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Dégrisé par la menace d’être affecté dans un autre service, Paul Walsh accepta sans rechigner de vérifier ce qu’avait rapporté la propriétaire de Zach au sujet de l’installation de ce dernier dans une des maisons de Ted Cartwright.

Le jeudi à neuf heures trente, donc, Paul s’entretenait avec Amy Stack, qui lui racontait avec indignation comment Zach Willet avait eu le culot de se moquer d’elle et de M. Cartwright. « Il était tellement convaincant que j’ai vraiment cru que M. Cartwright lui avait donné la maison-témoin.

– Quelle a été la réaction de M. Cartwright quand vous lui avez raconté que Zach réclamait la maison ?

– Il ne m’a pas crue au début, mais ensuite j’ai pensé qu’il allait exploser. Il était fou de rage. Puis il a éclaté de rire et expliqué qu’ils avaient fait un pari stupide tous les deux, et que Zach Willet se comportait comme s’il avait gagné pour de vrai.

– Pari ou pas, vous n’avez donc pas eu l’impression que M. Cartwright avait l’intention de donner cette maison à Zach Willet ? demanda Walsh.

– Même s’il a sauvé la vie de M. Cartwright autrefois, Zach Willet n’avait aucune chance de mettre un jour les pieds dans cette résidence, affirma Amy d’un ton solennel.

– M. Cartwright a-t-il passé la journée d’hier ici ?

– Non. Il est passé en coup de vent entre neuf et dix. Il a dit qu’il reviendrait à quatre heures pour voir l’entrepreneur, mais il a dû changer d’avis.

– C’est son droit », conclut Walsh avec une note d’ironie dans la voix. « Merci, mademoiselle Stack. Vous m’avez été très utile. »

La nouvelle de la mort de Zach s’était répandue comme une traînée de poudre au Washington Valley Riding Club. Pour tous ceux qui travaillaient aux écuries, l’idée qu’on ait pu l’assassiner paraissait impensable. « Il n’aurait pas fait de mal à une mouche », s’exclama Alonzo, un vieux palefrenier au visage buriné, quand Paul Walsh demanda si on lui connaissait des ennemis. « Zach s’occupait de ses propres affaires. Jamais je ne l’ai vu se quereller avec quelqu’un depuis cinquante ans que je le connais.

– Savez-vous si quelqu’un l’avait dans le collimateur pour une raison quelconque ? »

Personne ne se souvenait de rien. Jusqu’à ce qu’Alonzo se rappelle que Manny Pagan avait vaguement parlé d’une dispute survenue la veille entre Ted Cartwright et Zach. « Manny entraîne un cheval dans la carrière. Je vais le chercher », proposa Alonzo.

Manny Pagan les rejoignit à l’écurie, menant son cheval par la bride. « M. Cartwright m’a carrément engueulé. Je n’avais jamais vu un type aussi furieux. Je lui ai indiqué l’endroit où Zach déjeunait, à une table de pique-nique, et Cartwright est parti au pas de course le rejoindre. Je l’ai vu s’en prendre à Zach. Je vous assure que de la vapeur lui sortait des oreilles quand il est passé devant moi quelques minutes plus tard pour reprendre sa voiture.

– C’était hier à l’heure du déjeuner ?

– Oui. »

Paul Walsh avait trouvé ce qu’il était venu chercher. Il avait hâte de quitter les lieux. Il était allergique aux chevaux et ses yeux commençaient à larmoyer.