Rome aujourd’hui
Centre politique de l’Italie, Rome a été le cœur des récents bouleversements politiques et économiques du pays. La politique d’austérité conduite à l’échelle nationale par le Premier ministre Mario Monti a provoqué des manifestations dans les rues et un vote de sanction lors du dernier scrutin, tandis que les coupes budgétaires ont lancé une nouvelle tendance de mécénat culturel. Au Vatican, scandales et querelles intestines ont été mis en évidence à l’occasion du premier renoncement papal depuis 600 ans.
Fièvre électorale, outsiders et “pourris”
En 2013, la fièvre électorale s’est emparée de la capitale. En l’espace de quelques mois, les Romains ont été appelés aux urnes pour élire un nouveau président, un nouveau président régional et un nouveau maire.
De manière prévisible, le résultat des élections générales a été spectaculaire, à défaut de décisif. Il a abouti à une impasse qui a duré deux mois jusqu’à ce qu’Enrico Letta, un modéré du Partito Democratico (PD ; Parti démocratique) de centre-gauche, parvienne à former un gouvernement de coalition. Le principal événement des élections a été l’émergence sur la scène politique de Beppe Grillo, un ancien comédien charismatique. Son mouvement antipolitique, le M5S (Mouvement 5 étoiles), a remporté 25% des suffrages.
La performance de Silvio Berlusconi en a également abasourdi plus d’un. Lorsque il Cavaliere dut quitter son poste sous les huées fin 2011 dans un contexte de chaos politique et économique, tout le monde le donnait pour fini. Il est pourtant revenu sur la scène publique début 2013 et a remporté près d’un tiers du vote national, en dépit d’une condamnation qui planait sur sa tête (en octobre 2012, il avait été condamné à un an de prison pour fraude fiscale) et d’un procès en attente pour relations sexuelles avec une prostituée mineure.
Alors qu’en 2011, toute la ville parlait des “bunga bunga”, les parties fines de Berlusconi, en 2012, c’est le gouvernement régional du Latium, ancré à droite, qui a provoqué le scandale. La rumeur d’une “toge party” masquée, financée par des fonds publics, a déclenché une fureur politique et contraint la présidente de région, Renata Polverini, à la démission. Nicola Zingaretti, frère d’une célèbre star de la télévision et membre du Parti démocratique, lui a succédé en 2013.
En juin 2013, Ignazio Marino, du Parti démocrate, a remporté les élections municipales contre le maire sortant, Gianni Alemanno, du PDL de Silvio Berlusconi.
Rome à l’écran
Rome, ville ouverte (1945), de Roberto Rossellini. Étude néoréaliste du désespoir dans Rome occupée par les nazis.
Vacances romaines (1953), de William Wyler. Romance et Vespa avec Gregory Peck et Audrey Hepburn.
Journal intime (1994). Nanni Moretti sillonne à Vespa une ville semi-déserte.
Le Talentueux Mr Ripley (1999), d’Anthony Minghella. Meurtre et usurpation d’identité sur fond de vacances italiennes.
To Rome with Love (2012). Hommage sirupeux de Woody Allen à la Ville Éternelle.
La Grande Belleza (2013), de Paolo Sorrentino. Les destins croisés d’un homme vieillissant et d’une ville éternellement belle.
Rome dans les livres
Promenades dans Rome (Stendhal, 1829). Le journal de Stendhal à Rome, et un “guide” de la ville.
Quo Vadis (Henryk Sienkiewicz, 1896). L’amour entre un patricien et une chrétienne dans la Rome de Néron.
Les Voyages d’Alix : Rome (Jacques Martin et Gilles Chaillet, 2012). Pour une découverte documentée de la Rome antique, sur les traces du jeune héros.
Drames au Vatican
Le Vatican a été propulsé sous le feu des projecteurs en février 2013 quand le pape Benoît XVI a annoncé son renoncement. Des rumeurs de conflits au sein de la Curie romaine (les instances dirigeantes de l’Église catholique) circulaient depuis longtemps, mais aucun observateur, même le plus expérimenté, ne s’attendait à ce coup de tonnerre. Âgé de 85 ans, le souverain pontife (premier pape à renoncer à son sacerdoce depuis Grégoire XII en 1415) expliqua sa décision par le fait qu’il n’avait plus la force d’exercer son sacerdoce.
Son pontificat (2005-2013) a été mouvementé, entaché de scandales relatifs à des abus sexuels sur enfants et à des luttes cléricales internes. Lors de l’épisode “Vatileaks” (affaire des fuites), le majordome personnel du pape, Paolo Gabriele, a été emprisonné pour avoir volé des documents sur le bureau du pontife et les avoir transmis à un journaliste italien. Pour sa défense, il a prétendu avoir agi afin d’éradiquer le “mal et la corruption” au sein de l’Église.
Tous les commérages ont cessé fin mars lorsqu’une foule immense, rassemblée sur la place Saint-Pierre, a salué l’élection du successeur de Benoît XVI. Sous le nom de François, le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio est devenu le premier jésuite élu pape, et le premier pape non européen depuis le VIIIe siècle.
Austérité, culture et mode
Comme d’autres capitales de la zone euro, Rome est au cœur de la tourmente du fait des problèmes économiques de l’Italie. Alors que les politiciens luttent pour équilibrer les comptes, les Romains doivent faire face à une augmentation des taxes et à une diminution des services. Les tensions ont atteint leur paroxysme en novembre 2012, quand des milliers de citoyens sont descendus dans la rue. La manifestation s’est soldée par des affrontements entre les forces de police et une petite minorité de manifestants.
Les coupes budgétaires de la politique d’austérité ont également un impact sur la capacité de la ville à entretenir ses grands monuments. Afin de compenser un budget réduit, l’ancien maire Gianni Alemanno a courtisé les investisseurs privés et conclu des marchés avec deux des entreprises de mode les plus connues d’Italie : Tod’s, fabricant de chaussures de luxe, s’est engagé à financer une restauration majeure du Colisée (25 millions d’euros), déclenchant une polémique, tandis que Fendi se chargera de la rénovation de la fontaine de Trevi (2,5 millions d’euros).
Tourisme florissant
Les remous politiques n’ont cependant pas affecté le tourisme, un pilier de l’économie romaine, et le nombre de visiteurs continue de croître. Selon les chiffres publiés par le Comune di Roma, 2012 a été une année exceptionnelle avec 11,9 millions d’arrivées enregistrées, un record parmi ces dernières années.