126.
On sonna à ma porte.
J’enfonçai le bouton de l’interphone, puis dévalai l’escalier. Karen Triebel, la dog-sitter de Martha, se tenait devant la porte. Je la serrai contre moi, puis me baissai pour envelopper Martha la Douce dans mes bras.
— Tu lui as vraiment manqué, Lindsay, me dit Karen.
— Tu crois ? répondis-je en riant tandis que Martha gémissait et aboyait avant de me renverser complètement par terre.
Je me laissai clouer au sol par Martha qui me mouillait le visage de ses bises baveuses.
— Bon, je vais y aller maintenant. Je vois que vous avez besoin de rester seules toutes les deux, me cria Karen en redescendant les marches du perron pour rejoindre sa vieille Volvo.
— Attends, Karen, remonte. J’ai un chèque pour toi.
— Ça fait rien ! Je le prendrai la prochaine fois, dit-elle en disparaissant dans sa voiture.
— Merci ! lui lançai-je quand elle passa devant moi en me saluant de la main.
Je rendis toute mon attention à ma chienne.
— Tu sais à quel point je t’aime, toi ? glissai-je dans l’une des oreilles soyeuses de Martha. Apparemment, elle le savait.
Je remontai chez moi au pas de course, mis mon manteau et ma casquette, puis chaussai mes baskets. Nous empruntâmes les rues que nous aimions tant, dévalant la 19e Rue en direction du centre de loisirs et du parc où, affalée sur un banc, j’observai Martha effectuer son numéro de border-collie. Décrivant des cercles joyeux, elle rameuta d’autres chiens et se paya du bon temps.
Au bout d’un moment, elle revint jusqu’à mon banc, s’assit près de moi en posant sa tête sur ma cuisse et leva vers moi ses grands yeux bruns.
— Contente d’être de retour à la maison ? Fatiguée des vacances ?
Nous rentrâmes en joggant plus lentement, puis remontâmes les marches. Je servis à Martha un bol plein de nourriture débordant de sauce, et me mis sous la douche. Le temps de me sécher, Martha dormait sur mon lit.
Elle n’ouvrit même pas un œil tandis que je me faisais belle pour mon rendez-vous avec Joe.