UN BLEU CÉLESTE
L’un des traits les plus frappants du Jugement dernier est l’abondance du bleu outremer – un contraste saisissant par rapport aux fresques au plafond, où cette couleur est absente. Au XVIe siècle, à moins que la facture ne soit réglée par autrui, les peintres rechignaient à utiliser cette teinte obtenue à partir du lapis-lazuli, une pierre extrêmement chère. Dans le cas du Giudizio Universale, le pape finança l’ensemble des fournitures de Michel-Ange. En revanche, pour le plafond, l’artiste dut prendre les dépenses à sa charge ; il recourut donc à des pigments moins coûteux.
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Détail de la fresque de la Création d’Adam
Les fresques murales
Les murs latéraux de la chapelle Sixtine comportent également de superbes fresques, peintes en 1481-1482 par d’illustres artistes de la Renaissance, dont Botticelli, Ghirlandaio, Pinturicchio, Le Pérugin et Signorelli. Elles illustrent des épisodes de la vie de Moïse (à gauche lorsqu’on regarde le Jugement dernier) et du Christ (à droite). Parmi les plus remarquables figurent la Tentation du Christ de Botticelli (deuxième fresque sur la droite) et Le Christ remettant les clés à saint Pierre du Pérugin (cinquième fresque sur la droite), œuvre à la composition admirable.
Le Jugement dernier (Giudizio Universale)
Michel-Ange revint à la chapelle Sixtine entre 1535 et 1541 pour y peindre le Jugement dernier, une fresque de 200 m2 centrée sur la figure du Christ et qui recouvre le mur surmontant l’autel (Cliquez ici).
Commandé par le pape Clément VII et repris par son successeur Paul III, ce projet suscita la controverse dès le début. Deux fresques du Pérugin furent détruites pour préparer le mur, qui fut entièrement replâtré afin d’être incliné vers l’intérieur pour le protéger de la poussière. Lorsqu’elle fut dévoilée en 1541, cette œuvre à la composition dramatique et mouvementée de 391 corps entremêlés, et pour la plupart nus, provoqua un scandale. Les réactions furent si violentes que les autorités de l’Église, réunies en 1564 au concile de Trente, ordonnèrent de couvrir les nus. La tâche incomba à Daniele Da Volterra, l’un des élèves de Michel-Ange, qui rajouta feuilles de vigne et autres effets de drapés sur 41 nus, ce qui lui valut le surnom d’il braghettone (“le culottier”).
Pour sa part, Michel-Ange rejeta les critiques. Il prit même sa revanche sur l’un de ses plus virulents détracteurs, Biagio de Cesena, maître des cérémonies papales. Il le représenta en Minos, juge des Enfers, affublé d’oreilles d’âne et d’un serpent enroulé autour du corps.
Autre figure fameuse : saint Barthélemy portant sa peau écorchée, dans les plis de laquelle Michel-Ange a glissé son autoportrait. Un portrait angoissé, reflet de la foi tourmentée de l’artiste.
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Section de la fresque du Jugement dernier