Palo Alto.
20 novembre 2018.
L’argent faisait le bonheur. Hugo avait installé Sue et le bébé dans leur nouvelle maison sur les rives de l’Hudson River. C’était idéalement situé. On pouvait se rendre à Manhattan en moins de trente minutes quand le trafic était fluide. Il avait acheté la baraque au-dessus du prix du marché, en liquide, à un romancier sur le déclin. Sue était aux anges et le bébé sur mesure se portait comme un charme. Il avait rejoint Palo Alto le cœur léger.
Faute de femme de ménage, l’appartement de Palo Alto était peu à peu devenu un vrai foutoir, mais constituait une retraite pratique et sûre. Les voisins travaillaient toute la journée et il ne croisait que des nounous mexicaines. Milton Earle continuait à lui faire livrer de la viande texane dans des colis de neige carbonique. La vie dans le paradis artificiel de Palo Alto n’avait pas que des désavantages. Il était libre de ses mouvements et de ses horaires. Il aimait Sue et Paradis junior, mais il demeurait un animal solitaire. La vie de famille 24/7 n’était pas faite pour lui. Il ne se voyait pas passer son temps dans la nouvelle maison à jouer au bon père de famille. Sue devrait se contenter de visites épisodiques. Ce mode de fonctionnement était bon pour tout le monde. Hugo Paradis était impossible à vivre au quotidien. Sue le savait depuis le début.
Il avait bien travaillé. Milton Earle lui avait fait miroiter une rallonge substantielle. Il allait pouvoir mettre sa famille à l’abri pour de bon. Il avait suivi des cadres de Google jusqu’à leur domicile. Il avait fouillé leur maison pendant leurs week-ends à Aspen. Il avait passé leur bureau au peigne fin, lu leur correspondance, copié leurs disques durs, reniflé les petites culottes des top-modèles au génome immaculé qu’ils avaient épousées sur catalogue. Il avait analysé le contenu de leur bibliothèque, pris connaissance de leurs résultats d’analyses médicales, bavé devant leurs relevés bancaires. Il avait peu à peu appris à les connaître. Le googler type était titulaire d’un doctorat, transhumaniste fervent, et persuadé d’œuvrer pour le bien de l’humanité. Le googler type était fier d’avoir contribué à faire revivre le rêve américain. Après vingt ans de disette, la convergence NBIC avait remis le pays sur les rails d’une croissance durable. Ils étaient les premiers humains 2.0, les fers de lance du renouveau de l’Amérique, les nouveaux héros d’une révolution en marche. Google était en train de changer le monde et ils étaient au cœur du champ de bataille. Le googler croyait à l’immortalité prochaine. La science était sa religion et Sergey Brain son Dieu vivant. Les preuves de l’existence de Dieu étaient innombrables : salaire à six chiffres, maison de rêve, bébés sur mesure, longévité, bonheur, soleil californien, piscine chauffée…
Malgré ses efforts, il ne trouva rien de croustillant. Brain n’était mentionné que rarement dans leur correspondance, et toujours de manière bienveillante. À croire que ces types étaient lobotomisés, ou qu’ils ne voulaient pas prendre le risque de se faire coincer. Il ne releva aucune information sensible sur les futurs lancements de la firme. Pas le moindre dossier évoquant l’intelligence artificielle ou la concurrence. Ces types avaient été briefés de manière militaire pour réduire les risques à zéro. Rien ne sortait du Googleplex. Les googlers n’étaient pas les rois de l’information pour rien. Ces types étaient sérieux. Ils ne connaissaient pas le doute et fonçaient tête baissée vers un avenir radieux. La singularité technologique du futur était le carburant de leur optimisme.
Il suivait Marty Green depuis quelques jours. Marty faisait partie du service de sécurité de Google. Il habitait une bicoque miteuse près d’une bretelle d’autoroute. Hugo l’avait repéré par hasard, sortant du Googleplex au volant d’un SUV hors d’âge. Marty Green se distinguait au premier coup d’œil parmi les milliers d’employés propres sur eux de la firme. Il avait l’apparence d’un ancien de la guerre du Golfe, avec ses cheveux grisonnants coupés en brosse, ses tatouages et ses muscles ramollis par les ans.
Sa baraque était un capharnaüm de célibataire auquel, par comparaison, MS-Dos ressemblait à un jardin à la française. Marty était un déchet humain 1.0, un primate white trash comme on n’en trouvait plus qu’à la périphérie des villes, dans les camps de mobil-homes posés sur des parpaings. Il dormait sur un matelas dont les draps n’avaient plus de couleur. Un drapeau sudiste faisait office de rideau de douche. Des tas de revues pornographiques et de publications d’extrême droite jonchaient la moquette du bungalow. Marty en pinçait pour les Blanches matures, les toisons naturelles et les naines. Ses revues suprémacistes militaient pour l’expulsion des étrangers et la destitution du métèque en poste à la Maison-Blanche. Les articles étaient farcis de fautes d’orthographe et reprenaient tous les poncifs néonazis habituels. La génétique avait donné du grain à moudre et fourni de nouvelles certitudes aux colporteurs de la haine. Une page de statistiques faisait la une d’un numéro de White American Power. Les chiffres venaient du Centre d’information citoyen pour la démocratisation de la génomique : aux États-Unis, vingt-cinq pour cent des Noirs avaient un QI inférieur à soixante-quinze, soit débile léger, avec des facultés cognitives tout juste suffisantes à la survie en société. Le centre proposait un impôt pour financer l'amélioration des capacités cognitives des races défavorisées. Hugo éclata de rire : White American Power appelait à l’arrestation et à la pendaison des cinglés qui voulaient instaurer une telle folie avec l’argent des contribuables américains.
Deux appareils de musculation occupaient l’essentiel du salon. Il trouva trois fusils de chasse, un fusil à pompe et deux .44 Magnum planqués au fond d’un placard. De tous les employés de Google, Marty était sans doute le plus primitif et le mieux armé. Hugo prit une chaise dans la cuisine et la positionna devant la porte d’entrée. Il s’installa dans l’obscurité et chantonna Ring of Fire de Johnny Cash en attendant le retour de Marty Green.
John Okinawa et Paulie Maldini avaient garé le van aux vitres teintées juste en face de la bicoque. Okinawa suivait Hugo Paradis depuis deux jours. Paulie l’avait rejoint le matin en provenance de Madison. Retrouver Hugo Paradis avait été l’affaire de quelques jours. Son téléphone cellulaire était crypté, mais sa géolocalisation ne posa pas de problème. L’agence avait fourni un dossier complet : Paradis était un ex-flic de New York. Il avait été viré pour insubordination et violences répétées sur témoins. Il était d’origine française par son grand-père. Il était officiellement détective privé, mais n’avait quasiment rien déclaré au fisc depuis quinze ans. Il s’était rendu quinze fois en Europe, dix fois en Asie et trois fois au Moyen-Orient au cours des vingt dernières années. Hugo Paradis travaillait pour le sénateur du Texas, un bioconservateur milliardaire à l’ancienne qui faisait le guignol sur les plateaux de Fox News. Milton Earle était soupçonné de financer des activités terroristes, mais l’agence n’était jamais parvenue à le coincer. Le sénateur vouait une haine sincère et tenace aux transhumanistes. Il n’avait jamais caché son mépris pour les apprentis sorciers comme Sergey Brain et sa peur de l’intelligence artificielle. Il s’était fait connaître dans le monde entier en 2013 lors d’un débat télé animé par Larry King en crachant au visage de Ray Kurtzweil. L’incident avait fait de lui le symbole du bon Américain en Europe et dans les dictatures musulmanes. Le journal Le Monde avait qualifié le crachat « d’acte de résistance citoyen ». La Stampa avait titré : « L’Amérique qu’on aime n’a pas dit son dernier mot ». Les Nouvelles de Damas avaient fait la comparaison entre « le glaviot dans la face du diable et le courageux lancer de chaussure en direction de Bush Jr ». Milton Earle s’était offert une reconnaissance mondiale avec quelques millilitres de salive. Il avait adopté la posture de l’homme seul, du lonesome cow-boy luttant pour la liberté, Dieu et la nature. Il était John Wayne protégeant la veuve et l’orphelin face aux laboratoires biopharmaceutiques assoiffés de billets verts. Nul ne savait jusqu’alors si Milton Earle avait simplement soif de reconnaissance médiatique ou s’il était réellement décidé à agir.
Hugo Paradis était entré par effraction chez Marty Green à seize heures. John et Paulie l’avaient suivi et attendaient dans le van depuis deux heures. Paulie soulageait sa vessie dans une bouteille de Coca-Cola light quand le véhicule déglingué du propriétaire s’immobilisa devant eux.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Okinawa.
— Tu es certain qu’ils ne se connaissent pas ?
— Positif. Paradis n’a pas arrêté de suivre ce type depuis que je suis à Palo Alto. Il n’y a jamais eu contact.
— Alors il l’attend à l’intérieur pour lui dire deux mots, souffla Paulie en rebouchant la bouteille de pisse.
Marty Green traîna sa grande carcasse bodybuil-dée jusqu’à la porte d’entrée et se glissa à l’intérieur du taudis. La lumière s’alluma. Paulie baissa la vitre du van. Il n’entendit rien d’anormal. Ces deux types devaient se connaître d’une manière ou d’une autre. Ces deux cinglés étaient peut-être en train de mijoter un attentat contre Sergey Brain ou le siège de Google. Ils avaient mis le doigt sur quelque chose, Paulie en était persuadé. Un truc suffisamment important pour lui faire quitter provisoirement Nina Provenzano et qu’il saute dans le premier vol pour la Californie.
Le dossier de police de Marty Green dressait le portrait d’un minable sans envergure. Il avait enchaîné les petits boulots merdiques depuis son départ de l’armée à la fin de la première guerre du Golfe. Sa femme l’avait largué après six mois de mariage et un gamin pour un commerçant mexicain plein aux as de San Diego. Green n’avait jamais demandé la garde du lardon et vivait seul depuis quinze ans dans cette maison héritée de sa mère. Il avait été tour à tour gardien chez Oracle, Sun et Facebook avant de décrocher son job chez Google. Il gagnait deux mille huit cents malheureux dollars par mois et son casier était vierge de toute infraction majeure. Son surf sur le Web trahissait une passion pour les armes, la haine des bronzés, et un penchant sexuel pour les femmes matures atteintes de nanisme.
Okinawa s’impatientait. Il gigotait d’une fesse sur l’autre. Il avait déjà enfilé son gilet pare-balles et tripotait nerveusement son calibre.
— Qu’est-ce qu’on attend pour y aller, boss ?
— Patientons encore un peu. Il y a peut-être d’autres invités à la fête.
— J’ai envie de savoir ce que fabriquent ces deux connards, boss.
— Ferme-la un peu. Et range-moi cette arme avant de me tirer dessus par accident, putain de merde.
Okinawa ronchonna. Il passa ses nerfs en mangeant bruyamment du pop-corn.
Les jeunes agents étaient tous les mêmes. Ils ne tenaient pas en place et avaient la gâchette facile.
L’impunité liée au job et le speed qu’ils s’envoyaient dans le système constituaient un cocktail détonant. Ces gamins donnaient le sentiment d’évoluer dans un jeu vidéo. Ils vivaient simultanément dans des univers virtuels multiples. La vie réelle n’était qu’une fenêtre de plus. Ils étaient impatients de compléter les niveaux pour passer à la mission suivante. Les interrogatoires et la paperasserie les rendaient dingues. Faire équipe avec ces têtes brûlées avait néanmoins quelques avantages. On pouvait compter sur eux pour passer devant et prendre tous les risques. Ils méritaient leur salaire jusqu’au dernier cent. Les merdeux comme Okinawa étaient pour la plupart des kamikazes sans femme ni enfant. Fonder une famille ne leur traversait même pas l’esprit. Passer sa vie avec la même bonne femme était un concept de vieux con. Okinawa symbolisait le nouvel individualisme à la mode chez les jeunes trentenaires. Il s’agissait de vivre sans entraves ni obligations. Les plus riches envisageaient à la limite de se cloner pour s’assurer une descendance. Engrosser une femelle et subvenir à ses besoins pendant toute une vie était hors de question. Cette génération avait porté l’égocentrisme à un niveau jusqu’alors inconnu. Le gouvernement avait recruté tous ces jeunes fonctionnaires transhumanistes illuminés pour trois bonnes raisons. Le collectivisme leur donnait de l’urticaire, ils adoraient leur boulot, et la chasse aux bioterroristes les faisait bander.
Ils attendaient depuis des heures. Okinawa tuait le temps, casque sur les oreilles, en dégommant des niacoués sur sa console de jeux. Un sourire dément barrait son visage. Paulie le regardait s’exciter du coin de l’œil. Son avatar passait des villages niac au lance-flammes. Il survolait des rizières en hélico et dégommait les chapeaux de paille qui fuyaient dans tous les sens. Il fumait de l’opium dans des bordels et ramonait des putes. « GI very sexyyyy ! You give money ! Me fucky fucky ! Me make you happyyyyy ! » Paulie devinait l’affreuse musique techno qui s’échappait du casque. Okinawa ne souriait plus. Il exécutait à coups de crosse de M16 un groupe de prisonniers viêtcongs attachés à des poteaux télégraphiques. Son visage était vide d’expression, sa bouche ouverte. La même face de dégénéré qu’affichaient ses propres teenagers devant leur console de jeux. Il lui arracha les écouteurs des oreilles d’un geste brusque.
Okinawa protesta.
— Hééé !!! Du calme, boss !
— Pourquoi tu joues à ce jeu à la con ?
— C’est vraiment pas un jeu à la con, boss. C’est Vietnam Action 4, boss.
— Je te regarde depuis un moment. Je te confirme que c’est un jeu à la con. Quel plaisir tu trouves à faire ce… ces trucs…
— C’est juste un jeu, boss.
— Arrête de m’appeler boss, putain de merde.
— C’est juste un jeu historique, patron. Et j’apprends plein de trucs sur la guerre du Vietnam. J’adore les armes de l’époque, la musique, les fringues… Ce truc est fidèle à la réalité. Il a été fabriqué avec le concours de vétérans, et…
— C’est un jeu à la con.
— D’accord, patron.
— Balance cette console par la fenêtre.
— Quoi ?? ?
— Ne me fais pas répéter ou je te fais muter au Pakistan à traquer les enculeurs de chèvres.
Okinawa actionna le lève-vitre. Il balança la console Sony de toutes ses forces contre un mur.
John se mura dans le silence. Il tirait à présent une gueule de six pieds de long. Paulie lui tapota la joue affectueusement.
— C’est pour ton bien. Tu me remercieras un jour.
— …
— Combien as-tu payé ce gadget débile, hein? Cinq cents dollars ?
— …
— Plus ?
— …
— Tu sais combien de chefs-d’œuvre de la littérature et de la musique tu peux t’offrir avec cinq cents dollars ?
— Quel est le putain de rapport, patron ?
— Mes enfants sont devenus des tarés à cause de tous ces machins virtuels. Ils sont devenus tellement cons que je ne peux même pas les voir en peinture. Et tout ça parce que je n’étais pas là pour les surveiller…
— Je ne suis pas un enfant, patron.
— Il n’est jamais trop tard pour changer, mon petit. Je te l’ai dit : c’est pour ton bien. Tu piges ?
— Oui, patron.
— Je ne peux pas passer cinq minutes dans la même pièce que mes gamins sans avoir de l’urticaire. Ce n’est pas pour passer des heures dans un van avec un taré de la même espèce.
— Oui, patron.
— Et maintenant, allons voir ce que fabriquent nos deux oiseaux.
Ils firent le tour du pâté de maisons et sautèrent par-dessus la clôture. L’arrière de la baraque était un dépotoir à ciel ouvert. Ils slalomèrent dans l’obscurité entre des carcasses d’appareils électroménagers et des sacs de gravats. Okinawa avait des yeux de chat. Il ouvrit la voie sans difficulté jusqu’à la porte. Paulie n’y voyait rien et trébucha sur une tondeuse à gazon. Il chercha son flingue à tâtons dans les hautes herbes.
Paulie crocheta la porte. Okinawa entra le premier. Une odeur rance leur sauta aux narines. La maison de Marty Green était un gourbi. Il s’agissait d’avancer sur la pointe des pieds en évitant les détritus qui jonchaient la moquette dégueulasse.
Okinawa progressait en direction du salon, un pistolet anesthésiant dans la main droite et un calibre .38 dans la gauche. Il lui arrivait de se tromper de projectile, mais jamais de rater sa cible. Paulie se tenait prudemment deux mètres en retrait. Ces deux connards étaient armés et sans doute dangereux. Il avait passé l’âge de partir en première ligne.
Okinawa risqua un œil par l’embrasure de la porte. Marty Green était ligoté sur une chaise, le visage sérieusement amoché. Il avait pissé dans son froc et chialait comme un bébé. Du scotch d’emballage l’empêchait d’ouvrir la bouche. Hugo Paradis lui tournait autour en fumant une cigarette. Il tenait un barreau de chaise sur son épaule et parlait d’une voix lasse.
— … Tu vois, mon vieux, je suis désolé de te dire ça, mais ton témoignage ne m’est d’aucune utilité. Je pensais que tu aurais des trucs à m’apprendre sur ton patron, mais rien. Nada. Peau de balle. Alors je veux que tu saches que, même si tu n’es qu’un tas de merde, je suis désolé de t’avoir démoli la gueule ainsi. J’avais besoin d’informations, n’importe quoi, et je t’interroge depuis une heure pour rien…
— Mmmmppfff… Mmmmppfff…
Marty Green essayait de dire quelque chose. Le sang qui coulait de son nez l’empêchait de respirer. Il s’étouffait. Ses yeux écarquillés imploraient Paradis.
— … Je ne sais pas ce qui m’a pris de vouloir te parler, au fond, mon pauvre Marty. Peut-être que j’imaginais que tu détestais ton patron. Je me disais, un crétin raciste comme Marty, pas possible qu’il en pince pour un transhumaniste milliardaire d’origine étrangère… Je me disais, il déteste le juif russe qui le paye comme une merde à surveiller son parking… Mais non… Je me gourais complètement. Tu te contentes de haïr les bronzés comme un vulgaire abruti du siècle dernier…
— Mmmmfff… Mmppfffff…
— Qu’est-ce que je vais pouvoir faire de toi maintenant, Marty, hein? Qu’est-ce que je peux faire à ton avis ? Je n’ai pas l’embarras du choix… Et crois bien que ça ne m’amuse pas des masses de devoir me débarrasser d’un costaud comme toi… Je vais sans doute me faire mal au dos en te trimbalant jusqu’au coffre de ma voiture…
— Mmmmmppffffffffffffff…
Okinawa bondit dans la pièce comme une panthère et braqua ses flingues en direction d’Hugo.
— Bouge pas d’un centimètre, enculé de fils de pute !
Paradis plongea derrière Marty Green en attrapant son flingue. La flèche du Taser le toucha à la cuisse. Hugo convulsa sur le sol en pressant trois fois la gâchette de son arme. Les balles firent trois trous dans le plafond. Un nuage de plâtre recouvrit Marty Green.
— Dégageons d’ici aussi vite que possible, souffla Paulie.
Il injecta une dose massive de tranquillisant dans le bras d’Hugo Paradis.
Marty Green leur lança un regard reconnaissant. Ces flics venaient de le tirer des pattes d’un malade mental. Paulie lui tapota la joue en souriant. Il passa derrière le bodybuilder et fit pivoter sa nuque d’un demi-tour. Tout était dans la vitesse d’exécution. Ses vertèbres se brisèrent comme du petit bois.
Ils le détachèrent et installèrent son cadavre sur le lit.
Okinawa aspergea la bicoque d’essence et craqua une allumette.
Ils portèrent Hugo Paradis jusqu’au van. L’enfoiré pesait un âne mort. Une voisine en chemise de nuit se tenait sur le trottoir, clope au bec, et observait la scène. Elle les regarda passer d’un air ahuri. Ses yeux allaient lentement de la maison en flammes au corps inanimé d’Hugo Paradis. Paulie ordonna à son partenaire de l’épargner avant qu’il ne lui loge une balle entre les deux yeux.