Palo Alto et Hawaii.
20 juin 2018.

Les tremblements arrivaient quand il s’y attendait le moins. Parfois deux fois par jour. Parfois rien pendant une semaine. Les signes se manifestaient le plus souvent quand il était immobile. L’akinésie le terrifiait: lenteur soudaine des actions, immobilité involontaire, il devait commander consciemment le moindre mouvement en se concentrant à bloc. Il se versait un verre d’eau et ses gestes échappaient soudainement à son contrôle. Les neurologues ne comprenaient pas pourquoi il répondait aussi mal aux antiparkinsoniens. Après ces crises, sa confiance en lui s’évaporait en quelques secondes. Il devenait un zombie. L’immobilité le terrifiait. Il évitait de rester assis. Il repoussait au maximum le moment de se coucher. La peur le bouffait littéralement. Il se forçait à rester actif en permanence. Il enchaînait les activités sportives comme si la transpiration allait emporter la maladie avec elle.

 

 

 

Parkinson lui faisait l’effet d’une panne de courant, une erreur système, un bug informatique. Sa carte-mère était en train de partir en vrille et il n’avait aucune solution. La pièce de rechange n’existait pas. Il pesait des centaines de milliards de dollars et ses médecins n’avaient rien de valable à lui proposer. La réalité était douloureuse. Il était plus puissant qu’un chef d’État et aussi fragile qu’un employé de station-service. Il avait investi une fortune dans la recherche et les généticiens continuaient à faire chou blanc. Il ne méritait pas ce qui lui arrivait. La nature était une saloperie aveugle, frappant au hasard, indifférente à nos intérêts. Sergey pensait souvent à cette phrase lumineuse du généticien et prix Nobel belge Christian de Duve, une de ses idoles : « La nature ne traite pas mieux le poète que le scorpion. »

 

 

 

Il avait proposé une bourse de cent millions de dollars à tous les chercheurs qui feraient avancer le dossier Parkinson. Les associations de malades applaudirent. Les médias critiquèrent l’opération. On lui reprocha le caractère mégalomaniaque de l’initiative. Les journaux européens parlèrent de lui comme d’un « Howard Hughes transhumaniste », un être malfaisant, misanthrope, dangereux pour l’humanité. Sur les conseils de son conseil d’administration, Sergey fit taire les critiques en subventionnant massivement la recherche sur d’autres pathologies. Depuis sa case en Afrique, Bill Gates ironisa sur la soudaine philanthropie de son ancien rival. Depuis une chambre médicalisée de son hôtel particulier à Londres, Murdoch déclara qu’un cochon pouvait bien se déguiser et mettre du rouge à lèvres, il n’en demeurait pas moins un cochon.

 

 

 

La communication autour de sa maladie l’avait épuisé et déprimé encore un peu plus. La vidéo avait fait beaucoup de mal. Il avait fallu couper court à toutes les rumeurs en se montrant en public. Il avait multiplié les déplacements, enchaîné les interviews, et disputé des parties de soccer et volley-ball sous les yeux des caméras. Ses médecins s’étaient répandus sur tous les plateaux de télé pour minimiser la gravité de son état.

 

Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour montrer au monde que Sergey Brain était apte, qu’il était toujours aux commandes. L’action Google avait repris du poil de la bête. Le conseil d’administration était content. Mais il s’en moquait comme de son premier ordinateur IBM.

 

 

 

Anne avait insisté pour qu’ils partent une semaine en vacances, loin des regards compatissants du personnel, du tumulte du Googleplex, des médecins, des actionnaires, et des coups de téléphone incessants des politiciens.

 

Ils s’évadèrent dans leur propriété d’Hawaii pour souffler un peu. Seul Wayne était du voyage. Le conseil d’administration l’exigeait, pour des questions de sécurité.

 

Le premier jour se passa comme Sergey l’avait espéré. Il donnait le change, se montrait fort, sûr de lui, se déclarait impatient d’en découdre avec la maladie. Anne était aux petits soins. Elle le prenait dans ses bras, l’embrassait plus que de raison. Elle lui parlait des heures durant de malades qui avaient vécu avec la même pathologie pendant des décennies. Elle ne lui parlait pas des pauvres types qui étaient devenus impotents en quelques années. Elle omettait de mentionner ceux qui se tapaient la tête contre les murs et se bavaient dessus devant tout le monde. Anne n’avait pas son pareil pour enjoliver le tableau. Il la regardait en souriant et faisait son possible pour donner le sentiment d’y croire. La mauvaise foi de sa femme ‑ il se surprenait parfois à penser à elle comme à une pénible pétasse ‑ le mettait en rage intérieurement, mais il ne laissait rien transparaître.

 

Il voulait lui faire plaisir. Il voulait y croire pour parvenir à dormir à nouveau. Il se forçait à chasser ses idées noires. Il faisait le vide dans son esprit pour laisser l’optimisme de sa femme s’y nicher. C’était l’épreuve la plus dure qui soit. Les médicaments n’aidaient pas. Les antidépresseurs lui donnaient des vertiges et des crises d’angoisse.

 

Le deuxième jour commença comme le premier. Elle l’emmena se promener sur la plage. Wayne et deux flics locaux les suivaient à distance raisonnable. Sergey avait passé une nuit hachée par les cauchemars.

 

Des vagues gigantesques se brisaient au loin dans un vacarme impressionnant. Le vent était tiède. Anne le tenait par la taille et lui susurrait des mots doux à l’oreille. Il l’embrassait en retour. Il donnait le change. Il pensait qu’il ne tiendrait jamais une semaine dans ces conditions d’intimité. Il voulait être seul. Il voulait la paix et se plonger dans son travail. Il voulait être seul et garder pour lui ses problèmes. Ces vacances étaient un piège. Une psychothérapie forcée. Il n’avait jamais aimé se confier à qui que ce soit.

 

Wayne repéra un paparazzi en planque. Il s’apprêtait à le prendre à revers et à jeter son matériel à la mer, mais Anne l’en empêcha. Sergey approuva. Anne stoppa et l’embrassa à pleine bouche dans l’axe de l’objectif. Elle dit : « Voilà un baiser qui va faire le tour du monde. »

 

Ils s’allongèrent sur le sable et regardèrent les déferlantes se briser sur le récif. Le paysage était une carte postale du paradis. Toute cette beauté lui donna la nausée. Il se sentait dans la peau de l’intrus. Du condamné. Il n’avait rien à faire en tongs sur une plage du Pacifique. Une crise d’akinésie pouvait le frapper à n’importe quel moment. Il prétexta qu’il avait faim pour rentrer. Il voulait se cacher derrière les murs de sa propriété et ne plus en sortir.

 

Ils rentrèrent et déjeunèrent au bord de la piscine. Anne fit servir une salade tropicale à la mangue et des langoustes, leur menu préféré quand ils venaient à Hawaii. Elle faisait tout son possible pour le rendre heureux. Elle alimentait l’essentiel de la conversation, riait, et lui parlait de projets d’avenir comme si de rien n’était.

 

Il mangea du bout des lèvres pour faire passer ses gélules de bromocriptine, une molécule d’une efficacité quasi nulle chez lui. Son médecin venait d’augmenter la dose. La progression posologique n’avait apporté que des nausées et des vomissements. Il se donnait une semaine avant d’arrêter. L’alternative à la bromocriptine était la dopathérapie. Mais les effets secondaires étaient pires que le mal. Si les tremblements baissaient considérablement, le prix à payer en revanche incluait hypertension artérielle, hallucinations, délire, confusion mentale, et mouvements anormaux involontaires. Le protocole médical consistait à faire diversion pour calmer le malade: vous souffrez de la jambe ? Laissez-moi vous mettre un bon coup de matraque à travers la gueule, et vous oublierez votre mal à la jambe.

 

La réalité était simple. Il souffrait d’une maladie qui restait incurable. Il n’avait plus qu’à espérer une évolution lente. Les médicaments chimiques n’étaient d’aucune utilité. Anne le savait aussi bien que lui. La dernière option était chirurgicale. Une société israélienne travaillait sur un implant intra-cérébral révolutionnaire, mais le procédé était encore en phase d’essai sur des animaux. Sergey venait d’entrer au capital de la société à hauteur de soixante pour cent. Il avait multiplié par cent le budget recherche et développement de la firme. Les chances de succès étaient incertaines, mais il n’avait rien à perdre. Il était prêt à tout donner pour survivre.

 

 

 

Il passa l’après-midi seul dans son bureau. Malgré sa promesse de couper les ponts avec le business, il contacta le Googleplex. Il autorisa sa secrétaire à transférer ses appels. Il était le CEO de la plus puissante société que le monde ait connue. Il devait se comporter comme tel et demeurer joignable. Il s’agissait d’envoyer les bons signaux de fumée. Il n’était pas malade. Il prenait de simples vacances au soleil avec sa femme, comme n’importe quel type bien portant.

 

Le président Fernandez avait tenté de le joindre la veille. Sa secrétaire le mit en relation avec lui sur une ligne sécurisée.

 

— Bonjour, Sergey.

 

— Monsieur le Président.

 

— J’ai appris que vous preniez un peu de repos. C’est une bonne chose. Nous avons besoin de vous en pleine forme à la tête de Google.

 

— Ces mots me vont droit au cœur, monsieur. Sachez qu’il s’agit d’un simple séjour en amoureux. Je suis opérationnel à cent pour cent.

 

— Je suis ravi de l’entendre, Sergey. Cette maladie qui vous frappe est une injustice flagrante. Elle ne fait que renforcer ma position en faveur des nouvelles technologies.

 

— C’est toute la Silicon Valley qui se félicite de vos récentes déclarations, monsieur. Je suis sûr que nos amis s’en souviendront pour votre campagne de réélection.

 

Jeff Femandez éclata de rire.

 

— Ils ont intérêt, Sergey ! Je me suis fait beaucoup d’ennemis dans mon propre camp en vous caressant dans le sens du poil.

 

— Vous avez fait preuve d’un grand flair politique en agissant au mieux des intérêts économiques de l’Amérique, monsieur.

 

— Epargnez-moi ces niaiseries, Sergey. Vous et moi avons une excellente relation. J’ai beaucoup de respect pour vous. Nous sommes pareils, tous les deux. Nous sommes partis de rien et avons grimpé toutes les marches à la force de nos neurones. Jouons cartes sur table, voulez-vous ?

 

— A quel sujet, monsieur ?

 

— Ils me tiennent par les couilles, Sergey. Et vous le savez parfaitement.

 

— Tout le monde tient tout le monde par les couilles, monsieur. Ce n’est que du business. Rien de personnel.

 

— Dois-je vous rappeler que le gouvernement tient également ma société par les parties génitales depuis Bush Jr et le Patriot Act ?.

 

— Il s’agit de réflexes bien naturels, monsieur. Cela n’a jamais empêché l’Amérique de prospérer.

 

— Nick Borstrom et Rob Painter sont deux spécimens de fils de pute hors normes.

 

— Je confirme, monsieur.

 

— Ils disposent de dossiers qui peuvent faire sauter mon administration quand ils le souhaitent.

 

— Soyez tranquille. Ils ne feront jamais une chose pareille, monsieur. Ce sont des fils de pute, mais d’authentiques patriotes.

 

Fernandez soupira.

 

— Washington est un nid de vipères, Sergey. Je découvre chaque jour un peu plus à quel point…

 

— Les vipères ne mordent pas les autres vipères, monsieur. Nos ennemis communs sont les Chinois, les bioconservateurs et les terroristes. Concentrons-nous sur l’essentiel, monsieur le Président.

 

— Soit. Portez-vous bien, Sergey.

 

— Au revoir, monsieur.

 

 

 

Sergey appela Borstrom. Il lui fit part de sa conversation avec le Mex. Borstrom s’étonna de la réaction du Président. C’était tordu et étrange. Pourquoi se confiait-il à Sergey Brain ? Il devait manquer une case au Latino.

 

Nick Borstrom et Rob Painter étaient ses âmes damnées, ses envoyés très spéciaux à Washington. Ses pions dans la défense adverse. Ils ne répondaient de leurs actes que devant Sergey. Même Eric Schmidt n’était pas dans le secret des dieux.

 

En vingt ans d’existence, Google avait accumulé des milliers de zettabits de données personnelles. Borstrom et Painter avaient organisé le data mining pour établir des dossiers sur toutes les personnalités possibles et imaginables. Avant les années 2011 et 2012, les utilisateurs du Web s’échangeaient mails subversifs et vidéos pornos sans la moindre méfiance. L’Internet était encore synonyme d’anonymat. Les gens faisaient n’importe quoi. Les ministres surfaient encore sur des sites zoophiles sans se méfier. Les juges se branlaient en matant de la chatte prépubère. Les futurs candidats à des postes importants se lâchaient sur des forums graveleux. Des types mariés, à la tête des plus grosses fortunes, envoyaient des mails explicites à leurs amants mineurs. Six ans plus tard, la situation avait changé. Les personnalités importantes se méfiaient. Mais ils ne pouvaient rattraper les erreurs du passé. Le mal était fait. Les dossiers étaient bouclés, prêts à être dégainés en cas de besoin.

 

Les serveurs de Google étaient une caverne d’Ali Baba pour maîtres chanteurs. Google était un vampire numérique, avalant et conservant toutes les informations sensibles de la planète. Comparé à la toute-puissance de Google, l’ensemble des services de renseignements du monde du siècle écoulé, du KGB à la Stasi en passant par le Mossad, faisait figure d’association de protection de l’enfance. Rob Painter et Nick Borstrom avaient élevé l’extraction de données au rang des beaux-arts.

 

Sergey leur devait beaucoup. Quand Bush Jr et les faucons avaient voulu mettre la main sur Google après les attentats du 11 Septembre, l’extraction des activités douteuses du Président et des casseroles de son entourage avait calmé leurs ardeurs.

 

Larry et Sergey avaient trouvé un compromis avec le gouvernement de l’époque. Patriot Act oblige, Google avait accepté de fournir des informations sensibles le plus discrètement du monde. Mais le noyautage en règle des serveurs par la CIA avait été évité. Les ploucs des services secrets n’avaient pas leur pareil pour tout faire foirer. La richesse de Google reposait entièrement sur la confiance de ses trois milliards d’utilisateurs quotidiens. Il était hors de question de prendre le moindre risque. Bush l’avait compris et accepté. Bush n’était pas l’abruti qu’on décrivait à l’époque.

 

Le deal fut prolongé avec Obama. Painter et Borstrom avaient mis la main sur des e-mails calientes de l’ex-travailleur social du Michigan à destination d’une tripotée de call-girls. Ils trouvèrent des documents envoyés via gmail évoquant des fraudes fiscales, et le recours à une employée de maison sans papiers dans les années quatre-vingt-dix. Ils trouvèrent également une montagne de dossiers brûlants sur Hillary Clinton et un cabinet d’avocats véreux période Little Rock.

 

Au fil des années, Painter et Borstrom avaient accumulé des dossiers sur la terre entière. Il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser la merde à pleines mains. Rares étaient ceux qui ne s’étaient jamais dévoilés sur Internet. Ces dossiers constituaient le trésor de guerre de Sergey. Ses armes de dissuasion massive. Larry et lui avaient été obligés d’en passer par là pour survivre. Le big business exigeait de pouvoir tenir ses adversaires en respect. Le big business ne fonctionnait pas avec des fleurs et des petits oiseaux. On ne tenait pas les grands fauves en respect par l’opération du Saint-Esprit.

 

Sans ces dossiers brûlants, Google aurait été dissous depuis longtemps par les lois antitrust. Sans ces dossiers calientes, les services secrets et leurs gros sabots cloutés auraient tout fait foirer depuis des lustres en noyautant la société au grand jour.

 

 

 

Anne n’était au courant de rien. Il avait toujours laissé les histoires déplaisantes sur le seuil de leur vie privée. Sergey n’avait pas son pareil pour cloisonner sa vie en d’innombrables univers étanches. Elle ne connaissait de lui que le geek en jean et baskets qu’elle avait rencontré quinze ans plus tôt. Anne aurait déploré ces méthodes en poussant des cris d’orfraie. Sa femme était une idéaliste, une scientifique de premier ordre, persuadée d’œuvrer pour le camp du bien. La génomique était sa passion. Il lui avait offert une société clés en main pour occuper ses journées. Elle avait fait de 23 & Me une multinationale qui avait connu à partir de 2013 une croissance stratosphérique. La démocratisation du séquençage intégral de l’ADN rapportait mucho dinero. Anne avait le sentiment d’être à la tête d’une grande entreprise bienveillante. Elle était la mère Noël saupoudrant la santé, l’espoir et la joie sur une humanité avide de longévité et d’augmentation de ses capacités. Sergey l’aimait pour son innocence et son optimisme, pour sa faculté à sourire à la vie.

 

Elle était fidèle aux rêves de sa jeunesse. Elle était insouciante. Lui n’avait plus rien en commun avec le gamin qu’il avait été. Il était amoché par la vie.

 

Il enviait sa capacité au bonheur et voulait la protéger des mauvais coups. Il l’aimait sincèrement, à sa manière tordue. Il déroulait dans l’ombre le tapis rouge sous ses pieds pour que la vie lui semble facile et agréable. Les dossiers calientes avaient permis à 23 & Me de pénétrer certains marchés difficiles avec la bénédiction des autorités locales.

 

 

 

Ils regardaient les informations sur YouTube. Une manifestation monstre de transhumanistes italiens avait tourné à l’affrontement avec la police et des bioluddites catholiques. On voyait des pancartes et des banderoles « Non au fascisme catholique », « Mon corps m’appartient », « Lesbiennes et gays pour le clonage ». Les caillasses volaient. On distinguait des passages à tabac et des pancartes en feu dans la fumée des gaz lacrymogènes. « NBIC = nazi, biocriminel, irresponsable, corrupteur », « L’homme biologique vaincra avec l’aide de Dieu », « Transhumanistes, go home to hell ! » Des grenades avaient explosé. Des coups de couteau avaient perforé des poitrines. CNN parlait de quinze morts et d’une centaine de blessés.

 

Anne changea de streaming et tomba sur un vieux film français de François Truffaut qu’ils adoraient tous les deux, L’homme qui aimait les femmes. L’acteur Charles Denner faisait la cour à Brigitte Fossey dans la France des années soixante-dix. Anne se blottissait contre lui quand une crise de tremblements le secoua. Ses muscles se figèrent. Il ne parvenait plus à parler. La triade akinésie-rigidité-tremblements n’avait jamais frappé aussi fort. Des larmes coulèrent sur ses joues. Il fixa Charles Denner qui marchait dans les rues en reluquant les nanas en jupe. Il se concentra pour porter sa main droite jusqu’à son visage. Son bras bougea par à-coups, comme une roue crantée. Il pleura sans pouvoir s’arrêter. Anne lui caressa le visage et l’embrassa. Il avait peur de se pisser dessus.

 

C’était la première fois que sa femme le voyait pleurer. Il pleurait parce qu’il avait honte du spectacle pathétique qu’il était en train de lui servir. Il pleurait parce qu’il se transformait en légume sous ses yeux. Il se cacha le visage avec sa main droite et attendit la fin de la crise.

 

Les vacances étaient terminées. Pour toujours.