PROLOGUE
Seth ouvrit les yeux. Les insupportables tremblements avaient cessé. Il s’assit en douceur. Pas de douleur atroce dans les membres. Pas de vertiges. Pas de migraine effroyable. La fièvre avait disparu.
Il bascula lentement les jambes sur le côté de sa paillasse, s’assit et examina sa cellule dans la pénombre. Tout était à sa place : la table basse couverte d’herbes médicinales et de fioles, la coupe remplie d’eau. La lumière vacillante de la lampe à huile le fit cligner des yeux. Les couleurs de son prisme le déconcertaient un peu.
— Matt ? appela-t-il.
Il attendait que sorte de sa bouche une voix rauque et usée, mais elle lui parut pure et fluide. Il se leva – ses jambes semblaient supporter son poids. Il se dirigea vers la porte. Ouverte.
Bizarre.
Il s’engagea dans l’étroit couloir. Désert.
Un bruit assourdissant régnait d’habitude dans la caserne des gladiateurs. Où était passé tout le monde ?
Il courut jusqu’à la cellule de Matthias.
Personne. Une tunique était posée sur son matelas ; il avait abandonné un pilon et un mortier rempli d’une médication à moitié écrasée sur la table près de la petite fenêtre.
Seth s’en approcha et regarda dehors. Il fut à nouveau surpris par cet étrange spectre lumineux qui miroitait aux abords de l’aire d’entraînement d’un calme sinistre. Il examina les portes. Où étaient les gardes ? Ils ne quittaient jamais leur poste.
Sans prendre le temps de réfléchir, il fuit le bâtiment, traversa l’arène déserte et atteignit l’imposant portail en bois. Après un rapide coup d’œil derrière lui, il donna un grand coup d’épaule et parvint à l’ouvrir. Il se faufila vite à l’extérieur avant que le fracas ne trahisse sa présence et prit ses jambes à son cou, persuadé que les gardiens rôdaient non loin.
Il savait où aller : leur lieu de rencontre secret. Il l’imagina, à l’ombre des arbres. Elle l’attendait.
Livia. Sa Livia.
Il se figea soudain, foudroyé par le souvenir. Impossible qu’elle soit là-bas. Elle était partie à tout jamais.
Il l’avait vue mourir.