Drysso regardait la bataille sur une holoconsole.

— Navigateur, le Liberté essaye de nous survoler. Manœuvrez pour le suivre.

— Capitaine, nous exposerons notre ventre aux chasseurs.

— Je sais, navigateur, répondit Drysso. Batteries ioniques sur le Liberté. Je veux ce vaisseau.

— Capitaine, les batteries ont reçu votre ordre, mais elles vous demandent de le reconsidérer.

— Nous avons plus de batteries ioniques que de canons, lieutenant Gorev. Je veux la peau de Yonka, et vous allez me l’offrir. Nous pouvons encore récupérer son vaisseau. Antilles a détourné un de nos destroyers, nous allons lui rendre la politesse.

— Mais… les chasseurs et le croiseur ?

— Lancez les missiles. Comptez sur les batteries de turbolasers et de turbolasers lourds.

— Les chasseurs sont trop petits pour être acquittés par les turbolasers, monsieur, protesta l’officier. Le croiseur est dans notre alignement et les missiles ont du mal à trouver des solutions de tir…

— Par l’Empire, débrouillez-vous, lieutenant Gorev, ou quelqu’un d’autre le fera à votre place ! Compris ? Le Lusankya est un superdestroyer impérial ! Une poignée de chasseurs et un minuscule croiseur ne peuvent rien contre nous ! Exécutez les ordres !

En voyant décoller les intercepteurs Tie, Fliry Vorru comprit qu’il était temps pour lui de quitter Thyferra.

Ma navette est équipée de moteurs d’hyperdrive. Je volerai de l’autre côté de la planète en suborbital et je disparaîtrai.

Prenant une poignée de datacartes, il les glissa dans sa tunique, puis se précipita vers la porte de son bureau… qui refusa de s’ouvrir.

Vorru dut entrer un code prioritaire pour que le battant se décide à coulisser. Dans le hall, deux commandos et une secrétaire martelaient la porte menant au couloir.

— Reculez, dit Vorru. Elicia, cachez-vous derrière votre bureau. Quand les Rogues arriveront, racontez-leur des choses horribles sur mon compte et ils vous protégeront. (La jeune femme se tapit sous le meuble et Vorru se tourna vers les soldats.) Vous deux, conduisez-moi au hangar des navettes, dans la tour est.

Le code prioritaire fonctionnait toujours. Vorru désigna les holocaméras de sécurité.

— Détruisez-les.

Les gardes obéirent. Vorru comprit qu’il ne s’agissait pas d’Impériaux, mais d’hommes du Front de Défense Thyferrien.

J’aurais pu deviner au boucan que font leurs armures…

Les trois hommes avancèrent vers l’est du bâtiment, détruisant les caméras sur leur chemin.

— Les Ashems sont déjà sur place, dit Vorru. Ils doivent contrôler les ascenseurs. Prenons les escaliers.

Ignorant les protestations de son escorte, Vorru atteignit la tour est sans rencontrer de résistance.

Jusque-là tout va bien…

Il força un des soldats à le précéder dans l’escalier qui menait au hangar, mais la précaution se révéla inutile.

— Derrière le coin, à droite. Vite… J’entends le bruit du préchauffage des moteurs.

Quelqu’un est déjà dans la navette… L’idée ne plaisait pas à Vorru. Il voulait la piloter lui-même pour être le seul à connaître sa destination finale. Les gardes commencèrent à courir. Ils passèrent le coin… pour être accueillis par de tirs de blasters. Ils reculèrent avec maladresse, et encaissèrent une demi-douzaine de rayons avant de tomber.

Vorru fit demi-tour, ravalant un juron. Il ramassa un blaster, fit le tour d’un pilier et avança, pour voir deux soldats de la Garde Royale d’Isard s’approcher de son vaisseau.

Isard ! Elle prend ma navette pour s’échapper Comment ose-t-elle !

Vorru prit une grande inspiration et fonça dans le hangar. Il abattit les deux gardes à bout portant, mais la navette s’élevait déjà. Furieux, il vida son arme sur les boucliers du vaisseau.

Puis il jeta son blaster.

— Elle doit me croire coincé ici, mais je ne suis pas stupide au point de pas avoir prévu de solution de rechange… (Vorru retourna le cadavre d’un des gardes et lui prit son arme.) Je vais survivre, Ysanne Isard ! Pour te faire payer cette humiliation.

 

L’aile X fonçait vers le Lusankya quand le superdestroyer commença à virer, présentant son flanc.

— Chef Rogue, que fait-on ?

— Restez sur l’objectif… Commencez l’attaque. Trente secondes avant la position de tir…

Corran dévissa sur la droite pour faire de la place à Ooryl, puis se lança dans une spirale qui rendait son vaisseau impossible à aligner par les batteries du Lusankya.

Un coup au but des turbolasers, et tout le bacta du monde ne pourra pas m’aider.

Les batteries du Lusankya remplirent l’espace de rayons verts. Formant eux aussi des spirales éblouissantes, ils essayaient en vain de suivre les chasseurs. Corran tenta de mémoriser l’emplacement des batteries. Ce sont elles qui rendent cette montagne de métal dangereuse. Détruisons-les, et le navire ne sera plus qu’une grosse boîte flottant dans l’espace.

Malgré ses acrobaties, Corran n’eut aucune difficulté à aligner le Lusankya. Il passa sur les torpilles.

Whistler bipa.

— Pigé, Whistler. Je suis prêt. (Corran passa sur la fréquence tactique.) Neuf a le double verrouillage.

— Tire, Neuf, et dégage !

— Compris, Chef Rogue, dit Corran en poussant sur le manche. (Les deux torpilles à protons foncèrent vers leur cible.) Allez-y, mes jolies. Arrachez ses crocs au Lusankya.